80E ANNIVERSAIRE DE LA FAMINE GENOCIDE DE 1932/33 EN UKRAINE
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=69302
Publie le : 28-11-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - "J'ai entendu quelques
expressions sur lesquelles il faudrait peut-etre faire attention. Il
ne faut pas simplement parler de la faim de facon aussi impersonnelle
; il s'agit en fait d'une faim artificielle. Le terme Holodomor est
bien plus precis en ukrainien. On a une difficulte en francais :
la famine genocidaire pourrait etre consideree comme quelque chose
d'avoisinant. Le problème c'est que c'est avant tout un genocide qui
peut etre utilise pour mettre en place la faim mais cette faim n'est
qu'un pretexte. Cela a ete très bien dit precedemment par l'analyse
qu'on a entendue a savoir qu'en realite meme s'il n'y avait pas cette
richesse le genocide serait commis. Pourquoi ? Parce qu'il fallait
avoir un accès geopolitique a cet endroit qui se nomme l'Ukraine et
on ne pouvait pas se contenter d'avoir une independance locale. Par
consequent, dans un raisonnement global et geopolitique, le genocide
etait programme et c'est pour ca qu'on rentre dans le cadre d'une
destruction systematique qui correspond a la definition evoquee par
Raphaël Lemkin pour definir ce type de crime contre l'Humanite." Le
Collectif VAN publie ici l'Intervention du Pr. N. Lygeros a la
Commemoration du 80e Anniversaire de la Famine Genocide de 1932/33
en Ukraine, Place Antonin Poncet, Memorial de tous les Genocides,
a Lyon le 24/11/201.
Commemoration du 80e Anniversaire de la Famine Genocide de 1932/33
en Ukraine - Lyon - 24/11/2012
N. Lygeros
Place Antonin Poncet, Memorial de tous les Genocides
Je voudrais aller dans le sens de ce qui a ete dit sans repeter, donc
aller un peu plus loin, simplement rappeler meme aux Ukrainiens que
quand on mentionne Raphaël Lemkin il serait bon quand meme de dire
qu'il est ne a Lviv donc finalement qu'il est ne en Ukraine. C'est
quelqu'un qui a cree la notion de genocide et ce serait quand meme
bien de l'utiliser comme fer de lance puisque sans sa definition de
genocide on serait encore en train de parler d'un massacre. J'ai
entendu quelques expressions sur lesquelles il faudrait peut-etre
faire attention. Je le dis toujours avec amitie et Guenia le sait
très bien. Il ne faut pas simplement parler de la faim de facon aussi
impersonnelle ; il s'agit en fait d'une faim artificielle. Le terme
Holodomor est bien plus precis en ukrainien. On a une difficulte
en francais : la famine genocidaire pourrait etre consideree comme
quelque chose d'avoisinant.
Le problème c'est que c'est avant tout un genocide qui peut etre
utilise pour mettre en place la faim mais cette faim n'est qu'un
pretexte. Cela a ete très bien dit precedemment par l'analyse qu'on
a entendue a savoir qu'en realite meme s'il n'y avait pas cette
richesse le genocide serait commis. Pourquoi ? Parce qu'il fallait
avoir un accès geopolitique a cet endroit qui se nomme l'Ukraine et
on ne pouvait pas se contenter d'avoir une independance locale. Par
consequent, dans un raisonnement global et geopolitique, le genocide
etait programme et c'est pour ca qu'on rentre dans le cadre d'une
destruction systematique qui correspond a la definition evoquee par
Raphaël Lemkin pour definir ce type de crime contre l'Humanite. Par
ailleurs tout au debut, Nicolas a mentionne une difference entre
crime contre l'Humanite et genocide.
Effectivement elle est exacte, cette difference existe mais il faut
bien se rendre compte que, comme il l'a aussi très bien dit meme
Lemkin utilisait deja le Holodomor comme un exemple de genocide pour
etayer sa thèse de diversification par rapport au genocide global et au
crime contre l'Humanite afin de definir un noyau dont on soit sûr par
rapport aux critères par rapport a la charte des Nations Unies sur la
definition de ce terme. Il est donc important et je pense qu'il faut
etre aussi content et qu'il ne suffit pas de critiquer l'appareil
politique, il faut aller au-dela. Je crois que Guenia montre cela
de facon claire, a savoir que peut-etre c'est vrai qu'en France on
n'est encore pas très content parce qu'on n'a pas une reconnaissance
officielle mais je pense qu'il faut suivre aussi l'exemple des
Armeniens et se rendre compte combien il est difficile d'obtenir une
reconnaissance, combien il est encore plus difficile d'obtenir une
penalisation meme si on est dans un cadre disons relativement positif.
Donc il ne faut pas se decourager. On n'a jamais autant parle du
Holodomor que maintenant, on n'a jamais travaille autant sur ce sujet.
Il faut regarder aussi que les reconnaissances qui ont ete mentionnees
n'ont jamais ete aussi nombreuses et que dans des pays par exemple
comme le Canada, la recherche sur le Holodomor avance de facon vraiment
très extensive. Cela nous permet de definir aussi grâce aux 8 phases
de Stanton comment il faudrait etablir, si vous voulez, une sorte de
" genocidologie ".
L'essentiel c'est de vous dire que malgre les difficultes, malgre le
temps, le genocide est un crime imprescriptible et par consequent le
temps travaille avec nous et pas contre nous. En realite, il travaille
toujours contre les bourreaux. Je voudrais simplement mettre en
evidence, peut-etre mettre en exergue le problème des victimes. En
realite quand on denombre les victimes et vous savez que ce nombre
est important dans le cadre du genocide des Ukrainiens, c'est plus de
7 millions de personnes, il ne faut pas oublier aussi les gens qui
ne sont pas nes et c'est très important parce qu'ils representent
en realite un nombre bien plus important. Je vais donner un exemple
très clair, surtout pour les Ukrainiens : imaginez par exemple si
Shevchenko n'avait pas existe. Donc, ce que je veux dire par la,
c'est qu'il faut bien se rendre compte que parfois ce n'est pas
simplement un problème de masse - parce que on rentre aussi dans
cette problematique : en raison du genocideur on a l'impression que
c'est très important de dire qu'il y avait enormement de victimes -
en realite, il faut mettre le doigt sur le caractère systematique.
Le Holodomor a cette caracterisation systematique de destruction et
c'est cela qu'il faut mettre en evidence, pas tellement le nombre
de victimes puisque il est atteste. Je pense par ailleurs que la
communaute ukrainienne vit dans quelque chose qui est analogue avec les
communautes armenienne, assyro-chaldeenne ou meme grecque et qu'elle
est en train de changer peu a peu. Peu a peu, les Ukrainiens sont en
train de devenir fiers d'etre Ukrainiens et cela c'est nouveau mais
c'est encore le balbutiement. Parfois on a une tendance a eviter
de mentionner son appartenance. En realite, je crois que si on met
en evidence encore plus l'apport de Raphaël Lemkin, pour se rendre
compte qu'en fin de compte, l'Ukraine peut tout a fait revendiquer
son appartenance a celle-ci, alors il faut realiser que cela donne
l'exemple. Cela donne l'exemple aux autres exactement comme on le fait
dans d'autres genocides parce que on est dans le cadre de genocides qui
n'ont pas ete reconnus globalement donc le genocide des Ukrainiens ne
ressemble pas au genocide des Juifs, mais ressemble plus au genocide
des Armeniens et donc on travaille dans le cadre de ces reconnaissances
qui petit a petit montent et plus elles augmentent en nombre, plus
on informe les gens, plus les Ukrainiens eux-memes deviennent plus
forts et peuvent vraiment parler de ce qui s'est passe sans avoir
honte, sans vouloir le cacher mais en mettant en avant les atrocites,
toujours en insistant sur le fait qu'il s'agissait bien de genocide
et de rien d'autre. Merci.
Video :
http://www.youtube.com/watch?v=And07op5er0
Retour a la rubrique
Source/Lien : N. Lygeros
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=69302
Publie le : 28-11-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - "J'ai entendu quelques
expressions sur lesquelles il faudrait peut-etre faire attention. Il
ne faut pas simplement parler de la faim de facon aussi impersonnelle
; il s'agit en fait d'une faim artificielle. Le terme Holodomor est
bien plus precis en ukrainien. On a une difficulte en francais :
la famine genocidaire pourrait etre consideree comme quelque chose
d'avoisinant. Le problème c'est que c'est avant tout un genocide qui
peut etre utilise pour mettre en place la faim mais cette faim n'est
qu'un pretexte. Cela a ete très bien dit precedemment par l'analyse
qu'on a entendue a savoir qu'en realite meme s'il n'y avait pas cette
richesse le genocide serait commis. Pourquoi ? Parce qu'il fallait
avoir un accès geopolitique a cet endroit qui se nomme l'Ukraine et
on ne pouvait pas se contenter d'avoir une independance locale. Par
consequent, dans un raisonnement global et geopolitique, le genocide
etait programme et c'est pour ca qu'on rentre dans le cadre d'une
destruction systematique qui correspond a la definition evoquee par
Raphaël Lemkin pour definir ce type de crime contre l'Humanite." Le
Collectif VAN publie ici l'Intervention du Pr. N. Lygeros a la
Commemoration du 80e Anniversaire de la Famine Genocide de 1932/33
en Ukraine, Place Antonin Poncet, Memorial de tous les Genocides,
a Lyon le 24/11/201.
Commemoration du 80e Anniversaire de la Famine Genocide de 1932/33
en Ukraine - Lyon - 24/11/2012
N. Lygeros
Place Antonin Poncet, Memorial de tous les Genocides
Je voudrais aller dans le sens de ce qui a ete dit sans repeter, donc
aller un peu plus loin, simplement rappeler meme aux Ukrainiens que
quand on mentionne Raphaël Lemkin il serait bon quand meme de dire
qu'il est ne a Lviv donc finalement qu'il est ne en Ukraine. C'est
quelqu'un qui a cree la notion de genocide et ce serait quand meme
bien de l'utiliser comme fer de lance puisque sans sa definition de
genocide on serait encore en train de parler d'un massacre. J'ai
entendu quelques expressions sur lesquelles il faudrait peut-etre
faire attention. Je le dis toujours avec amitie et Guenia le sait
très bien. Il ne faut pas simplement parler de la faim de facon aussi
impersonnelle ; il s'agit en fait d'une faim artificielle. Le terme
Holodomor est bien plus precis en ukrainien. On a une difficulte
en francais : la famine genocidaire pourrait etre consideree comme
quelque chose d'avoisinant.
Le problème c'est que c'est avant tout un genocide qui peut etre
utilise pour mettre en place la faim mais cette faim n'est qu'un
pretexte. Cela a ete très bien dit precedemment par l'analyse qu'on
a entendue a savoir qu'en realite meme s'il n'y avait pas cette
richesse le genocide serait commis. Pourquoi ? Parce qu'il fallait
avoir un accès geopolitique a cet endroit qui se nomme l'Ukraine et
on ne pouvait pas se contenter d'avoir une independance locale. Par
consequent, dans un raisonnement global et geopolitique, le genocide
etait programme et c'est pour ca qu'on rentre dans le cadre d'une
destruction systematique qui correspond a la definition evoquee par
Raphaël Lemkin pour definir ce type de crime contre l'Humanite. Par
ailleurs tout au debut, Nicolas a mentionne une difference entre
crime contre l'Humanite et genocide.
Effectivement elle est exacte, cette difference existe mais il faut
bien se rendre compte que, comme il l'a aussi très bien dit meme
Lemkin utilisait deja le Holodomor comme un exemple de genocide pour
etayer sa thèse de diversification par rapport au genocide global et au
crime contre l'Humanite afin de definir un noyau dont on soit sûr par
rapport aux critères par rapport a la charte des Nations Unies sur la
definition de ce terme. Il est donc important et je pense qu'il faut
etre aussi content et qu'il ne suffit pas de critiquer l'appareil
politique, il faut aller au-dela. Je crois que Guenia montre cela
de facon claire, a savoir que peut-etre c'est vrai qu'en France on
n'est encore pas très content parce qu'on n'a pas une reconnaissance
officielle mais je pense qu'il faut suivre aussi l'exemple des
Armeniens et se rendre compte combien il est difficile d'obtenir une
reconnaissance, combien il est encore plus difficile d'obtenir une
penalisation meme si on est dans un cadre disons relativement positif.
Donc il ne faut pas se decourager. On n'a jamais autant parle du
Holodomor que maintenant, on n'a jamais travaille autant sur ce sujet.
Il faut regarder aussi que les reconnaissances qui ont ete mentionnees
n'ont jamais ete aussi nombreuses et que dans des pays par exemple
comme le Canada, la recherche sur le Holodomor avance de facon vraiment
très extensive. Cela nous permet de definir aussi grâce aux 8 phases
de Stanton comment il faudrait etablir, si vous voulez, une sorte de
" genocidologie ".
L'essentiel c'est de vous dire que malgre les difficultes, malgre le
temps, le genocide est un crime imprescriptible et par consequent le
temps travaille avec nous et pas contre nous. En realite, il travaille
toujours contre les bourreaux. Je voudrais simplement mettre en
evidence, peut-etre mettre en exergue le problème des victimes. En
realite quand on denombre les victimes et vous savez que ce nombre
est important dans le cadre du genocide des Ukrainiens, c'est plus de
7 millions de personnes, il ne faut pas oublier aussi les gens qui
ne sont pas nes et c'est très important parce qu'ils representent
en realite un nombre bien plus important. Je vais donner un exemple
très clair, surtout pour les Ukrainiens : imaginez par exemple si
Shevchenko n'avait pas existe. Donc, ce que je veux dire par la,
c'est qu'il faut bien se rendre compte que parfois ce n'est pas
simplement un problème de masse - parce que on rentre aussi dans
cette problematique : en raison du genocideur on a l'impression que
c'est très important de dire qu'il y avait enormement de victimes -
en realite, il faut mettre le doigt sur le caractère systematique.
Le Holodomor a cette caracterisation systematique de destruction et
c'est cela qu'il faut mettre en evidence, pas tellement le nombre
de victimes puisque il est atteste. Je pense par ailleurs que la
communaute ukrainienne vit dans quelque chose qui est analogue avec les
communautes armenienne, assyro-chaldeenne ou meme grecque et qu'elle
est en train de changer peu a peu. Peu a peu, les Ukrainiens sont en
train de devenir fiers d'etre Ukrainiens et cela c'est nouveau mais
c'est encore le balbutiement. Parfois on a une tendance a eviter
de mentionner son appartenance. En realite, je crois que si on met
en evidence encore plus l'apport de Raphaël Lemkin, pour se rendre
compte qu'en fin de compte, l'Ukraine peut tout a fait revendiquer
son appartenance a celle-ci, alors il faut realiser que cela donne
l'exemple. Cela donne l'exemple aux autres exactement comme on le fait
dans d'autres genocides parce que on est dans le cadre de genocides qui
n'ont pas ete reconnus globalement donc le genocide des Ukrainiens ne
ressemble pas au genocide des Juifs, mais ressemble plus au genocide
des Armeniens et donc on travaille dans le cadre de ces reconnaissances
qui petit a petit montent et plus elles augmentent en nombre, plus
on informe les gens, plus les Ukrainiens eux-memes deviennent plus
forts et peuvent vraiment parler de ce qui s'est passe sans avoir
honte, sans vouloir le cacher mais en mettant en avant les atrocites,
toujours en insistant sur le fait qu'il s'agissait bien de genocide
et de rien d'autre. Merci.
Video :
http://www.youtube.com/watch?v=And07op5er0
Retour a la rubrique
Source/Lien : N. Lygeros