L'Express , France
5 janv 2012
France-Turquie: nouveaux démêlés en perspective liés au génocide arménien
publié le 05/01/2012 à 14:42, mis à jour à 18:13
PARIS - La France s'expose à de nouvelles mesures de rétorsion de la
Turquie, après la décision du gouvernement d'inscrire à l'ordre du
jour du Sénat une proposition de loi punissant la négation du génocide
arménien, déjà adoptée par l'Assemblée nationale.
Après un vote favorable des députés, le 22 décembre, si le Sénat
adopte à son tour ce texte fin janvier, Ankara pourrait décider
d'abaisser le niveau de sa représentation diplomatique en France,
jusqu'ici assurée par un ambassadeur, selon une source diplomatique
turque à Paris.
Rappelé "pour consultations" en Turquie immédiatement après le vote de
décembre, l'ambassadeur Tahsin Burcuoglu sera de retour lundi à Paris,
mais seulement "pour suivre le processus au Sénat", "tenter de
l'empêcher", a dit l'ambassade.
La proposition de loi, présentée par une députée du parti présidentiel
UMP, a toutefois de fortes chances d'être définitivement votée, car
elle est également soutenue par la gauche, majoritaire au Sénat.
Le retour de l'ambassadeur ne signifie en rien la fin des mesures de
représailles prises en décembre, préviennent les diplomates turcs.
"Ces mesures en ce qui concerne la coopération bilatérale, et même
multilatérale dans certains domaines, sont valables et resteront
valables jusqu'à ce qu'on se débarrasse de ce problème-là", a souligné
à l'AFP le porte-parole de l'ambassade Engin Solakoglu.
"Il y a eu déjà des visites annulées, des coopérations techniques et
administratives annulées, comme la réunion du Comité mixte économique
avec la visite du ministre turc de l'Economie à Paris le 24 janvier",
a-t-il précisé.
"Notre Premier ministre a parlé d'une deuxième étape et donc ça va
dépendre de ce qui va se passer au Sénat" français, a-t-il ajouté.
Face à cette escalade probable, le ministère français des Affaires
étrangères, interrogé jeudi, a tenté à nouveau de calmer le jeu.
"La France souhaite une relation apaisée avec la Turquie", a déclaré
jeudi Romain Nadal, porte-parole adjoint, soulignant son rôle de
"partenaire stratégique" dans plusieurs dossiers régionaux.
Partisan d'un rapprochement avec la Turquie, le chef de la diplomatie
française Alain Juppé a pris ses distances avec le vote de la
proposition de loi poussée par le président Nicolas Sarkozy. A
l'approche de l'élection présidentielle du printemps, celui-ci a été
accusé de vouloir s'attirer la sympathie des quelque 500.000 Français
d'origine arménienne.
Pour ne pas envenimer la situation, Paris a ainsi évité de commenter
l'attaque, la semaine dernière, de l'armée turque près de la frontière
avec l'Irak, qui s'est soldée par la mort de 35 villageois kurdes, une
erreur, a reconnu Ankara.
Les relations commerciales entre les secteurs privés des deux pays ne
seront pas affectées, comme l'a rappelé l'ambassade de Turquie, mais
la France craint de se voir écarter de gros marchés, comme la
construction de centrales nucléaires.
"Les préférences de l'Etat en ce qui concerne les appels d'offre
publics changeraient sûrement", si le texte sur la négation des
génocides était adopté, souligne M. Solakoglu, faisant allusion
notamment à des négociations en cours pour associer Gaz de France au
projet de gazoduc européen Nabucco.
La Turquie ne reconnaît pas l'existence du génocide arménien de 1915
et le chiffre de 1,5 million de morts. Elle admet seulement que
jusqu'à 500.000 Arméniens sont morts du fait des combats et pendant
leur déportation forcée vers la Syrie ou le Liban, alors provinces
ottomanes.
http://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/france-turquie-nouveaux-demeles-en-perspective-lies-au-genocide-armenien_1068402.html
5 janv 2012
France-Turquie: nouveaux démêlés en perspective liés au génocide arménien
publié le 05/01/2012 à 14:42, mis à jour à 18:13
PARIS - La France s'expose à de nouvelles mesures de rétorsion de la
Turquie, après la décision du gouvernement d'inscrire à l'ordre du
jour du Sénat une proposition de loi punissant la négation du génocide
arménien, déjà adoptée par l'Assemblée nationale.
Après un vote favorable des députés, le 22 décembre, si le Sénat
adopte à son tour ce texte fin janvier, Ankara pourrait décider
d'abaisser le niveau de sa représentation diplomatique en France,
jusqu'ici assurée par un ambassadeur, selon une source diplomatique
turque à Paris.
Rappelé "pour consultations" en Turquie immédiatement après le vote de
décembre, l'ambassadeur Tahsin Burcuoglu sera de retour lundi à Paris,
mais seulement "pour suivre le processus au Sénat", "tenter de
l'empêcher", a dit l'ambassade.
La proposition de loi, présentée par une députée du parti présidentiel
UMP, a toutefois de fortes chances d'être définitivement votée, car
elle est également soutenue par la gauche, majoritaire au Sénat.
Le retour de l'ambassadeur ne signifie en rien la fin des mesures de
représailles prises en décembre, préviennent les diplomates turcs.
"Ces mesures en ce qui concerne la coopération bilatérale, et même
multilatérale dans certains domaines, sont valables et resteront
valables jusqu'à ce qu'on se débarrasse de ce problème-là", a souligné
à l'AFP le porte-parole de l'ambassade Engin Solakoglu.
"Il y a eu déjà des visites annulées, des coopérations techniques et
administratives annulées, comme la réunion du Comité mixte économique
avec la visite du ministre turc de l'Economie à Paris le 24 janvier",
a-t-il précisé.
"Notre Premier ministre a parlé d'une deuxième étape et donc ça va
dépendre de ce qui va se passer au Sénat" français, a-t-il ajouté.
Face à cette escalade probable, le ministère français des Affaires
étrangères, interrogé jeudi, a tenté à nouveau de calmer le jeu.
"La France souhaite une relation apaisée avec la Turquie", a déclaré
jeudi Romain Nadal, porte-parole adjoint, soulignant son rôle de
"partenaire stratégique" dans plusieurs dossiers régionaux.
Partisan d'un rapprochement avec la Turquie, le chef de la diplomatie
française Alain Juppé a pris ses distances avec le vote de la
proposition de loi poussée par le président Nicolas Sarkozy. A
l'approche de l'élection présidentielle du printemps, celui-ci a été
accusé de vouloir s'attirer la sympathie des quelque 500.000 Français
d'origine arménienne.
Pour ne pas envenimer la situation, Paris a ainsi évité de commenter
l'attaque, la semaine dernière, de l'armée turque près de la frontière
avec l'Irak, qui s'est soldée par la mort de 35 villageois kurdes, une
erreur, a reconnu Ankara.
Les relations commerciales entre les secteurs privés des deux pays ne
seront pas affectées, comme l'a rappelé l'ambassade de Turquie, mais
la France craint de se voir écarter de gros marchés, comme la
construction de centrales nucléaires.
"Les préférences de l'Etat en ce qui concerne les appels d'offre
publics changeraient sûrement", si le texte sur la négation des
génocides était adopté, souligne M. Solakoglu, faisant allusion
notamment à des négociations en cours pour associer Gaz de France au
projet de gazoduc européen Nabucco.
La Turquie ne reconnaît pas l'existence du génocide arménien de 1915
et le chiffre de 1,5 million de morts. Elle admet seulement que
jusqu'à 500.000 Arméniens sont morts du fait des combats et pendant
leur déportation forcée vers la Syrie ou le Liban, alors provinces
ottomanes.
http://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/france-turquie-nouveaux-demeles-en-perspective-lies-au-genocide-armenien_1068402.html