" LE HOLODOMOR N'EST PLUS AUJOURD'HUI UN SUJET TABOU "
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=69556
Publie le : 06-12-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - " Il est des etapes dans
la construction d'une memoire qui marquent plus que d'autres.... Nous
voici reunis ici aujourd'hui pour commemorer le 80e anniversaire
du genocide perpetre en 1932-33 par Staline et ses seides contre le
peuple ukrainien. Après-guerre, certaines voix - et non des moindres -
se sont elevees pour denoncer le genocide ukrainien de 1932-33. Ainsi,
Raphaël Lemkin, le père de la Convention de 1948, declarait-il en 1953
lors d'un discours donne a New-York : " Ce dont je veux parler est
sans aucun doute l'exemple le plus classique du genocide sovietique,
son experience la plus ancienne et la plus etendue en termes de
russification, c'est a dire la destruction de la Nation ukrainienne. "
Le Collectif VAN publie ici l'Intervention de Mykola Cuzin, President
de Ukraine 33, lors de la Commemoration du 80e Anniversaire de la
Famine Genocide de 1932/33 en Ukraine, Place Antonin Poncet, Memorial
de tous les Genocides, a Lyon le 24/11/2012 et vous invite a lire
egalement la conference " La famine de 1932-1933 en Ukraine : quelle
interpretation ? ", donnee par le Pr Nicolas Werth le 29.11.2008 a
la Mairie du 2° a LYON.
Ukraine 33
Famine-Genocide en Ukraine Commemoration du 80e anniversaire du
Holodomor a Lyon
dimanche 25 novembre 2012
Madame la Consule Honoraire d'Ukraine, Messieurs les Consuls
Honoraires, Monsieur l'Adjoint au Maire de Lyon, Messieurs les Elus,
Monsieur le Directeur, Il est des etapes dans la construction d'une
memoire qui marquent plus que d'autres.... Nous voici reunis ici
aujourd'hui pour commemorer le 80e anniversaire du genocide perpetre en
1932-33 par Staline et ses seides contre le peuple ukrainien. J'aurais
tendance a dire : " 80 ans, deja ! "
Lorsque nous avons cree notre Comite au debut des annees 80 a
l'instigation de nos parrains le Cardinal Decourtray et Charles Hernu,
l'espoir de la liberation des Nations asservies d'Europe orientale
n'etait qu'une lointaine utopie, parler ukrainien, penser ukrainien,
vouloir etre Ukrainien... etait interdit et dangereux et evoquer le
Holodomor representait le sommet du deviationnisme petit-bourgeois que
seuls la mort ou un sejour prolonge en hôpital psychiatrique pouvaient
corriger. A cette epoque, Tchernobyl n'avait pas encore repandu son
venin et il allait encore se passer 10 ans avant que la chute du Mur
de Berlin n'entraîne l'effondrement de la prison des nations. 21 ans
ont passes depuis cette magnifique annee 1991. Force est de constater
que les progrès accomplis dans la construction de notre memoire en
general et dans celle du Holodomor en particulier ont ete immenses.
Entretenue par miracle pendant des decennies comme un filet d'eau
perdu au milieu d'un desert, cette memoire a connu un essor sans
precedent a la faveur de l'Independance de l'Ukraine en 1992 avec
la publication des premiers recueils de temoignages, l'ouverture -
mesuree et sporadique - des archives, la multiplication des travaux
d'universitaires, la creation d'une fondation et d'un memorial,
la penalisation du negationnisme du genocide par le Cour Supreme
d'Ukraine en 2006. A ce jour 26 pays ou institutions ont reconnu
et qualifie de genocide ce crime indicible commis contre le peuple
ukrainien et les publications internationales sont toujours plus
nombreuses a y faire allusion.
Alors oui, que de progrès realises lorsqu'on se retourne et que l'on
se rend compte que l'Ukraine a failli disparaître a plusieurs reprises
au cours de ce XX siècle sanglant. Pour autant, 80 ans dans la vie d'un
homme, c'est l'âge de la maturite, de la serenite devant tout ce qui a
ete accompli et tout ce qui a ete transmis aux nouvelles generations,
c'est la certitude de pouvoir bientôt se retirer en laissant son
~\uvre se poursuivre. Or, chaque jour qui passe, je me rends un peu
plus compte que notre memoire n'en est qu'a ses balbutiements. Je
serais tente d'etablir un parallèle avec ce phenomène bien connu de
l'observation d'evènements cosmologiques que nous ne pouvons faire
que des centaines, voire des milliers d'annees après leur survenue,
le temps que leur traces lumineuses voyagent jusqu'a nous a travers
l'immensite de l'espace. Le Holodomor en 1932-33, c'est en quelque
sorte l'explosion cataclysmique d'une Supernova dont nous commencerions
a peine a percevoir les rayonnements dans un telescope. Certes,
il y a 80 ans, alors qu'au paroxysme de la famine-genocide près
de 1500 personnes mourraient chaque heure sur la terre d'Ukraine,
le monde libre etait au courant, la SDN et la Croix-Rouge avaient
ete alertees et la communaute ukrainienne de Pologne se demenait
comme elle pouvait pour rassembler une aide qui ne serait finalement
rejetee categoriquement car consideree comme insultante par le maître
du Kremlin.
Le Saint-Siège a lui-meme mene a cette epoque une intense activite
diplomatique afin que l'aide soit acceptee, sans toutefois agir
directement de peur d'exciter les persecutions contre les chretiens.
Mais les frontières de l'URSS sont restees obstinement closes et la
propagande sovietique a reussi son travail, au-dela de ses esperances
- bien aidee en cela par certaines factions intellectuelles de nos
democraties occidentales. Pour finir, la presence du Vojd dans le
camp des vainqueurs de la seconde Guerre mondiale lui a opportunement
permis de passer l'eponge sur tous les mensonges sovietiques passes,
mais aussi a venir... les mensonges sur la Guerre civile de 1917, les
mensonges sur les premières famines dans les annees 20, les mensonges
sur les purges et les deportations massives dans les annees 30, les
mensonges sur la collusion avec le regime nazi, les mensonges sur
le massacre de Katyn, les mensonges sur les CAJ montes uniquement
pour mieux reperer ceux que le regime appelait les " cosmopolites "
et les eliminer et bien sûr les mensonges sur le Holodomor.
Après-guerre, certaines voix - et non des moindres - se sont pourtant
elevees pour denoncer le genocide ukrainien de 1932-33. Ainsi, Raphaël
Lemkin, le père de la Convention de 1948, declarait-il en 1953 lors
d'un discours donne a New-York : " Ce dont je veux parler est sans
aucun doute l'exemple le plus classique du genocide sovietique,
son experience la plus ancienne et la plus etendue en termes de
russification, c'est a dire la destruction de la Nation ukrainienne. "
Plus près de nous, le specialiste mondialement reconnu du Holodomor -
James Mace, aujourd'hui decede - parlait deja dans les annees 80 de la
volonte maintes fois exprimee par Staline de detruire la paysannerie
ukrainienne, l'intelligentsia ukrainienne, ainsi que la langue et
l'histoire ukrainiennes. Selon lui, son calcul etait très simple,
très primitif : plus de peuple, cela voulait dire plus de nation
separatiste et donc plus de problème. Il en concluait qu'une telle
politique etait l'expression la plus evidente qui soit du Genocide. "
80 ans après, que reste-t-il de ce massacre effroyable ? A ce jour, 13
Etats a travers leurs organes representatifs (senats ou parlements) ont
reconnu le Holodomor comme genocide. Parmi eux l'Estonie, la Lituanie,
la Pologne et l'Espagne. 13 autres l'ont qualifie de crime dirige
contre le peuple ukrainien. Fort heureusement, le Holodomor n'est plus
aujourd'hui un sujet tabou, interdit. Les historiens ont ete nombreux
a travers le monde a s'emparer du sujet ces dernières annees, mais
on sent bien encore de puissantes resistances et des reticences assez
fortes, a telle enseigne que notre actuel Premier ministre Jean-Marc
Ayrault, alors Depute-Maire de Nantes repondait ainsi en 2007 alors que
nous venions de l'interpeller sur le 75 e anniversaire du Holodomor ,
je cite : " On ne peut qualifier de genocide tout massacre de masse
commis a l'occasion d'une revolution ou d'une guerre, quelle qu'en
soit l'horreur. Ces actes - i-e le Holodomor - relèvent du crime
contre l'humanite et ne sauraient etre spontanement consideres comme
genocide, en depit de l'usage abusif qui est souvent fait aujourd'hui
de ce terme. S'agissant du devoir de memoire a l'egard des paysans
ukrainiens, il concluait ainsi : " Ce devoir sera d'autant mieux
rempli si les faits recoivent la qualification qui leur revient. "
Il ne croyait pas si bien dire ! Et il y a urgence ! 80 ans après,
la generation des rescapes alors enfants a l'epoque est en train
de s'eteindre. Les temoins adultes sont morts depuis longtemps, la
plupart sans jamais avoir ete entendus et les executeurs de basses
~\uvres a tous les echelons n'ont jamais ete inquietes.
L'Ukraine actuelle tente vaille que vaille de faire son chemin,
de trouver sa voie mais on sent bien que le genocide pèse encore de
tout son poids dans le c~\ur de cette veille nation. L'agriculture
de s'est jamais vraiment relevee de cette catastrophe. Et les 8
millions de vies humaines sacrifiees ajoutees aux six millions du
deficit demographique ont creuse un trou abyssal dans la population.
En Ukraine orientale, de vastes regions totalement desertees suite
aux meurtres et aux deportations des populations ukrainiennes ont
ete repeuplees massivement par des paysans et des detenus russes
parce qu'il n'y avait tout simplement plus personne pour travailler
la terre. De nos jours, ces descendants bien involontaires de la
politique d'epuration ethnique stalinienne, continuent de peser de
tout leur poids sur une vie politique ukrainienne qui, du coup, peine
a servir les interets les plus elementaires de la Nation, dans le
sens où ceux-ci ne devraient plus du tout dependre de la Russie. La
Russie, quant a elle, continue de se comporter avec l'Ukraine comme
s'il s'agissait de sa chasse gardee, s'ingerant toujours plus dans ses
sphères politique, economique, militaire, religieuse et culturelle,
avec toute la force et l'arrogance que peut conferer l'impunite. Oui,
il y a urgence... urgence pour la verite historique, urgence parce
qu'une victime non reconnue transmet toujours d'immenses souffrances
a ses descendants et qu'un bourreau non designe peut laisser croire
a ses heritiers que le crime non denonce etait legitime.
Oui, nous demandons qu'enfin le Holodomor des annees 1932-33
soit reconnu de facon pleine et entière comme un genocide parce
qu'il est plus que temps que justice soit rendu a l'Ukraine et aux
Ukrainiens, mais egalement parce c'est a cette seule condition que
la reconciliation pourra s'envisager entre l'Ukraine et une Russie
veritablement democratique et que la construction europeenne pourra
s'achever sur la base d'un partenariat juste et equilibre denue de
toute velleite de chantage energetique ou militaire.
Je terminerai en ayant une pensee speciale pour les 3 millions
d'enfants disparus dans la folie de ce genocide, puisque cette
semaine, le mardi 20 novembre etait organisee la journee mondiale
2012 de l'enfance.
Merci a vous tous.
Mykola Cuzin
Lire aussi:
La famine de 1932-1933 en Ukraine : quelle interpretation ?
80e Anniversaire de la Famine Genocide de 1932/33 en Ukraine
Retour a la rubrique
Source/Lien : Ukraine 33
From: Baghdasarian
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Publie le : 06-12-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - " Il est des etapes dans
la construction d'une memoire qui marquent plus que d'autres.... Nous
voici reunis ici aujourd'hui pour commemorer le 80e anniversaire
du genocide perpetre en 1932-33 par Staline et ses seides contre le
peuple ukrainien. Après-guerre, certaines voix - et non des moindres -
se sont elevees pour denoncer le genocide ukrainien de 1932-33. Ainsi,
Raphaël Lemkin, le père de la Convention de 1948, declarait-il en 1953
lors d'un discours donne a New-York : " Ce dont je veux parler est
sans aucun doute l'exemple le plus classique du genocide sovietique,
son experience la plus ancienne et la plus etendue en termes de
russification, c'est a dire la destruction de la Nation ukrainienne. "
Le Collectif VAN publie ici l'Intervention de Mykola Cuzin, President
de Ukraine 33, lors de la Commemoration du 80e Anniversaire de la
Famine Genocide de 1932/33 en Ukraine, Place Antonin Poncet, Memorial
de tous les Genocides, a Lyon le 24/11/2012 et vous invite a lire
egalement la conference " La famine de 1932-1933 en Ukraine : quelle
interpretation ? ", donnee par le Pr Nicolas Werth le 29.11.2008 a
la Mairie du 2° a LYON.
Ukraine 33
Famine-Genocide en Ukraine Commemoration du 80e anniversaire du
Holodomor a Lyon
dimanche 25 novembre 2012
Madame la Consule Honoraire d'Ukraine, Messieurs les Consuls
Honoraires, Monsieur l'Adjoint au Maire de Lyon, Messieurs les Elus,
Monsieur le Directeur, Il est des etapes dans la construction d'une
memoire qui marquent plus que d'autres.... Nous voici reunis ici
aujourd'hui pour commemorer le 80e anniversaire du genocide perpetre en
1932-33 par Staline et ses seides contre le peuple ukrainien. J'aurais
tendance a dire : " 80 ans, deja ! "
Lorsque nous avons cree notre Comite au debut des annees 80 a
l'instigation de nos parrains le Cardinal Decourtray et Charles Hernu,
l'espoir de la liberation des Nations asservies d'Europe orientale
n'etait qu'une lointaine utopie, parler ukrainien, penser ukrainien,
vouloir etre Ukrainien... etait interdit et dangereux et evoquer le
Holodomor representait le sommet du deviationnisme petit-bourgeois que
seuls la mort ou un sejour prolonge en hôpital psychiatrique pouvaient
corriger. A cette epoque, Tchernobyl n'avait pas encore repandu son
venin et il allait encore se passer 10 ans avant que la chute du Mur
de Berlin n'entraîne l'effondrement de la prison des nations. 21 ans
ont passes depuis cette magnifique annee 1991. Force est de constater
que les progrès accomplis dans la construction de notre memoire en
general et dans celle du Holodomor en particulier ont ete immenses.
Entretenue par miracle pendant des decennies comme un filet d'eau
perdu au milieu d'un desert, cette memoire a connu un essor sans
precedent a la faveur de l'Independance de l'Ukraine en 1992 avec
la publication des premiers recueils de temoignages, l'ouverture -
mesuree et sporadique - des archives, la multiplication des travaux
d'universitaires, la creation d'une fondation et d'un memorial,
la penalisation du negationnisme du genocide par le Cour Supreme
d'Ukraine en 2006. A ce jour 26 pays ou institutions ont reconnu
et qualifie de genocide ce crime indicible commis contre le peuple
ukrainien et les publications internationales sont toujours plus
nombreuses a y faire allusion.
Alors oui, que de progrès realises lorsqu'on se retourne et que l'on
se rend compte que l'Ukraine a failli disparaître a plusieurs reprises
au cours de ce XX siècle sanglant. Pour autant, 80 ans dans la vie d'un
homme, c'est l'âge de la maturite, de la serenite devant tout ce qui a
ete accompli et tout ce qui a ete transmis aux nouvelles generations,
c'est la certitude de pouvoir bientôt se retirer en laissant son
~\uvre se poursuivre. Or, chaque jour qui passe, je me rends un peu
plus compte que notre memoire n'en est qu'a ses balbutiements. Je
serais tente d'etablir un parallèle avec ce phenomène bien connu de
l'observation d'evènements cosmologiques que nous ne pouvons faire
que des centaines, voire des milliers d'annees après leur survenue,
le temps que leur traces lumineuses voyagent jusqu'a nous a travers
l'immensite de l'espace. Le Holodomor en 1932-33, c'est en quelque
sorte l'explosion cataclysmique d'une Supernova dont nous commencerions
a peine a percevoir les rayonnements dans un telescope. Certes,
il y a 80 ans, alors qu'au paroxysme de la famine-genocide près
de 1500 personnes mourraient chaque heure sur la terre d'Ukraine,
le monde libre etait au courant, la SDN et la Croix-Rouge avaient
ete alertees et la communaute ukrainienne de Pologne se demenait
comme elle pouvait pour rassembler une aide qui ne serait finalement
rejetee categoriquement car consideree comme insultante par le maître
du Kremlin.
Le Saint-Siège a lui-meme mene a cette epoque une intense activite
diplomatique afin que l'aide soit acceptee, sans toutefois agir
directement de peur d'exciter les persecutions contre les chretiens.
Mais les frontières de l'URSS sont restees obstinement closes et la
propagande sovietique a reussi son travail, au-dela de ses esperances
- bien aidee en cela par certaines factions intellectuelles de nos
democraties occidentales. Pour finir, la presence du Vojd dans le
camp des vainqueurs de la seconde Guerre mondiale lui a opportunement
permis de passer l'eponge sur tous les mensonges sovietiques passes,
mais aussi a venir... les mensonges sur la Guerre civile de 1917, les
mensonges sur les premières famines dans les annees 20, les mensonges
sur les purges et les deportations massives dans les annees 30, les
mensonges sur la collusion avec le regime nazi, les mensonges sur
le massacre de Katyn, les mensonges sur les CAJ montes uniquement
pour mieux reperer ceux que le regime appelait les " cosmopolites "
et les eliminer et bien sûr les mensonges sur le Holodomor.
Après-guerre, certaines voix - et non des moindres - se sont pourtant
elevees pour denoncer le genocide ukrainien de 1932-33. Ainsi, Raphaël
Lemkin, le père de la Convention de 1948, declarait-il en 1953 lors
d'un discours donne a New-York : " Ce dont je veux parler est sans
aucun doute l'exemple le plus classique du genocide sovietique,
son experience la plus ancienne et la plus etendue en termes de
russification, c'est a dire la destruction de la Nation ukrainienne. "
Plus près de nous, le specialiste mondialement reconnu du Holodomor -
James Mace, aujourd'hui decede - parlait deja dans les annees 80 de la
volonte maintes fois exprimee par Staline de detruire la paysannerie
ukrainienne, l'intelligentsia ukrainienne, ainsi que la langue et
l'histoire ukrainiennes. Selon lui, son calcul etait très simple,
très primitif : plus de peuple, cela voulait dire plus de nation
separatiste et donc plus de problème. Il en concluait qu'une telle
politique etait l'expression la plus evidente qui soit du Genocide. "
80 ans après, que reste-t-il de ce massacre effroyable ? A ce jour, 13
Etats a travers leurs organes representatifs (senats ou parlements) ont
reconnu le Holodomor comme genocide. Parmi eux l'Estonie, la Lituanie,
la Pologne et l'Espagne. 13 autres l'ont qualifie de crime dirige
contre le peuple ukrainien. Fort heureusement, le Holodomor n'est plus
aujourd'hui un sujet tabou, interdit. Les historiens ont ete nombreux
a travers le monde a s'emparer du sujet ces dernières annees, mais
on sent bien encore de puissantes resistances et des reticences assez
fortes, a telle enseigne que notre actuel Premier ministre Jean-Marc
Ayrault, alors Depute-Maire de Nantes repondait ainsi en 2007 alors que
nous venions de l'interpeller sur le 75 e anniversaire du Holodomor ,
je cite : " On ne peut qualifier de genocide tout massacre de masse
commis a l'occasion d'une revolution ou d'une guerre, quelle qu'en
soit l'horreur. Ces actes - i-e le Holodomor - relèvent du crime
contre l'humanite et ne sauraient etre spontanement consideres comme
genocide, en depit de l'usage abusif qui est souvent fait aujourd'hui
de ce terme. S'agissant du devoir de memoire a l'egard des paysans
ukrainiens, il concluait ainsi : " Ce devoir sera d'autant mieux
rempli si les faits recoivent la qualification qui leur revient. "
Il ne croyait pas si bien dire ! Et il y a urgence ! 80 ans après,
la generation des rescapes alors enfants a l'epoque est en train
de s'eteindre. Les temoins adultes sont morts depuis longtemps, la
plupart sans jamais avoir ete entendus et les executeurs de basses
~\uvres a tous les echelons n'ont jamais ete inquietes.
L'Ukraine actuelle tente vaille que vaille de faire son chemin,
de trouver sa voie mais on sent bien que le genocide pèse encore de
tout son poids dans le c~\ur de cette veille nation. L'agriculture
de s'est jamais vraiment relevee de cette catastrophe. Et les 8
millions de vies humaines sacrifiees ajoutees aux six millions du
deficit demographique ont creuse un trou abyssal dans la population.
En Ukraine orientale, de vastes regions totalement desertees suite
aux meurtres et aux deportations des populations ukrainiennes ont
ete repeuplees massivement par des paysans et des detenus russes
parce qu'il n'y avait tout simplement plus personne pour travailler
la terre. De nos jours, ces descendants bien involontaires de la
politique d'epuration ethnique stalinienne, continuent de peser de
tout leur poids sur une vie politique ukrainienne qui, du coup, peine
a servir les interets les plus elementaires de la Nation, dans le
sens où ceux-ci ne devraient plus du tout dependre de la Russie. La
Russie, quant a elle, continue de se comporter avec l'Ukraine comme
s'il s'agissait de sa chasse gardee, s'ingerant toujours plus dans ses
sphères politique, economique, militaire, religieuse et culturelle,
avec toute la force et l'arrogance que peut conferer l'impunite. Oui,
il y a urgence... urgence pour la verite historique, urgence parce
qu'une victime non reconnue transmet toujours d'immenses souffrances
a ses descendants et qu'un bourreau non designe peut laisser croire
a ses heritiers que le crime non denonce etait legitime.
Oui, nous demandons qu'enfin le Holodomor des annees 1932-33
soit reconnu de facon pleine et entière comme un genocide parce
qu'il est plus que temps que justice soit rendu a l'Ukraine et aux
Ukrainiens, mais egalement parce c'est a cette seule condition que
la reconciliation pourra s'envisager entre l'Ukraine et une Russie
veritablement democratique et que la construction europeenne pourra
s'achever sur la base d'un partenariat juste et equilibre denue de
toute velleite de chantage energetique ou militaire.
Je terminerai en ayant une pensee speciale pour les 3 millions
d'enfants disparus dans la folie de ce genocide, puisque cette
semaine, le mardi 20 novembre etait organisee la journee mondiale
2012 de l'enfance.
Merci a vous tous.
Mykola Cuzin
Lire aussi:
La famine de 1932-1933 en Ukraine : quelle interpretation ?
80e Anniversaire de la Famine Genocide de 1932/33 en Ukraine
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