NICOLAS SARKOZY TOUJOURS TOURMENTE PAR LE GENOCIDE ARMENIEN
L'Express
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/nicolas-sarkozy-toujours-tourmente-par-le-genocide-armenien_1077547.html
31 janvier 2012
France
Des parlementaires, dont des dizaines de droite, ont saisi le Conseil
constitutionnel pour faire annuler la loi penalisant la negation du
genocide armenien. "Vous ne me rendez pas service", a commente le
chef de l'Etat. En effet.
La question du genocide armenien n'en finit pas de tracasser Nicolas
Sarkozy. Dix jours après l'adoption de la loi penalisant la negation
de ce massacre, le chef de l'Etat pensait clore le chapitre en
promulguant le texte. Il va pourtant devoir attendre l'avis du
conseil constitutionnel, saisi par plusieurs deputes et senateurs,
dont certains issu de son propre camp.
Le chef de l'Etat n'a pas cache son embarras face a cette saisine.
Devant les parlementaires de la majorite reunis a l'Elysee, il a
explique qu'elle ne "lui rendait pas service" et qu'il craignait
que l'annulation de cette loi n'ouvre la porte a une suppression de
l'article condamnant la negation de la Shoah.
Depuis la loi adoptee le 23 janvier dernier, la Republique francaise
reconnait deux genocides: ceux perpetres contre les Armeniens en 1917
et les Juifs en 39-45. Une annulation de la première par le Conseil
constitutionnel aurait de grandes chances d'entrainer un retour sur
la seconde.
Une saisine menee par l'UMP
L'annonce de ce recours est une très mauvaise nouvelle pour Nicolas
Sarkozy. D'abord parce qu'elle rouvre un debat très sensible. A chaque
etape de l'adoption de ce texte, la Turquie a menace la France de
mesures de retorsion. Si le Conseil constitutionnel rejette le recours,
Paris s'attend alors a une nouvelle colère noire d'Ankara.
En attendant cette saisine a eu au moins le merite de calmer le
gouvernement turc. Les relations entre les deux partenaires commerciaux
"vont se detendre, nous attendons maintenant la decision du Conseil
constitutionnel", reagissait ainsi le porte-parole de l'ambassade
turque a Paris Egin Solakoglu.
En revanche, les relations entre Nicolas Sarkozy et sa majorite
risquent l'effet inverse. La loi sur le genocide armenien a
profondement divise la classe politique francaise. Preuve en est, le
recours a ete signe, en majorite par les radicaux de gauche au Senat,
et par de nombreux elus UMP a l'Assemblee, dont le souverainiste et
turbulent Jacques Myard. Sur les 65 deputes signataires, 52 sont UMP
ou Nouveau centre, 11 PS et deux Non inscrits. Côte Senat, sur les
77 soutiens, on compte 18 UMP et 12 centristes.
L'effet papillon
Ces saisines sont "une bombe atomique pour l'Elysee qui n'a rien
vu venir", a declare le depute UMP Lionel Tardy a l'AFP. Pourtant,
Nicolas Sarkozy est bien mal a l'aise pour souffler dans les bronches
des frondeurs, vu qu'au sein meme de son gouvernement, les avis sont
très partages sur cette loi. Alain Juppe, le ministre des Affaires
etrangères lui-meme, y est oppose.
Mais, le recours a-t-il une chance d'aboutir ? Pour Jacques Mezard,
senateur radical de gauche, oui: "Le texte meconnaît, outre l'article
34 de la Constitution (portant sur le domaine de la loi, ndlr),
plusieurs principes fondamentaux du droit parmi lesquels ceux des
libertes de communication et d'expression" ainsi que "de legalite
des delits et des peines".
A L'Express, la senatrice Europe Ecologie-Les Verts, Esther Benbassa
explique qu'elle partage le meme sentiment: "Les juristes avec qui
j'ai discute estiment que la saisine a des chances d'etre satisfaite."
Avant d'ajouter: "Le Conseil risque egalement d'invalider, par le
meme coup, la loi de 2001 sur la reconnaissance du genocide armenien."
L'effet papillon. Un battement d'ailes au Parlement francais, une
tempete de l'autre côte de la Mediterranee.
L'Express
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/nicolas-sarkozy-toujours-tourmente-par-le-genocide-armenien_1077547.html
31 janvier 2012
France
Des parlementaires, dont des dizaines de droite, ont saisi le Conseil
constitutionnel pour faire annuler la loi penalisant la negation du
genocide armenien. "Vous ne me rendez pas service", a commente le
chef de l'Etat. En effet.
La question du genocide armenien n'en finit pas de tracasser Nicolas
Sarkozy. Dix jours après l'adoption de la loi penalisant la negation
de ce massacre, le chef de l'Etat pensait clore le chapitre en
promulguant le texte. Il va pourtant devoir attendre l'avis du
conseil constitutionnel, saisi par plusieurs deputes et senateurs,
dont certains issu de son propre camp.
Le chef de l'Etat n'a pas cache son embarras face a cette saisine.
Devant les parlementaires de la majorite reunis a l'Elysee, il a
explique qu'elle ne "lui rendait pas service" et qu'il craignait
que l'annulation de cette loi n'ouvre la porte a une suppression de
l'article condamnant la negation de la Shoah.
Depuis la loi adoptee le 23 janvier dernier, la Republique francaise
reconnait deux genocides: ceux perpetres contre les Armeniens en 1917
et les Juifs en 39-45. Une annulation de la première par le Conseil
constitutionnel aurait de grandes chances d'entrainer un retour sur
la seconde.
Une saisine menee par l'UMP
L'annonce de ce recours est une très mauvaise nouvelle pour Nicolas
Sarkozy. D'abord parce qu'elle rouvre un debat très sensible. A chaque
etape de l'adoption de ce texte, la Turquie a menace la France de
mesures de retorsion. Si le Conseil constitutionnel rejette le recours,
Paris s'attend alors a une nouvelle colère noire d'Ankara.
En attendant cette saisine a eu au moins le merite de calmer le
gouvernement turc. Les relations entre les deux partenaires commerciaux
"vont se detendre, nous attendons maintenant la decision du Conseil
constitutionnel", reagissait ainsi le porte-parole de l'ambassade
turque a Paris Egin Solakoglu.
En revanche, les relations entre Nicolas Sarkozy et sa majorite
risquent l'effet inverse. La loi sur le genocide armenien a
profondement divise la classe politique francaise. Preuve en est, le
recours a ete signe, en majorite par les radicaux de gauche au Senat,
et par de nombreux elus UMP a l'Assemblee, dont le souverainiste et
turbulent Jacques Myard. Sur les 65 deputes signataires, 52 sont UMP
ou Nouveau centre, 11 PS et deux Non inscrits. Côte Senat, sur les
77 soutiens, on compte 18 UMP et 12 centristes.
L'effet papillon
Ces saisines sont "une bombe atomique pour l'Elysee qui n'a rien
vu venir", a declare le depute UMP Lionel Tardy a l'AFP. Pourtant,
Nicolas Sarkozy est bien mal a l'aise pour souffler dans les bronches
des frondeurs, vu qu'au sein meme de son gouvernement, les avis sont
très partages sur cette loi. Alain Juppe, le ministre des Affaires
etrangères lui-meme, y est oppose.
Mais, le recours a-t-il une chance d'aboutir ? Pour Jacques Mezard,
senateur radical de gauche, oui: "Le texte meconnaît, outre l'article
34 de la Constitution (portant sur le domaine de la loi, ndlr),
plusieurs principes fondamentaux du droit parmi lesquels ceux des
libertes de communication et d'expression" ainsi que "de legalite
des delits et des peines".
A L'Express, la senatrice Europe Ecologie-Les Verts, Esther Benbassa
explique qu'elle partage le meme sentiment: "Les juristes avec qui
j'ai discute estiment que la saisine a des chances d'etre satisfaite."
Avant d'ajouter: "Le Conseil risque egalement d'invalider, par le
meme coup, la loi de 2001 sur la reconnaissance du genocide armenien."
L'effet papillon. Un battement d'ailes au Parlement francais, une
tempete de l'autre côte de la Mediterranee.