Le Temps, Suisse
Samedi 10 Septembre 2011
Tel-Aviv promet d'aider les Kurdes et les Arméniens;
L'Etat hébreu réagit aux déclarations du premier ministre turc Recep
Tayyip Erdogan qui a affirmé que son armée escortera désormais les
bateaux humanitaires turcs pour la bande de Gaza
par Serge Dumont tel-aviv
Le ton continue de monter entre la Turquie et Israël. Ripostant jeudi
aux propos du premier ministre Recep Tayyip Erdogan selon lesquels les
navires de guerre de son pays seront désormais chargés «de protéger
les bateaux turcs acheminant une aide humanitaire vers Gaza», le
ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman (extrême
droite), a annoncé qu'il demandera au gouvernement de «punir»
l'ex-allié stratégique de son pays.
Son plan prévoit de soutenir les mouvements indépendantistes kurdes et
même à leur livrer des armes. Dans le même cadre, l'Etat hébreu aidera
les Arméniens à obtenir la reconnaissance internationale du génocide
perpétré contre eux par les Turcs au début du XXe siècle.
Le lobby pro-israélien aux Etats-Unis (Aipac) sera également sollicité
pour favoriser le vote de mesures antiturques par le Congrès. Enfin,
les actions contre la Turquie engagées par les Kurdes et les Arméniens
devant les instances pénales internationales seront encouragées.
Certes, pour l'heure, les menaces turques et israéliennes sont encore
virtuelles. Cependant, les relations entre les deux pays, qui sont
devenues glaciales depuis l'arraisonnement de la première «Flottille
de la liberté» par la marine israélienne en juin 2010 (neuf Turcs
tués), sont bel et bien rentrées dans une nouvelle phase de
détérioration.
En effet, le 2 septembre, le ministre turc des Affaires étrangères,
Ahmet Davutoglu, a annoncé l'expulsion de l'ambassadeur de l'Etat
hébreu assortie de la réduction de la représentation diplomatique
turque à un niveau subalterne. Cette mesure est effective depuis
mercredi. Elle s'accompagne du gel de la coopération et des contrats
militaires entre les deux pays.
Au début de la semaine, une cinquantaine d'hommes et de femmes
d'affaires israéliens qui débarquaient à Istanbul ont été séparés des
autres passagers et soumis à un traitement vexatoire. Selon les
autorités turques, il s'agit de dénoncer la manière dont les Turcs
sont, selon elles, traités à leur arrivée dans l'Etat hébreu.
Pour l'heure, ces vexations n'influent pas sur les flux commerciaux
entre les deux pays puisque ceux-ci n'ont cessé de se renforcer depuis
le début de l'année. Mais les chroniqueurs économiques estiment que
cette situation ne durera pas puisque des entreprises turques viennent
d'annoncer qu'elles n'achèteraient plus rien en Israël, leurs
homologues israéliennes ayant proclamé le boycott des produits turcs.
Cité par le quotidien Hurriyet, le président turc Abdullah Gül, qui a
présenté l'Etat hébreu comme un pays «ingrat» et comme «une charge», a
déclaré que la crise entre Tel-Aviv et Ankara «ne vise pas les
particuliers». Mais les dirigeants de l'Etat hébreu sont persuadés du
contraire. Par mesure de prudence, l'état-major de Tsahal (l'armée
israélienne) a d'ailleurs interdit aux joueurs du club de football
Maccabi Tel-Aviv ayant effectué leur service militaire de participer à
la rencontre contre Besiktas qui se déroulera le 15 septembre à
Istanbul.
«Lorsqu'ils ont intercepté des hommes d'affaires israéliens au début
de la semaine, les Turcs les ont interrogés sur leur passé militaire»,
dit-on dans l'entourage du ministre de la Défense, Ehoud Barak. «Ils
recherchaient des anciens soldats - surtout des marins - pour en faire
des boucs émissaires et leur faire payer l'interception de la
Flottille de la liberté au cours d'un procès à grand spectacle.»
Quoi qu'il en soit, l'équipe du Maccabi Tel-Aviv sera accompagnée par
des centaines de supporters qui ont, eux aussi, été prévenus que leur
passé militaire pourrait leur valoir des ennuis en Turquie. Ceux-ci ne
semblent pas prendre le danger au sérieux même s'ils s'attendent à des
incidents violents dans les tribunes.
From: A. Papazian
Samedi 10 Septembre 2011
Tel-Aviv promet d'aider les Kurdes et les Arméniens;
L'Etat hébreu réagit aux déclarations du premier ministre turc Recep
Tayyip Erdogan qui a affirmé que son armée escortera désormais les
bateaux humanitaires turcs pour la bande de Gaza
par Serge Dumont tel-aviv
Le ton continue de monter entre la Turquie et Israël. Ripostant jeudi
aux propos du premier ministre Recep Tayyip Erdogan selon lesquels les
navires de guerre de son pays seront désormais chargés «de protéger
les bateaux turcs acheminant une aide humanitaire vers Gaza», le
ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman (extrême
droite), a annoncé qu'il demandera au gouvernement de «punir»
l'ex-allié stratégique de son pays.
Son plan prévoit de soutenir les mouvements indépendantistes kurdes et
même à leur livrer des armes. Dans le même cadre, l'Etat hébreu aidera
les Arméniens à obtenir la reconnaissance internationale du génocide
perpétré contre eux par les Turcs au début du XXe siècle.
Le lobby pro-israélien aux Etats-Unis (Aipac) sera également sollicité
pour favoriser le vote de mesures antiturques par le Congrès. Enfin,
les actions contre la Turquie engagées par les Kurdes et les Arméniens
devant les instances pénales internationales seront encouragées.
Certes, pour l'heure, les menaces turques et israéliennes sont encore
virtuelles. Cependant, les relations entre les deux pays, qui sont
devenues glaciales depuis l'arraisonnement de la première «Flottille
de la liberté» par la marine israélienne en juin 2010 (neuf Turcs
tués), sont bel et bien rentrées dans une nouvelle phase de
détérioration.
En effet, le 2 septembre, le ministre turc des Affaires étrangères,
Ahmet Davutoglu, a annoncé l'expulsion de l'ambassadeur de l'Etat
hébreu assortie de la réduction de la représentation diplomatique
turque à un niveau subalterne. Cette mesure est effective depuis
mercredi. Elle s'accompagne du gel de la coopération et des contrats
militaires entre les deux pays.
Au début de la semaine, une cinquantaine d'hommes et de femmes
d'affaires israéliens qui débarquaient à Istanbul ont été séparés des
autres passagers et soumis à un traitement vexatoire. Selon les
autorités turques, il s'agit de dénoncer la manière dont les Turcs
sont, selon elles, traités à leur arrivée dans l'Etat hébreu.
Pour l'heure, ces vexations n'influent pas sur les flux commerciaux
entre les deux pays puisque ceux-ci n'ont cessé de se renforcer depuis
le début de l'année. Mais les chroniqueurs économiques estiment que
cette situation ne durera pas puisque des entreprises turques viennent
d'annoncer qu'elles n'achèteraient plus rien en Israël, leurs
homologues israéliennes ayant proclamé le boycott des produits turcs.
Cité par le quotidien Hurriyet, le président turc Abdullah Gül, qui a
présenté l'Etat hébreu comme un pays «ingrat» et comme «une charge», a
déclaré que la crise entre Tel-Aviv et Ankara «ne vise pas les
particuliers». Mais les dirigeants de l'Etat hébreu sont persuadés du
contraire. Par mesure de prudence, l'état-major de Tsahal (l'armée
israélienne) a d'ailleurs interdit aux joueurs du club de football
Maccabi Tel-Aviv ayant effectué leur service militaire de participer à
la rencontre contre Besiktas qui se déroulera le 15 septembre à
Istanbul.
«Lorsqu'ils ont intercepté des hommes d'affaires israéliens au début
de la semaine, les Turcs les ont interrogés sur leur passé militaire»,
dit-on dans l'entourage du ministre de la Défense, Ehoud Barak. «Ils
recherchaient des anciens soldats - surtout des marins - pour en faire
des boucs émissaires et leur faire payer l'interception de la
Flottille de la liberté au cours d'un procès à grand spectacle.»
Quoi qu'il en soit, l'équipe du Maccabi Tel-Aviv sera accompagnée par
des centaines de supporters qui ont, eux aussi, été prévenus que leur
passé militaire pourrait leur valoir des ennuis en Turquie. Ceux-ci ne
semblent pas prendre le danger au sérieux même s'ils s'attendent à des
incidents violents dans les tribunes.
From: A. Papazian