C'EST UN MYTHE , COMME IL Y AURAIT UN VOTE JUIF, UN VOTE ARMENIEN
Stephane
armenews.com
vendredi 13 janvier 2012
Francois Hollande aux Antilles et en Guyane, où Nicolas Sarkozy se
rendra une semaine plus tard : le ballet des candidats declares ou
potentiels a la presidentielle debute dans les outre-mer, un passage
oblige de la campagne.
"C'est strategique, la population d'outre-mer represente environ 5%
et avec la diaspora implantee en metropole, cela fait 7 ou 7,5%,
un vivier de voix important a ne pas negliger", explique a l'AFP
Ferdinand Melin-Soucramanien, juriste a l'universite de Bordeaux IV,
specialiste du droit de l'outre-mer.
Selon les chiffres d'inscrits sur les listes electorales en 2009,
les 11 territoires ultramarins representent plus de 1,6 million
d'electeurs potentiels. Avec des poids variables : la Reunion compte
près de 540.000 electeurs, la Guadeloupe et la Martinique près de
300.000 chacune, la Polynesie 177.000, la Nouvelle-Caledonie 154.000,
Saint-Pierre et Miquelon 4.800.
Sans compter le million d'ultramarins dans l'Hexagone, essentiellement
originaires des Antilles ou de la Reunion.
"La Reunion est donc incontournable, les Antilles aussi - et on ne
peut pas aller en Guadeloupe sans aller en Martinique -, la Guyane,
ils y poussent leur voyage s'ils ont le temps et s'ils sont vaccines
contre la fièvre jaune", detaille Frederic Regent, historien a Paris
IV Pantheon-Sorbonne.
En 2002, rappelle M. Regent, "la difference entre Jospin et Jean-Marie
Le Pen etait 200.000 voix, on s'est rendu compte que chaque voix
compte et celles des outre-mer aussi".
Il faut toutefois se garder de croire au vote d'outre-mer
monolithique. "C'est un mythe , comme il y aurait un vote juif, un vote
armenien ou pied-noir. Il n'y a pas un mais des votes de l'outre-mer",
analyse pour l'AFP Semir Al Wardi, maître de conference en sciences
politique a l'universite de Polynesie francaise.
Ainsi certains thèmes de campagne vont etre scrutes a la loupe. "La
diaspora regarde de très près ce qui touche a la continuite
territoriale", relève Ferdinand Melin-Soucramanien, "l'emploi des
jeunes et la cherte de la vie" sont aussi des sujets sensibles
particulièrement dans les DOM (Martinique, Guadeloupe, Guyane,
Reunion, Mayotte), où cette dernière question a declenche de graves
crises sociales en 2009 dans les quatre premiers et a l'automne 2011
dans le dernier.
En revanche, souligne M. Al Wardi, "quand les candidats arrivent en
Polynesie ou en Nouvelle-Caledonie, ils doivent prendre position par
rapport a la vie locale : pour ou contre l'independance ? l'autonomie
? l'inscription dans la liste des pays a decoloniser de l'ONU ?"
"Le debat sur la TVA sociale, par exemple, ne concerne pas les
Polynesiens qui n'ont pas la meme fiscalite", rappelle le politologue.
En terme d'image, ces deplacements peuvent "conduire a briser le
carcan", estime M. Melin-Soucramanien, estimant que "l'enjeu crucial
pour Francois Hollande est de se faire connaître au-dela des etats
majors socialistes, et pour Sarkozy de parvenir a se renouveler".
"Ils cherchent a se donner un petite couleur de societe multiculturelle
alors que la France l'est depuis longtemps. On traite cet enjeu par
la petite porte", regrette Dominique Wolton, directeur de l'Institut
des sciences de la communication du CNRS.
"On a une chance folle d'avoir autant de racines mondiales et au
lieu de cela on est dans un repli identitaire", ajoute M. Wolton,
qui trouve que "règnent autour de cela un racisme ambiant en metropole
et une mauvaise conscience du colonialisme dans les outre-mer".
A l'instar de M. Wolton, l'historienne Francoise Vergès souligne
aussi la responsabilites des elites ultramarines, deplorant "le peu de
contributions intellectuelles aux debats nationaux et internationaux :
où sont les voix de Fanon ou de Cesaire ?"
Stephane
armenews.com
vendredi 13 janvier 2012
Francois Hollande aux Antilles et en Guyane, où Nicolas Sarkozy se
rendra une semaine plus tard : le ballet des candidats declares ou
potentiels a la presidentielle debute dans les outre-mer, un passage
oblige de la campagne.
"C'est strategique, la population d'outre-mer represente environ 5%
et avec la diaspora implantee en metropole, cela fait 7 ou 7,5%,
un vivier de voix important a ne pas negliger", explique a l'AFP
Ferdinand Melin-Soucramanien, juriste a l'universite de Bordeaux IV,
specialiste du droit de l'outre-mer.
Selon les chiffres d'inscrits sur les listes electorales en 2009,
les 11 territoires ultramarins representent plus de 1,6 million
d'electeurs potentiels. Avec des poids variables : la Reunion compte
près de 540.000 electeurs, la Guadeloupe et la Martinique près de
300.000 chacune, la Polynesie 177.000, la Nouvelle-Caledonie 154.000,
Saint-Pierre et Miquelon 4.800.
Sans compter le million d'ultramarins dans l'Hexagone, essentiellement
originaires des Antilles ou de la Reunion.
"La Reunion est donc incontournable, les Antilles aussi - et on ne
peut pas aller en Guadeloupe sans aller en Martinique -, la Guyane,
ils y poussent leur voyage s'ils ont le temps et s'ils sont vaccines
contre la fièvre jaune", detaille Frederic Regent, historien a Paris
IV Pantheon-Sorbonne.
En 2002, rappelle M. Regent, "la difference entre Jospin et Jean-Marie
Le Pen etait 200.000 voix, on s'est rendu compte que chaque voix
compte et celles des outre-mer aussi".
Il faut toutefois se garder de croire au vote d'outre-mer
monolithique. "C'est un mythe , comme il y aurait un vote juif, un vote
armenien ou pied-noir. Il n'y a pas un mais des votes de l'outre-mer",
analyse pour l'AFP Semir Al Wardi, maître de conference en sciences
politique a l'universite de Polynesie francaise.
Ainsi certains thèmes de campagne vont etre scrutes a la loupe. "La
diaspora regarde de très près ce qui touche a la continuite
territoriale", relève Ferdinand Melin-Soucramanien, "l'emploi des
jeunes et la cherte de la vie" sont aussi des sujets sensibles
particulièrement dans les DOM (Martinique, Guadeloupe, Guyane,
Reunion, Mayotte), où cette dernière question a declenche de graves
crises sociales en 2009 dans les quatre premiers et a l'automne 2011
dans le dernier.
En revanche, souligne M. Al Wardi, "quand les candidats arrivent en
Polynesie ou en Nouvelle-Caledonie, ils doivent prendre position par
rapport a la vie locale : pour ou contre l'independance ? l'autonomie
? l'inscription dans la liste des pays a decoloniser de l'ONU ?"
"Le debat sur la TVA sociale, par exemple, ne concerne pas les
Polynesiens qui n'ont pas la meme fiscalite", rappelle le politologue.
En terme d'image, ces deplacements peuvent "conduire a briser le
carcan", estime M. Melin-Soucramanien, estimant que "l'enjeu crucial
pour Francois Hollande est de se faire connaître au-dela des etats
majors socialistes, et pour Sarkozy de parvenir a se renouveler".
"Ils cherchent a se donner un petite couleur de societe multiculturelle
alors que la France l'est depuis longtemps. On traite cet enjeu par
la petite porte", regrette Dominique Wolton, directeur de l'Institut
des sciences de la communication du CNRS.
"On a une chance folle d'avoir autant de racines mondiales et au
lieu de cela on est dans un repli identitaire", ajoute M. Wolton,
qui trouve que "règnent autour de cela un racisme ambiant en metropole
et une mauvaise conscience du colonialisme dans les outre-mer".
A l'instar de M. Wolton, l'historienne Francoise Vergès souligne
aussi la responsabilites des elites ultramarines, deplorant "le peu de
contributions intellectuelles aux debats nationaux et internationaux :
où sont les voix de Fanon ou de Cesaire ?"