Newsring
4 août 2012
Le Génocide des Arméniens, le Régime des Jeunes-Turcs et les Français
morts pour la France.
Charles Vantezian
04 août 2012, 21:46
On lit et on écoute souvent qu'il n'y a aucun rapport entre la France
et le Génocide des Arméniens. Or il y a un élément qui établit la
relation entre la négation du Génocide des Arméniens de 1915 et
l'outrage à la mémoire des Français morts pour la France lors de la
Première Guerre Mondiale. Cet élément, c'est l'apologie du régime des
Jeunes-Turcs.
Le régime des Jeunes-Turcs et les Français morts pour la France lors
de la Première Guerre Mondiale.
On désigne par "Jeunes-Turcs" le parti politique nationaliste
révolutionnaire et réformateur ottoman, officiellement connu sous le
nom de Comité Union et Progrès (CUP, Ittihat ve Terakki Cemiyeti en
turc). Le succès de la révolution Jeune-Turque, qui se concrétise par
le rétablissement de la constitution de 1876, le 24 juillet 1908,
donne lieu a des manifestations d'enthousiasme. Il dirigea à plusieurs
reprises le gouvernement de l'Empire ottoman entre 1908 et la fin de
la Première Guerre mondiale en 1918 (1).
Fin octobre 1914, le régime des Jeunes-Turcs attaque, sans faire de
déclaration de guerre ni même avertir le Parlement Ottoman, l'Empire
Russe en Mer Noire: le 29 octobre, le "Yavuz Sultan Selim" (avant
appelé le "Goeben" lorsqu'il était sous le drapeau allemand) bombarde
Sebastopol, sa première opération contre l'Empire russe (2). Il
confirme ainsi son alliance avec le Reich Allemand de Guillaume II. Il
entraîne aussi son entrée en guerre contre la France, alors alliée de
l'Empire Russe, entrée en guerre qui sera formalisée en novembre 1914.
Sans cette alliance, la guerre n'aurait pas duré aussi longtemps et la
France n'aurait pas perdu plus de 1 million des siens depuis Verdun,
en France, jusqu'en Cilicie, en Turquie. D'ailleurs, les soldats
français faits prisonniers en Cilicie par les Jeunes-Turcs-Kémalistes
n'ont bénéficié d'aucune loi les protégeant et ont été traités de la
façon la plus inhumaine contrairement aux lois de la guerre (3).
Le régime des Jeunes-Turcs, le pan-turquisme et le Génocide des Arméniens.
Lors de sa création, vers 1890, le but des Jeunes-Turcs est
d'instaurer un État réformé et multi-ethnique, sur un modèle fédéral.
Certains Arméniens coopèrent d'ailleurs avec les Jeunes-Turcs. Suite à
des crises internes, les Unionistes, opposés aux Fédéralistes, gagnent
en légitimité et se font les gardiens d'une structure unitaire de
l'Empire. Le pouvoir passe à un triumvirat constitué par Talaat,
Djemal et Enver.
Les Jeunes-Turcs trahissent alors les minorités (dont les Arméniens
mais aussi les Grecs-Pontiques et les Assyriens) et mettent en place
leur projet final pour concrétiser leur objectif inspiré par le
pan-turquisme, cette idéologie nationaliste, née au XIXième siècle qui
cherche à renforcer les liens entre les peuples turcophones et à
susciter leur union au sein d'un même État (4). Ziya Gökalpft est l'un
des idéologues proche des Jeunes-Turcs en faveur du pan-turquisme (5,
6).
Étant donné que la présence des Arméniens sur le plateau anatolien est
un obstacle à cette union, il n'est pas difficile de deviner la suite.
La première étape du plan dessiné par les Jeunes-Turcs a lieu en 1909
à Adana où 30.000 Arméniens seront systématiquement éliminés (7, 8,
9). Une autre étape reprend à l'occasion de la Première Guerre
Mondiale. La conséquence est l'absence quasi-totale d'Arméniens en
Anatolie orientale à l'heure actuelle, alors qu'ils en comptaient,
avant 1909, plus de 20 % de la population (10).
À la suite de la guerre, le caractère planifié des massacres a été
reconnu par les tribunaux ottomans, lesquels ont condamné à mort par
contumace les principaux responsables (11, 12, 13).
La relation.
Ceux qui contestent la réalité du Génocide des Arméniens font ipso
facto l'apologie du régime des Jeunes-Turcs et de l'idéologie
pan-turque qui y est associée.
Autant il est incroyable que des citoyens Turcs défendent les
criminels Jeunes-Turcs athées qui ont trahi l'Empire Ottoman, qui
l'ont détruit, qui ont conduit des centaines de milliers jeunes
Musulmans sur les champs de bataille pour servir de chair à canon
pendant qu'eux-mêmes s'enrichissaient en pillant les biens des
victimes, il est inadmissible que des citoyens français et
franco-turcs se permettent en France d'appuyer ce régime, car ils
insultent, implicitement, la mémoire des soldats français et de leurs
alliés morts pendant ce conflit (14).
Conclusion.
Il faut savoir qu'à l'heure actuelle, il y a des réunions en France
(et ailleurs en Europe) qui font l'apologie du régime des Jeunes-Turcs
ainsi que du pan-turquisme qui y est associé.
Il suffit de constater la multiplication des meetings du MHP (Parti de
l'Action Nationaliste, Milliyetçi Hareket Partisi en turc, mouvement
turc fasciste, xénophobe et négationniste) avec ou sans la présence de
son président, Devlet Bahçeli (15, 16).
Il suffit aussi de se rappeler que le 15 juin 2012 a eu lieu à
Bruxelles l'inauguration d'une association à caractère pan-turque en
présence d'au moins un membre du MHP (Metin Edeer, ex-échevin des
Affaires extérieures d'Emirdag en Turquie et Président d'une
association culturelle à Bruxelles en Belgique) ainsi que de trois
négationnistes notoires (Halis Kokten, Saït Köse et Mahinur Ozdemir)
qui occupent aussi des postes à responsabilité au sein de l'État belge
(17).
Si rien n'est fait, cela pourrait aussi se produire en France.
À défaut de pouvoir ou d'avoir le courage de légiférer sur la négation
du Génocide des Arméniens, le législateur français devrait au moins
légiférer contre l'apologie du régime des Jeunes-Turcs et du
pan-turquisme sur son sol.
Il n'est en effet pas tolérable qu'en France, au nom de la paix
sociale et sous prétexte de nier la réalité du Génocide des Arméniens,
on permette de faire l'apologie des ennemis de la République
qu'étaient les Jeunes-Turcs et de laisser s'exprimer leurs héritiers
idéologiques de la sorte.
http://www.newsring.fr/societe/165-faut-il-une-loi-sur-le-genocide-armenien/14849-le-genocide-des-armeniens-le-regime-des-jeunes-turcs-et-les-francais-morts-pour-la-france
From: A. Papazian
4 août 2012
Le Génocide des Arméniens, le Régime des Jeunes-Turcs et les Français
morts pour la France.
Charles Vantezian
04 août 2012, 21:46
On lit et on écoute souvent qu'il n'y a aucun rapport entre la France
et le Génocide des Arméniens. Or il y a un élément qui établit la
relation entre la négation du Génocide des Arméniens de 1915 et
l'outrage à la mémoire des Français morts pour la France lors de la
Première Guerre Mondiale. Cet élément, c'est l'apologie du régime des
Jeunes-Turcs.
Le régime des Jeunes-Turcs et les Français morts pour la France lors
de la Première Guerre Mondiale.
On désigne par "Jeunes-Turcs" le parti politique nationaliste
révolutionnaire et réformateur ottoman, officiellement connu sous le
nom de Comité Union et Progrès (CUP, Ittihat ve Terakki Cemiyeti en
turc). Le succès de la révolution Jeune-Turque, qui se concrétise par
le rétablissement de la constitution de 1876, le 24 juillet 1908,
donne lieu a des manifestations d'enthousiasme. Il dirigea à plusieurs
reprises le gouvernement de l'Empire ottoman entre 1908 et la fin de
la Première Guerre mondiale en 1918 (1).
Fin octobre 1914, le régime des Jeunes-Turcs attaque, sans faire de
déclaration de guerre ni même avertir le Parlement Ottoman, l'Empire
Russe en Mer Noire: le 29 octobre, le "Yavuz Sultan Selim" (avant
appelé le "Goeben" lorsqu'il était sous le drapeau allemand) bombarde
Sebastopol, sa première opération contre l'Empire russe (2). Il
confirme ainsi son alliance avec le Reich Allemand de Guillaume II. Il
entraîne aussi son entrée en guerre contre la France, alors alliée de
l'Empire Russe, entrée en guerre qui sera formalisée en novembre 1914.
Sans cette alliance, la guerre n'aurait pas duré aussi longtemps et la
France n'aurait pas perdu plus de 1 million des siens depuis Verdun,
en France, jusqu'en Cilicie, en Turquie. D'ailleurs, les soldats
français faits prisonniers en Cilicie par les Jeunes-Turcs-Kémalistes
n'ont bénéficié d'aucune loi les protégeant et ont été traités de la
façon la plus inhumaine contrairement aux lois de la guerre (3).
Le régime des Jeunes-Turcs, le pan-turquisme et le Génocide des Arméniens.
Lors de sa création, vers 1890, le but des Jeunes-Turcs est
d'instaurer un État réformé et multi-ethnique, sur un modèle fédéral.
Certains Arméniens coopèrent d'ailleurs avec les Jeunes-Turcs. Suite à
des crises internes, les Unionistes, opposés aux Fédéralistes, gagnent
en légitimité et se font les gardiens d'une structure unitaire de
l'Empire. Le pouvoir passe à un triumvirat constitué par Talaat,
Djemal et Enver.
Les Jeunes-Turcs trahissent alors les minorités (dont les Arméniens
mais aussi les Grecs-Pontiques et les Assyriens) et mettent en place
leur projet final pour concrétiser leur objectif inspiré par le
pan-turquisme, cette idéologie nationaliste, née au XIXième siècle qui
cherche à renforcer les liens entre les peuples turcophones et à
susciter leur union au sein d'un même État (4). Ziya Gökalpft est l'un
des idéologues proche des Jeunes-Turcs en faveur du pan-turquisme (5,
6).
Étant donné que la présence des Arméniens sur le plateau anatolien est
un obstacle à cette union, il n'est pas difficile de deviner la suite.
La première étape du plan dessiné par les Jeunes-Turcs a lieu en 1909
à Adana où 30.000 Arméniens seront systématiquement éliminés (7, 8,
9). Une autre étape reprend à l'occasion de la Première Guerre
Mondiale. La conséquence est l'absence quasi-totale d'Arméniens en
Anatolie orientale à l'heure actuelle, alors qu'ils en comptaient,
avant 1909, plus de 20 % de la population (10).
À la suite de la guerre, le caractère planifié des massacres a été
reconnu par les tribunaux ottomans, lesquels ont condamné à mort par
contumace les principaux responsables (11, 12, 13).
La relation.
Ceux qui contestent la réalité du Génocide des Arméniens font ipso
facto l'apologie du régime des Jeunes-Turcs et de l'idéologie
pan-turque qui y est associée.
Autant il est incroyable que des citoyens Turcs défendent les
criminels Jeunes-Turcs athées qui ont trahi l'Empire Ottoman, qui
l'ont détruit, qui ont conduit des centaines de milliers jeunes
Musulmans sur les champs de bataille pour servir de chair à canon
pendant qu'eux-mêmes s'enrichissaient en pillant les biens des
victimes, il est inadmissible que des citoyens français et
franco-turcs se permettent en France d'appuyer ce régime, car ils
insultent, implicitement, la mémoire des soldats français et de leurs
alliés morts pendant ce conflit (14).
Conclusion.
Il faut savoir qu'à l'heure actuelle, il y a des réunions en France
(et ailleurs en Europe) qui font l'apologie du régime des Jeunes-Turcs
ainsi que du pan-turquisme qui y est associé.
Il suffit de constater la multiplication des meetings du MHP (Parti de
l'Action Nationaliste, Milliyetçi Hareket Partisi en turc, mouvement
turc fasciste, xénophobe et négationniste) avec ou sans la présence de
son président, Devlet Bahçeli (15, 16).
Il suffit aussi de se rappeler que le 15 juin 2012 a eu lieu à
Bruxelles l'inauguration d'une association à caractère pan-turque en
présence d'au moins un membre du MHP (Metin Edeer, ex-échevin des
Affaires extérieures d'Emirdag en Turquie et Président d'une
association culturelle à Bruxelles en Belgique) ainsi que de trois
négationnistes notoires (Halis Kokten, Saït Köse et Mahinur Ozdemir)
qui occupent aussi des postes à responsabilité au sein de l'État belge
(17).
Si rien n'est fait, cela pourrait aussi se produire en France.
À défaut de pouvoir ou d'avoir le courage de légiférer sur la négation
du Génocide des Arméniens, le législateur français devrait au moins
légiférer contre l'apologie du régime des Jeunes-Turcs et du
pan-turquisme sur son sol.
Il n'est en effet pas tolérable qu'en France, au nom de la paix
sociale et sous prétexte de nier la réalité du Génocide des Arméniens,
on permette de faire l'apologie des ennemis de la République
qu'étaient les Jeunes-Turcs et de laisser s'exprimer leurs héritiers
idéologiques de la sorte.
http://www.newsring.fr/societe/165-faut-il-une-loi-sur-le-genocide-armenien/14849-le-genocide-des-armeniens-le-regime-des-jeunes-turcs-et-les-francais-morts-pour-la-france
From: A. Papazian