TURQUIE : LES FEMMES ARMENIENNES EN SOUFFRANCE
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=69674
Publie le : 11-12-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
presente une traduction de Gilbert Beguian d'un article en anglais du
journal Hetq.am mise en ligne sur le site de NAM (Nouvelles d'Armenie
Magazine) le 7 decembre 2012.
NAM
Femmes Armeniennes Travaillant en Turquie : " il se preoccupe de quoi,
mon gouvernement ? "
Hetq.am
5 decembre 2012
Ani Hovhannissyan
Edik Baghdassaryan
Au cours de notre recent voyage a Istanbul, nous avons voulu passer
quelques après- midi dans la cour de la Chapelle Armenienne Sourp
Prgitch ( Le Saint Redempteur) de Yedikule.
Des femmes d'Armenie qui etaient venues a Istanbul pour y travailler
venaient a l'eglise pour prier et allumer des cierges.
Nous nous asseyions sur un banc de la cour et ecoutions leurs
conversations tandis qu'elles en sortaient. On pouvait dire a leur
accent de quelle region d'Armenie elles etaient - le plus souvent
Gumri, Vanadzor ou Erevan.
Une femme qui etait venue a l'eglise ne pouvait retenir ses larmes.
Appelons la Silva. Elle s'assit a côte de nous et commenca a nous
raconter son histoire. " Mon fils a vingt-quatre ans et il n'est pas
marie. Il est tombe malade dans un pays etranger et je ne peux pas
aller le voir. Je suis venue dans la maison de Dieu pour lui faire
une demande... " Il se preoccupe de quoi, mon gouvernement ? Pourquoi
nous torture-t-il ainsi ? " nous dit une Silva tremblante.
Son fils a ete envoye en Armenie pour y etre soigne mais Silva n'a
pas pu y retourner. Elle ne peut obtenir de visa parce qu'elle est en
Turquie illegalement. Il y a cinq ans, lorsque Silva a decide de se
rendre en Turquie, elle exploitait une terre agricole en Armenie. Les
taxes et les problèmes d'irrigation l'ont forcee a arreter et a
chercher des verts pâturages plus lointains.
" Ils disent, bon Dieu, elles sont allees en Turquie. Il n'y a
qu'a regarder ce qu'elles font en Turquie. Notre gouvernement en
Armenie nous jette dehors ou nous amène au bord du precipice. Il
nous demande soit de sauter, soit de mourir de faim. C'est a cause de
cela qu'aujourd'hui nous nous occupons de personnes âgees ou malades
dans d'autres pays que le nôtre. Afin de faire assez d'argent pour
continuer a vivre, " dit Silva. Silva est employee dans une famille
turque - cuisine, nettoyage et prenant soin de la personne âgee.
Lorsque sa journee de travail est finie, Silva griffonne quelques
pensees et emotions dans un journal bien use. Elle l'a ouvert et a
commence a nous en lire quelques unes.
" Encore deux mois et demi avant que je puisse aller en Armenie.
J'espère pouvoir y emporter un peu d'argent pour payer mes dettes
et voir mon Armen. Je veux voir l'endroit où il effectue son service
militaire. Il est sur la frontière et j'ai peur pour mon Armen cheri.
" Je leur ai dit que je n'aimais pas les Turcs. Après cela nous nous
sommes querelles, mais peu m'importe. J'aime mes compatriotes, la
terre et l'eau d'Armenie. Mes enfants me manquent, mes je n'ai pas
le choix ; j'ai laisse mon pays provisoirement. Je retournerai dans
mon Armenie que je cheris ; ma petite mais fière Armenie. "
" Je deviens irritable mais je dois etre patiente. Il ne reste que
deux mois. Mon Dieu, donnez moi la patience dont j'ai besoin. Vous etes
mon dernier espoir. " Ces femmes d'Armenie, qui travaillent a present
dans les maisons des Turcs et dans les familles aisees armeniennes
d'Istanbul, n'en tirent aucun benefice. Elles se sentent utilisees,
trompees et surchargees de travail.
Une femme armenienne, Karineh, a change plusieurs fois d'emploi. Elle
dit qu'il n'est pas possible de travailler pour des gens qui insultent
votre dignite. " Nous ne faisons finalement que les corvees et nous
occupons ensuite des malades et des vieux. Nous travaillons a la
fois pour les Armeniens d'Istanbul et les Turcs. Pour etre honnete,
les Armeniens d'ici sont plus durs avec nous que les Turcs. Vous
faîtes la cuisine, lavez la vaisselle, et nettoyez la maison. Et
lorsque vous vous asseyez ou soufflez deux minutes, on vous demande,
' et les vitres ? ' Oui c'est dur et vous ne pouvez pas toujours
satisfaire tout le monde.
La plupart des femmes a qui nous avons parle a Istanbul se sentent
insultees par l'intolerance a fleur de peau des Armeniens. En outre,
les Armeniens d'Istanbul croient que la difference essentielle entre
eux et ceux d'Armenie n'est qu'une affaire de culture. " Ce que nous
trouvons de plus insultant, c'est qu'en depit du fait que nous sommes
tous des Armeniens, ils se comportent en telle sorte que nous sommes
forces de les quitter. Ils ne nous donnent meme pas une journee de
repos. Ils nous accordent juste deux heures pour aller telephoner a
nos parents en Armenie. Ensuite, c'est le retour a la tâche.
Pensez-vous que nous serions venues ici s'il y avait de nouveau du
travail en Armenie ? Nous le faisons pour nos familles et pour nos
enfants, " disent Karineh et son amie. La plupart des femmes qui ont
quitte l'Armenie pour la Turquie sont venues seules ; laissant leur
mari et leur famille derrière elles.
Elles sont livrees a elles-memes lorsqu'il s'agit de la survie
quotidienne a Istanbul. Elles ne semblent animees que par l'espoir
de retourner en Armenie un jour, pour se reunir avec ceux qu'elles
aiment et redevenir une mère pour leur famille.
vendredi 7 decembre 2012, Jean Eckian ©armenews.com
Traduction Gilbert Beguian pour Armenews
Article en anglais :
Women from Armenia Working in Turkey: "Where are the eyes of my
government?"
Retour a la rubrique
Source/Lien : NAM
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=69674
Publie le : 11-12-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
presente une traduction de Gilbert Beguian d'un article en anglais du
journal Hetq.am mise en ligne sur le site de NAM (Nouvelles d'Armenie
Magazine) le 7 decembre 2012.
NAM
Femmes Armeniennes Travaillant en Turquie : " il se preoccupe de quoi,
mon gouvernement ? "
Hetq.am
5 decembre 2012
Ani Hovhannissyan
Edik Baghdassaryan
Au cours de notre recent voyage a Istanbul, nous avons voulu passer
quelques après- midi dans la cour de la Chapelle Armenienne Sourp
Prgitch ( Le Saint Redempteur) de Yedikule.
Des femmes d'Armenie qui etaient venues a Istanbul pour y travailler
venaient a l'eglise pour prier et allumer des cierges.
Nous nous asseyions sur un banc de la cour et ecoutions leurs
conversations tandis qu'elles en sortaient. On pouvait dire a leur
accent de quelle region d'Armenie elles etaient - le plus souvent
Gumri, Vanadzor ou Erevan.
Une femme qui etait venue a l'eglise ne pouvait retenir ses larmes.
Appelons la Silva. Elle s'assit a côte de nous et commenca a nous
raconter son histoire. " Mon fils a vingt-quatre ans et il n'est pas
marie. Il est tombe malade dans un pays etranger et je ne peux pas
aller le voir. Je suis venue dans la maison de Dieu pour lui faire
une demande... " Il se preoccupe de quoi, mon gouvernement ? Pourquoi
nous torture-t-il ainsi ? " nous dit une Silva tremblante.
Son fils a ete envoye en Armenie pour y etre soigne mais Silva n'a
pas pu y retourner. Elle ne peut obtenir de visa parce qu'elle est en
Turquie illegalement. Il y a cinq ans, lorsque Silva a decide de se
rendre en Turquie, elle exploitait une terre agricole en Armenie. Les
taxes et les problèmes d'irrigation l'ont forcee a arreter et a
chercher des verts pâturages plus lointains.
" Ils disent, bon Dieu, elles sont allees en Turquie. Il n'y a
qu'a regarder ce qu'elles font en Turquie. Notre gouvernement en
Armenie nous jette dehors ou nous amène au bord du precipice. Il
nous demande soit de sauter, soit de mourir de faim. C'est a cause de
cela qu'aujourd'hui nous nous occupons de personnes âgees ou malades
dans d'autres pays que le nôtre. Afin de faire assez d'argent pour
continuer a vivre, " dit Silva. Silva est employee dans une famille
turque - cuisine, nettoyage et prenant soin de la personne âgee.
Lorsque sa journee de travail est finie, Silva griffonne quelques
pensees et emotions dans un journal bien use. Elle l'a ouvert et a
commence a nous en lire quelques unes.
" Encore deux mois et demi avant que je puisse aller en Armenie.
J'espère pouvoir y emporter un peu d'argent pour payer mes dettes
et voir mon Armen. Je veux voir l'endroit où il effectue son service
militaire. Il est sur la frontière et j'ai peur pour mon Armen cheri.
" Je leur ai dit que je n'aimais pas les Turcs. Après cela nous nous
sommes querelles, mais peu m'importe. J'aime mes compatriotes, la
terre et l'eau d'Armenie. Mes enfants me manquent, mes je n'ai pas
le choix ; j'ai laisse mon pays provisoirement. Je retournerai dans
mon Armenie que je cheris ; ma petite mais fière Armenie. "
" Je deviens irritable mais je dois etre patiente. Il ne reste que
deux mois. Mon Dieu, donnez moi la patience dont j'ai besoin. Vous etes
mon dernier espoir. " Ces femmes d'Armenie, qui travaillent a present
dans les maisons des Turcs et dans les familles aisees armeniennes
d'Istanbul, n'en tirent aucun benefice. Elles se sentent utilisees,
trompees et surchargees de travail.
Une femme armenienne, Karineh, a change plusieurs fois d'emploi. Elle
dit qu'il n'est pas possible de travailler pour des gens qui insultent
votre dignite. " Nous ne faisons finalement que les corvees et nous
occupons ensuite des malades et des vieux. Nous travaillons a la
fois pour les Armeniens d'Istanbul et les Turcs. Pour etre honnete,
les Armeniens d'ici sont plus durs avec nous que les Turcs. Vous
faîtes la cuisine, lavez la vaisselle, et nettoyez la maison. Et
lorsque vous vous asseyez ou soufflez deux minutes, on vous demande,
' et les vitres ? ' Oui c'est dur et vous ne pouvez pas toujours
satisfaire tout le monde.
La plupart des femmes a qui nous avons parle a Istanbul se sentent
insultees par l'intolerance a fleur de peau des Armeniens. En outre,
les Armeniens d'Istanbul croient que la difference essentielle entre
eux et ceux d'Armenie n'est qu'une affaire de culture. " Ce que nous
trouvons de plus insultant, c'est qu'en depit du fait que nous sommes
tous des Armeniens, ils se comportent en telle sorte que nous sommes
forces de les quitter. Ils ne nous donnent meme pas une journee de
repos. Ils nous accordent juste deux heures pour aller telephoner a
nos parents en Armenie. Ensuite, c'est le retour a la tâche.
Pensez-vous que nous serions venues ici s'il y avait de nouveau du
travail en Armenie ? Nous le faisons pour nos familles et pour nos
enfants, " disent Karineh et son amie. La plupart des femmes qui ont
quitte l'Armenie pour la Turquie sont venues seules ; laissant leur
mari et leur famille derrière elles.
Elles sont livrees a elles-memes lorsqu'il s'agit de la survie
quotidienne a Istanbul. Elles ne semblent animees que par l'espoir
de retourner en Armenie un jour, pour se reunir avec ceux qu'elles
aiment et redevenir une mère pour leur famille.
vendredi 7 decembre 2012, Jean Eckian ©armenews.com
Traduction Gilbert Beguian pour Armenews
Article en anglais :
Women from Armenia Working in Turkey: "Where are the eyes of my
government?"
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