REPORTERS SANS FRONTIERES
Une année noire pour la presse en Azerbaïdjan
2011 a été une année noire en Azerbaïdjan. Pour la première fois
depuis six ans, un journaliste, Rafik Tagi, a été assassiné.
Agressions, enlèvements, menaces... les méthodes de répression les
plus violentes ont fait leur grand retour pour venir à bout des
manifestations pro-démocratiques du premier semestre. Le regain de
tension diplomatique avec l'Iran a également contribué à accentuer la
pression sur la presse, notamment dans la région autonome du
Nakhitchevan.
Déjà 152e dans le classement de Reporters sans frontières en 2010,
présidé par un « prédateur » de la liberté des médias, l'Azerbaïdjan
reste prisonnier de logiques autoritaires et corrompues. Le cadre
répressif qui enserre la société, interdit le pluralisme et favorise
une polarisation d'ores et déjà très pesante. Paradoxalement, le boom
économique que connaît le pays depuis la mise en service de l'oléoduc
Bakou-Tbilissi-Ceyhan en 2006 n'a fait qu'accentuer cette tendance en
décuplant les moyens des autorités et en renforçant leur sentiment
d'impunité à l'égard de la communauté internationale. Le paysage
médiatique local est extrêmement polarisé et la presse indépendante ou
d'opposition est la cible de pressions sans fin. Le principal
quotidien d`opposition du pays, Azadlig, en est un exemple parlant.
Son rédacteur en chef, Ganimat Zahid, emprisonné durant plusieurs
années, a été et continue d'être l'objet de sérieuses menaces. L'un de
ses jeunes reporters, Agil Khalil, est toujours en exil après avoir
été la cible d'une campagne de haine marquée par plusieurs tentatives
d'assassinat en 2008. Un autre journal d'opposition, Khural, a été
poussé à la fermeture tandis que son rédacteur en chef, Avaz Zeynalli,
était jeté en prison fin octobre 2011.
Cette volonté d'imposer le silence ne touche pas que les journalistes
locaux. Plusieurs radios étrangères très populaires sont toujours
absentes de la FM azerbaïdjanaise depuis janvier 2009, notamment la
BBC, Radio Free Europe/ Radio Liberty et Voice of America. Les
manifestations pro-démocratiques, tenues à Bakou en mars et avril 2011
dans le sillage des printemps arabes, ont été violemment étouffées.
Obstacles physiques, interpellations, reconduites à la frontière,
refus de visa... La presse locale et internationale a été
systématiquement empêchée de couvrir les rassemblements. A une semaine
d'intervalle, deux correspondants d'Azadlig ont été enlevés et menacés
par des hommes en civil qui leur ont intimé l'ordre de ne plus décrier
le gouvernement. Vecteur d'information et de mobilisation jusqu'alors
étonnamment libre en Azerbaïdjan, Internet a été tout particulièrement
visé. Tandis qu'une étroite surveillance se mettait en place sur les
réseaux sociaux, ponctuellement bloqués, plusieurs activistes en
ligne, dont le blogueur Bakhtiyar Hajiyev, ont été condamnés à de
lourdes peines de prison. Plusieurs sites d'information indépendante
ont fait l'objet de cyberattaques à répétition.
Dans ces conditions, la libération des blogueurs Emin Milli et Adnan
Hajizadé en novembre 2010, puis du journaliste indépendant Eynulla
Fatullaev en mai 2011, apparaissent comme une man`uvre du pouvoir pour
relcher la pression internationale. Quant à l'assassinat, le 2 mars
2005, d'Elmar Husseynov, le charismatique rédacteur en chef de
l'hebdomadaire Monitor, il n'est toujours pas élucidé, faute de
volonté politique. La justice s'est défaussée du problème en le
reportant sur la Géorgie, dont elle accuse les assassins d'être
ressortissants, mais aucune investigation n'a été menée pour remonter
jusqu'aux commanditaires.
Ce précédent n'augure rien de bon pour l'enquête sur l'assassinat de
Rafik Tagi, rédacteur en chef du journal Sanat décédé le 23 novembre
2011. D'ores et déjà, les zones d'ombre abondent : le journaliste a
brutalement succombé aux coups de couteau qui lui avaient été
infligés, alors que son état était jugé suffisamment satisfaisant pour
le retirer de l'unité de soins intensifs trois jours auparavant. Connu
pour ses critiques de l'islam et du régime iranien, il avait été
emprisonné en 2007. La fatwa prononcée à son encontre par un mollah
iranien pointe une piste possible vers Téhéran, mais l'implication des
autorités azerbaïdjanaises n'est pas exclue par les proches et les
collègues de Rafik Tagi.
L'exclave autonome du Nakhitchevan, séparée du reste du pays par
l'Arménie et dont est originaire une partie du clan présidentiel,
reste communément appelée la « Corée du Nord de l'Azerbaïdjan ». La
poignée de journalistes indépendants qui y travaillent envers et
contre tout est l'objet d'intenses pressions de la part d'autorités
locales certaines de jouir d'une impunité totale. Pressions qui se
sont encore renforcées dans le climat de paranoïa créée par les
tensions diplomatiques avec l'Iran.
Superficie : 86 100 Km2 Population : 8 177 717 millions d'habitants.
Langue : azéri Chef de l'Etat : Ilham Aliev depuis octobre 2003
dimanche 26 février 2012,
Ara ©armenews.com
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
Une année noire pour la presse en Azerbaïdjan
2011 a été une année noire en Azerbaïdjan. Pour la première fois
depuis six ans, un journaliste, Rafik Tagi, a été assassiné.
Agressions, enlèvements, menaces... les méthodes de répression les
plus violentes ont fait leur grand retour pour venir à bout des
manifestations pro-démocratiques du premier semestre. Le regain de
tension diplomatique avec l'Iran a également contribué à accentuer la
pression sur la presse, notamment dans la région autonome du
Nakhitchevan.
Déjà 152e dans le classement de Reporters sans frontières en 2010,
présidé par un « prédateur » de la liberté des médias, l'Azerbaïdjan
reste prisonnier de logiques autoritaires et corrompues. Le cadre
répressif qui enserre la société, interdit le pluralisme et favorise
une polarisation d'ores et déjà très pesante. Paradoxalement, le boom
économique que connaît le pays depuis la mise en service de l'oléoduc
Bakou-Tbilissi-Ceyhan en 2006 n'a fait qu'accentuer cette tendance en
décuplant les moyens des autorités et en renforçant leur sentiment
d'impunité à l'égard de la communauté internationale. Le paysage
médiatique local est extrêmement polarisé et la presse indépendante ou
d'opposition est la cible de pressions sans fin. Le principal
quotidien d`opposition du pays, Azadlig, en est un exemple parlant.
Son rédacteur en chef, Ganimat Zahid, emprisonné durant plusieurs
années, a été et continue d'être l'objet de sérieuses menaces. L'un de
ses jeunes reporters, Agil Khalil, est toujours en exil après avoir
été la cible d'une campagne de haine marquée par plusieurs tentatives
d'assassinat en 2008. Un autre journal d'opposition, Khural, a été
poussé à la fermeture tandis que son rédacteur en chef, Avaz Zeynalli,
était jeté en prison fin octobre 2011.
Cette volonté d'imposer le silence ne touche pas que les journalistes
locaux. Plusieurs radios étrangères très populaires sont toujours
absentes de la FM azerbaïdjanaise depuis janvier 2009, notamment la
BBC, Radio Free Europe/ Radio Liberty et Voice of America. Les
manifestations pro-démocratiques, tenues à Bakou en mars et avril 2011
dans le sillage des printemps arabes, ont été violemment étouffées.
Obstacles physiques, interpellations, reconduites à la frontière,
refus de visa... La presse locale et internationale a été
systématiquement empêchée de couvrir les rassemblements. A une semaine
d'intervalle, deux correspondants d'Azadlig ont été enlevés et menacés
par des hommes en civil qui leur ont intimé l'ordre de ne plus décrier
le gouvernement. Vecteur d'information et de mobilisation jusqu'alors
étonnamment libre en Azerbaïdjan, Internet a été tout particulièrement
visé. Tandis qu'une étroite surveillance se mettait en place sur les
réseaux sociaux, ponctuellement bloqués, plusieurs activistes en
ligne, dont le blogueur Bakhtiyar Hajiyev, ont été condamnés à de
lourdes peines de prison. Plusieurs sites d'information indépendante
ont fait l'objet de cyberattaques à répétition.
Dans ces conditions, la libération des blogueurs Emin Milli et Adnan
Hajizadé en novembre 2010, puis du journaliste indépendant Eynulla
Fatullaev en mai 2011, apparaissent comme une man`uvre du pouvoir pour
relcher la pression internationale. Quant à l'assassinat, le 2 mars
2005, d'Elmar Husseynov, le charismatique rédacteur en chef de
l'hebdomadaire Monitor, il n'est toujours pas élucidé, faute de
volonté politique. La justice s'est défaussée du problème en le
reportant sur la Géorgie, dont elle accuse les assassins d'être
ressortissants, mais aucune investigation n'a été menée pour remonter
jusqu'aux commanditaires.
Ce précédent n'augure rien de bon pour l'enquête sur l'assassinat de
Rafik Tagi, rédacteur en chef du journal Sanat décédé le 23 novembre
2011. D'ores et déjà, les zones d'ombre abondent : le journaliste a
brutalement succombé aux coups de couteau qui lui avaient été
infligés, alors que son état était jugé suffisamment satisfaisant pour
le retirer de l'unité de soins intensifs trois jours auparavant. Connu
pour ses critiques de l'islam et du régime iranien, il avait été
emprisonné en 2007. La fatwa prononcée à son encontre par un mollah
iranien pointe une piste possible vers Téhéran, mais l'implication des
autorités azerbaïdjanaises n'est pas exclue par les proches et les
collègues de Rafik Tagi.
L'exclave autonome du Nakhitchevan, séparée du reste du pays par
l'Arménie et dont est originaire une partie du clan présidentiel,
reste communément appelée la « Corée du Nord de l'Azerbaïdjan ». La
poignée de journalistes indépendants qui y travaillent envers et
contre tout est l'objet d'intenses pressions de la part d'autorités
locales certaines de jouir d'une impunité totale. Pressions qui se
sont encore renforcées dans le climat de paranoïa créée par les
tensions diplomatiques avec l'Iran.
Superficie : 86 100 Km2 Population : 8 177 717 millions d'habitants.
Langue : azéri Chef de l'Etat : Ilham Aliev depuis octobre 2003
dimanche 26 février 2012,
Ara ©armenews.com
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress