LE PREMIER MINISTRE TURC INQUIÈTE LES DEFENSEURS DE LA LAECITE
Stephane
armenews
mardi 14 fevrier 2012
En souhaitant l'avènement d'une "jeunesse religieuse", le premier
ministre turc Recep Tayyip Erdogan a provoque critiques et inquietudes
chez les tenants de la laïcite, qui le soupconnent de vouloir islamiser
peu a peu la societe turque.
"Nous voulons former une jeunesse religieuse", a declare M. Erdogan,
qui a suivi une education religieuse et qui dirige un parti issu de
la mouvance islamiste, lors d'une intervention devant les deputes la
semaine dernière.
"Est-ce que vous attendez du parti conservateur et democrate AKP
(Parti de la Justice et du Developement, au pouvoir) qu'il forme une
generation d'athees ? C'est peut-etre votre affaire, votre mission,
pas la nôtre. Nous allons former une generation democratique et
conservatrice qui embrasse les valeurs et les principes de notre
nation", a-t-il dit, visant l'opposition.
Le principal parti d'opposition CHP (Parti republicain du peuple),
formation creee par Ataturk et qui defend les principes de la laïcite,
a immediatement reagi.
"C'est un peche que de recolter des voix avec la religion", a declare
le leader du CHP Kemal Kilicdaroglu, qualifiant Erdogan de "marchand
du temple".
"Je pose la question au Premier ministre : Que dois-je faire si
je ne veux pas que mon enfant soit eleve dans la religion et le
conservatisme ?", ecrivait cette semaine l'editorialiste de renom
Hasan Cemal, dans le journal liberal Milliyet.
"Qu'est-ce que cela signifie, que de dire que l'Etat va former une
jeunesse religieuse ? La première etape vers un Etat religieux ?" se
demandait mardi un autre journaliste renomme, Mehmet Ali Birand,
dans le quotidien Hurriyet Daily News.
Aucune uniformite politique ou religieuse ne peut etre imposee a la
Turquie, affirme pour sa part Semih Idiz, dans Milliyet, qui ajoute
que des millions de Turcs ont "adopte un mode de vie laïque", avant
meme l'avènement de la Republique en 1923.
Au pouvoir depuis 2002, l'AKP a entame un troisième mandat legislatif,
après une victoire ecrasante aux elections de juin.
Ces dernières annees, les militaires, qui se veulent les gardiens des
fondements laïques de la republique, ont perdu leur poids politique.
Des dizaines d'officiers ont ete arretes, accuses de complots contre
le regime.
L'opposition accuse le pouvoir d'autoritarisme, et de vouloir islamiser
la societe, en catimini.
Elle relève que de nombreux restaurants refusent de servir de
l'alcool pendant le Ramadan. Elle s'insurge contre une modification
de la legislation, qui permet aux diplômes des ecoles religieuses
d'acceder a toutes les facultes, alors qu'ils devaient se cantonner
jusqu'a present aux etudes religieuses.
Mehmet Ali Birand se demande jusqu'où iront ces changements.
L'organisme de contrôle de la radio-television RTUK s'en prendra
bientôt "aux acteurs qui s'embrassent" devant la camera, craint-il.
"Puis viendront les fondations religieuses. Puis ce seront les
municipalites. Toutes sortes d'enseignement du Coran, legaux ou pas,
fleuriront", ajoute-t-il.
Certains commentateurs relèvent, eux, une contradiction entre cette
intervention de M. Erdogan et le discours qu'il tenait en septembre,
en visite en Egypte.
"En tant que personne, je suis musulman et je ne suis pas laïque. Mais
je suis le Premier ministre d'un Etat laïque. Et les gens ont la
liberte de choisir d'etre religieux ou pas dans un regime laïque",
avait-il declare dans un entretien a une television egyptienne,
publie par le journal turc Vatan.
"La constitution turque definit la laïcite comme le fait que l'Etat
se tient a egale distance de toutes les religions", avait-il ajoute,
provoquant la desapprobation des islamistes des Frères musulmans,
au Caire, et l'etonnement, en Turquie.
Stephane
armenews
mardi 14 fevrier 2012
En souhaitant l'avènement d'une "jeunesse religieuse", le premier
ministre turc Recep Tayyip Erdogan a provoque critiques et inquietudes
chez les tenants de la laïcite, qui le soupconnent de vouloir islamiser
peu a peu la societe turque.
"Nous voulons former une jeunesse religieuse", a declare M. Erdogan,
qui a suivi une education religieuse et qui dirige un parti issu de
la mouvance islamiste, lors d'une intervention devant les deputes la
semaine dernière.
"Est-ce que vous attendez du parti conservateur et democrate AKP
(Parti de la Justice et du Developement, au pouvoir) qu'il forme une
generation d'athees ? C'est peut-etre votre affaire, votre mission,
pas la nôtre. Nous allons former une generation democratique et
conservatrice qui embrasse les valeurs et les principes de notre
nation", a-t-il dit, visant l'opposition.
Le principal parti d'opposition CHP (Parti republicain du peuple),
formation creee par Ataturk et qui defend les principes de la laïcite,
a immediatement reagi.
"C'est un peche que de recolter des voix avec la religion", a declare
le leader du CHP Kemal Kilicdaroglu, qualifiant Erdogan de "marchand
du temple".
"Je pose la question au Premier ministre : Que dois-je faire si
je ne veux pas que mon enfant soit eleve dans la religion et le
conservatisme ?", ecrivait cette semaine l'editorialiste de renom
Hasan Cemal, dans le journal liberal Milliyet.
"Qu'est-ce que cela signifie, que de dire que l'Etat va former une
jeunesse religieuse ? La première etape vers un Etat religieux ?" se
demandait mardi un autre journaliste renomme, Mehmet Ali Birand,
dans le quotidien Hurriyet Daily News.
Aucune uniformite politique ou religieuse ne peut etre imposee a la
Turquie, affirme pour sa part Semih Idiz, dans Milliyet, qui ajoute
que des millions de Turcs ont "adopte un mode de vie laïque", avant
meme l'avènement de la Republique en 1923.
Au pouvoir depuis 2002, l'AKP a entame un troisième mandat legislatif,
après une victoire ecrasante aux elections de juin.
Ces dernières annees, les militaires, qui se veulent les gardiens des
fondements laïques de la republique, ont perdu leur poids politique.
Des dizaines d'officiers ont ete arretes, accuses de complots contre
le regime.
L'opposition accuse le pouvoir d'autoritarisme, et de vouloir islamiser
la societe, en catimini.
Elle relève que de nombreux restaurants refusent de servir de
l'alcool pendant le Ramadan. Elle s'insurge contre une modification
de la legislation, qui permet aux diplômes des ecoles religieuses
d'acceder a toutes les facultes, alors qu'ils devaient se cantonner
jusqu'a present aux etudes religieuses.
Mehmet Ali Birand se demande jusqu'où iront ces changements.
L'organisme de contrôle de la radio-television RTUK s'en prendra
bientôt "aux acteurs qui s'embrassent" devant la camera, craint-il.
"Puis viendront les fondations religieuses. Puis ce seront les
municipalites. Toutes sortes d'enseignement du Coran, legaux ou pas,
fleuriront", ajoute-t-il.
Certains commentateurs relèvent, eux, une contradiction entre cette
intervention de M. Erdogan et le discours qu'il tenait en septembre,
en visite en Egypte.
"En tant que personne, je suis musulman et je ne suis pas laïque. Mais
je suis le Premier ministre d'un Etat laïque. Et les gens ont la
liberte de choisir d'etre religieux ou pas dans un regime laïque",
avait-il declare dans un entretien a une television egyptienne,
publie par le journal turc Vatan.
"La constitution turque definit la laïcite comme le fait que l'Etat
se tient a egale distance de toutes les religions", avait-il ajoute,
provoquant la desapprobation des islamistes des Frères musulmans,
au Caire, et l'etonnement, en Turquie.