NEGATIONNISME : LE MECHANT RECOURS AUX " SAGES "
Ara
armenews.com
samedi 4 fevrier 2012
Il s'est trouve plus d'une soixantaine d'elus dans les deux chambres
pour signer un recours devant le Conseil Constitutionnel afin de
censurer la " loi de penalisation du negationnisme des genocides
reconnus par la France " . On ne glosera pas ici sur la carte
geographique des regions d'où viennent ces frondeurs qui denoncaient
"l'electoralisme pro-armenien" des partisans de cette loi. Meme si
l'on constate que nombre d'entre eux, en particulier parmi les plus
virulents contempteurs du " clientelisme electoral ", par exemple
Jean-Pierre Chevènement, tirent eux-memes leurs suffrages de
circonscriptions où existe un fort lobbying anti armenien...
Mais il ne s'agit la que de l'aspect anecdotique d'une crise qui
risque de provoquer des degâts bien plus profonds que les quelques
dommages que ce recours pretendrait eviter. Du point de vue de notre
souverainete tout d'abord. Cette procedure recompense les ingerences
actives de l'etat turc dans les affaires interieures francaises. Les
multiples pressions d'Ankara, son chantage diplomatico-economique,
ses manifestations nationalistes organisees au coeur de Paris avec
des milliers de ressortissants venus de toute l'Europe, son influence
directe exercee sur les senateurs et les deputes, avec plusieurs
lettres de l'ambassade qui leur ont ete directement adresses, toutes
ces manoeuvres ont pour l'instant fini par payer. Dans la mentalite
des autorites turques, le Parlement a cede a ses intrusions et le vote
des deux chambres n'a servi a rien puisqu'il a suffi de la signature
de 60 elus pour obtenir la saisine d'un Conseil Constitutionnel
qu'elles croient acquissent a leurs thèses. Elles n'ignorent pas en
effet, et c'est de notoriete publique, qu'un certain nombre de ses
membres est oppose par principe aux lois dites " memorielles ". Mais
Ankara devrait pourtant savoir que tant du point de vue de l'esprit
que de la lettre de nos institutions, on ne demande pas aux sages
de prononcer un jugement politique sur les textes qui sont soumis a
leur expertise, mais d'examiner leur conformite avec la constitution
d'un point de vue juridique dûment motive. Ainsi ces calculs des
autorites turques pourraient s'averer contreproductifs. D'autant que
la loi a ete supervisee par le ministère de la justice et reecrite par
Jean-Luc Warsmann, president de la commission des lois de l'Assemblee
nationale. L'echec possible de ce recours soutenu par la Turquie
n'enlèverait cependant rien au caractère scandaleux des immixtions
du gouvernement de monsieur Erdogan dans le sanctuaire meme de
notre souverainete populaire et nationale. Quant a sa reussite,
elle constituerait une prime inadmissible a ce type d'ingerence,
auquel s'ajouterait un terrible deni de justice pour les Armeniens.
Car une deuxième crise, la plus cruelle, vient en effet de s'ouvrir
avec cette " communaute " a qui rien decidement ne sera epargne. Après
avoir obtenu cette victoire attendue depuis des annees, elle constate
avec ec~\urement que nombre d'elus essayent de la lui subtiliser au
moyen de manoeuvres procedurières indignent des enjeux en cours. Il
y a dans cette tentative de vol organise - sous-tendu par une volonte
a peine cachee " de ne pas en donner trop aux Armeniens " - un manque
d'empathie double de relents d'incoherence qui laisseront des traces.
Bernard-Henri Levy et Serge Klarsfeld le denoncent : le negationnisme
de la Shoah serait sanctionne, et pas celui du genocide des Armeniens,
reconnu par la France ? Un peu comme si on reprimait le racisme
contre les "Africains" et non celui contre les "Asiatiques" ? C'est
inadmissible. Les brûlures que ce negationnisme inflige depuis des
annees aux 500 000 Francais d'origine armenienne descendants des
rescapes de l'entreprise d'extermination ne sont evidemment pas moins
douloureuses que celles auxquelles fait heureusement obstacle la loi
Gayssot. Comment pourrait-on justifier que les unes concerneraient
le legislateur et pas les autres ?
Cet ensemble de personnes n'aspire qu'a une chose, bien legitime. Que
le negationnisme, composante de la mecanique genocidaire, cesse de les
poursuivre, presque cent ans après les faits, jusque sur cette terre
de France où leurs parents et grands-parents ont trouve refuge. Il ne
s'agit dans toute cette affaire que de mettre un terme a ce cauchemar.
Une loi pour les proteger. Eux et leurs enfants. Etait-ce vraiment
trop demander ?
Ara
armenews.com
samedi 4 fevrier 2012
Il s'est trouve plus d'une soixantaine d'elus dans les deux chambres
pour signer un recours devant le Conseil Constitutionnel afin de
censurer la " loi de penalisation du negationnisme des genocides
reconnus par la France " . On ne glosera pas ici sur la carte
geographique des regions d'où viennent ces frondeurs qui denoncaient
"l'electoralisme pro-armenien" des partisans de cette loi. Meme si
l'on constate que nombre d'entre eux, en particulier parmi les plus
virulents contempteurs du " clientelisme electoral ", par exemple
Jean-Pierre Chevènement, tirent eux-memes leurs suffrages de
circonscriptions où existe un fort lobbying anti armenien...
Mais il ne s'agit la que de l'aspect anecdotique d'une crise qui
risque de provoquer des degâts bien plus profonds que les quelques
dommages que ce recours pretendrait eviter. Du point de vue de notre
souverainete tout d'abord. Cette procedure recompense les ingerences
actives de l'etat turc dans les affaires interieures francaises. Les
multiples pressions d'Ankara, son chantage diplomatico-economique,
ses manifestations nationalistes organisees au coeur de Paris avec
des milliers de ressortissants venus de toute l'Europe, son influence
directe exercee sur les senateurs et les deputes, avec plusieurs
lettres de l'ambassade qui leur ont ete directement adresses, toutes
ces manoeuvres ont pour l'instant fini par payer. Dans la mentalite
des autorites turques, le Parlement a cede a ses intrusions et le vote
des deux chambres n'a servi a rien puisqu'il a suffi de la signature
de 60 elus pour obtenir la saisine d'un Conseil Constitutionnel
qu'elles croient acquissent a leurs thèses. Elles n'ignorent pas en
effet, et c'est de notoriete publique, qu'un certain nombre de ses
membres est oppose par principe aux lois dites " memorielles ". Mais
Ankara devrait pourtant savoir que tant du point de vue de l'esprit
que de la lettre de nos institutions, on ne demande pas aux sages
de prononcer un jugement politique sur les textes qui sont soumis a
leur expertise, mais d'examiner leur conformite avec la constitution
d'un point de vue juridique dûment motive. Ainsi ces calculs des
autorites turques pourraient s'averer contreproductifs. D'autant que
la loi a ete supervisee par le ministère de la justice et reecrite par
Jean-Luc Warsmann, president de la commission des lois de l'Assemblee
nationale. L'echec possible de ce recours soutenu par la Turquie
n'enlèverait cependant rien au caractère scandaleux des immixtions
du gouvernement de monsieur Erdogan dans le sanctuaire meme de
notre souverainete populaire et nationale. Quant a sa reussite,
elle constituerait une prime inadmissible a ce type d'ingerence,
auquel s'ajouterait un terrible deni de justice pour les Armeniens.
Car une deuxième crise, la plus cruelle, vient en effet de s'ouvrir
avec cette " communaute " a qui rien decidement ne sera epargne. Après
avoir obtenu cette victoire attendue depuis des annees, elle constate
avec ec~\urement que nombre d'elus essayent de la lui subtiliser au
moyen de manoeuvres procedurières indignent des enjeux en cours. Il
y a dans cette tentative de vol organise - sous-tendu par une volonte
a peine cachee " de ne pas en donner trop aux Armeniens " - un manque
d'empathie double de relents d'incoherence qui laisseront des traces.
Bernard-Henri Levy et Serge Klarsfeld le denoncent : le negationnisme
de la Shoah serait sanctionne, et pas celui du genocide des Armeniens,
reconnu par la France ? Un peu comme si on reprimait le racisme
contre les "Africains" et non celui contre les "Asiatiques" ? C'est
inadmissible. Les brûlures que ce negationnisme inflige depuis des
annees aux 500 000 Francais d'origine armenienne descendants des
rescapes de l'entreprise d'extermination ne sont evidemment pas moins
douloureuses que celles auxquelles fait heureusement obstacle la loi
Gayssot. Comment pourrait-on justifier que les unes concerneraient
le legislateur et pas les autres ?
Cet ensemble de personnes n'aspire qu'a une chose, bien legitime. Que
le negationnisme, composante de la mecanique genocidaire, cesse de les
poursuivre, presque cent ans après les faits, jusque sur cette terre
de France où leurs parents et grands-parents ont trouve refuge. Il ne
s'agit dans toute cette affaire que de mettre un terme a ce cauchemar.
Une loi pour les proteger. Eux et leurs enfants. Etait-ce vraiment
trop demander ?