Editorial
Le courage de Nicolas Sarkozy
Bravo. C'est le premier mot qui s'impose pour qualifier la prestation
de Nicolas Sarkozy lors de son voyage en Arménie des 6 et 7 octobre.
En à peine deux jours, le président de la République a non seulement
apaisé les brûlures qu'avait fait naître l'affaire du Sénat en mai
dernier, mais il a réussi à inverser la tendance en redonnant espoir
aux Arméniens. Depuis la cause de la lutte antinégationniste, jusqu'à
celle du Karabakh, en passant par l'affirmation claire d'un soutien au
pays pour l'aider à faire face à l'ensemble des défis auxquels il est
confronté, Nicolas Sarkorzy a largement répondu aux attentes de cette
visite d'Etat.
L'Arménie n'a pas eu l'impression de recevoir en sa personne le plus
haut représentant d'une grande puissance, mais un membre de la
famille. Et c'est d'ailleurs ainsi que s'est présenté le président, en
évoquant la tragédie du génocide « d'où est née notre alliance,
j'allais dire notre alliage, qui fait de la France et de l'Arménie
pour toujours, des nations s`urs et pas seulement des amies. » Faisant
droit au langage du c`ur, organe vital dont il a rappelé que celui de
la France était « depuis le génocide en partie arménien », Nicolas
Sarkozy a également laissé s'exprimer une autre dimension de son
engagement politique : le courage. Et c'est l'esprit du Gaullisme qui
a soufflé quand le président a déclaré depuis Erevan que la France
n'avait pas renoncé à légiférer contre le négationnisme et qu'en tout
état de cause elle le ferait si d'ici les prochaines échéances
présidentielles, la Turquie devait persister dans la logique du déni.
Nicolas Sarkozy a certes pu susciter quelques irritations à Ankara. Et
il en a été probablement de même à Moscou, suite à ses propos tenus
sur la Place de la Liberté à Tbilissi. Mais en disant des vérités,
comme on le doit d'ailleurs à ses amis, il leur a au fond également
rendu service, tout en levant au plus haut les valeurs du drapeau
français.
Il y a bien sûr souvent loin du dire au faire. En particulier quand
l'exigence éthique se heurte aux lois de la Realpolitik et a celles du
marché. A fortiori en période de crise. Mais le président de la
République s'est montré suffisamment ferme dans son expression et
précis dans les délais (d'ici à la fin de son mandat), pour qu'on soit
très vite fixé sur la concrétisation de ses intentions. A ce titre les
réactions à ses propos des ministres turcs Egemen Bagis et Ahmet
Davutoglu qui relèvent davantage de l'arrogance traditionnelle de
l'ottomanisme plutôt que d'une inclinaison à la conciliation devraient
en toute logique très vite se traduire par des avancées dans le
domaine de la législation contre le négationnisme. D'autant que,
soutenu également par la gauche qui vient de remporter la majorité au
Sénat, il ne devrait plus y avoir désormais le moindre obstacle
politique pour combattre ce fléau et défendre ainsi la mémoire des
victimes, la dignité de leurs descendants, et ce sans compter la
sécurité de l'Arménie. Car - faut-il le rappeler ? -, le négationnisme
ne constitue pas seulement une continuation du génocide par d'autres
moyens, mais procède aussi d'une prédisposition à la récidive.
Il est clair, et ça relève de l'intérêt général, que la France plus
encore que tout autre pays européen milite pour une normalisation des
relations turco-arméniennes. Mais, en ayant affirmé « qu'il ne peut
pas y avoir de réconciliation durable sur la contestation des
souffrances (...), sur la négation de faits historiques », le
président s'est montré aujourd'hui trop conscient de la réalité des
enjeux pour se laisser abuser par de nouvelles man`uvres dilatoires.«
Le temps n'est pas infini », et « de 1915-2011, c'est suffisant pour
la réflexion » a-t-il en outre déclaré. On veut donc vraiment croire
pour l'ensemble des Français d'origine arménienne, qui sont à bout de
patience, qu'ils touchent enfin au but pour obtenir, si ce n'est la
justice, du moins une forme légale de protection. On veut vraiment y
croire.
Ara Toranian
dimanche 9 octobre 2011,
Ara ©armenews.com
Le courage de Nicolas Sarkozy
Bravo. C'est le premier mot qui s'impose pour qualifier la prestation
de Nicolas Sarkozy lors de son voyage en Arménie des 6 et 7 octobre.
En à peine deux jours, le président de la République a non seulement
apaisé les brûlures qu'avait fait naître l'affaire du Sénat en mai
dernier, mais il a réussi à inverser la tendance en redonnant espoir
aux Arméniens. Depuis la cause de la lutte antinégationniste, jusqu'à
celle du Karabakh, en passant par l'affirmation claire d'un soutien au
pays pour l'aider à faire face à l'ensemble des défis auxquels il est
confronté, Nicolas Sarkorzy a largement répondu aux attentes de cette
visite d'Etat.
L'Arménie n'a pas eu l'impression de recevoir en sa personne le plus
haut représentant d'une grande puissance, mais un membre de la
famille. Et c'est d'ailleurs ainsi que s'est présenté le président, en
évoquant la tragédie du génocide « d'où est née notre alliance,
j'allais dire notre alliage, qui fait de la France et de l'Arménie
pour toujours, des nations s`urs et pas seulement des amies. » Faisant
droit au langage du c`ur, organe vital dont il a rappelé que celui de
la France était « depuis le génocide en partie arménien », Nicolas
Sarkozy a également laissé s'exprimer une autre dimension de son
engagement politique : le courage. Et c'est l'esprit du Gaullisme qui
a soufflé quand le président a déclaré depuis Erevan que la France
n'avait pas renoncé à légiférer contre le négationnisme et qu'en tout
état de cause elle le ferait si d'ici les prochaines échéances
présidentielles, la Turquie devait persister dans la logique du déni.
Nicolas Sarkozy a certes pu susciter quelques irritations à Ankara. Et
il en a été probablement de même à Moscou, suite à ses propos tenus
sur la Place de la Liberté à Tbilissi. Mais en disant des vérités,
comme on le doit d'ailleurs à ses amis, il leur a au fond également
rendu service, tout en levant au plus haut les valeurs du drapeau
français.
Il y a bien sûr souvent loin du dire au faire. En particulier quand
l'exigence éthique se heurte aux lois de la Realpolitik et a celles du
marché. A fortiori en période de crise. Mais le président de la
République s'est montré suffisamment ferme dans son expression et
précis dans les délais (d'ici à la fin de son mandat), pour qu'on soit
très vite fixé sur la concrétisation de ses intentions. A ce titre les
réactions à ses propos des ministres turcs Egemen Bagis et Ahmet
Davutoglu qui relèvent davantage de l'arrogance traditionnelle de
l'ottomanisme plutôt que d'une inclinaison à la conciliation devraient
en toute logique très vite se traduire par des avancées dans le
domaine de la législation contre le négationnisme. D'autant que,
soutenu également par la gauche qui vient de remporter la majorité au
Sénat, il ne devrait plus y avoir désormais le moindre obstacle
politique pour combattre ce fléau et défendre ainsi la mémoire des
victimes, la dignité de leurs descendants, et ce sans compter la
sécurité de l'Arménie. Car - faut-il le rappeler ? -, le négationnisme
ne constitue pas seulement une continuation du génocide par d'autres
moyens, mais procède aussi d'une prédisposition à la récidive.
Il est clair, et ça relève de l'intérêt général, que la France plus
encore que tout autre pays européen milite pour une normalisation des
relations turco-arméniennes. Mais, en ayant affirmé « qu'il ne peut
pas y avoir de réconciliation durable sur la contestation des
souffrances (...), sur la négation de faits historiques », le
président s'est montré aujourd'hui trop conscient de la réalité des
enjeux pour se laisser abuser par de nouvelles man`uvres dilatoires.«
Le temps n'est pas infini », et « de 1915-2011, c'est suffisant pour
la réflexion » a-t-il en outre déclaré. On veut donc vraiment croire
pour l'ensemble des Français d'origine arménienne, qui sont à bout de
patience, qu'ils touchent enfin au but pour obtenir, si ce n'est la
justice, du moins une forme légale de protection. On veut vraiment y
croire.
Ara Toranian
dimanche 9 octobre 2011,
Ara ©armenews.com