CyberPresse, Canada
21 oct 2011
Tigran Hamasyan: éloge de la note libre
Nicolas Houle
Le Soleil
(Québec) Tigran Hamasyan n'a que 24 ans, mais le piano semble déjà lui
avoir révélé tous ses secrets. Sensation jazz de l'heure, qui estime
pourtant ne pas appartenir au genre, le musicien s'arrête à Québec le
temps de deux concerts auprès du Ari Hoenig Quartet et d'une classe de
maître.
Tigran Hamasyan est un créateur sans bannière stylistique. Le classic
rock a bercé son enfance autant que la période fusion de Miles Davis,
le metal lui a régulièrement fait de l'oeil, et c'est vers le jazz
qu'il s'est tourné lorsqu'il a voulu affiner ses talents de
pianiste...
«J'improvisais avant de savoir ce qu'était le jazz, raconte-t-il.
J'improvisais des chansons, des mélodies très tôt, et c'est cette
volonté d'improviser qui m'a mené au jazz. Mais je ne catégoriserais
pas ma musique comme jazz, car ce qui reste de jazz là-dedans, c'est
la liberté et la dimension improvisée. Pas nécessairement le
vocabulaire, le groove ou les aspects rythmiques...»
De fait, l'écriture d'Hamasyan trahit profondément son sang arménien.
Il a beau s'être établi aux États-Unis à l'ge de 16 ans, c'est dans
la musique de sa terre natale qu'il a trouvé son filon créatif.
Curieusement, c'est arrivé un peu à retardement. Com - me s'il avait dû
digérer ce qui l'entourait pendant des années avant de pouvoir le
refondre à sa manière.
«Depuis que j'ai découvert le folklore arménien, j'ai réalisé quelle
musique riche j'avais à ma portée et que j'ignorais, indique-t-il.
C'est comme si je me suis découvert en redécouvrant mes racines et
depuis, ça m'accompa - gne profondément : je le développe, je l'explore.
Et je crois que je vais continuer à faire ça toute ma vie.»
Une griffe
La signature d'Hamasyan est si affirmée qu'elle teinte chacun des
projets auquel il participe. Que ce soit avec son groupe ou en solo,
comme sur son récent album, le superbe A Fable, qui vient d'être lancé
aux États-Unis.
Même lorsqu'il évolue dans l'ensemble d'Ari Hoenig, sa griffe est
immédiatement reconnaissable. Le batteur américain, qui affectionne
les rythmiques complexes, lui laisse en effet la latitude voulue pour
qu'il s'exprime. Sur le récent Lines of Oppression, Hamasyan propose
une pièce en deux parties, réarrangeant How High the Moon de Morgan
Lewis et signant la finale, intitulée Higher to Hayastan. Il a
également mis à jour Rhythm-A-Ning de Thelonious Monk, avec le leader.
«J'aime aussi jouer le rôle de sideman, en particulier avec un
musicien comme Ari. Je ne fais que peu de ce genre de collaborations,
mais les groupes avec lesquels je joue, j'y prends beaucoup de
plaisir. [...] C'est difficile à expliquer, mais sur le plan
rythmique, Ari et moi, on s'entend particulièrement bien. Ç'a cliqué
dès la première fois qu'on a joué ensemble.»
Tigran Hamasyan sera avec la formation d'Ari Hoenig au Largo dimanche
et lundi, pour des deux représentations quotidiennes, à 20h30 et à
22h30. Le pianiste offrira par ailleurs une classe de maître et une
démonstration à L'Espace Hypérion lundi, à 17h30. Enfin, il reviendra
en solo au café-spectacles du Palais Montcalm les 8 et 9 février.
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/arts-et-spectacles/disques/201110/21/01-4459689-tigran-hamasyan-eloge-de-la-note-libre.php
21 oct 2011
Tigran Hamasyan: éloge de la note libre
Nicolas Houle
Le Soleil
(Québec) Tigran Hamasyan n'a que 24 ans, mais le piano semble déjà lui
avoir révélé tous ses secrets. Sensation jazz de l'heure, qui estime
pourtant ne pas appartenir au genre, le musicien s'arrête à Québec le
temps de deux concerts auprès du Ari Hoenig Quartet et d'une classe de
maître.
Tigran Hamasyan est un créateur sans bannière stylistique. Le classic
rock a bercé son enfance autant que la période fusion de Miles Davis,
le metal lui a régulièrement fait de l'oeil, et c'est vers le jazz
qu'il s'est tourné lorsqu'il a voulu affiner ses talents de
pianiste...
«J'improvisais avant de savoir ce qu'était le jazz, raconte-t-il.
J'improvisais des chansons, des mélodies très tôt, et c'est cette
volonté d'improviser qui m'a mené au jazz. Mais je ne catégoriserais
pas ma musique comme jazz, car ce qui reste de jazz là-dedans, c'est
la liberté et la dimension improvisée. Pas nécessairement le
vocabulaire, le groove ou les aspects rythmiques...»
De fait, l'écriture d'Hamasyan trahit profondément son sang arménien.
Il a beau s'être établi aux États-Unis à l'ge de 16 ans, c'est dans
la musique de sa terre natale qu'il a trouvé son filon créatif.
Curieusement, c'est arrivé un peu à retardement. Com - me s'il avait dû
digérer ce qui l'entourait pendant des années avant de pouvoir le
refondre à sa manière.
«Depuis que j'ai découvert le folklore arménien, j'ai réalisé quelle
musique riche j'avais à ma portée et que j'ignorais, indique-t-il.
C'est comme si je me suis découvert en redécouvrant mes racines et
depuis, ça m'accompa - gne profondément : je le développe, je l'explore.
Et je crois que je vais continuer à faire ça toute ma vie.»
Une griffe
La signature d'Hamasyan est si affirmée qu'elle teinte chacun des
projets auquel il participe. Que ce soit avec son groupe ou en solo,
comme sur son récent album, le superbe A Fable, qui vient d'être lancé
aux États-Unis.
Même lorsqu'il évolue dans l'ensemble d'Ari Hoenig, sa griffe est
immédiatement reconnaissable. Le batteur américain, qui affectionne
les rythmiques complexes, lui laisse en effet la latitude voulue pour
qu'il s'exprime. Sur le récent Lines of Oppression, Hamasyan propose
une pièce en deux parties, réarrangeant How High the Moon de Morgan
Lewis et signant la finale, intitulée Higher to Hayastan. Il a
également mis à jour Rhythm-A-Ning de Thelonious Monk, avec le leader.
«J'aime aussi jouer le rôle de sideman, en particulier avec un
musicien comme Ari. Je ne fais que peu de ce genre de collaborations,
mais les groupes avec lesquels je joue, j'y prends beaucoup de
plaisir. [...] C'est difficile à expliquer, mais sur le plan
rythmique, Ari et moi, on s'entend particulièrement bien. Ç'a cliqué
dès la première fois qu'on a joué ensemble.»
Tigran Hamasyan sera avec la formation d'Ari Hoenig au Largo dimanche
et lundi, pour des deux représentations quotidiennes, à 20h30 et à
22h30. Le pianiste offrira par ailleurs une classe de maître et une
démonstration à L'Espace Hypérion lundi, à 17h30. Enfin, il reviendra
en solo au café-spectacles du Palais Montcalm les 8 et 9 février.
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/arts-et-spectacles/disques/201110/21/01-4459689-tigran-hamasyan-eloge-de-la-note-libre.php