RAGIP ZARAKOLU, EN SIGNE DE PROTESTATION, NE FERA PLUS DE DECLARATIONS
Stephane
armenews.com
mardi 17 avril 2012
Ragip Zarakolu, candidat au Prix Nobel de la Paix, editeur et
militant qui vient recemment d'etre libere de prison, après des mois
d'incarceration sur l'accusation d'avoir des liens avec le terrorisme,
a decide de garder le silence en signe de protestation ; il entend
ainsi se soustraire a toute tentative pour donner, du fonctionnement
de la justice turque, une image 'normale'.
'Toute declaration que je pourrais faire serait utilisee pour donner
une apparence normale a une situation qui ne l'est pas. Tout comme mon
arrestation arbitraire, ma liberation inattendue et sans explication
laissera au monde l'impression qu'elles [les autorites] ont commis
une erreur et qu'elles se retractent a present", a declare l'editeur
a Hurriyet Daily News dans une entrevue le 13 avril.
Le candidat au prix Nobel a dit qu'il garderait desormais le silence
et ne parlerait a aucun autre organe de presse après l'entrevue qu'il
a eue avec ce journal.
"Quel que soit le commentaire que je ferai a partir de maintenant,
il ne servira qu'a normaliser cette situation anormale", a-t-il dit.
"Aussi longtemps que les lois en question resteront en vigueur, la
liberte d'opinion ne sera qu'un mensonge grossier et rien d'autre. Il
est possible aujourd'hui de mettre les gens en prison sur des
suppositions de conspiration", a-t-il declare a Hurriyet Daily News.
L'editeur a dit que sa liberation n'a rien enleve a la situation
de non-droit en Turquie et a ajoute qu'il se considerait comme pris
en otage.
Une vie de lutte
Ragip Zarakolu a egalement parle de son père, ex gouverneur de la
circonscription des Iles du Prince, au large d'Istanbul dans la mer
de Marmara. Il nous a raconte comment Remzi Zarakolu, alors dans la
force de l'âge, parce qu'il se situait dans l'opposition, avait ete
mis a la retraite et n'y avait survecu que peu de temps.
"Mon oncle, Zeki Zarakolu, un aviateur, est mort a 49 ans d'une crise
cardiaque, parce qu'il n'avait pu se faire au coup d'etat de 1960.
Lors du coup d'etat du 12 mars [1971], ils ont fait irruption chez
moi ; ils me recherchaient |pour m'arreter]. Ma vie s'est passee entre
les prisions et les tribunaux, et comme si cela ne suffisait pas, ils
ont ruine la sante de mon immortelle partenaire, Ayse [Nur Zarakolu],
l'ayant enfermee entre des murs [de prison]. Elle n'a jamais recule
sur les sujets qu'elle savait etre justes, et je l'ai perdue, encore
jeune, des suites d'un cancer", a-t-il dit.
Le plus jeune de ses fils, Cihan Deniz Zarakolu, a ete arrete a la
mi-octobre pour les conferences qu'il avait donnees a l'Academie
Politique du Parti de la Paix et de la Democratie (BDP), quelques
semaines seulement après l'arrestation de son père. Le plus jeune
des Zarakolu a ete arrete dans le cadre d'une instruction dans les
locaux du Syndicat des Communautes Kurdes (KCK), soupconne d'etre
l'aile urbaine du Parti des Travailleurs du Kurdistan, le PKK, un
parti illegal. Il a ete initialement incarcere a la prison du Type-F
d'Edirne, au nord-ouest de la Turquie.
"En tant que famille, nous avons a chaque fois paye notre part. Comme
si tous cela ne suffisait pas, mon fils Deniz avait ete inculpe a
la suite d'un discours d'adieu qu'il avait fait sur la tombe de sa
mère[en 2002]. Si je suis a present content parce que j'ai ete libere
? Non. J'ai dû abandonner mon fils derrière les barreaux de la cellule
que je partageais avec lui", a dit Ragip Zarakolu.
Ragip Zarakolu avait ete arrete dans le cadre de la meme instruction
a cause du discours qu'il avait fait le premier novembre, lors de
l'ouverture de l'Academie Politique du Parti de la Paix et de la
Democratie. Deniz Zarakolu, qui a en plus ete contraint d'abandonner
ses travaux sur la thèse de doctorat qu'il preparait a l'universite,
a ete par la suite transfere, a leur demande, a la meme prison de
haute securite que son père, dans la circonscription de Kandira de
la province de Kocaeli.
"Avec mon fils, nous partageons la meme destinee. Nous continuons
a payer le prix des valeurs dans lesquelles nous croyons, d'une
generation a l'autre, de père en fils", a dit Ragip Zarakolu.
Hurriyet Daily News
Vercihan Ziflioglu
14 avril 2012.
Traduction Gilbert Beguian
Stephane
armenews.com
mardi 17 avril 2012
Ragip Zarakolu, candidat au Prix Nobel de la Paix, editeur et
militant qui vient recemment d'etre libere de prison, après des mois
d'incarceration sur l'accusation d'avoir des liens avec le terrorisme,
a decide de garder le silence en signe de protestation ; il entend
ainsi se soustraire a toute tentative pour donner, du fonctionnement
de la justice turque, une image 'normale'.
'Toute declaration que je pourrais faire serait utilisee pour donner
une apparence normale a une situation qui ne l'est pas. Tout comme mon
arrestation arbitraire, ma liberation inattendue et sans explication
laissera au monde l'impression qu'elles [les autorites] ont commis
une erreur et qu'elles se retractent a present", a declare l'editeur
a Hurriyet Daily News dans une entrevue le 13 avril.
Le candidat au prix Nobel a dit qu'il garderait desormais le silence
et ne parlerait a aucun autre organe de presse après l'entrevue qu'il
a eue avec ce journal.
"Quel que soit le commentaire que je ferai a partir de maintenant,
il ne servira qu'a normaliser cette situation anormale", a-t-il dit.
"Aussi longtemps que les lois en question resteront en vigueur, la
liberte d'opinion ne sera qu'un mensonge grossier et rien d'autre. Il
est possible aujourd'hui de mettre les gens en prison sur des
suppositions de conspiration", a-t-il declare a Hurriyet Daily News.
L'editeur a dit que sa liberation n'a rien enleve a la situation
de non-droit en Turquie et a ajoute qu'il se considerait comme pris
en otage.
Une vie de lutte
Ragip Zarakolu a egalement parle de son père, ex gouverneur de la
circonscription des Iles du Prince, au large d'Istanbul dans la mer
de Marmara. Il nous a raconte comment Remzi Zarakolu, alors dans la
force de l'âge, parce qu'il se situait dans l'opposition, avait ete
mis a la retraite et n'y avait survecu que peu de temps.
"Mon oncle, Zeki Zarakolu, un aviateur, est mort a 49 ans d'une crise
cardiaque, parce qu'il n'avait pu se faire au coup d'etat de 1960.
Lors du coup d'etat du 12 mars [1971], ils ont fait irruption chez
moi ; ils me recherchaient |pour m'arreter]. Ma vie s'est passee entre
les prisions et les tribunaux, et comme si cela ne suffisait pas, ils
ont ruine la sante de mon immortelle partenaire, Ayse [Nur Zarakolu],
l'ayant enfermee entre des murs [de prison]. Elle n'a jamais recule
sur les sujets qu'elle savait etre justes, et je l'ai perdue, encore
jeune, des suites d'un cancer", a-t-il dit.
Le plus jeune de ses fils, Cihan Deniz Zarakolu, a ete arrete a la
mi-octobre pour les conferences qu'il avait donnees a l'Academie
Politique du Parti de la Paix et de la Democratie (BDP), quelques
semaines seulement après l'arrestation de son père. Le plus jeune
des Zarakolu a ete arrete dans le cadre d'une instruction dans les
locaux du Syndicat des Communautes Kurdes (KCK), soupconne d'etre
l'aile urbaine du Parti des Travailleurs du Kurdistan, le PKK, un
parti illegal. Il a ete initialement incarcere a la prison du Type-F
d'Edirne, au nord-ouest de la Turquie.
"En tant que famille, nous avons a chaque fois paye notre part. Comme
si tous cela ne suffisait pas, mon fils Deniz avait ete inculpe a
la suite d'un discours d'adieu qu'il avait fait sur la tombe de sa
mère[en 2002]. Si je suis a present content parce que j'ai ete libere
? Non. J'ai dû abandonner mon fils derrière les barreaux de la cellule
que je partageais avec lui", a dit Ragip Zarakolu.
Ragip Zarakolu avait ete arrete dans le cadre de la meme instruction
a cause du discours qu'il avait fait le premier novembre, lors de
l'ouverture de l'Academie Politique du Parti de la Paix et de la
Democratie. Deniz Zarakolu, qui a en plus ete contraint d'abandonner
ses travaux sur la thèse de doctorat qu'il preparait a l'universite,
a ete par la suite transfere, a leur demande, a la meme prison de
haute securite que son père, dans la circonscription de Kandira de
la province de Kocaeli.
"Avec mon fils, nous partageons la meme destinee. Nous continuons
a payer le prix des valeurs dans lesquelles nous croyons, d'une
generation a l'autre, de père en fils", a dit Ragip Zarakolu.
Hurriyet Daily News
Vercihan Ziflioglu
14 avril 2012.
Traduction Gilbert Beguian