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Syrie : Une guerre civile ne profiterait qu'à Israël

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    Palestine Solidarité
    22 sept 2011

    Syrie : Une guerre civile ne profiterait qu'à Israël
    Mère Agnès-Mariam de la Croix

    Jeudi 22 septembre 2011

    Une excellente analyse de Mère Agnès-Mariam de la Croix (*), Higoumène
    du monastère Saint Jacques l'Intercis en Syrie. Il convient de prendre
    très sérieusement en compte ce qu'elle affirme.



    Chrétiens du Moyen-Orient : Le Patriarche, les catacombes et la révolution

    Les chrétiens du Moyen-Orient ont suivi avec le plus grand intérêt la
    visite protocolaire du Patriarche maronite Mar Boutros Béchara Raï en
    France [1].

    On n'en revenait pas d'entendre de la bouche du Pasteur ce que chacun
    d'entre nous aurait souhaité dire au monde. Pour quelques jours les
    chrétiens se sont sentis dignes et libres, loin de toute récupération
    du langage et de toute sophistication des idées qui les obligeait à se
    contenter de vivre dans les catacombes de l'actualité.

    Il faut avoir vécu la guerre du Liban, celle de l'Irak ou, le génocide
    arménien, pour savoir ce que c'est que d'être court-circuité par les
    moyens de (dés) information et de ne plus faire partie du consensus
    mondial, et de subir ainsi l'injustice tout en étant vilipendé. En ces
    temps-là-les chefs religieux devaient, par égard pour leurs ouailles,
    relativiser les sévices commis contre elles. Ultime humiliation : il
    fallait ne jamais transgresser le politiquement correct même pour
    stigmatiser une injustice, une répression ou un génocide.

    Que les régions chrétiennes soient bombardées jour et nuit par une
    armée arabe venue pour instaurer la paix, au Nom de Dieu on réclamait
    le silence et la patience ; que les chrétiens soient chassés de leur
    région, massacre aidant, dans le cadre d'une redistribution
    démographique programmée, on insistait sur la nécessité de pardonner ;
    qu'ils soient persécutés au point de prendre le chemin de l'exil
    laissant à d'autres leurs biens meubles et immeubles, on leur disait
    qu'il était inutile de réclamer. En ces temps-là, leurs pasteurs ne se
    permettaient pas l'imprudence de contrarier les bourreaux et moins
    encore les commanditaires internationaux de ces derniers.

    Qu'ils soient dissidents ou sympathisants du régime, les chrétiens ont
    toujours tort. Au Liban ou jadis en Arménie ils avaient tort de
    réclamer leur indépendance. En Irak ou en Syrie ils ont tort de ne pas
    trahir leur pays. Ils ont tort de ne pas se plier aux diktats des
    grandes puissances qui un jour répriment la dissidence et un autre
    l'imposent.

    C'est ainsi que les chrétiens des pays arabes payent la dette d'être
    en trop sur l'échiquier de la région. C'est sans doute pour leur
    épargner de plus grandes souffrances que leurs pasteurs ont préféré
    vivre dans les catacombes du silence, les entraînant à y résider avec
    eux. Il faudrait avoir été obligé, manu militari et in nomine Dei (par
    la force des armes et au Nom de Dieu) à rentrer dans ces catacombes-là
    pour comprendre la libération que sentent aujourd'hui beaucoup de
    chrétiens grce aux prises de position courageuses de ce Patriarche à
    qui « la Gloire du Liban a été donnée ». Oui, ils constatent que les
    temps ont changé puisque leur Pasteur ose dire simplement ce qu'ils
    pensent dans le secret : leurs peurs, leurs désirs, leur vérité. En
    vérité il les guide vers la plus grande libération : celle de la
    vérité qui s'ose dire puisque c'est la vérité qui rend libre. C'est
    bien ici que la révolution, la vraie, commence, avec son chemin de
    croix pour quiconque « rend témoignage à la vérité » [2].

    Les chrétiens sont tellement reconnaissants que « leur » Patriarche ne
    craigne pas d'affronter le tollé d'une opinion publique massivement
    ralliée à des thèses préfabriquées. Oh comme ils apprécient que cet
    homme de Dieu n'ait pas peur des voix dissidentes qui se sont élevées
    à l'intérieur même de son troupeau. Ils reconnaissent en ce Patriarche
    le Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis.

    C'est un miracle qu'un Patriarche parle à l'encontre de la majorité
    bien pensante du Nouvel Ordre Mondial. C'est une révolution que les
    chrétiens des catacombes du mutisme et de la répression retrouvent un
    chef qui dise leur vérité nue sans additifs ni édulcorants. Le monde
    en a été suffoqué, les médias abasourdis, les chancelleries, la
    française en premier, n'en reviennent pas que l'Eglise d'Orient puisse
    avoir un chef si ancré dans la véracité qu'il n'a pas peur de dire
    simplement ce qu'il pense.

    La gêne qui l'accueille montre à quel point, sans le savoir, nous
    avons tous glissé dans un totalitarisme d'un genre nouveau, aussi
    dangereux que larvé.

    Depuis des mois nous pouvons constater, en zappant entre les diverses
    chaînes satellitaires d'information, que partout c'est le même son de
    cloche, la même version. On se croirait revenus au régime du parti
    unique à cette nuance près que chaque chaîne déploie différemment les
    artifices du tridimensionnel multicolore pour enjoliver la ration pour
    dupes qu'elle propose à ses téléspectateurs. Cette information «
    uniformisée » et monopartite, administrée sous couvert d'intérêt
    militant pour la démocratie et la liberté des peuples opprimés, est
    ingurgitée pieusement et massivement par les téléspectateurs qui ont
    peur de se départir des scénarios qui leur sont inlassablement
    présentés parce qu'ils croient qu'ils prennent parti pour la bonne
    cause.

    Aussi, c'est avec soulagement et gratitude que les chrétiens non
    gagnés aux thèses fallacieuses des maîtres du monde, accueillent les
    courageuses et franches assertions du Patriarche concernant la
    situation dramatique liée au « printemps arabe ». Face à ce printemps
    qui a déjà fait plus de 60'000 morts en Libye, Béchara Raï reste
    dubitatif quant à sa portée réelle sur le présent et l'avenir de la
    démocratie au Moyen-Orient [3] en général et au sort des chrétiens en
    particulier. Il le dit en toutes lettres : « Il est nécessaire pour
    tous les régimes de la région de respecter leurs peuples mais la
    théorie du soulèvement romantique des opprimés contre les régimes
    dictatoriaux est caricaturale. L'action de la communauté
    internationale, que ce soit au niveau des Etats ou du Conseil de
    sécurité, devrait tenir compte de ce paramètre. » Pour la Syrie il le
    dit haut et fort : « Nous redoutons une guerre civile ou l'avènement
    d'un régime plus radical, ainsi que le démembrement du monde arabe en
    mini-Etats confessionnels qui ne conviendraient qu'à Israël. [4] »

    Et de préciser : « Que se passera-t-il en Syrie ? Y aura-t-il une
    guerre sunnito-alaouite dans ce pays ? Ce serait non pas une
    démocratie mais un génocide. Lorsque des sociétés sont victimes de
    guerres, de crises économiques et de privation des droits élémentaires
    de l'homme, nous ne pouvons que nous inquiéter pour les chrétiens,
    parce que nous ne voulons pas qu'ils soient traités en tant
    qu'étrangers. Lorsque les régimes dans certains Etats sont religieux
    (...), nous vivons en danger permanent » [5].
    Aussi, fidèle aux orientations générales de l'Église Catholique, le
    Patriarche favorise l'option d'un État civil avec la séparation de la
    politique et du religieux, seule garantie contre les « déviations » du
    confessionnalisme.

    Auprès des officiels français, le Patriarche n'a pas craint d'évoquer
    le sort des chrétiens dans les pays dont les régimes ont été
    renversés, ou dans les pays en proie à des soulèvements populaires. «
    Il est nécessaire d'aider les chrétiens du monde arabe aux plans
    matériel, humain et spirituel, pour leur permettre de tenir bon dans
    leurs pays respectifs » [6].

    Je cite en son entier le rapport de presse de Louis Denghien du site
    Infosyrie paru le 9 septembre 2011 :

    « Au cours d'une conférence de presse tenue à Paris le 8 septembre, le
    nouveau patriarche maronite Mgr Béchara Raï a mis l'Occident et la
    France en garde contre la percée de mouvements islamistes radicaux
    dans le monde arabe, à la faveur des révoltes et révolutions en cours.
    Et le 77e patriarche de l'Eglise chrétienne maronite a clairement dit
    que la Syrie n'était pas totalement à l'abri d'une sanglante
    subversion de type islamiste. Il a du reste invité les occidentaux à
    donner « plus de chance à Bachar al-Assad » pour mettre en application
    les réformes politiques et sociales annoncées en juillet. « En Syrie,
    le président n'est pas comme quelqu'un qui, à lui seul, peut décider
    des choses. Il a un grand parti Baas qui gouverne. (Assad) lui, en
    tant que personne, est ouvert » a notamment déclaré le patriarche
    d'Antioche qui a encore précisé : « Nous ne sommes pas avec le régime
    mais nous craignons la transition ».

    Mgr Raï, qui est libanais, s'est également étonné que les pays
    occidentaux s'opposent à renforcer l'armement de l'armée libanaise, ou
    refusent de faire appliquer les résolutions du Conseil de sécurité des
    Nations-Unies relatives au retour des Palestiniens dans leur pays.

    A dire vrai, Mgr Raï n'est pas si naïf : il a mis les pieds dans le
    plat géopolitique en remarquant, au cours de sa conférence de presse,
    que les pays occidentaux n'étaient soucieux que des intérêts d'Israël.
    « Tout ce qui se passe dans les pays arabes, émiettant leur unité, va
    dans l'intérêt d'Israël » a précisé le patriarche qui s'est encore «
    interrogé » sur le type de démocratie que les Américains avaient
    installée en Irak.

    Mgr Béchara Raï n'est certes pas le premier dignitaire chrétien à
    s'inquiéter ouvertement de la montée en puissance, notamment
    militaire, des groupes islamistes radicaux en Syrie (voir nos articles
    « Une religieuse syrienne : mensonges médiatiques & réalités de
    terrain » et « Ca commence à se dire : les chrétiens syriens redoutent
    la « dérive islamiste » de la rébellion », mis en ligne les 19 et 16
    août). Recevant les lettres de créances du nouvel ambassadeur syrien
    auprès du Saint-Siège, le 9 juin dernier, le Pape, tout en appelant en
    substance le gouvernement de Damas à privilégier le dialogue par
    rapport à la répression avait eu ces mots : « Pour faire progresser la
    paix dans la région, une solution globale doit être trouvée. Celle-ci
    ne doit léser les intérêts d'aucune des parties en cause et être le
    fruit d'un compromis et non de choix unilatéraux imposés par la force.
    Celle-ci ne résout rien, pas plus que les solutions partielles ou
    unilatérales qui sont insuffisantes ». Une ou deux pierres symboliques
    dans le jardin des puissances occidentales, très pressées de faire de
    la Syrie un nouvel Irak, au risque de contraindre à leur tour les
    chrétiens syriens à choisir entre la valise et le cercueil ! Fin de
    citation.

    Dans ses prises de position, le Patriarche Raï était en harmonie avec
    celles du Patriarche grec orthodoxe Ignace IV Hazim et du Patriarche
    grec-catholique Grégoire III Laham. Il s'est interrogé sur le genre de
    démocratie que les puissances occidentales privilégient en Orient. «
    De quelle démocratie s'agit-il en Iraq, à la lumière de l'exode massif
    des chrétiens de ce pays ? ». Le chef de l'Église maronite a manifesté
    sa crainte que le processus entamé pour renverser le régime syrien
    -dont il n'a pas caché les vices - ne mène à un exode massif des
    chrétiens et à une guerre civile aux conséquences désastreuses pour
    toute la région.

    Sans craindre de prendre une position différente de celle de la
    France, le Patriarche Raï a parlé avec réalisme du Président Bachar El
    Assad -de qui le Président Sarkozy affirme qu'« il est fini » [7] - et
    a demandé qu'une chance soit donnée à son plan de réforme. Il
    soulignait indirectement son désaveu de toute ingérence extérieure et
    de toute escalade para militaire dans le processus de démocratisation
    de la Syrie. En cela il rejoint les préoccupations d'une partie non
    négligeable de l'opposition syrienne intra muros. Il a cependant prit
    soin de préciser que l'Église n'appuie aucun régime en particulier.
    Son action n'étant pas politique mais pastorale.

    Le Patriarche n'a pas eu peur de contrecarrer les médias de la
    désinformation. Il a exprimé sa sollicitude et son inquiétude pour
    l'avenir des minorités chrétiennes du Moyen-Orient, plus précisément
    en Syrie où, affirmait-il, l'instauration d'un régime religieux
    d'obédience sunnite allait exaspérer les tensions entre Sunnites et
    Chiites dans la région.

    Revenir aux catacombes pour concilier l'avenir ?

    Les positions pastorales du Patriarche maronite ont été reçues
    disgracieusement par les chrétiens de la nouvelle opposition libanaise
    qui ont essayé de jeter de la poudre aux yeux de l'opinion publique en
    dénonçant « des propos confessionnels discriminatoires » de la part de
    leur chef religieux.

    Les positions de ces politiciens veulent, par précaution, ménager la
    sensibilité de l'opposition syrienne qui, jouissant de l'appui
    international, est convaincue qu'elle va renverser le régime. Les
    chrétiens ne devraient donc pas prendre trop clairement position
    contre l'opposition syrienne. Ils prônent en définitive encore et
    toujours les catacombes pour les chrétiens du Moyen-Orient. Mais, pour
    toute personne non engagée politiquement, comment justifier
    l'injustifiable devant les crimes confessionnels de Qusayr, de Homs ou
    de Kafarbohom, perpétrés par des sunnites contre des chrétiens ou des
    alaouites ? Ces actes barbares cherchent à fomenter la guerre civile
    en comptant sur les actes de vengeance de la part des familles des
    victimes.

    Il faut venir en Syrie et, notamment, à Homs ces jours-ci pour voir de
    ses propres yeux l'incroyable réalité des groupuscules terroristes
    qui, protégés par le silence international, dévastent la ville et,
    plus précisément, les vieux quartiers chrétiens du centre. Une amie
    syro-arménienne, était avec son mari et son fils, médecins de
    profession, dans leur clinique privée dans le quartier Bab Sbah
    lorsque les révolutionnaires entourèrent le quartier et empêchèrent
    les habitants de sortir de chez eux, les prenant comme boucliers
    humains contre l'offensive de l'armée.

    Arminée me raconte : « Nous avons essayé de sortir de l'immeuble par
    la porte de derrière pour regagner notre appartement. Mais les
    rebelles nous ont surpris avec des jets de flamme pour nous dissuader
    de partir. Mon mari a essayé de les convaincre : en effet je suis
    cancéreuse, et rester la nuit à même le sol dans la clinique, était
    impensable pour moi. Mon mari a risqué sa vie pour demander à parler
    aux rebelles. A sa grande surprise il a noté qu'ils étaient sous
    stupéfiants, et n'avaient aucun sens de la réalité. Ils ne sont pas
    syriens, leur accent les trahit. Malgré nos supplications ils ont
    refusé de nous entendre et ont repoussé mon mari à l'intérieur. De
    loin, leur chef, tirait en l'air et leur faisait signe de fermer la
    porte de l'immeuble. Nous avons passé à même le sol une nuit d'enfer.
    Ce n'est que le lendemain, lorsque l'armée est entrée, que nous avons
    pu rejoindre notre appartement, faire nos valises et...partir vers le
    littoral en attendant la pacification de la ville ».

    Cette présence d'une cellule terroriste multinationale avait été
    corroborée par divers témoins. Homs est une ville importante qui
    commande la route internationale entre Damas et Alep et Damas et le
    littoral. Par là transitent les marchandises en provenance des ports
    de Lattaquieh ou de Tartous. Par là passent les caravanes en
    provenance d'Alep ou d'Idleb. Si Hama avait une signification
    culturelle essentiellement sunnite, Homs est une ville stratégique et
    est appelée à être la Benghazi de Syrie.

    Nous ne pouvons que regretter la position timorée ou hostile de clercs
    ou de laïcs chrétiens « bien pensants » qui continuent à être
    influencés sans plus par la campagne de désinformation médiatique et
    qui s'indignent des descriptions en temps réel de ceux qui vivent les
    évènements en Syrie avec le souci d'informer, sans parti pris
    politique.

    Il n'y a qu'à suivre l'évolution des évènements et lire entre les
    lignes des médias pour se rendre compte que cette version « vécue »
    est la bonne. Depuis le début nous témoignons d'une situation qui
    n'est pas uniquement celle d'une opposition pacifique et populaire
    contre un régime sanglant. Un agenda international récupère ce schème
    pour déstabiliser impunément la région et redessiner ses contours au
    profit de nouveaux gouvernements marionnettes d'obédience religieuse
    sunnite pour qui la démocratie est le droit d'imposer la Sharia
    islamique à tous les citoyens d'une manière autrement obligatoire que
    les régimes laïcs en voie de disparition forcée.

    La nouvelle phase de la révolution syrienne

    Revenons à Homs : depuis le début des manifestations décrites
    unanimement par les médias de la désinformation comme étant «
    pacifiques » les rangs étaient infiltrés par des activistes qui
    avaient pour mission de semer le désordre et inciter les forces de
    l'ordre à la riposte. Très vite, comme durant le fameux dimanche des
    Rameaux, des terroristes hirsutes, ont envahi certaines rues de Homs
    pour tout casser et provoquer un état de siège.

    La majorité des habitants de la ville attendait depuis des mois
    l'intervention décisive de l'armée. Ils ont vécu des exactions, des
    exécutions sommaires, un état de siège et une loi martiale de la part
    des insurgés. La pression internationale a ralenti le pouvoir
    décisionnaire de l'État.

    Aujourd'hui c'est fait. L'armée encercle Homs et somme les insurgés de
    se rendre. Ces derniers ont enfin fait surface avec leur armement
    léger et lourd et leurs formations jihadistes implacables. Nous sommes
    entrés dans une nouvelle phase de l'insurrection syrienne : celle de
    la guerre des rues liée à la présence de cellules sunnites
    combattantes, auparavant dormantes et aujourd'hui bien alertes.

    Ce saut d'une insurrection armée larvée, occultée par les médias, à
    une insurrection armée publique, justifiée par les médias, a été
    préparé par une reformulation de la stratégie de la révolution
    syrienne.

    Pour Rami Khouri, analyste basé à Beyrouth, la chute de Kadhafi «
    montre qu'il y a différents moyens de faire tomber les régimes arabes.
    » « Une fois que le mouvement est lancé et que la bonne combinaison
    est là - volonté populaire de changement et soutien régional et
    international -, aucun régime ne peut résister.

    En Syrie cette combinaison entre un soulèvement populaire et un
    soutien régional et international existe. Ces régimes autoritaires,
    aussi forts soient-ils, finissent par chuter, » prédit-il. Pour lui,
    la révolte de la majorité chiite à Bahreïn, petit royaume dirigé par
    une dynastie sunnite, n'a pas abouti car elle n'était pas soutenue de
    l'étranger... « Louaï Hussein, une figure de l'opposition syrienne,
    craint que la victoire des rebelles libyens ne renforce ceux qui, en
    Syrie, appellent le mouvement jusqu'ici largement pacifique à prendre
    les armes. "J'ai peur que certains opposants pressés de faire tomber
    le régime, que nous avons toujours mis en garde contre une réplique du
    modèle libyen, aient maintenant recours aux armes", dit l'écrivain. »
    [8]

    C'est chose faite. Dans un article-phare intitulé « La révolution
    pacifique en danger en Syrie », Ignace Leverrier introduit avec une
    emphase pathétique ce qui « justifie » le recours aux armes de
    l'opposition :

    « Ce qu'il est malheureusement en voie de gagner (le régime syrien),
    c'est le défi cynique d'entraîner certains de ses concitoyens,
    uniquement avides de liberté et de dignité mais trop longtemps exposés
    dans l'indifférence internationale aux balles des militaires, aux
    tortures des moukhabarat et aux exactions des shabbiha, à céder à la
    tentation de recourir aux armes. Faut-il rappeler que "cynique", qui
    en grec renvoie au chien, signifie la perte de tout sens moral ? »
    [9].

    Ce développement stratégique ne se heurte à aucune prévention car
    l'opinion publique internationale a été préparée à une diabolisation
    du régime face à une canonisation de l'opposition. Cela est dû en
    majeure partie aux rapports fallacieux de Rami Abdel Rahman, directeur
    de l'Observatoire syrien des droits de l'homme sis à Londres, dont la
    mission est de faire un décompte quotidien des « morts » et « blessés
    » parmi les opposants, jamais du côté adverse. Ce décompte aussi
    morbide que mensonger falsifie la réalité au gré des besoins
    médiatiques et est reçu sans plus de vérification par la presse
    internationale.

    Présentées comme étant des quêtes démocratiques populaires, les
    manifestations sont le trompe-l'`il tout trouvé pour faire exploser la
    situation en Syrie et justifier, au cas où le besoin se présente, une
    intervention militaire à la manière libyenne.

    Avec les prises de position des chefs religieux chrétiens, en
    particulier, les assertions sans équivoques du Patriarche maronite, et
    la déclaration du Secrétaire de la Ligue Arabe Nabil Arabi, en
    conclusion à sa visite à Damas, la recolonisation de la Syrie semble
    être encore relativement éloignée de la portée « humanitaire » des
    stratèges de l'Otan.

    Rendons grces à Dieu et espérons que les réformes que nous souhaitons
    tous deviennent une réalité patente pour éviter le pire où tous nous
    retournerions aux catacombes.

    [1] C'est de tradition que la première visite d'un nouveau patriarche
    maronite soit en France où il est reçu par le chef de l'État en signe
    de la permanence des relations cordiales historiques entre la France
    et les maronites qui remontent à Saint Louis.

    [2] Jn 18,37

    [3] http://www.la-croix.com/Religion/S-informer/Actualite/Le-nouveau-patriarche-maronite-reste-dubitatif-sur-le-Printemps-arabe-_EP_-2011-09-08-708859

    [4] http://rplfrance.org/index.php
    ?content=eclairages/110909julienabiramia2-aa.htm

    [5] http://rplfrance.org/index.php
    ?content=eclairages/110909julienabiramia2-aa.htm

    [6] http://rplfrance.org/index.php
    ?content=eclairages/110909julienabiramia2-aa.htm

    [7] Samir Tuéini, Journal Annahar du 10 septembre 2011, Beyrouth

    [8] Cf http://www.journaltahalil.com/detail.php ?id=5396

    [9] http://syrie.blog.lemonde.fr/

    Agnès-Mariam de la Croix
    Higoumène du monastère Saint Jacques l'Intercis
    22 septembre 2011

    (*) Mère Agnès-Mariam de la Croix est de nationalité libanaise et
    française. Son père est réfugié palestinien de 1948. Elle a vécu la
    guerre civile du Liban et travaille en Syrie depuis dix sept ans.

    Source : Agnès-Mariam de la Croix

    http://www.palestine-solidarite.org/analyses.Mere-Agnes_Mariam_de-la-croix.220911.htm


    From: Baghdasarian
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