TURQUIE : 18 ANS APRES LE MASSACRE DES ALEVIS A SIVAS
Collectif VAN
www.collectifvan.org
20-09-2011
Le 2 juillet 1993, 37 personnes, dont 33 intellectuels alevis,
perissaient dans l'incendie criminel de l'hôtel Madimak a Sivas qui
accueillait un festival culturel alevi. Rappelons que Sivas est un
fief nationaliste ; des agitateurs avaient remonte les habitants
contre les Alevis et une foule enragee avait encercle l'hôtel avant
d'y mettre le feu. La police n'etait pas intervenue. La foule avait
empeche l'intervention des pompiers et de l'armee. Le massacre de
Sivas est le plus grave crime a motivation religieuse commis en
Turquie dans l'epoque recente.
En juin 2011, lors de la campagne electorale en Turquie, les discours
de haine a l'egard des Alevis ont ete de nouveau applaudis. Une reelle
et sincère expansion de la democratie est evidemment impossible en
Turquie si l'on y poursuit cette politique d'agitation populaire et
d'hostilite. Le Collectif VAN vous livre la traduction du communique
d'Ali Ertem de l'Association allemande contre les Genocides, basee
a Francfort, en date du 1er juillet 2011.
Association contre les genocides Francfort-sur-le-Main Soykirim
Karsitlari Dernegi (SKD); Kontakt: Ali Ertem Tel.: 0049/69/5970813
E-Mail: [email protected]
Où en sommes-nous en ce 18e anniversaire du massacre de Sivas ?
Où trouverons-nous le droit et la justice qui nous font defaut,
dans une societe qui n'a pas le courage et la capacite de condamner
ses propres realites historiques et de politiques ? Au lieu de
faire un examen de conscience lorsque sont perpetres des crime
contre l'humanite, des massacres de masse et des genocides, il
est ec~\urant d'observer qu'a chaque fois des theories du complot
ont ete developpees et de nouvelles cibles ont ete inventees, pour
"justifier" les responsables et essayer de les decharger ou de les
excuser, et ainsi les proteger s'ils effectuent d'autres crimes
semblables. [Nota CVAN : rappelons que les militaires grades a la
retraite participaient aux manifestations contre H. Dink et qu'ils
ont joue des rôles importants dans les actions d'Ergenekon].
La majorite dominante des medias en Turquie encherit presque de
nouvelles versions officielles du massacre de Sivas survenu en 1993,
et trouve chaque annee un nouveau "responsable". La desinformation
politique attribue sans aucune honte la responsabilite aux victimes
du massacre, comme le font les propagandistes neonazis pour les
victimes juives du genocide, et les Alevis sont presentes comme
les responsables et les organisateurs du massacre. Ainsi, les medias
servent uniquement a effacer les vrais responsables dans les souvenirs
et avec ce processus honteux a masquer le debat social.
Grâce aux experiences et aux man~\uvres de l'Etat vieux de centaines
d'annees, les pretendus "enquetes" et "procès" sont devenus des
efforts absurdes et vains et n'ont servi qu'a camoufler un par un
les crimes contre l'humanite commis dans ce pays. De plus, certains
meurtriers bien connus de l'opinion publique sont plus tard devenus
de hauts fonctionnaires ou des "representants du peuple".
L'Etat turc dominant essaie de fermer les dossiers de genocide de son
histoire sans en payer le prix. Tous les calculs strategiques et les
investissements tournes vers l'avenir sont faits sur la base de la
negation de ce fait historique. Au cas où ces calculs se revèleraient
corrects, l'humanite vivant dans l'agonie sera complètement detruite
dans ce pays. Ainsi l'espoir d'une vie future commune de l'humanite
dans ce pays ne fleurira pas, mais sera porte dans sa tombe, comme
la dernière etape de la mort.
Le respect et la responsabilite a l'egard de nos peuples font qu'il
est necessaire de comprendre correctement les faits, aussi douloureux
soient-ils.
La souverainete de la Republique Turque a ete fondee sur les cadavres
des peuples anciens non-turcs d'Anatolie. La Republique Turque a
indexe sa legitimite sur la disparition des foyers armeniens, grecs
et assyriens, sur le pillage de leurs biens, sur l'honneur bafoue et
la captivite des peuples non-turcs. La societe est plongee, depuis 100
ans, dans l'obscurite provoquee par les deportations et les genocides.
Le système a besoin de nouveaux actes d'horreur et de crimes contre
l'humanite pour resister. Le massacre de Sivas est un exemple montrant
a quel point la tradition de brûler un par un les "autres" peuples,
leur foi, leurs pensees, est toujours d'actualite dans cette societe.
Les vrais responsables du massacre commis dans l'hôtel Madimak a
Sivas sont les mecanismes du pouvoir qui mobilisent tous les moyens
possibles pour que perdure la tradition de la souverainete du genocide,
la bureaucratie civile militaire, la police et les services secrets,
les partis servant le système comme les engrainages d'un mecanisme,
qui est l'Etat turc lui meme.
La quete de justice est le devoir de notre humanite. Ce crime contre
la communaute alevie cible toute l'humanite qui defend la paix et la
democratie. Ainsi, transformer l'hôtel Madimak en un monument de la
honte est une revendication justifiee. Si cette revendication s'etend
aussi aux deportations et au genocide de ces peuples eteints, comme
les Armeniens, les Assyro-Arameens et les Grecs, elle sera encore plus
significative. Lorsque les peuples se soutiendront les uns les autres,
et quand ils pourront se mobiliser pour l'amitie et la solidarite
et manifester dans les rues, l'hôtel Madimak deviendra vraiment un
musee de la honte.
Le mois dernier justement [Nota CVAN : en juin 2011], lors de la
campagne electorale, nous avons observe avec horreur, les discours de
haine choquant a l'egard des Alevis, discours applaudis par la masse.
Une reelle et sincère expansion de la democratie est evidemment
impossible si l'on poursuit cette politique d'agitation populaire
et d'hostilite.
Desireux et determines a vivre dans un monde sans genocide, sans
deportation, sans destruction, nous nous inclinons avec respect,
en souvenir des 33 intellectuels morts dans les flammes il y a 18 ans.
Ali Ertem Francfort, 1er juillet 2011
©Traduction de l'allemand C.Gardon & S.C. pour le Collectif VAN -
19 septembre 2011 - 07:10 - www.collectifvan.org
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From: A. Papazian
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20-09-2011
Le 2 juillet 1993, 37 personnes, dont 33 intellectuels alevis,
perissaient dans l'incendie criminel de l'hôtel Madimak a Sivas qui
accueillait un festival culturel alevi. Rappelons que Sivas est un
fief nationaliste ; des agitateurs avaient remonte les habitants
contre les Alevis et une foule enragee avait encercle l'hôtel avant
d'y mettre le feu. La police n'etait pas intervenue. La foule avait
empeche l'intervention des pompiers et de l'armee. Le massacre de
Sivas est le plus grave crime a motivation religieuse commis en
Turquie dans l'epoque recente.
En juin 2011, lors de la campagne electorale en Turquie, les discours
de haine a l'egard des Alevis ont ete de nouveau applaudis. Une reelle
et sincère expansion de la democratie est evidemment impossible en
Turquie si l'on y poursuit cette politique d'agitation populaire et
d'hostilite. Le Collectif VAN vous livre la traduction du communique
d'Ali Ertem de l'Association allemande contre les Genocides, basee
a Francfort, en date du 1er juillet 2011.
Association contre les genocides Francfort-sur-le-Main Soykirim
Karsitlari Dernegi (SKD); Kontakt: Ali Ertem Tel.: 0049/69/5970813
E-Mail: [email protected]
Où en sommes-nous en ce 18e anniversaire du massacre de Sivas ?
Où trouverons-nous le droit et la justice qui nous font defaut,
dans une societe qui n'a pas le courage et la capacite de condamner
ses propres realites historiques et de politiques ? Au lieu de
faire un examen de conscience lorsque sont perpetres des crime
contre l'humanite, des massacres de masse et des genocides, il
est ec~\urant d'observer qu'a chaque fois des theories du complot
ont ete developpees et de nouvelles cibles ont ete inventees, pour
"justifier" les responsables et essayer de les decharger ou de les
excuser, et ainsi les proteger s'ils effectuent d'autres crimes
semblables. [Nota CVAN : rappelons que les militaires grades a la
retraite participaient aux manifestations contre H. Dink et qu'ils
ont joue des rôles importants dans les actions d'Ergenekon].
La majorite dominante des medias en Turquie encherit presque de
nouvelles versions officielles du massacre de Sivas survenu en 1993,
et trouve chaque annee un nouveau "responsable". La desinformation
politique attribue sans aucune honte la responsabilite aux victimes
du massacre, comme le font les propagandistes neonazis pour les
victimes juives du genocide, et les Alevis sont presentes comme
les responsables et les organisateurs du massacre. Ainsi, les medias
servent uniquement a effacer les vrais responsables dans les souvenirs
et avec ce processus honteux a masquer le debat social.
Grâce aux experiences et aux man~\uvres de l'Etat vieux de centaines
d'annees, les pretendus "enquetes" et "procès" sont devenus des
efforts absurdes et vains et n'ont servi qu'a camoufler un par un
les crimes contre l'humanite commis dans ce pays. De plus, certains
meurtriers bien connus de l'opinion publique sont plus tard devenus
de hauts fonctionnaires ou des "representants du peuple".
L'Etat turc dominant essaie de fermer les dossiers de genocide de son
histoire sans en payer le prix. Tous les calculs strategiques et les
investissements tournes vers l'avenir sont faits sur la base de la
negation de ce fait historique. Au cas où ces calculs se revèleraient
corrects, l'humanite vivant dans l'agonie sera complètement detruite
dans ce pays. Ainsi l'espoir d'une vie future commune de l'humanite
dans ce pays ne fleurira pas, mais sera porte dans sa tombe, comme
la dernière etape de la mort.
Le respect et la responsabilite a l'egard de nos peuples font qu'il
est necessaire de comprendre correctement les faits, aussi douloureux
soient-ils.
La souverainete de la Republique Turque a ete fondee sur les cadavres
des peuples anciens non-turcs d'Anatolie. La Republique Turque a
indexe sa legitimite sur la disparition des foyers armeniens, grecs
et assyriens, sur le pillage de leurs biens, sur l'honneur bafoue et
la captivite des peuples non-turcs. La societe est plongee, depuis 100
ans, dans l'obscurite provoquee par les deportations et les genocides.
Le système a besoin de nouveaux actes d'horreur et de crimes contre
l'humanite pour resister. Le massacre de Sivas est un exemple montrant
a quel point la tradition de brûler un par un les "autres" peuples,
leur foi, leurs pensees, est toujours d'actualite dans cette societe.
Les vrais responsables du massacre commis dans l'hôtel Madimak a
Sivas sont les mecanismes du pouvoir qui mobilisent tous les moyens
possibles pour que perdure la tradition de la souverainete du genocide,
la bureaucratie civile militaire, la police et les services secrets,
les partis servant le système comme les engrainages d'un mecanisme,
qui est l'Etat turc lui meme.
La quete de justice est le devoir de notre humanite. Ce crime contre
la communaute alevie cible toute l'humanite qui defend la paix et la
democratie. Ainsi, transformer l'hôtel Madimak en un monument de la
honte est une revendication justifiee. Si cette revendication s'etend
aussi aux deportations et au genocide de ces peuples eteints, comme
les Armeniens, les Assyro-Arameens et les Grecs, elle sera encore plus
significative. Lorsque les peuples se soutiendront les uns les autres,
et quand ils pourront se mobiliser pour l'amitie et la solidarite
et manifester dans les rues, l'hôtel Madimak deviendra vraiment un
musee de la honte.
Le mois dernier justement [Nota CVAN : en juin 2011], lors de la
campagne electorale, nous avons observe avec horreur, les discours de
haine choquant a l'egard des Alevis, discours applaudis par la masse.
Une reelle et sincère expansion de la democratie est evidemment
impossible si l'on poursuit cette politique d'agitation populaire
et d'hostilite.
Desireux et determines a vivre dans un monde sans genocide, sans
deportation, sans destruction, nous nous inclinons avec respect,
en souvenir des 33 intellectuels morts dans les flammes il y a 18 ans.
Ali Ertem Francfort, 1er juillet 2011
©Traduction de l'allemand C.Gardon & S.C. pour le Collectif VAN -
19 septembre 2011 - 07:10 - www.collectifvan.org
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