Announcement

Collapse
No announcement yet.

Genocide Armenien : La Turquie Se Prepare Pour 2015

Collapse
X
 
  • Filter
  • Time
  • Show
Clear All
new posts

  • Genocide Armenien : La Turquie Se Prepare Pour 2015

    GéNOCIDE ARMéNIEN : LA TURQUIE SE PRéPARE POUR 2015

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=66143
    Publié le : 03-08-2012

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
    propose la traduction des extraits d'un article en anglais publiée
    sur le site Chroniques Diplomatiques.

    Chroniques Diplomatiques

    Traduction Gérard Merdjanian

    Une des dimensions les plus malheureuses de la question arménienne
    en Turquie est que le débat politique national porte presque
    exclusivement dans le cadre des tentatives occidentales de légiférer
    sur le génocide.

    C'est parce que le sujet est abordé au Congrès américain ou au
    Parlement francais que nous débattons de notre propre histoire.

    Le résultat est souvent une réaction nationaliste : 'Ils ont toujours
    tort et nous sommes toujours dans notre droit'. Depuis, il existe une
    tension dans l'air, et aucune tentative n'est faite pour comprendre
    pourquoi le monde entier a une interprétation très différente de
    la nôtre sur ce qui est arrivé aux Arméniens en 1915.

    D'ici trois ans, la Turquie va se trouver face a un dilemme similaire.

    Encore une fois, c'est la dynamique externe qui conduira le débat
    national. La Turquie réagira probablement de manière acerbe et
    nationaliste face aux tentatives occidentales a commémorer le
    centenaire du génocide arménien.

    Que peut-on faire pour éviter une telle épreuve ? La réponse
    évidente est de commencer a réfléchir dès maintenant aux relations
    arméno-turques, avant que la pression du tic-tac de l'horloge entre
    en jeu. Dans le cas contraire, un sentiment d'urgence et d'alarme
    domineront a nouveau le débat national. Toute mesure prise a la
    veille de 2015 sera également percu par l'Arménie et la communauté
    internationale comme une tentative désespérée de conjurer les
    accusations de génocide.

    Au lieu de paniquer la veille cette date, le gouvernement turc doit
    adopter a partir de maintenant une stratégie multidimensionnelle. La
    première dimension doit concerner l'ouverture de la frontière avec
    l'Arménie. Ce doit être un geste unilatéral montrant la bonne
    volonté turque, indépendamment du processus gelé des protocoles.

    Comme on le sait, le Parti Justice et Développement (AKP) a décidé
    de lier la ratification des protocoles (visant a une normalisation
    complète avec l'Arménie) au conflit du Haut-Karabakh. Une telle
    politique a pratiquement bloqué l'ensemble du processus depuis
    qu'il est devenu impossible pour le président arménien Serge
    Sarkissian de convaincre son opinion publique (et notamment les
    millions d'Arméniens de la diaspora) que la Turquie est sérieuse
    au sujet de la normalisation des relations sans conditions préalables.

    La décision turque de poser une condition préalable a la
    normalisation avec l'Arménie relève de la myopie. Toute tentative
    de ratifier les protocoles est systématiquement attaquée par les
    milieux nationalistes pro-azerbaïdjanais de Turquie au motif qu'aucun
    progrès n'a été fait dans le conflit du Haut-Karabakh. C'est
    pourquoi la Turquie a besoin d'agir sans aucune référence a des
    protocoles. L'ouverture de la frontière avec l'Arménie doit être
    présentée a l'opinion publique turque comme l'initiative de la
    Turquie et montrer que Ankara veut créer une dynamique pour la
    normalisation des relations avec l'Arménie et ce faisant, réaliser
    une percée sur l'avenir du Haut-Karabakh.

    La deuxième dimension de la stratégie turque avant 2015 devra
    être de parler de 1915 dans le cadre de ce que le ministre des
    Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, appelle "la mémoire
    équitable." Davutoglu veut rapporter ce qui s'est passé en 1915
    dans le cadre plus large d'une catastrophe humanitaire provoquée
    par l'effondrement de l'Empire ottoman. En plus des souffrances
    arméniennes, il veut se référer a des pertes turques dans les
    Balkans et au Caucase, où des millions de musulmans furent tués
    ou arrachés a leurs terres avant et pendant la Première Guerre
    mondiale, les pertes a Gallipoli et a SarıkamıÅ~_ étant "notre
    tragédie commune." Davutoglu semble prêt, comme il a indiqué a
    un groupe de journalistes turcs la semaine dernière, a montrer de
    l'empathie pour les événements de 1915 tant que le contexte est
    défini comme un cadre plus large d'une Â"tragédie partagéeÂ",
    où il y aurait aussi l'empathie arménienne pour pertes turques.

    Bien que problématique, il s'agit d'un pas dans la bonne direction.

    Parler d'une tragédie commune est mieux que de nier ce qui est arrivé
    aux Arméniens en 1915. Cependant, une chose doit être claire :
    cela n'est pas une excuse officielle turque pour la tragédie de 1915
    (pas besoin d'appeler cela un génocide), semblable a celui que le
    Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a déclaré pour Dersim il y a
    quelques mois, un tel récit sur Â"la mémoire justeÂ" tombera dans
    l'oreille d'un sourd.

    C'est peu probable de s'attendre a ce que l'Arménie fasse preuve de
    beaucoup d'empathie pour les pertes turques. Après tout, l'Arménie et
    les Arméniens ne sont pas responsables de l'agonie turque a Gallipoli,
    dans les Balkans sous tutelle ottomane ou des pertes au cours de la
    Première Guerre mondiale. Pourtant, il est impossible de nier le
    sentiment turc sur la responsabilité de la tragédie de 1915. Ce que
    la Turquie appelle la déportation ou le déplacement des Arméniens
    peut très bien avoir été en réaction a un sentiment de menace
    percu comme étant le nationalisme arménien. Oui, les Arméniens ont
    aussi tué des Turcs. Mais "la mémoire justeÂ" exige aujourd'hui un
    regard honnête sur l'Anatolie. Nous ne pouvons pas aujourd'hui nous
    contenter sans aucunes excuses de l'absence totale des Arméniens en
    Anatolie orientale. Commencons a penser a 1915 et ce qui peut être
    fait en vue de 2015 avant que d'autres commencent a penser pour nous.

    OMER TAÅ~^PINAR - Zaman

    ***

    A la fin de l'ère Sarkozy, le ministre des Affaires étrangères
    turc, Ahmet Davutoglu, avait décrit la politique entre Ankara et
    Paris comme Â"cauchemardesqueÂ".

    La France, nous l'espérons du moins, a abordé une nouvelle facon
    de penser, tout en reconnaissant qu'une approche différente de la
    Turquie renforcera son statut de puissance dans l'UE, tandis que la
    Turquie avec l'administration du président Francois Hollande peut
    trouver une contrepartie amicale et suffisamment bienveillante pour
    résoudre certains problèmes clés entre les deux nations.

    La question la plus importante qui a existé entre les deux capitales,
    empoisonnant les relations, c'est le sort tragique des Arméniens en
    1915. L'ex-président Nicolas Sarkozy était personnellement engagé
    pour verser du sel sur la plaie ouverte, calculant froidement la
    réaction de la Turquie, et insistant sur une loi pénalisant la
    négation du génocide arménien. Il a subit un échec, en voulant
    pousser la constitution francaise dans la mauvaise direction. Des
    questions demeurent : qu'en est-il de la douleur des Arméniens dans
    le monde entier, de la liberté d'expression, ou du désir des Turcs
    d'adhérer a l'UE ? Probablement toutes aussi importantes les unes
    que les autres.

    La nouvelle ère sous Hollande envoie des signaux mixtes, pendant que
    la Turquie continue de mener une recherche, au ralenti, sur les moyens
    de faire face a cette partie horrible de son passé. Le ministre des
    Affaires étrangères francais, Laurent Fabius, a déclaré après sa
    rencontre avec M. Davutoglu qu'il n'y aurait aucune tentative pour
    raviver la loi sur les dénis de génocides. Toutefois, d'autres
    sources laissent a penser que le président Hollande n'est pas en
    total accord avec cette position. Suite a des contacts avec certains
    organismes influents de la diaspora, il a promis que la question
    restera a l'ordre du jour de la France.

    Si la position de Hollande est telle que rapportée, cela engendrera
    des maux pour la simple raison que, ce que Sarkozy a essayé de faire
    a poussé la Turquie a se mettre en mode défensif, comme il est de
    règle pour l'AKP qui est en mode de recherche constante. Les lecons
    de cette période sont claires : Si vous voulez le bien de la Turquie,
    ce n'est absolument pas le chemin a suivre.

    Hollande est assez intelligent pour comprendre cela, mais il sait
    aussi que beaucoup de ses camarades de premier plan dans l'UE - dans
    les deux camps socialistes et chez les Verts - sont restés plutôt
    ferme sur les aspects positifs de l'AKP, l'emportant sur les aspects
    négatifs du passé. En d'autres termes, ce n'est pas tant de punir la
    Turquie pour la négation du génocide qui est important mais la facon
    dont l'Etat turc sera aidé pour venir a bout de ce problème, avec
    des excuses, des regrets ou quelle que soit la réponse appropriée,
    concernant les crimes commis par la junte militaire de l'Empire
    ottoman. La manière de se comporter montre la différence entre le
    cynisme et la démarche amicale.

    Le mode de recherche d'Ankara est indéniable, Davutoglu l'a
    réaffirmé lors de sa visite a Paris. Sur le chemin du retour,
    il a profondément étudié la question en envoyant des signaux a
    Paris. Voici ce qu'il a dit :

    "Primo. Je souhaitais vraiment que les protocoles [entre la Turquie et
    l'Arménie] soient mis en Å"uvre ! Mais ... c'était l'équilibre dans
    le Caucase qui l'a empêchée. Si l'Arménie avait été en mesure
    de se retirer d'un seul des sept districts qu'elle occupe dans le
    Karabakh, la frontière aurait été ouverte. J'avais convaincu le
    président azerbaïdjanais Ilham Aliev pour ce faire. L'Azerbaïdjan
    aurait également ouvert sa frontière. Je le regrette amèrement,
    parce que nous étions tous sur le point de réussir. J'avais demandé
    au président Serge Sarkissian: "Retirez-vous d'un seul [district]
    et Erevan sera la plus belle ville dans la région. C'est l'avantage
    d'être un voisin de la Turquie." Il ne pouvait pas a cause d'obstacles
    internes. Mais la proposition est toujours valable et les conditions
    de mise en Å"uvre peuvent reprendre. Nous recherchons, nous savons
    que cela allégera le fardeau de 2015.

    Deusio, nous recherchons un nouveau langage de communication. Nous
    mettons en place de nouvelles relations, différentes, avec la
    diaspora. Nous devons nous asseoir et parler. Notre objectif est de
    briser la glace. Maintenant, il y a et y aura quelqu'un qui s'assiéra
    en face des Arméniens et les écoutera. Je ne suis pas un ministre
    des Affaires étrangères qui les garde en leur disant : Â"non,
    il ne s'est rien passé en 1915Â".

    Tercio, nous nous préparons de nouveaux messages concernant 2015. Nous
    sommes a la recherche d'un nouveau langage autour du terme Â"mémoire
    justeÂ". Je travaille également sur un nouveau livre sur l'histoire
    ottomane. Je n'appelle pas cela un génocide, mais je ne dis rien
    quand quelqu'un d'autre dit que c'en est un."

    Ce ne sont pas des nouveautés qu'exprime Davutoglu. Quoi qu'il en
    soit, c'est un exemple de recherche, mais cela n'aurait pas de sens
    si Paris continuait la méthode Sarkozy.

    La clé réside dans la coopération entre la "nouvelle" France et la
    "nouvelle" Turquie. Comme l'avait déclaré Alain Juppé, l'ancien
    ministre francais des Affaires étrangères, les deux gouvernements
    peuvent faciliter les pourparlers exploratoires par la création
    d'une commission d'historiens indépendants, dans le but de guider la
    Turquie a trouver la paix avec les événements de 1915. Après tout,
    la France est le pays d'Europe avec le "pouvoir protecteur" le plus
    grand vis-a-vis de l'Arménie, et elle entretient des relations
    approfondies avec la Turquie. Un autre moyen serait en effet de
    nous aider a surmonter les obstacles nauséabonds, et les nombreuses
    décennies purulentes de honte et de déni enterrés.

    YAVUZ BAYDAR - Zaman

    ***

    Extrait de Todays-Zaman

    Retour a la rubrique

    Source/Lien : Chroniques Diplomatiques

Working...
X