FAIRE LA VERITE SUR LE GENOCIDE DES ARMENIENS
ZENIT.org
http://www.zenit.org/article-30676?l=french
26 avril 2012
Italy
ROME, jeudi 26 avril 2012 (ZENIT.org) - Le genocide des Armeniens
perpetre en 1915 par les nationalistes turcs a ete commemore le 24
avril : c'etait le premier genocide du XXe siècle. Il a fait au moins
un million deux-cent mille victimes.
Malgre le negationnisme present dans certains milieux turcs, " les
recherches sur la verite historique avancent ", declare Antonia Arslan
qui affirme la necessite de " guerir enfin le pays de la haine ".
C'est un evenement tragique connu par peu de monde, mais devenu fameux
en Italie grâce a Antonia Arslan et a son premier roman Le Mas des
alouettes. Publie en 2004, le livre a obtenu le prix Campiello (2004)
et eu un très grand succès auprès du public.
En France, le Parlement a definitivement adopte la proposition de
loi penalisant la negation du genocide armenien, lundi 23 janvier
2012, après un ultime vote au Senat qui a ratifie le texte adopte
par l'Assemblee nationale le 22 decembre 2011.
Le projet de loi prevoit de punir d'un an de prison et de 45.000
euro d'amende la negation de genocides reconnus comme tels par la
loi francaise, dont le genocide armenien de 1905. Jusqu'a present
la France reconnaissait deux genocides, celui des juifs, la Shoah,
pendant la seconde guerre mondiale et celui des Armeniens, en Anatolie,
entre 1915 et 1917 (1,5 million de morts selon les Armeniens, 500 000
selon la Turquie), mais elle ne punissait que la negation du premier.
Antonia Arslan, diplômee en archeologie, a enseigne la litterature
italienne moderne et contemporaine a l'universite de Padoue.
A travers l'~\uvre du grand poète Daniel Varujan, dont elle a traduit
(avec Chiara Haiganush Megighian et Alfred Hemmat Siraky) les recueils
Le chant du pain (1992) et Mari di grano (1995), elle a redecouvert
son identite armenienne profonde et jusqu'alors inexprimee (en effet,
le veritable nom de sa famille est Arslanian).
Elle a fait publier un petit livre de vulgarisation sur le genocide
Metz Yeghèrn. Le genocide des Armeniens, de Claude Mutafian et un
recueil de temoignages de survivants qui s'etaient refugies en Italie,
Hushèr, la memoire, voix italiennes de survivants armeniens (2001).
Sur les collines de l'Anatolie, Le Mas des alouettes est la maison
d'où, en mai 1915, au debut de l'extermination des Armeniens par les
Turcs, entre massacres, mort et desespoir, trois petites filles et
un " petit garcon-habille-en-femme " s'enfuirent pour l'Italie, où
les accueillera l'oncle Yerwant, grand-père de l'auteur, " coupable
d'avoir survecu ", parce qu'emigre tout jeune.
L'auteur a obtenu pour ce livre diverses reconnaissances, parmi
lesquelles le " Prix litteraire de la poesie religieuse ", en Campanie,
et le " Prix du libraire, ville de Padoue 2005 ".
Dans une interview accordee a Stas Gawronski, et publiee le 21 avril
sur le site de " Bomba Carta ", a la question de savoir pourquoi,
a une telle distance dans le temps, il y a encore des personnes qui
nient les atrocites commises lors du genocide des Armeniens, Arslan
a repondu : " C'est vrai que cela paraît incroyable. Je fais partie
d'un groupe de dialogue sur Internet, dans lequel se retrouvent des
chercheurs du monde entier - dont beaucoup sont turcs.
Les recherches sur la verite historique avancent continuellement.
Recemment, on a vu emerger officiellement l'histoire d'un père turc
qui a courageusement denonce le ministre de l'education parce que sa
fille, avec de nombreux autres enfants turcs, avait ete obligee de
regarder un film lamentable qui incitait a la haine envers la pauvre
minorite armenienne.
Il s'agit d'une tentative negationniste, au sein de la lutte qui se
deroule actuellement en Turquie entre les negationnistes et ceux
qui cherchent a faire progresser le pays en lui faisant decouvrir
les cadavres dans l'armoire du passe, pour guerir enfin la nation
de la haine. Une nation qui vit encore cette realite sur deux plans
distincts, parce que tout le monde sait ce qui s'est passe dans
l'histoire, mais personne n'en parle ouvertement.
Il a y donc encore un mensonge profondement etabli. Meme sur le
site internet du film, on dit que c'est honteux, que la theorie
qui soutient que ce serait les Armeniens qui auraient massacre les
Turcs n'est qu'une incitation a la haine. Pourquoi alors, en Turquie,
les Armeniens sont-ils seulement 60.000 et les Turcs 73 millions ?
Mais le hasard a permis qu'une petite fille de dix ans rentre chez
elle et raconte le film a son père, un avocat turc qui a denonce le
fait. Il s'agit evidemment d'un homme sensible, comme ces cent-mille
citoyens turcs qui sont descendus dans la rue pour manifester avec
des cartons indiquant " nous sommes tous armeniens ", lorsque le
journaliste et ecrivain armenien Hrant Dink a ete tue en janvier 2007.
Nous verrons comment va evoluer la situation et quelles en seront
les consequences.
Parmi les menaces qui pèsent sur l'avocat, Arslan a explique qu'il
y a un risque d'etre mis en accusation, pour lui comme pour tous
ceux qui ont adhere a la Petition des 200, lancee par deux cents
intellectuels turcs qui ont demande pardon aux Armeniens a travers
internet. Ils n'ont volontairement pas envoye la petition aux journaux
et, en quelques jours, elle a recueilli 30.000 signatures.
Aussitôt, un procureur de la republique - il me semble qu'il est
d'Ankara - a voulu intenter un procès aux 30.000 signataires. Alors
quelques journaux turcs ont ecrit : Nous sommes fous ? Où le procès
va-t-il se derouler ? Au stade ? Il est evident que, dans la question,
il y a des aspects comiques.
Ce procureur a donc renonce a son idee, mais un autre s'est presente
et veut aussi leur faire un procès : ils risquent d'etre accuses
d'outrage contre la Turquie et d'encourir une peine de prison de
quelques annees. Mais meme si on ne devait pas les emprisonner, il
y aura, de toutes facons, les depenses legales a payer et toutes les
consequences que l'on peut facilement imaginer ".
Le livre Le Mas des alouettes a ete traduit dans de nombreux pays
du monde et, lors de l'interview publiee par Bomba Carta, l'auteur
raconte que : " L'accueil a ete discret ou enthousiaste selon les
endroits. Aux Etats-Unis et en Angleterre, le roman est bien passe,
et, dans les deux pays, il a aussi ete publie en edition de poche.
Aux Etats-Unis, il a ete finaliste d'un grand prix, le Los Angeles
Times Book Prize et, en Angleterre, du Prix de Dublin. Cependant,
au-dela des reconnaissances officielles, pour moi, le plus important
c'est que, dans la communaute armenienne, les opinions commencent a
s'echanger sur ces souvenirs suspendus dans le temps : maintenant,
on en parle et on commence a penser.
Et surtout a reflechir sur le fait que, si une petite communaute comme
celle d'Italie a reussi a s'exprimer dans un livre qui est traduit dans
le monde entier, toutes les autres communautes peuvent aussi commencer
a se faire entendre, a se defendre davantage. En voici un exemple :
le 22 avril, je vais aux Etats-Unis a l'universite de Princeton, puis
a Detroit où la communaute armenienne locale a achete 1000 exemplaires
de mon livre pour les distribuer gratuitement. Vous imaginez comme
c'est touchant. A ce jour, Le Mas des alouettes a ete traduit en
quinze langues ; il va sortir en russe et j'espère bientôt en arabe ".
ZENIT.org
http://www.zenit.org/article-30676?l=french
26 avril 2012
Italy
ROME, jeudi 26 avril 2012 (ZENIT.org) - Le genocide des Armeniens
perpetre en 1915 par les nationalistes turcs a ete commemore le 24
avril : c'etait le premier genocide du XXe siècle. Il a fait au moins
un million deux-cent mille victimes.
Malgre le negationnisme present dans certains milieux turcs, " les
recherches sur la verite historique avancent ", declare Antonia Arslan
qui affirme la necessite de " guerir enfin le pays de la haine ".
C'est un evenement tragique connu par peu de monde, mais devenu fameux
en Italie grâce a Antonia Arslan et a son premier roman Le Mas des
alouettes. Publie en 2004, le livre a obtenu le prix Campiello (2004)
et eu un très grand succès auprès du public.
En France, le Parlement a definitivement adopte la proposition de
loi penalisant la negation du genocide armenien, lundi 23 janvier
2012, après un ultime vote au Senat qui a ratifie le texte adopte
par l'Assemblee nationale le 22 decembre 2011.
Le projet de loi prevoit de punir d'un an de prison et de 45.000
euro d'amende la negation de genocides reconnus comme tels par la
loi francaise, dont le genocide armenien de 1905. Jusqu'a present
la France reconnaissait deux genocides, celui des juifs, la Shoah,
pendant la seconde guerre mondiale et celui des Armeniens, en Anatolie,
entre 1915 et 1917 (1,5 million de morts selon les Armeniens, 500 000
selon la Turquie), mais elle ne punissait que la negation du premier.
Antonia Arslan, diplômee en archeologie, a enseigne la litterature
italienne moderne et contemporaine a l'universite de Padoue.
A travers l'~\uvre du grand poète Daniel Varujan, dont elle a traduit
(avec Chiara Haiganush Megighian et Alfred Hemmat Siraky) les recueils
Le chant du pain (1992) et Mari di grano (1995), elle a redecouvert
son identite armenienne profonde et jusqu'alors inexprimee (en effet,
le veritable nom de sa famille est Arslanian).
Elle a fait publier un petit livre de vulgarisation sur le genocide
Metz Yeghèrn. Le genocide des Armeniens, de Claude Mutafian et un
recueil de temoignages de survivants qui s'etaient refugies en Italie,
Hushèr, la memoire, voix italiennes de survivants armeniens (2001).
Sur les collines de l'Anatolie, Le Mas des alouettes est la maison
d'où, en mai 1915, au debut de l'extermination des Armeniens par les
Turcs, entre massacres, mort et desespoir, trois petites filles et
un " petit garcon-habille-en-femme " s'enfuirent pour l'Italie, où
les accueillera l'oncle Yerwant, grand-père de l'auteur, " coupable
d'avoir survecu ", parce qu'emigre tout jeune.
L'auteur a obtenu pour ce livre diverses reconnaissances, parmi
lesquelles le " Prix litteraire de la poesie religieuse ", en Campanie,
et le " Prix du libraire, ville de Padoue 2005 ".
Dans une interview accordee a Stas Gawronski, et publiee le 21 avril
sur le site de " Bomba Carta ", a la question de savoir pourquoi,
a une telle distance dans le temps, il y a encore des personnes qui
nient les atrocites commises lors du genocide des Armeniens, Arslan
a repondu : " C'est vrai que cela paraît incroyable. Je fais partie
d'un groupe de dialogue sur Internet, dans lequel se retrouvent des
chercheurs du monde entier - dont beaucoup sont turcs.
Les recherches sur la verite historique avancent continuellement.
Recemment, on a vu emerger officiellement l'histoire d'un père turc
qui a courageusement denonce le ministre de l'education parce que sa
fille, avec de nombreux autres enfants turcs, avait ete obligee de
regarder un film lamentable qui incitait a la haine envers la pauvre
minorite armenienne.
Il s'agit d'une tentative negationniste, au sein de la lutte qui se
deroule actuellement en Turquie entre les negationnistes et ceux
qui cherchent a faire progresser le pays en lui faisant decouvrir
les cadavres dans l'armoire du passe, pour guerir enfin la nation
de la haine. Une nation qui vit encore cette realite sur deux plans
distincts, parce que tout le monde sait ce qui s'est passe dans
l'histoire, mais personne n'en parle ouvertement.
Il a y donc encore un mensonge profondement etabli. Meme sur le
site internet du film, on dit que c'est honteux, que la theorie
qui soutient que ce serait les Armeniens qui auraient massacre les
Turcs n'est qu'une incitation a la haine. Pourquoi alors, en Turquie,
les Armeniens sont-ils seulement 60.000 et les Turcs 73 millions ?
Mais le hasard a permis qu'une petite fille de dix ans rentre chez
elle et raconte le film a son père, un avocat turc qui a denonce le
fait. Il s'agit evidemment d'un homme sensible, comme ces cent-mille
citoyens turcs qui sont descendus dans la rue pour manifester avec
des cartons indiquant " nous sommes tous armeniens ", lorsque le
journaliste et ecrivain armenien Hrant Dink a ete tue en janvier 2007.
Nous verrons comment va evoluer la situation et quelles en seront
les consequences.
Parmi les menaces qui pèsent sur l'avocat, Arslan a explique qu'il
y a un risque d'etre mis en accusation, pour lui comme pour tous
ceux qui ont adhere a la Petition des 200, lancee par deux cents
intellectuels turcs qui ont demande pardon aux Armeniens a travers
internet. Ils n'ont volontairement pas envoye la petition aux journaux
et, en quelques jours, elle a recueilli 30.000 signatures.
Aussitôt, un procureur de la republique - il me semble qu'il est
d'Ankara - a voulu intenter un procès aux 30.000 signataires. Alors
quelques journaux turcs ont ecrit : Nous sommes fous ? Où le procès
va-t-il se derouler ? Au stade ? Il est evident que, dans la question,
il y a des aspects comiques.
Ce procureur a donc renonce a son idee, mais un autre s'est presente
et veut aussi leur faire un procès : ils risquent d'etre accuses
d'outrage contre la Turquie et d'encourir une peine de prison de
quelques annees. Mais meme si on ne devait pas les emprisonner, il
y aura, de toutes facons, les depenses legales a payer et toutes les
consequences que l'on peut facilement imaginer ".
Le livre Le Mas des alouettes a ete traduit dans de nombreux pays
du monde et, lors de l'interview publiee par Bomba Carta, l'auteur
raconte que : " L'accueil a ete discret ou enthousiaste selon les
endroits. Aux Etats-Unis et en Angleterre, le roman est bien passe,
et, dans les deux pays, il a aussi ete publie en edition de poche.
Aux Etats-Unis, il a ete finaliste d'un grand prix, le Los Angeles
Times Book Prize et, en Angleterre, du Prix de Dublin. Cependant,
au-dela des reconnaissances officielles, pour moi, le plus important
c'est que, dans la communaute armenienne, les opinions commencent a
s'echanger sur ces souvenirs suspendus dans le temps : maintenant,
on en parle et on commence a penser.
Et surtout a reflechir sur le fait que, si une petite communaute comme
celle d'Italie a reussi a s'exprimer dans un livre qui est traduit dans
le monde entier, toutes les autres communautes peuvent aussi commencer
a se faire entendre, a se defendre davantage. En voici un exemple :
le 22 avril, je vais aux Etats-Unis a l'universite de Princeton, puis
a Detroit où la communaute armenienne locale a achete 1000 exemplaires
de mon livre pour les distribuer gratuitement. Vous imaginez comme
c'est touchant. A ce jour, Le Mas des alouettes a ete traduit en
quinze langues ; il va sortir en russe et j'espère bientôt en arabe ".