GENOCIDE ARMENIEN : L'INTRANSIGEANCE TURQUE DE MOINS EN MOINS TENABLE
L'Orient-Le Jour
http://www.lorientlejour.com/numero/4790/article/742174/Genocide_armenien+%3A_l'intransigeance_turque_de_m oins_en_moins_tenable.html
27 janvier 2012
Liban
Analyse Pour les experts, Ankara ne pourra plus echapper longtemps
a son devoir de memoire et a une certaine forme de contrition.
À trois ans du centenaire du genocide, les analystes estiment que
l'intransigeance turque est de moins en moins tenable vis-a-vis des
pays qui veulent, a l'instar de la France, legiferer sur le genocide
armenien. Gel de la cooperation politique et militaire, menaces sur
les echanges economiques et culturels : depuis plus d'un mois, la
Turquie montre ses muscles a la France dans l'espoir de la dissuader
d'adopter une loi reprimant la negation des genocides reconnus par la
loi francaise, dont le genocide des Armeniens vivant dans l'Empire
ottoman en 1915-17. Mais ses efforts risquent d'echouer : après
l'Assemblee nationale en decembre, le Senat francais a vote la loi
lundi et seule une eventuelle intervention du Conseil constitutionnel
pourrait empecher sa promulgation.
Heritière de l'Empire ottoman, la Turquie recuse categoriquement
ce terme de genocide, et cette determination s'exprime depuis des
decennies, avec un soutien inconditionnel de tous les partis, par des
remontrances plus ou moins vigoureuses aux pays souhaitant reconnaître
le genocide ou penaliser sa negation. Cette position n'a pourtant pas
empeche la reconnaissance par plus d'une vingtaine d'Etats. Et surtout,
elle est de moins en moins tenable pour Ankara, estime l'editorialiste
Semih Idiz dans le quotidien Milliyet. " La Turquie multiplie les
menaces contre la France. Mais dans quelques semaines le sujet refera
son apparition au Congrès americain. Et il y a d'autres pays dans la
file d'attente. Est-ce que la Turquie va rappeler son ambassadeur a
chaque fois ? Nous sommes face a une situation absurde ", ecrit-il. "
Cette strategie negative et reactive a echoue, et personne n'est
pret a le reconnaître. J'espère qu'a un moment les autorites vont
reflechir et proposer autre chose pour faire face au centenaire du
genocide armenien qui approche ", confirme Cengiz Aktar, professeur
de relations internationales a l'universite stambouliote de Bahcesehir.
Pour Hugh Pope, de l'International Crisis Group, la solution passe
par une normalisation des relations avec l'Armenie, bloquee par la
question du genocide aussi bien que par le conflit entre l'Armenie et
l'Azerbaïdjan, allie de la Turquie, pour la possession de l'enclave du
Nagorny-Karabakh. " De nombreuses personnes en Turquie s'inquiètent de
la facon dont le pays va gerer la situation en 2015 et pensent qu'elle
doit se lancer sur la voie de la reconciliation avec les Armeniens,
pour etre du meme côte que les gens qui vont commemorer les communautes
armeniennes disparues d'Anatolie (...) et ne pas etre une cible ",
commente l'analyste. Une avancee historique s'etait produite en 2009
avec la signature par Ankara et Erevan de protocoles prevoyant la
normalisation de leurs relations, mais ces textes n'ont jamais ete
ratifies, la Turquie reclamant une resolution prealable de la question
du Nagorny-Karabakh. La Turquie ne pourra pas non plus echapper a
son devoir de memoire, et a une forme de contrition, affirme Soli
Ozel, chroniqueur du quotidien HaberTurk et professeur de relations
internationales a l'universite stambouliote Kadir Has. " Il faut tout
d'abord exprimer un chagrin, et ca, l'Etat turc ne l'a jamais fait.
C'est vraiment le point de depart " d'un apaisement de la question
armenienne, declare-t-il.
Ankara refute le terme de genocide mais reconnaît que des massacres
ont ete commis et que quelque 500 000 Armeniens ont peri en Anatolie
entre 1915 et 1917, les Armeniens evoquant 1,5 million de morts.
L'Orient-Le Jour
http://www.lorientlejour.com/numero/4790/article/742174/Genocide_armenien+%3A_l'intransigeance_turque_de_m oins_en_moins_tenable.html
27 janvier 2012
Liban
Analyse Pour les experts, Ankara ne pourra plus echapper longtemps
a son devoir de memoire et a une certaine forme de contrition.
À trois ans du centenaire du genocide, les analystes estiment que
l'intransigeance turque est de moins en moins tenable vis-a-vis des
pays qui veulent, a l'instar de la France, legiferer sur le genocide
armenien. Gel de la cooperation politique et militaire, menaces sur
les echanges economiques et culturels : depuis plus d'un mois, la
Turquie montre ses muscles a la France dans l'espoir de la dissuader
d'adopter une loi reprimant la negation des genocides reconnus par la
loi francaise, dont le genocide des Armeniens vivant dans l'Empire
ottoman en 1915-17. Mais ses efforts risquent d'echouer : après
l'Assemblee nationale en decembre, le Senat francais a vote la loi
lundi et seule une eventuelle intervention du Conseil constitutionnel
pourrait empecher sa promulgation.
Heritière de l'Empire ottoman, la Turquie recuse categoriquement
ce terme de genocide, et cette determination s'exprime depuis des
decennies, avec un soutien inconditionnel de tous les partis, par des
remontrances plus ou moins vigoureuses aux pays souhaitant reconnaître
le genocide ou penaliser sa negation. Cette position n'a pourtant pas
empeche la reconnaissance par plus d'une vingtaine d'Etats. Et surtout,
elle est de moins en moins tenable pour Ankara, estime l'editorialiste
Semih Idiz dans le quotidien Milliyet. " La Turquie multiplie les
menaces contre la France. Mais dans quelques semaines le sujet refera
son apparition au Congrès americain. Et il y a d'autres pays dans la
file d'attente. Est-ce que la Turquie va rappeler son ambassadeur a
chaque fois ? Nous sommes face a une situation absurde ", ecrit-il. "
Cette strategie negative et reactive a echoue, et personne n'est
pret a le reconnaître. J'espère qu'a un moment les autorites vont
reflechir et proposer autre chose pour faire face au centenaire du
genocide armenien qui approche ", confirme Cengiz Aktar, professeur
de relations internationales a l'universite stambouliote de Bahcesehir.
Pour Hugh Pope, de l'International Crisis Group, la solution passe
par une normalisation des relations avec l'Armenie, bloquee par la
question du genocide aussi bien que par le conflit entre l'Armenie et
l'Azerbaïdjan, allie de la Turquie, pour la possession de l'enclave du
Nagorny-Karabakh. " De nombreuses personnes en Turquie s'inquiètent de
la facon dont le pays va gerer la situation en 2015 et pensent qu'elle
doit se lancer sur la voie de la reconciliation avec les Armeniens,
pour etre du meme côte que les gens qui vont commemorer les communautes
armeniennes disparues d'Anatolie (...) et ne pas etre une cible ",
commente l'analyste. Une avancee historique s'etait produite en 2009
avec la signature par Ankara et Erevan de protocoles prevoyant la
normalisation de leurs relations, mais ces textes n'ont jamais ete
ratifies, la Turquie reclamant une resolution prealable de la question
du Nagorny-Karabakh. La Turquie ne pourra pas non plus echapper a
son devoir de memoire, et a une forme de contrition, affirme Soli
Ozel, chroniqueur du quotidien HaberTurk et professeur de relations
internationales a l'universite stambouliote Kadir Has. " Il faut tout
d'abord exprimer un chagrin, et ca, l'Etat turc ne l'a jamais fait.
C'est vraiment le point de depart " d'un apaisement de la question
armenienne, declare-t-il.
Ankara refute le terme de genocide mais reconnaît que des massacres
ont ete commis et que quelque 500 000 Armeniens ont peri en Anatolie
entre 1915 et 1917, les Armeniens evoquant 1,5 million de morts.