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Turquie : " Genocide Armenien : Une Menace Nationale " (Zarakolu)

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    TURQUIE : " GENOCIDE ARMENIEN : UNE MENACE NATIONALE " (ZARAKOLU)

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=69903
    Publie le : 19-12-2012

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - La conference en anglais
    de l'editeur turc Ragip Zarakolu s'est tenue a l'EHESS le 12 decembre
    2012 a l'invitation du Groupe international de travail (GIT) " Liberte
    de recherche et d'enseignement ", en collaboration avec le CCAF-Paris.

    Le Collectif VAN diffuse ici l'intervention de ce grand monsieur,
    courageux defenseur des droits de l'homme en Turquie. Une traduction
    realisee par Gilbert Beguian pour Armenews.

    NAM

    TURQUIE

    Ragip Zarakolu : Le genocide armenien est considere comme une menace
    nationale

    " Je manifeste, en Turquie, en silence, contre les restrictions
    en Turquie, sur l'emploi des langues modernes. J'ai fait l'objet
    de poursuites.

    Ce procès est une comedie parce qu'ils lisent pendant des jours
    les 2500 pages de l'acte d'accusation, un record mondial je pense,
    en la matière ; vous en conviendrez, cela denote un manque certain
    d'imagination et il n'y a pas de progrès en defense parce que le droit
    actuel sur les langues modernes y fait obstacle. J'ai donc decide
    de protester en gardant le silence, plutôt que de me defendre dans
    la langue turque, afin qu'il soit possible de le faire en anglais,
    francais, allemand, armenien ou kurde, ce dont ils pourraient ensuite
    faire usage après traduction.

    Je veux parler de la liberte de l'enseignement. Il y a en general
    des grandes discussions sur la liberte de la presse, la liberte
    d'expression, mais il n'y a malheureusement pas assez de discussions
    sur la liberte d'enseignement, la liberte de recherche, ce qui est un
    problème très serieux en Turquie. Vous savez que la periode moderne
    de l'universite turque a commence au debut de la periode ottomane ;
    a cette epoque il y avait a l'universite des professeurs grecs, ou
    armeniens, ou juifs aux côtes de turcs, et l'un d'eux etait Krikor
    Zohrab. Il a ~\uvre pour des reformes du droit et a enseigne le droit
    pour les generations de cette periode.

    La première purge dans l'enseignement a eu lieu au sein de
    l'universite moderne qui avait ete constituee avec l'apport de
    professeurs exiles d'Allemagne qui avaient fui pendant la periode
    nazie. Il y a eu bien sûr un aspect positif dans cet apport mais il
    y a eu aussi une consequence negative : une sorte de purge commenca
    avec la sanction de l'un des professeurs d'histoire qui avait ecrit
    sur le genocide armenien. Avec d'autres enseignants, il fut chasse de
    l'universite. La seconde purge dans l'enseignement, s'est deroulee
    en 1947 et 1948. Le recteur de l'epoque resistait aux demandes du
    gouvernement et le gouvernement trouva une solution dans une loi
    speciale supprimant le departement de psychologie, sociologie et
    anthropologie pour obliger des professeurs independants a quitter
    l'universite. C'etait donc une tradition : dans chaque decennie a peu
    près, il y avait une purge dans les universites turques. La troisième
    purge se produisit après le coup d'etat militaire de 1960, a l'encontre
    de quelques personnalites importantes, parmi lesquelles Sebatien
    Sebuldu, tenant d'un programme humaniste inspire par la litterature
    mondiale qu'il avait cree pour le ministère de l'education, en outre
    l'un des fondateurs des ecoles speciales pour les villageois. Dans la
    meme purge, un philosophe important traducteur d'~\uvres litteraires,
    et l'intellectuel le plus en vue au cours de cette periode ont ete
    victimes de cette epuration. La quatrième purge, commenca après le
    coup d'etat militaire de 1971. A cette periode, Ismael Besikci et les
    plus importantes figures de l'alternative presentee par l'universite
    ont tous ete chasses. La dernière purge, des plus importantes, s'est
    produite en 1971 (1981 ?) avec une loi qui fut en fait un massacre
    intellectuel de plusieurs milliers d'enseignants de l'universite.

    Belge, notre maison d'edition, a ete creee en 1977. A cette epoque,
    je preparais une maîtrise a la faculte d'economie de l'universite de
    droit et mon epouse Ayse travaillait depuis sept ans pour un institut
    financier de la faculte d'economie, a la bibliothèque. Les choses
    n'allaient pas bien pour elle et mon professeur ayant ete tue par des
    militants ultranationalistes, nous avons alors decide de creer une
    maison d'edition pour faire un centre de recherche alternatif et de
    la publication. Après 1981, en solidarite avec certains professeurs
    qui avaient ete exclus de l'universite, certaines personnalites ont
    ete emprisonnees pour avoir cree une association. L'un d'entre eux,
    de l'universite technique du Moyen Orient, avait traduit pour nous
    le cours de droit d'universites allemandes. Il etait important
    a ce moment-la de faire des comparaisons, et il avait traduit ce
    livre sous la forme d'un manuscrit parce qu'il n'etait pas permis
    de taper des traductions a la machine. Et en 1981, aucune revue ou
    journal en Turquie n'etait autorisee, alors nous avons decide, devant
    l'interdiction de toute publication de journaux, hebdomadaires mensuels
    ou trimestriels, de publier annuellement. Nous avons signe un agrement
    avec Maspero et avons commence a negocier la publication de l'Etat du
    Monde pour au moins etre capable de faire en Turquie des analyses,
    des recherches et des comparaisons dans le monde, sur les organes
    de la securite interieure en Amerique Latine et dans d'autres pays,
    ou sur les experiences en Grèce, au Portugal en Espagne en periode
    de transition. Et en 1985, nous avons commence a publier une revue
    universitaire marxiste avec des amis enseignants. C'etait la première
    revue universitaire marxiste après la dictature militaire.

    Ainsi notre concept de cette periode consistait a proposer des
    publications qui echappaient a la censure parce qu'il n'y avait rien
    d'explicite concernant la periodicite de deux ans, et nous avons
    travaille a une histoire alternative, que nous qualifions quelquefois
    de ' contre histoire ' en regard de l'histoire officielle et de ses
    arrangements avec l'histoire. Au cours de la dictature militaire,
    la purge a ete un problème, mais il s'agissait plutôt d'un nettoyage
    de la gauche, l'expression est mienne : c'etait un massacre materiel
    et intellectuel contre la gauche turque, et ils ont presque reussi a
    detruire la gauche. Nous avons donc publie un ouvrage universitaire
    sur l'histoire de la gauche turque. Et Ayse a ete immediatement
    arretee et emprisonnee, et le commissaire lui dit que nous, la
    generation sans complexes, il voulait dire la nouvelle generation, nous
    voulions a nouveau creer la gauche. Ainsi la gauche etait interdite
    a ce moment-la. Tous ces ecrivains comme avant eux Nazim Hikmet,
    surveilles, arretes, juges. Par exemple, il m'est arrive d'imprimer un
    livre seulement en deux exemplaires, pour memoire, parce que c'etait
    une selection des ~\uvres poetiques de Berthold Brecht traduite par
    (Arkadir), qui traduisit l'Iliade et l'Odyssee en turc, et a cause
    d'un autre livre, il avait ete arrete et relâche, et il ne voulait
    pas etre arrete une nouvelle fois pour avoir traduit Berthold Brecht,
    et j'ai donc demande a l'imprimeur seulement deux copies, l'une pour
    moi et l'une pour le poète (rires). Telle etait donc la situation,
    et nous voulions aussi creer une histoire de la societe alternative,
    c'est-a-dire sur la litterature grecque, par exemple, sur l'Anatolie,
    et c'etait une sorte de ressource alternative pour l'histoire, et nous
    avons aussi publie un livre sur la guerre greco-turque. Ce livre fut
    immediatement interdit et illustre la facon dont nous devions reagir
    aux problèmes et aux ennuis, a commencer par les problèmes poses par
    les relations turco-grecques. Il etait impossible a cette epoque,
    meme de penser a publier sur un quelconque sujet engage, vous ne
    pouvez imaginer a quel point les conditions etaient dures.

    En 1990, la question kurde emergea comme un problème très serieux,
    et nous avons publie le livre d'Ismail Besikci, après sa periode de
    silence de quinze ans. Il avait ete emprisonne pendant longtemps. Et
    c'etait comme si nous ne l'avions pas publie. Le livre a ete
    imprime en un jour, distribue en un jour, mis au ban en un jour,
    le gouvernement creant une declaration speciale, rendant responsable
    egalement l'imprimeur, le menacant de fermeture, et l'imprimeur fut
    donc soumis a la censure, et c'est dans ces conditions que nous avons
    pu publier Besikci; j'ai pu trouver un imprimeur dans les cercles
    islamistes, qui peut-etre parce qu'il etait courageux, ou peut-etre
    parce qu'il n'avait pas encore eu de problèmes jusque-la (rires),
    et ils ont accepte, et si necessaire, ils auraient pu imprimer par la
    methode de photocopie. Après cela, nous etions toujours surveilles,
    mais cela alimenta des discussions dans la societe et contribua a
    des reformes partielles. Cela prit fin en 1991, annee où les fameux
    articles contre la gauche et où les mouvements kurdes, les articles
    141 et 142 furent supprimes, tout comme l'article 163 contre les
    publications islamistes. C'etait une victoire partielle pour nous mais
    après seulement trois mois, ils ont instaure les lois anti-terroristes,
    et nous avons ete les premiers editeurs poursuivis au motif de ces
    lois antiterroristes, a nouveau avec Ismail Besikci, et nous sommes
    devenus des editeurs terroristes, et les universitaires sont devenus
    des enseignants terroristes pour la Turquie, a nouveau, en sorte
    qu'après avoir ete en prison d'abord pour avoir use de notre liberte
    de conscience nous y sommes retournes plus tard comme terroristes,
    parce que tel etait le but du système. Oui, c'est ainsi que se gèrent
    la liberte et l'edition et il faut continuer la vraie recherche dans
    ces conditions dures.

    Le système en Turquie, le système turc continue, malheureusement,
    sous une hegemonie a present differente ; on etait avant sous hegemonie
    kemaliste, on est a present sous l'hegemonie d'un islam politique, mais
    qui emploie le meme appareil qui a ete elabore par les militaires,
    parce que la constitution autorise le recours a des methodes très
    fortes pour maîtriser et s'opposer a la recherche et a l'edition de
    travaux universitaires. Il y avait un système de contrôle avec au
    sommet, un president puis le YOK, Haut Comite pour les Universites,
    un autre acteur est l'armee, par le biais du Conseil National de
    Securite ; il est possible a present au camp islamiste d'employer
    ces moyens. J'ai publie le mois passe le livre d'Yves Ternon, ce que
    Zarakolu et Ternon essaient de faire depuis vingt ans, et ce matin,
    j'ai lu les documents du procès ; et c'est actuel au point que nous
    pourrions avoir ces memes discussions en ce moment, sur l'independance
    des juges, l'importance des accords et conventions internationales,
    sur le droit penal, sur les droits politiques, les droits sociaux et
    nous relevons les memes travers aujourd'hui dans les textes que le
    tribunal produit a Istanbul, dans les procès de mon fils et de mes
    amis ecrivains et universitaires qui s'ouvriront dans dix jours ; et
    ils diront les memes histoires qu'alors dans les annees 1990. Ainsi,
    nous pouvons dire qu'il y a un changement très lent, comme la marche de
    l'armee ottomane : deux pas en avant et toujours un pas en arrière. On
    ne peut pas dire qu'il y ait de grands progrès. Par exemple, j'ai ete
    arrete sans etre torture comme je l'avais ete en 1971 mais je n'ai pas
    ete torture en 1981 non plus ; pour cela, je pense, je dois remercier
    : j'ai egalement pu recevoir des lettres de vous ; ils ne m'ont pas
    donne par contre les lettres de ma femme ou certaines autres lettres,
    et je les remercie pour les lettres qu'on m'a remises. Et mon ami
    Hrant Dink a ete tue, et j'ai beaucoup de gratitude parce qu'ils ne
    m'ont pas tue. Chenorhagaloutioun [merci, en armenien]. En outre, je
    suis ici, voyez dans quel pays democratique on se trouve ! (rires). Et
    je les remercie qu'ils ne m'aient pas menace ni restreint ma liberte
    de me deplacer. Je suis très reconnaissant envers M. Erdogan, M. Gul,
    l'un est un bon gars, l'autre est un mechant. Nous verrons. Mais nous
    continuerons. C'est une mission pour la verite, pour la realite, pour
    la science, pour la recherche. Nous continuerons a lutter jusqu'a
    la fin, et nous croyons dans les jeunes generations, j'ai beaucoup
    d'espoir pour eux. Merci. "

    Question : Vous nous avez dit hier comment vous avez pu continuer
    votre travail d'editeur alors que vous-meme et Deniz Zarakolu etiez en
    prison, pouvez-vous nous parler de vos actions concrètes cette annee,
    comment vous pouvez publier et communiquer ?

    RZ - " Ma principale crainte lors de mon arrestation, c'etait mes
    livres en preparation, parce que par exemple, nous avons travaille
    pendant six ans a la publication de documents allemands relatifs
    a 1915, et aussi, j'avais promis il y a plusieurs annees a Marge
    Hopkin Movsessian de publier son livre, et j'ai ete très heureux
    que notre equipe ait reussi a le faire, les jeunes, parce que nous
    avions perdu trois editeurs : Ayse, il y a des annees, moi et Deniz,
    nous etions partis, et il ne restait plus que deux personnes a la
    maison d'edition ; avec d'autres amis ils ont publie des documents
    allemands, et cela a ete le plus beau cadeau pour moi. Quand j'ai ete
    relâche, ils ont edite un livre très important. Depuis ma liberation,
    j'ai travaille cet ete sur des documentations italiennes, recemment
    decouvertes au sujet du genocide armenien. Je les ai etudiees
    et j'ai egalement etudie les neufs elements du livre des memoires
    d'Andonian parce que les historiens officiels attaquent toujours ces
    ressources : dans les annees 1980, contrairement a aujourd'hui, il
    n'y avait que des ressources limitees sur le genocide armenien. Les
    historiens officiels attaquent deux ou trois ressources principales
    : la première ce sont les documents Andonian, la deuxième est le
    Livre Bleu, et la troisième etaient les memoires de l'Ambassadeur
    Morgenthau. Ainsi, nous avons publie neuf articles et j'etais content
    : au moins les lecteurs turcs pourraient prendre connaissance de
    ces ressources. J'avais auparavant publie le Livre Bleu et aussi
    l'Ambassadeur Morgenthau. Nous travaillons actuellement a l'edition de
    Mardin, le livre d'Yves Ternon. Je suis reconnaissant a Yves Ternon
    d'avoir ecrit une nouvelle introduction pour l'edition en turc. Mais
    notre travail n'est pas facile, parce qu'il n'y a pas d'equilibre,
    il y a a present une industrie du negationnisme organisee par
    l'Etat. Le genocide des Armeniens est maintenant un sujet touchant
    a la politique de securite en Turquie, et le genocide armenien est
    accepte comme une menace nationale. Il y a un comite special qui
    a commence avec le gouvernement Ecevit Bahceli, le Comite de Lutte
    contre les Revendications de Genocide. Ils n'emploient pas le terme
    genocide armenien parce que comme vous le savez, les Assyriens et
    les Grecs commencent a s'exprimer sur le sujet du genocide. Ils
    organisent donc des seminaires, financent des groupes. Par exemple,
    lorsque je faisais des recherches sur le negationnisme, j'ai appris
    qu'un seminaire etait organise en secret. Ils appellent des religieux
    pour participer a un seminaire sur le genocide armenien. Ou bien,
    dans les universites islamiques, au niveau le plus eleve, des
    seminaires a l'usage des universitaires, ou pour l'education des
    guides touristiques, sont organises sur le genocide armenien. Si des
    stupides francais inintelligents viennent en Turquie et posent des
    questions stupides sur les Armeniens, ils ont de quoi repondre. '
    Il n'y a pas de genocide armenien et bla bla bla bla'. Au cours d'une
    discussion sur le negationnisme, un diplomate s'approcha et je lui ai
    demande ce qu'il pouvait dire a ce sujet ; il a repondu par une liste
    en neuf points. Ensuite, quand je lui ai demande courtoisement comment
    il allait, il m'a repondu : " je ne peux obtenir de l'argent pour le
    seminaire ". Et quand je lui ai dit que l'Etat donnait de l'argent
    pour ca, il a fait comme s'il etait insulte. Dans les annees 1990,
    c'etait difficile parce qu'il y avait les services de securite,
    mais a present, c'est encore plus difficile, du fait que dans les
    grandes librairies, on trouve des sections 'Question armenienne'
    pleines de livres negationnistes. Et nos livres, peut-etre un ou deux,
    y sont difficiles a trouver. Le silence contre nos livres gagne. Bien
    sûr, il y a plus de sites liberaux sur l'internet, il y a plus de
    conferences en Turquie, mais quand on voit la masse presentee dans
    la section universitaire, c'est terrible. Sous certains aspects,
    c'etait mieux avant parce que dans les nouvelles generations soit
    c'etait l'amnesie qui regnait, soit on n'etait pas au courant pour
    de toute autre raison. Mais a present, les jeunes generations sont
    empoisonnees avec des fausses informations, des fausses theories,
    et il y a un genocide connu en Turquie, celui des Turcs ; mais le
    pire risque est que le genocide n'est pas une question a l'egard des
    seuls Armeniens. Il y a l'Holocauste, il y a aussi les crimes contre le
    peuple ukrainien, ou les Circassiens, ou sur les Musulmans des Balkans,
    mais ils restreignent et ne donne pas des sujets de recherche sur
    leurs propres cycles parce que cela pourrait ouvrir la porte sur la
    question du genocide armenien. Comment peut-on respecter une telle
    institution universitaire ? Il y a des jeunes, il y a beaucoup de
    jeunes chercheurs, mais en general, ils sont hors de Turquie. Ces
    dernières annees dans les universites liberales, il y a plus de bons
    chercheurs du fait d'universitaires courageux, mais au total, il ne
    s'agit pas de la misère de la philosophie, un titre de l'~\uvre de
    Marx, mais de la misère de ... l'universite turque.

    Biographie de Ragip Zarakolu ICI

    Photo Jean Eckian

    mardi 18 decembre 2012, Jean Eckian ©armenews.com

    Lire aussi:

    Liberte pour Ragip Zarakolu : Dossier complet

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    Source/Lien : NAM

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