La Tribune de Geneve, Suisse
17 décembre 2012 lundi
Édition Tribune de Genève
Vahé Godel publie «Parlez, je vous écoute»
par E.D.; Dumont
Nouvelles Le Genevois sort un nouveau livre, composé de brefs récits.
Un ouvrage véritablement inclassable
Il écrit, ou du moins il publie, depuis 1969. Né en 1931 à Genève,
Vahé Godel a derrière lui un oeuvre abondant, où les poèmes alternent
avec les récits et les essais. Ce fils d'un linguiste passionné par
l'Arménie et d'une Arménienne a également beaucoup fait pour honorer
et diffuser une littérature peu connue, la traduisant ou l'adaptant.
C'est à L'Aire, maison veveysanne, que l'auteur sort aujourd'hui
Parlez, je vous écoute. Il s'agit là de rhapsodies. Le genre ne reste
en effet pas que musical. Le chant peut aussi être écrit. Dans
l'Antiquité grecque, les rhapsodes allaient ainsi de ville en ville
afin d'interpréter les grandes créations poétiques, comme celles
d'Homère. L'auteur des vers était appelé l'aède.
Mais cessons là ces assauts d'érudition. Parlez, je vous
écoutecomprend un certain nombre de textes en prose, sans réels
rapports les uns avec les autres. Il ne s'agit cependant pas de
nouvelles. La narration joue ici un rôle par trop restreint. Les
créations de Godel restent des inclassables, comme l'écrivait déjà
Jacques Chessex en 1993. «Ses livres ne ressemblent à plus rien de ce
qui s'écrit aujourd'hui. ( ) Il faut sans doute aller chez les
peintres, du côté de Pollock ou de Mark Tobey, pour trouver une
analogie à cette interjection extatique et parfaitement matérielle. »
On l'aura compris. Le lecteur ne va pas vers la facilité. Godel
commence du reste courageusement son actuel recueil avec les pages les
plus difficiles. Tableau d'une surveillancese compose de questions
auxquelles l'auteur se garde bien de donner des réponses univoques. La
suite s'arrange un peu. Le lion d'or, qui n'est pas une auberge, peut
se lire comme un petit roman un peu halluciné, où il semble question
d'un zoo mystérieux. Cette fiction se situe doublement à la frontière.
Celle entre deux territoires. Celle séparant le réel du fantasmatique.
Il se trouve ainsi dix-huit rhapsodies dans Parlez, je vous écoute.
Elles satisferont le public du Genevois, sans l'étendre probablement.
Il s'agit tout de même là d'écrits très confidentiels.
Note:«Parlez, je vous écoute»,de Vahé Godel, aux Editions de L'Aire, 110 pages.
17 décembre 2012 lundi
Édition Tribune de Genève
Vahé Godel publie «Parlez, je vous écoute»
par E.D.; Dumont
Nouvelles Le Genevois sort un nouveau livre, composé de brefs récits.
Un ouvrage véritablement inclassable
Il écrit, ou du moins il publie, depuis 1969. Né en 1931 à Genève,
Vahé Godel a derrière lui un oeuvre abondant, où les poèmes alternent
avec les récits et les essais. Ce fils d'un linguiste passionné par
l'Arménie et d'une Arménienne a également beaucoup fait pour honorer
et diffuser une littérature peu connue, la traduisant ou l'adaptant.
C'est à L'Aire, maison veveysanne, que l'auteur sort aujourd'hui
Parlez, je vous écoute. Il s'agit là de rhapsodies. Le genre ne reste
en effet pas que musical. Le chant peut aussi être écrit. Dans
l'Antiquité grecque, les rhapsodes allaient ainsi de ville en ville
afin d'interpréter les grandes créations poétiques, comme celles
d'Homère. L'auteur des vers était appelé l'aède.
Mais cessons là ces assauts d'érudition. Parlez, je vous
écoutecomprend un certain nombre de textes en prose, sans réels
rapports les uns avec les autres. Il ne s'agit cependant pas de
nouvelles. La narration joue ici un rôle par trop restreint. Les
créations de Godel restent des inclassables, comme l'écrivait déjà
Jacques Chessex en 1993. «Ses livres ne ressemblent à plus rien de ce
qui s'écrit aujourd'hui. ( ) Il faut sans doute aller chez les
peintres, du côté de Pollock ou de Mark Tobey, pour trouver une
analogie à cette interjection extatique et parfaitement matérielle. »
On l'aura compris. Le lecteur ne va pas vers la facilité. Godel
commence du reste courageusement son actuel recueil avec les pages les
plus difficiles. Tableau d'une surveillancese compose de questions
auxquelles l'auteur se garde bien de donner des réponses univoques. La
suite s'arrange un peu. Le lion d'or, qui n'est pas une auberge, peut
se lire comme un petit roman un peu halluciné, où il semble question
d'un zoo mystérieux. Cette fiction se situe doublement à la frontière.
Celle entre deux territoires. Celle séparant le réel du fantasmatique.
Il se trouve ainsi dix-huit rhapsodies dans Parlez, je vous écoute.
Elles satisferont le public du Genevois, sans l'étendre probablement.
Il s'agit tout de même là d'écrits très confidentiels.
Note:«Parlez, je vous écoute»,de Vahé Godel, aux Editions de L'Aire, 110 pages.