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Dans La Turquie D'erdogan, Les Symboles Islamiques Ont La Cote

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    DANS LA TURQUIE D'ERDOGAN, LES SYMBOLES ISLAMIQUES ONT LA COTE

    armenews.com
    vendredi 7 decembre 2012

    D'annonces ronflantes sur la construction de mosquees en reformes
    discrètes du système educatif, le gouvernement islamo-conservateur
    turc redouble d'efforts ces dernières semaines pour accroître la
    visibilite de l'islam dans l'espace public.

    Grand amateur de polemiques, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan
    a mis les pieds dans le plat en confirmant mardi qu'une mosquee serait
    edifiee sur la place Taksim, une des principales esplanades d'Istanbul
    et l'enjeu de luttes anciennes entre islamistes et defenseurs de la
    laïcite.

    "Oui, cette mosquee sera construite", a-t-il declare a des
    journalistes dans son avion au cours d'une visite en Espagne, selon
    plusieurs quotidiens.

    Un pied de nez aux defenseurs de la laïcite, a commencer par l'armee
    qui avait contraint le premier gouvernement islamiste de Turquie,
    celui du Premier ministre Necmettin Erbakan, ancien mentor de M.

    Erdogan, a la demission en 1997 après que celui-ci eut annonce son
    projet de bâtir une mosquee a Taksim.

    Mais l'armee, autrefois gardienne sourcilleuse de la laïcite et
    responsables de quatre coups d'Etat en un demi-siècle, a vu ses
    pouvoirs rognes par diverses reformes et ses elements les plus
    hostiles au gouvernement du Parti de la justice et du developpement
    (AKP) emprisonnes pour des projets de complots.

    M. Erdogan s'est egalement rejoui de l'edification prochaine d'une
    gigantesque mosquee, d'une capacite de 30.000 places et dont le plan
    sera probablement inspire de la Mosquee bleue de l'architecte ottoman
    Sinan, sur la plus haute colline d'Istanbul, Camlica, d'où elle
    surplombera le detroit du Bosphore.

    "Nous pensons proceder a l'appel d'offres d'ici la fin de l'annee",
    a-t-il indique.

    Le gouvernement a egalement progresse sur un autre terrain
    d'affrontement traditionnel entre religieux et laïcs : l'enseignement,
    avec l'introduction limitee du foulard islamique dans les ecoles.

    Mardi, le journal officiel a publie une nouvelle reglementation
    decidee en conseil des ministres mettant fin au port de l'uniforme
    dans l'enseignement primaire et secondaire.

    Incidemment, la reforme prevoit que les jeunes filles pourront si
    elles le souhaitent porter le voile en cours de religion, une
    première, qui fait suite a l'annonce la semaine precedente de
    l'introduction de tels cours de religion optionnels dans les ecoles
    militaires.

    "Arrière-pensee politique"

    La nouvelle reglementation fait bien sûr grincer des dents dans le camp laïc.

    "Quand l'AKP fait quelque chose, il y a toujours une arrière-pensee
    politique (...) Le fait de permettre le port du voile a une ecolière
    va conduire un peu plus tard a lui imposer ce voile par des pressions
    sociales", a declare a l'AFP Oguz Kaan Salici, responsable pour
    Istanbul du Parti republicain du peuple (CHP), la principale formation
    d'opposition.

    Pour autant, ce responsable politique rechigne a invoquer le spectre
    d'un islamisme triomphant, et denonce plutôt une instrumentalisation
    de la religion par l'AKP a des fins electoralistes, alors que la
    Turquie se prepare a des elections municipales et presidentielle en
    2014, puis legislatives en 2015.

    "Il n'ont pas d'autre objectif que de polariser d'avantage la
    population (entre defenseurs de la liberte religieuse et laïcs) pour
    consolider leur base electorale", estime-t-il.

    Les observateurs s'accordent a penser en effet que les prises de
    positions de l'armee contre l'AKP sur la question de la laïcite ont
    contribue au large succès de ce dernier lors des legislatives de 2007.

    Jean-Francois Perouse, directeur de l'Institut francais d'etudes
    anatoliennes (IFEA) d'Istanbul est lui aussi convaincu que les
    dernières annonces de l'AKP, auxquelles s'ajoute l'ouverture recente
    d'un debat sur la levee de l'interdiction des confreries religieuses,
    relèvent d'avantage du pragmatisme que d'un dogmatisme religieux.

    Outre les enjeux electoraux, "il y a dans cette acceleration des
    references identitaires et religieuses une necessite de masquer
    l'exclusion economique par l'inclusion symbolique, par l'activation du
    lien religieux", affirme le chercheur.

    "L'AKP est de plus en plus un parti de patrons, qui ne cache pas son
    culte de l'entreprise et du profit", souligne-t-il, "cette position
    pourrait lui aliener une grande partie de la population mais ce n'est
    pas le cas grâce a l'inclusion religieuse."

    vendredi 7 decembre 2012,
    Stephane ©armenews.com

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