POURQUOI JE SUIS CONTRE LE RECOURS CONTRE LA LOI PENALISANT LE GENOCIDE ARMENIEN
Ara
armenews.com
samedi 4 fevrier 2012
Le 23 janvier dernier le Senat adoptait une loi penalisant la negation
du genocide armenien. Quelques jours plus tard cette loi etait deferee
au Conseil constitutionnel. Nicolas Sarkozy declarait alors qu'un
nouveau projet de loi serait depose s'il y avait annulation. Depuis des
semaines des manifestations pour et contre la loi se sont succedees
temoignant de la sensibilite et des enjeux d'actualite autour d'un
genocide qui s'est pourtant produit en 1915.
Depuis plusieurs annees, je me suis engagee aux côtes des Armeniens
de France sur la necessite de faire progresser la reconnaissance du
genocide par le gouvernement turc. Je crois que cette loi pouvait avoir
cette vertu, alors meme que certains Armeniens vivant en France sont
confrontes au negationnisme ordinaire. Dans le refus de la loi qui
s'est exprime avec force du côte du gouvernement turc, c'est le deni
qui s'est une fois de plus manifeste. Avec des debats autour d'une
vraie contradiction : certes le genocide s'est deroule en Turquie
mais le genocide est par nature un evenement universel.
Le groupe Europe ecologie les verts du Senat a choisi de voter contre
cette loi ( ce n'est pas la position qui avait ete adoptee par les
deputes EELV).
Je n'avais pas pris de position publique, souhaitant respecter une
forme de reserve. Mais plusieurs senateurs EELV se sont ensuite
associes au recours en inconstitutionnalite. Cette fois j'estime
necessaire de faire part de mon desaccord pour trois raisons
essentielles : je ne crois pas que la politique ne doive pas se meler
d'histoire. Il peut selon moi y avoir des lois memorielles, s'il est
parfaitement clair que la loi ne se substitue pas a la recherche. Le
droit, la politique et l'histoire ont des liens forts. Autant il est
indispensable que les recherches historiques progressent et fassent
la lumière sur les evenements, particulièrement les plus sensibles
et douloureux, autant s'imaginer qu'on puisse separer histoire et
politique est un leurre ! Que près d'un siècle après ce genocide, on en
soit encore a affirmer qu'il convient de mener des recherches montre
bien qu'une chape de plomb politique pèse sur ce sujet ; l'argument
sur l'electoralisme de cette loi est comprehensible mais fait peser
sur les Armeniens une culpabilite qu'ils n'ont pas a assumer. Que
droite et gauche choisissent de faire passer cette loi juste avant
des echeances electorales, quitte a brouiller tout message et a
prendre les Armeniens en otage est une erreur. Cela ne remet pas en
cause la gravite des faits et du negationnisme ; le resultat de cette
confusion pourrait etre de creer un risque de guerre des memoires et
de nouvelles divisions entre Francais et personnes habitant sur notre
sol. Ainsi le gouvernement turc a commence d'affirmer que cette loi
etait anti-musulmane. Attention aux amalgames, sachons conserver a
l'esprit que le genocide est un evenement de portee universelle dont
la reconnaissance n'a rien a voir avec un choix fait en faveur des
chretiens comme le suggère cette argumentation.
Lucile Schmid Membre du bureau national d'Europe Ecologie - Les Verts.
From: Baghdasarian
Ara
armenews.com
samedi 4 fevrier 2012
Le 23 janvier dernier le Senat adoptait une loi penalisant la negation
du genocide armenien. Quelques jours plus tard cette loi etait deferee
au Conseil constitutionnel. Nicolas Sarkozy declarait alors qu'un
nouveau projet de loi serait depose s'il y avait annulation. Depuis des
semaines des manifestations pour et contre la loi se sont succedees
temoignant de la sensibilite et des enjeux d'actualite autour d'un
genocide qui s'est pourtant produit en 1915.
Depuis plusieurs annees, je me suis engagee aux côtes des Armeniens
de France sur la necessite de faire progresser la reconnaissance du
genocide par le gouvernement turc. Je crois que cette loi pouvait avoir
cette vertu, alors meme que certains Armeniens vivant en France sont
confrontes au negationnisme ordinaire. Dans le refus de la loi qui
s'est exprime avec force du côte du gouvernement turc, c'est le deni
qui s'est une fois de plus manifeste. Avec des debats autour d'une
vraie contradiction : certes le genocide s'est deroule en Turquie
mais le genocide est par nature un evenement universel.
Le groupe Europe ecologie les verts du Senat a choisi de voter contre
cette loi ( ce n'est pas la position qui avait ete adoptee par les
deputes EELV).
Je n'avais pas pris de position publique, souhaitant respecter une
forme de reserve. Mais plusieurs senateurs EELV se sont ensuite
associes au recours en inconstitutionnalite. Cette fois j'estime
necessaire de faire part de mon desaccord pour trois raisons
essentielles : je ne crois pas que la politique ne doive pas se meler
d'histoire. Il peut selon moi y avoir des lois memorielles, s'il est
parfaitement clair que la loi ne se substitue pas a la recherche. Le
droit, la politique et l'histoire ont des liens forts. Autant il est
indispensable que les recherches historiques progressent et fassent
la lumière sur les evenements, particulièrement les plus sensibles
et douloureux, autant s'imaginer qu'on puisse separer histoire et
politique est un leurre ! Que près d'un siècle après ce genocide, on en
soit encore a affirmer qu'il convient de mener des recherches montre
bien qu'une chape de plomb politique pèse sur ce sujet ; l'argument
sur l'electoralisme de cette loi est comprehensible mais fait peser
sur les Armeniens une culpabilite qu'ils n'ont pas a assumer. Que
droite et gauche choisissent de faire passer cette loi juste avant
des echeances electorales, quitte a brouiller tout message et a
prendre les Armeniens en otage est une erreur. Cela ne remet pas en
cause la gravite des faits et du negationnisme ; le resultat de cette
confusion pourrait etre de creer un risque de guerre des memoires et
de nouvelles divisions entre Francais et personnes habitant sur notre
sol. Ainsi le gouvernement turc a commence d'affirmer que cette loi
etait anti-musulmane. Attention aux amalgames, sachons conserver a
l'esprit que le genocide est un evenement de portee universelle dont
la reconnaissance n'a rien a voir avec un choix fait en faveur des
chretiens comme le suggère cette argumentation.
Lucile Schmid Membre du bureau national d'Europe Ecologie - Les Verts.
From: Baghdasarian