Turquie : un député CHP interpellé par des combattants du PKK
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=66439
Publié le : 20-08-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
propose cet article publié sur le site des Amitiés kurdes de Bretagne
le 19 août 2012.
dimanche 19 août 2012
par Amitiés kurdes de Bretagne
Une unité combattante du PKK contrôlant la région de Tunceli (en kurde
Dersim) avait des questions à poser à Hüseyin Aygün, Kurde alévi,
député de Tunceli élu sur la liste du parti nationaliste CHP [1]. En
l'arrêtant le 12 août dernier, elle voulait aussi faire savoir que le
PKK était en train de changer de stratégie, passant du harcèlement de
guérilla à la guerre de moyenne intensité avec occupation du terrain,
à l'exception des centres urbains, et contrôle des axes de
communications.
L'adhésion d'Hüseyin Aygün, défenseur des droits de l'homme et du
zazaki, la langue des Kurdes de Dersim, à un parti comme le CHP,
interroge et agace. N'a-t-il pas fait aussi des déclarations
fracassantes au sujet des massacres de Dersim [2] ? Hüseyin Aygün a
donc été interpellé à un check-point et contraint de suivre ces
combattants, jeunes pour la plupart.
"Le groupe qui nous a barré la route me connaissait. Je n'ai subi
aucune violence. On ne m'a pas visé avec une arme. Nous avons marché
pendant six à sept heures" et d'ajouter, non sans humour :
"les montagnes de Dersim m'avaient manqué, mais... Personne ne doit
aller dans les montagnes" (c'est-à-dire rejoindre la guérilla).
Hüseyin Aygün dédramatise l'incident
Hüseyin Aygün a tenu, dès sa remise en liberté, à dédramatiser
l'incident en insistant sur sa dimension politique. Visiblement il
connaissant les jeunes qui ont pris les armes :
"les jeunes amis auteurs de cette action sont des enfants de ce pays.
Ils ont dit qu'à travers cette action, ils voulaient transmettre un
message de paix et un appel pour un cessez-le feu".
Pour autant, on devine que les échanges verbaux furent rudes et sans
concessions :
"je leur ai dit que le fait d'enlever une personne sans défense qui se
promène dans les montagnes et les vallées de Dersim est contraire à la
volonté de la population de Dersim. J'ai indiqué que j'étais fier
d'être député du nouveau CHP à Dersim. Je n'ai pas été menacé. Ils ont
dit qu'ils attendaient du CHP et des autres partis politiques qu'ils
fassent plus d'efforts pour arrêter l'effusion du sang. Ils m'ont
demandé d'agir davantage au sein du parlement pour négocier un
cessez-le feu".
Cette interpellation, parfaitement maitrisée mais réprouvée par tous,
comportait des risques de dérapages et de "coups tordus" que d'aucuns
avaient déjà anticipés : "ce rapt montre quel genre d'organisation est
le PKK", a commenté le Premier ministre en annonçant "la traque des
terroristes".
"N'oublie pas tes amis qui sont ici" m'ont-ils dit en m'embrassant.
H. Aygün n'a pas manqué de remercier tous ceux qui s'étaient
manifestés pour hter sa libération :
"je pense que les nombreuses réactions des organisations alévies, du
CHP et de la population de Dersim ont contribué à abréger ma
détention. Cette action avait pour but de transmettre à Ankara un
message pour une paix négociée. Lorsque nous nous sommes réveillés le
matin, Dr Bahoz Erdal [commandant en chef des HPG, branche armée du
PKK] a appelé pour se faire confirmer l'information. Il a expressément
demandé que ma sécurité soit assurée et ordonné ma libération [3]."
"Ils m'ont dit au revoir en indiquant que leur action avait atteint
son objectif. « N'oublie pas tes amis qui sont ici » m'ont-ils dit en
m'embrassant. A mon tour, je leur ai promis de travailler pour la
paix".
Hüseyin Aygün a, une fois encore, surpris et agacé : il est convoqué
par le CHP.
André Métayer
Photo : DIHA
[1] Cumhurriyet Halk Partisi - Parti Républicain du Peuple - Parti
fondé par Atatürk censé être de gauche mais finalement conservateur,
chauvin et très nationaliste.
[2] Les massacres de Dersim ont fait, en 1937 et 1938, plusieurs
dizaines de milliers de victimes (40 à 80 000 selon les sources) et
noyé dans le sang ce foyer de résistance kurde. Hüseyin Aygün a
déclaré qu'Atatürk en personne et le CHP, son propre parti, en
portaient la responsabilité.
[3] Le BDP avait également envoyé sur place des représentants
Retour à la rubrique
Source/Lien : Amitiés kurdes de Bretagne
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Publié le : 20-08-2012
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le 19 août 2012.
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par Amitiés kurdes de Bretagne
Une unité combattante du PKK contrôlant la région de Tunceli (en kurde
Dersim) avait des questions à poser à Hüseyin Aygün, Kurde alévi,
député de Tunceli élu sur la liste du parti nationaliste CHP [1]. En
l'arrêtant le 12 août dernier, elle voulait aussi faire savoir que le
PKK était en train de changer de stratégie, passant du harcèlement de
guérilla à la guerre de moyenne intensité avec occupation du terrain,
à l'exception des centres urbains, et contrôle des axes de
communications.
L'adhésion d'Hüseyin Aygün, défenseur des droits de l'homme et du
zazaki, la langue des Kurdes de Dersim, à un parti comme le CHP,
interroge et agace. N'a-t-il pas fait aussi des déclarations
fracassantes au sujet des massacres de Dersim [2] ? Hüseyin Aygün a
donc été interpellé à un check-point et contraint de suivre ces
combattants, jeunes pour la plupart.
"Le groupe qui nous a barré la route me connaissait. Je n'ai subi
aucune violence. On ne m'a pas visé avec une arme. Nous avons marché
pendant six à sept heures" et d'ajouter, non sans humour :
"les montagnes de Dersim m'avaient manqué, mais... Personne ne doit
aller dans les montagnes" (c'est-à-dire rejoindre la guérilla).
Hüseyin Aygün dédramatise l'incident
Hüseyin Aygün a tenu, dès sa remise en liberté, à dédramatiser
l'incident en insistant sur sa dimension politique. Visiblement il
connaissant les jeunes qui ont pris les armes :
"les jeunes amis auteurs de cette action sont des enfants de ce pays.
Ils ont dit qu'à travers cette action, ils voulaient transmettre un
message de paix et un appel pour un cessez-le feu".
Pour autant, on devine que les échanges verbaux furent rudes et sans
concessions :
"je leur ai dit que le fait d'enlever une personne sans défense qui se
promène dans les montagnes et les vallées de Dersim est contraire à la
volonté de la population de Dersim. J'ai indiqué que j'étais fier
d'être député du nouveau CHP à Dersim. Je n'ai pas été menacé. Ils ont
dit qu'ils attendaient du CHP et des autres partis politiques qu'ils
fassent plus d'efforts pour arrêter l'effusion du sang. Ils m'ont
demandé d'agir davantage au sein du parlement pour négocier un
cessez-le feu".
Cette interpellation, parfaitement maitrisée mais réprouvée par tous,
comportait des risques de dérapages et de "coups tordus" que d'aucuns
avaient déjà anticipés : "ce rapt montre quel genre d'organisation est
le PKK", a commenté le Premier ministre en annonçant "la traque des
terroristes".
"N'oublie pas tes amis qui sont ici" m'ont-ils dit en m'embrassant.
H. Aygün n'a pas manqué de remercier tous ceux qui s'étaient
manifestés pour hter sa libération :
"je pense que les nombreuses réactions des organisations alévies, du
CHP et de la population de Dersim ont contribué à abréger ma
détention. Cette action avait pour but de transmettre à Ankara un
message pour une paix négociée. Lorsque nous nous sommes réveillés le
matin, Dr Bahoz Erdal [commandant en chef des HPG, branche armée du
PKK] a appelé pour se faire confirmer l'information. Il a expressément
demandé que ma sécurité soit assurée et ordonné ma libération [3]."
"Ils m'ont dit au revoir en indiquant que leur action avait atteint
son objectif. « N'oublie pas tes amis qui sont ici » m'ont-ils dit en
m'embrassant. A mon tour, je leur ai promis de travailler pour la
paix".
Hüseyin Aygün a, une fois encore, surpris et agacé : il est convoqué
par le CHP.
André Métayer
Photo : DIHA
[1] Cumhurriyet Halk Partisi - Parti Républicain du Peuple - Parti
fondé par Atatürk censé être de gauche mais finalement conservateur,
chauvin et très nationaliste.
[2] Les massacres de Dersim ont fait, en 1937 et 1938, plusieurs
dizaines de milliers de victimes (40 à 80 000 selon les sources) et
noyé dans le sang ce foyer de résistance kurde. Hüseyin Aygün a
déclaré qu'Atatürk en personne et le CHP, son propre parti, en
portaient la responsabilité.
[3] Le BDP avait également envoyé sur place des représentants
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