BENOIT XVI RENOUVELLE L'ESPRIT D'ASSISE
Stephane ©armenews.com
armenews.com
samedi 29 octobre 2011
REVUE DE PRESSE
Benoît XVI n'est pas un habitue des cris du c~\ur. Pourtant, jeudi
27 octobre en fin d'après-midi, devant la basilique Saint-Francois,
a Assise, c'est par un tel cri, audible par tous qu'il a decide de
clore le " pèlerinage de la verite, pèlerinage de la paix " voulu
par lui, vingt-cinq ans après la première Journee d'Assise. Ce cri
avait deja ete celui de Jean-Paul II il y a un quart de siècle.
En fin de matinee, a la basilique Sainte-Marie-des-Anges, c'est par
une lectio magistralis que Benoît XVI avait choisi d'expliciter le
sens de son invitation, avec un maître mot : " purification ". Il
avait scande ses trois parties, la première marquee par une veritable
repentance, elle aussi peu habituelle dans la bouche de ce pape,
pour les violences commises par les chretiens.
Puis, analysant les racines du terrorisme tout autant que de l'absence
de Dieu, le pape avait explique pourquoi cette purification est
la seule issue possible, tant face a la perversion religieuse
terroriste que face a l'" anti-religion " : il nous faut " purifier
continuellement la religion des chretiens a partir de son centre
interieur, afin que, malgre la faiblesse de l'homme, elle soit vraiment
un instrument de paix dans le monde ". Il s'est ensuite attache a
expliquer, longuement, son choix d'ouvrir la rencontre aux agnostiques.
Puis, analysant les racines du terrorisme tout autant que de l'absence
de Dieu, le pape avait explique pourquoi cette purification est
la seule issue possible, tant face a la perversion religieuse
terroriste que face a l'" anti-religion " : il nous faut " purifier
continuellement la religion des chretiens a partir de son centre
interieur, afin que, malgre la faiblesse de l'homme, elle soit vraiment
un instrument de paix dans le monde ". Il s'est ensuite attache a
expliquer, longuement, son choix d'ouvrir la rencontre aux agnostiques.
176 delegations de traditions non chretiennes Puissance invitante,
Benoît XVI n'aura cesse, durant cette journee, de serrer des mains,
celles des nombreuses delegations presentes : 176 delegues de
traditions religieuses non chretiennes et non juives (en 1986, ils
n'etaient que 28), dont 67 bouddhistes de onze pays, 48 musulmans
(ils n'etaient que onze en 1986). Sans oublier, une dizaine de
representants juifs et, evidemment, 31 delegations d'Eglises,
communautes ecclesiales et organisations chretiennes mondiales.
Tous avaient l'air un peu perdus, foulant le sol marbre de la
basilique Sainte Marie des Anges, leurs turbans, kippas, et calottes
se melant. Chose etonnante, chacun avait le sourire, manifestant le
bonheur d'etre la.
C'est en minibus, assis a l'avant a droite, que Benoît XVI s'est
rendu a 10 heures, de la gare d'Assise, terminus du convoi ferroviaire
special venu du Vatican, a la basilique Sainte Marie des Anges. Dans
le ch~\ur, face a la Portioncule, la petite chapelle où est mort
saint Francois le 3 octobre 1226, comme sur l'estrade, aucun signe
religieux distinctif. Benoît XVI est modestement assis, au meme titre
que ses invites, sur un simple fauteuil de plexiglas.
Onze interventions positives Les interventions se sont succede,
au nombre de onze, toutes pacifiques en ce terrain mine qu'est
le dialogue interreligieux. Dementant tout autant la theorie du "
choc des civilisations " que l'ultra liberalisme du " supermarche
des religions ", les representants orthodoxe, anglican, armenien,
protestant, juif, yoruba, bouddhiste, musulman et agnostique ont joue
une partition deliberement pacifique et positive.
La seule femme, Julia Kristeva, non croyante declaree, a appele a un
" humanisme feministe ", et a passer de " l'ère du soupcon " a celle
du " pari ". Peu avant, le Nigerian Wande Abimbola, representant des
Yorubas, avait entonne un hymne traditionnel, inusite sous ces voûtes.
Le respect de la creation, des droits humains, le sens du pardon et
du respect, l'attention aux plus pauvres, sont declines par tous,
en un arc-en-ciel de valeurs communes.
Benoît XVI, attentif, assis entre le patriarche Bartolomeos et le
rabbin David Rosen, ecoute et relit les textes prononces. Sans doute
aurait-il souhaite entamer le dialogue avec les intervenants, mais
la règle qu'il a lui-meme fixee a tous l'interdit.
Temps de silence À 13 heures, les participants se sont retires au
refectoire du couvent, pour une legère collation, sans vin, en signe
de jeûne. Ensuite, le " grand silence ", voulu par le pape pour
couper court aux critiques l'accusant de syncretisme, s'est empare
du couvent. Chacun, dans la cellule qui lui a ete attribuee, a prie,
reflechi ou fait simplement silence. Pour la paix.
En milieu d'après-midi, le pèlerinage, debute tôt le matin en train
au chevet de la basilique saint-Pierre, s'est poursuivi, en minibus,
vers la basilique superieure Saint-Francois. À 16 h 30, toujours sur
une estrade depouillee, mais en plein air, quatorze representants
(orthodoxe, lutherien, sikh, baptiste, musulman, taoïste, bouddhiste,
shinto, agnostique), ont renouvele, très sobrement, leur " engagement
pour la paix ".
Celui-ci, au soir tombant, a pris la forme d'un petit luminaire, a la
fois fragile et eclairant, a l'image de cette journee. En deux mots,
le pape en a alors livre la cle : " À travers ce pèlerinage unique,
ce dialogue fraternel, nous ne sommes pas separes. "
Sobriete Puis est venu le moment presque intime : Benoît XVI,
accompagne des chefs de delegation s'est rendu dans la crypte de la
basilique pour une " visite en silence " au tombeau de Francois. Les
uns a côte des autres. À 18 h 30, le train, qu'on hesitera a appeler
" pontifical " ou " interreligieux ", devait repartir pour le Vatican,
avec a son bord, ses " pèlerins pour la paix ".
Cet evenement peu commun aura ete a l'image du monde : si,
physiquement, les foules en ont ete absentes, les symboles et les
mots ont porte loin, bien au-dela de l'horizon catholique, grâce
aux reseaux connectes. Les precautions souhaitees, a juste titre,
par les gardiens des dogmes, ont pris les formes d'une sobriete toute
franciscaine, en forme de signaux : cheminer, partager, faire silence
ensemble, mais aussi s'ecouter.Le tout non pas a Rome, mais a Assise,
bien eloignee du protocole pontifical.
Qui d'autre que le pape, aujourd'hui, pouvait prendre un tel risque ?
De tout cela, le " Poverello " a pu etre fier.
Frederic Mounier (a Assise)
http://www.la-croix.com/Religion/S-informer/Actualite/Benoit-XVI-renouvelle-l-esprit-d-Assise-_NG_-2011-10-27-728644
Stephane ©armenews.com
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samedi 29 octobre 2011
REVUE DE PRESSE
Benoît XVI n'est pas un habitue des cris du c~\ur. Pourtant, jeudi
27 octobre en fin d'après-midi, devant la basilique Saint-Francois,
a Assise, c'est par un tel cri, audible par tous qu'il a decide de
clore le " pèlerinage de la verite, pèlerinage de la paix " voulu
par lui, vingt-cinq ans après la première Journee d'Assise. Ce cri
avait deja ete celui de Jean-Paul II il y a un quart de siècle.
En fin de matinee, a la basilique Sainte-Marie-des-Anges, c'est par
une lectio magistralis que Benoît XVI avait choisi d'expliciter le
sens de son invitation, avec un maître mot : " purification ". Il
avait scande ses trois parties, la première marquee par une veritable
repentance, elle aussi peu habituelle dans la bouche de ce pape,
pour les violences commises par les chretiens.
Puis, analysant les racines du terrorisme tout autant que de l'absence
de Dieu, le pape avait explique pourquoi cette purification est
la seule issue possible, tant face a la perversion religieuse
terroriste que face a l'" anti-religion " : il nous faut " purifier
continuellement la religion des chretiens a partir de son centre
interieur, afin que, malgre la faiblesse de l'homme, elle soit vraiment
un instrument de paix dans le monde ". Il s'est ensuite attache a
expliquer, longuement, son choix d'ouvrir la rencontre aux agnostiques.
Puis, analysant les racines du terrorisme tout autant que de l'absence
de Dieu, le pape avait explique pourquoi cette purification est
la seule issue possible, tant face a la perversion religieuse
terroriste que face a l'" anti-religion " : il nous faut " purifier
continuellement la religion des chretiens a partir de son centre
interieur, afin que, malgre la faiblesse de l'homme, elle soit vraiment
un instrument de paix dans le monde ". Il s'est ensuite attache a
expliquer, longuement, son choix d'ouvrir la rencontre aux agnostiques.
176 delegations de traditions non chretiennes Puissance invitante,
Benoît XVI n'aura cesse, durant cette journee, de serrer des mains,
celles des nombreuses delegations presentes : 176 delegues de
traditions religieuses non chretiennes et non juives (en 1986, ils
n'etaient que 28), dont 67 bouddhistes de onze pays, 48 musulmans
(ils n'etaient que onze en 1986). Sans oublier, une dizaine de
representants juifs et, evidemment, 31 delegations d'Eglises,
communautes ecclesiales et organisations chretiennes mondiales.
Tous avaient l'air un peu perdus, foulant le sol marbre de la
basilique Sainte Marie des Anges, leurs turbans, kippas, et calottes
se melant. Chose etonnante, chacun avait le sourire, manifestant le
bonheur d'etre la.
C'est en minibus, assis a l'avant a droite, que Benoît XVI s'est
rendu a 10 heures, de la gare d'Assise, terminus du convoi ferroviaire
special venu du Vatican, a la basilique Sainte Marie des Anges. Dans
le ch~\ur, face a la Portioncule, la petite chapelle où est mort
saint Francois le 3 octobre 1226, comme sur l'estrade, aucun signe
religieux distinctif. Benoît XVI est modestement assis, au meme titre
que ses invites, sur un simple fauteuil de plexiglas.
Onze interventions positives Les interventions se sont succede,
au nombre de onze, toutes pacifiques en ce terrain mine qu'est
le dialogue interreligieux. Dementant tout autant la theorie du "
choc des civilisations " que l'ultra liberalisme du " supermarche
des religions ", les representants orthodoxe, anglican, armenien,
protestant, juif, yoruba, bouddhiste, musulman et agnostique ont joue
une partition deliberement pacifique et positive.
La seule femme, Julia Kristeva, non croyante declaree, a appele a un
" humanisme feministe ", et a passer de " l'ère du soupcon " a celle
du " pari ". Peu avant, le Nigerian Wande Abimbola, representant des
Yorubas, avait entonne un hymne traditionnel, inusite sous ces voûtes.
Le respect de la creation, des droits humains, le sens du pardon et
du respect, l'attention aux plus pauvres, sont declines par tous,
en un arc-en-ciel de valeurs communes.
Benoît XVI, attentif, assis entre le patriarche Bartolomeos et le
rabbin David Rosen, ecoute et relit les textes prononces. Sans doute
aurait-il souhaite entamer le dialogue avec les intervenants, mais
la règle qu'il a lui-meme fixee a tous l'interdit.
Temps de silence À 13 heures, les participants se sont retires au
refectoire du couvent, pour une legère collation, sans vin, en signe
de jeûne. Ensuite, le " grand silence ", voulu par le pape pour
couper court aux critiques l'accusant de syncretisme, s'est empare
du couvent. Chacun, dans la cellule qui lui a ete attribuee, a prie,
reflechi ou fait simplement silence. Pour la paix.
En milieu d'après-midi, le pèlerinage, debute tôt le matin en train
au chevet de la basilique saint-Pierre, s'est poursuivi, en minibus,
vers la basilique superieure Saint-Francois. À 16 h 30, toujours sur
une estrade depouillee, mais en plein air, quatorze representants
(orthodoxe, lutherien, sikh, baptiste, musulman, taoïste, bouddhiste,
shinto, agnostique), ont renouvele, très sobrement, leur " engagement
pour la paix ".
Celui-ci, au soir tombant, a pris la forme d'un petit luminaire, a la
fois fragile et eclairant, a l'image de cette journee. En deux mots,
le pape en a alors livre la cle : " À travers ce pèlerinage unique,
ce dialogue fraternel, nous ne sommes pas separes. "
Sobriete Puis est venu le moment presque intime : Benoît XVI,
accompagne des chefs de delegation s'est rendu dans la crypte de la
basilique pour une " visite en silence " au tombeau de Francois. Les
uns a côte des autres. À 18 h 30, le train, qu'on hesitera a appeler
" pontifical " ou " interreligieux ", devait repartir pour le Vatican,
avec a son bord, ses " pèlerins pour la paix ".
Cet evenement peu commun aura ete a l'image du monde : si,
physiquement, les foules en ont ete absentes, les symboles et les
mots ont porte loin, bien au-dela de l'horizon catholique, grâce
aux reseaux connectes. Les precautions souhaitees, a juste titre,
par les gardiens des dogmes, ont pris les formes d'une sobriete toute
franciscaine, en forme de signaux : cheminer, partager, faire silence
ensemble, mais aussi s'ecouter.Le tout non pas a Rome, mais a Assise,
bien eloignee du protocole pontifical.
Qui d'autre que le pape, aujourd'hui, pouvait prendre un tel risque ?
De tout cela, le " Poverello " a pu etre fier.
Frederic Mounier (a Assise)
http://www.la-croix.com/Religion/S-informer/Actualite/Benoit-XVI-renouvelle-l-esprit-d-Assise-_NG_-2011-10-27-728644