TURQUIE: AHMET SIK ET NEDIM SENER DEJA SIX MOIS EN PRISON
Collectif VAN
www.collectifvan.org
07-09-2011
Le Collectif VAN vous propose ce Communiqué de Presse publié sur
le site des Reporters Sans Frontières le 6 septembre 2011
Reporters Sans Frontières
Turquie
Inculpés pour "terrorisme", Ahmet Sik et Nedim Sener ont déja passé
six mois en prison
Publié le mardi 6 septembre 2011
"Six mois déja de détention illégitime et infondée, alors même
que le procès n'a toujours pas commencé. Chaque jour qu'Ahmet Sik
(Ahmet Å~^ık) et Nedim Sener (Nedim Å~^ener) passent derrière les
barreaux est un scandale qui rejaillit sur l'image de la démocratie
turque. Alors que la justice s'y refuse chaque mois, la première
audience du procès qui s'ouvrira prochainement doit absolument se
conclure par la libération conditionnelle des deux journalistes.
Ce serait un signe majeur pour montrer que la justice turque s'inscrit
pleinement dans la dynamique démocratique au sein de la société",
a déclaré Reporters sans frontières.
La semaine précédente, le procureur Cihan Kansiz a enfin présenté
son acte d'accusation a la 16e chambre de la cour d'Assises d'Istanbul,
qui devra le valider et déterminer une date de procès. Il concerne
quatorze prévenus, dont Ahmet Sik et Nedim Sener ainsi que neuf
autres journalistes et écrivains, accusés d'avoir utilisé leur
activité médiatique et éditoriale au profit de l'organisation
terroriste présumée "Ergenekon". La plupart des autres inculpés
sont des collaborateurs du site odatv.com, arrêtés entre le 18
février et le 3 mars 2011.
Le contenu détaillé du document de 134 pages ne sera connu que dans
les jours a venir, mais les éléments révélés pour l'instant
semblent correspondre en tous points a la rhétorique paranoïaque
du parquet général lors des premiers interrogatoires. Il sera
intéressant de voir si les six mois d'enquête ont permis au parquet
de rassembler plus d'éléments de preuves, en particulier contre
Ahmet Sik et Nedim Sener, que les comptes-rendus d'écoute tronqués
et les interprétations délirantes qui fondaient en bonne partie
les questions initiales du parquet.
Le maintien des journalistes en détention provisoire suscite
l'indignation jusque chez certains des magistrats chargés de statuer
chaque mois sur sa prolongation. Le juge Seref Akcay, président de
la 11e chambre de la cour d'Assises d'Istanbul, s'est ainsi opposé en
vain a cette mesure en soulignant que "l'enquête ne respecte pas les
principes d'impartialité, de justice et de morale", que "les prévenus
ne sont pas en mesure de détériorer les pièces a conviction entre
les mains de la police", et que "le livre [d'Ahmet Sik] n'est même
pas encore publié". D'autre part, le magistrat note que le délit de
'propagande d'une organisation illégale' ne peut être constitué
que par des expressions élogieuses a l'égard de celle-ci, alors que
les textes incriminés critiquent seulement la conduite des procès
Ergenekon, sans pour autant se solidariser avec les prévenus.
Le 4 septembre 2011, au terme d'une visite a la prison de Silivri,
l'épouse d'Ahmet Sik, Yonca, a donné a Reporters sans frontières
des nouvelles des deux journalistes : "De manière générale, Ahmet
va bien, mais il est impatient de voir son acte d'accusation publié
et de connaître la date de sa comparution devant le tribunal. Il
a seulement mal au genou. D'après les médecins, il est possible
qu'il se fasse opérer du ménisque. Le médecin de l'établissement
pénitentiaire lui a prescrit le port d'une genouillère, mais la
direction de la prison a refusé que je la lui donne. Nedem Sener
aussi va bien. Il a maigri, car il fait beaucoup de sport".
Le 6 mars 2011, a l'issue de leur garde-a-vue, les deux journalistes
d'investigation parmi les plus renommés de Turquie étaient
incarcérés en compagnie de leurs collègues d'odatv.com. Leur
arrestation et ses conséquences aberrantes ont soulevé une vague
de protestation inédite en Turquie comme a l'étranger, devenant un
symbole de l'attitude paranoïaque de la justice vis-a-vis des médias
dans ce pays et de la pratique largement répandue de l'incarcération
préventive.
Les journalistes paient leur couverture critique d'un sujet
ultra-sensible en Turquie : l'affaire Ergenekon, du nom d'une
nébuleuse militaro-nationaliste soupconnée d'avoir fomenté un coup
d'Etat contre le gouvernement du parti d'obédience islamique AKP.
L'arrestation des militaires conspirationnistes en 2007 a dans
un premier temps été saluée comme un progrès démocratique,
mais cette affaire est largement devenue le prétexte d'une vaste
chasse aux sorcières dans les milieux d'opposition. Reporters sans
frontières a publié un rapport d'enquête a ce sujet le 16 juin 2011.
Retour a la rubrique
Source/Lien : Reporters Sans Frontières
Collectif VAN
www.collectifvan.org
07-09-2011
Le Collectif VAN vous propose ce Communiqué de Presse publié sur
le site des Reporters Sans Frontières le 6 septembre 2011
Reporters Sans Frontières
Turquie
Inculpés pour "terrorisme", Ahmet Sik et Nedim Sener ont déja passé
six mois en prison
Publié le mardi 6 septembre 2011
"Six mois déja de détention illégitime et infondée, alors même
que le procès n'a toujours pas commencé. Chaque jour qu'Ahmet Sik
(Ahmet Å~^ık) et Nedim Sener (Nedim Å~^ener) passent derrière les
barreaux est un scandale qui rejaillit sur l'image de la démocratie
turque. Alors que la justice s'y refuse chaque mois, la première
audience du procès qui s'ouvrira prochainement doit absolument se
conclure par la libération conditionnelle des deux journalistes.
Ce serait un signe majeur pour montrer que la justice turque s'inscrit
pleinement dans la dynamique démocratique au sein de la société",
a déclaré Reporters sans frontières.
La semaine précédente, le procureur Cihan Kansiz a enfin présenté
son acte d'accusation a la 16e chambre de la cour d'Assises d'Istanbul,
qui devra le valider et déterminer une date de procès. Il concerne
quatorze prévenus, dont Ahmet Sik et Nedim Sener ainsi que neuf
autres journalistes et écrivains, accusés d'avoir utilisé leur
activité médiatique et éditoriale au profit de l'organisation
terroriste présumée "Ergenekon". La plupart des autres inculpés
sont des collaborateurs du site odatv.com, arrêtés entre le 18
février et le 3 mars 2011.
Le contenu détaillé du document de 134 pages ne sera connu que dans
les jours a venir, mais les éléments révélés pour l'instant
semblent correspondre en tous points a la rhétorique paranoïaque
du parquet général lors des premiers interrogatoires. Il sera
intéressant de voir si les six mois d'enquête ont permis au parquet
de rassembler plus d'éléments de preuves, en particulier contre
Ahmet Sik et Nedim Sener, que les comptes-rendus d'écoute tronqués
et les interprétations délirantes qui fondaient en bonne partie
les questions initiales du parquet.
Le maintien des journalistes en détention provisoire suscite
l'indignation jusque chez certains des magistrats chargés de statuer
chaque mois sur sa prolongation. Le juge Seref Akcay, président de
la 11e chambre de la cour d'Assises d'Istanbul, s'est ainsi opposé en
vain a cette mesure en soulignant que "l'enquête ne respecte pas les
principes d'impartialité, de justice et de morale", que "les prévenus
ne sont pas en mesure de détériorer les pièces a conviction entre
les mains de la police", et que "le livre [d'Ahmet Sik] n'est même
pas encore publié". D'autre part, le magistrat note que le délit de
'propagande d'une organisation illégale' ne peut être constitué
que par des expressions élogieuses a l'égard de celle-ci, alors que
les textes incriminés critiquent seulement la conduite des procès
Ergenekon, sans pour autant se solidariser avec les prévenus.
Le 4 septembre 2011, au terme d'une visite a la prison de Silivri,
l'épouse d'Ahmet Sik, Yonca, a donné a Reporters sans frontières
des nouvelles des deux journalistes : "De manière générale, Ahmet
va bien, mais il est impatient de voir son acte d'accusation publié
et de connaître la date de sa comparution devant le tribunal. Il
a seulement mal au genou. D'après les médecins, il est possible
qu'il se fasse opérer du ménisque. Le médecin de l'établissement
pénitentiaire lui a prescrit le port d'une genouillère, mais la
direction de la prison a refusé que je la lui donne. Nedem Sener
aussi va bien. Il a maigri, car il fait beaucoup de sport".
Le 6 mars 2011, a l'issue de leur garde-a-vue, les deux journalistes
d'investigation parmi les plus renommés de Turquie étaient
incarcérés en compagnie de leurs collègues d'odatv.com. Leur
arrestation et ses conséquences aberrantes ont soulevé une vague
de protestation inédite en Turquie comme a l'étranger, devenant un
symbole de l'attitude paranoïaque de la justice vis-a-vis des médias
dans ce pays et de la pratique largement répandue de l'incarcération
préventive.
Les journalistes paient leur couverture critique d'un sujet
ultra-sensible en Turquie : l'affaire Ergenekon, du nom d'une
nébuleuse militaro-nationaliste soupconnée d'avoir fomenté un coup
d'Etat contre le gouvernement du parti d'obédience islamique AKP.
L'arrestation des militaires conspirationnistes en 2007 a dans
un premier temps été saluée comme un progrès démocratique,
mais cette affaire est largement devenue le prétexte d'une vaste
chasse aux sorcières dans les milieux d'opposition. Reporters sans
frontières a publié un rapport d'enquête a ce sujet le 16 juin 2011.
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