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Loi sur le génocide arménien

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  • Loi sur le génocide arménien

    L'Alsace.fr, France
    8 janv 2012


    Loi sur le génocide arménien
    La colère des habitants franco-turcs vivant en Alsace


    le 08/01/2012 à 05:00 par Frédérique Meichler

    Quelle que soit leur sensibilité politique, les personnes turques qui
    vivent dans la région mulhousienne sont opposées à la proposition de
    loi votée à l'Assemblée nationale visant à poursuivre pénalement toute
    personne qui nie le génocide arménien.
    « Je suis prêt à discuter de la réalité du génocide arménien, je ne
    connais pas à fond le sujet. Mais ce travail doit être fait par des
    gens compétents, des historiens reconnus, indique Adem, exilé en
    France en 1983 pour raisons politiques, naturalisé français il y a
    presque 20 ans. Au début, je pensais naïvement que ces lois étaient
    motivées par les droits de l'homme. Mais pourquoi cela arrive-t-il
    toujours six mois avant une échéance électorale ? Cela me gêne. Je
    suis un partisan de la paix et du rapprochement des peuples. Cette loi
    a pour effet de monter les uns contre les autres, de réveiller des
    haines... »

    Turkan, 36 ans, arrivée à Mulhouse avec ses parents à l'ge de 6 ans,
    indique que cette proposition de loi suscite la consternation. « Tous
    les gens sont remontés. La réaction est unanime autour de moi, chez
    les jeunes, dans les associations... On ne comprend pas pourquoi la
    France vote une loi qui vise des événements historiques remontant à si
    longtemps et en plus, ailleurs qu'ici. Quel objectif poursuit-on ?
    Alors que pas mal de Turcs étaient favorables à Sarkozy, aujourd'hui,
    ils disent qu'il ne faut plus qu'il gagne... »

    Muharrem est venu en France dans le cadre du regroupement familial en
    1973, à l'ge de 4 ans. Il est gérant de société, affiche une
    sensibilité « de gauche ». « Je suis dégoûté par cette loi,
    indique-t-il. Je suis d'origine turque et j'ai une grand-mère
    paternelle arménienne qui a vécu à Sivas et Istanbul, sans problème.
    J'ai entendu parler dans ma famille des horreurs subies par les
    Arméniens, mais c'était la guerre. J'ai des amis arméniens qui vivent
    à Istanbul, ils se demandent vraiment pourquoi la France fait ça... On
    ne m'a pas enseigné le génocide mais si c'est vrai, c'est aux
    historiens de l'établir, pas à l'État français ! Même si je trouve que
    la réaction du gouvernement turc est excessive, avec le rappel de
    l'ambassadeur et les menaces économiques... »

    Les pouvoirs publics turcs ont fait passer à la télévision nationale
    des spots fin décembre, incitant tous les ressortissants franco-turcs
    à s'inscrire sur les listes électorales dans les délais.

    Les journaux turcs diffusés dans la région ont relayé ce message, tout
    comme les associations qui ont distribué localement des tracts en turc
    et en français : « Votez pour exister ! Ne laissez pas les autres
    décider à votre place ! » peut-on y lire.

    Mehmet Kunduraci est président du Centre culturel turc de Mulhouse,
    rue Josué-Hofer, association qui gère une mosquée dont l'imam est un
    fonctionnaire de l'État turc. « Cette loi est décevante pour nous,
    pour tous les Turcs qui vivent en France. Je suis ici depuis plus de
    36 ans, je n'ai pas encore la nationalité française mais j'ai trois
    enfants sur quatre qui votent... On nous prive de la liberté de penser.
    Normalement, la France est un pays exemplaire pour la liberté, non ?
    Mais on va se défendre, on va manifester et on espère que cette loi
    sera bloquée au Sénat. Nous, on vote aussi ! Et j'ai incité les
    Franco-Turcs de mon association qui n'étaient pas encore inscrits sur
    les listes électorales à le faire. »

    Necmettin Yesilkaya, 35 ans, arrivé en France à l'adolescence, préside
    une autre structure très influente dans la communauté turque
    mulhousienne, l'Association sportive et culturelle turque installée
    rue Lavoisier, proche du parti nationaliste des Loups gris. Les Loups
    gris réfutent totalement la thèse du génocide arménien. « Nous sommes
    nationalistes mais pas racistes, explique le président mulhousien.
    Nous sommes fiers de notre culture et notre identité turques, tout en
    nous intégrant. Et cette loi nous a blessés. » Necmettin Yesilkaya y
    voit « une loi injuste », indique qu'aujourd'hui, « les Arméniens
    vivent tranquillement en Turquie. C'est la politique et la guerre qui
    ont pu nous éloigner à certains moments, mais c'est un peuple frère.
    On dit même en turc, Sadik Evldi... » Ce qui peut être traduit par «
    peuple fidèle » ou « frère ».

    Beaucoup de Turcs prennent cette loi comme une accusation personnelle.
    « C'est comme si l'État français disait à ma fille ou à mon fils : ton
    grand-père ou ton arrière-grand-père est un criminel... Ce n'est pas aux
    parlementaires français de juger. Et si ma fille me pose la question,
    est-ce que mon grand-père a fait un génocide, que je réponds non, je
    risque 45 000 d'amende et un an de prison ! »

    Parmi nos interlocuteurs, une seule personne emploie le terme
    génocide. Alev était gée de 5 ans quand elle est arrivée en France
    avec ses parents alévis, en 1975. Elle est médiatrice scolaire. « J'ai
    étudié la question, j'ai lu des livres, j'ai des amis arméniens. Mes
    grands-parents nous ont parlé des horreurs qui se sont passées... Pour
    moi, c'est une évidence. Mais je trouve absolument aberrant et déplacé
    que la France légifère sur cette question. C'est un sujet qui doit
    être traité par les Turcs, qui concerne la Turquie et l'Arménie. Cela
    ne fait qu'attiser les tensions. »

    http://www.lalsace.fr/haut-rhin/2012/01/08/la-colere-des-habitants-franco-turcs-vivant-en-alsace

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