AUCUN JUIF DECENT NE SAURAIT NIER LE GENOCIDE D'AUCUN PEUPLE PAR ISRAEL W. CHARNY
Stephane
armenews.com
mercredi 18 janvier 2012
Une reponse a l'appel deplorable de Michael Berenbaum dans Haaretz
de la semaine passee pour que le silence soit garde sur le genocide
des Armeniens.
Aucun Juif decent, aucun Israelien decent, ni aucune personne
decente ne peut nier les faits historiques etablis du genocide d'un
autre peuple. Comme je l'ai dit a la Knesset la semaine dernière,
a l'audience de la Commission de l'Education sur l'eventuelle
reconnaissance du genocide des Armeniens, que direz-vous et que diriez
vous a quelqu'un qui nierait l'Holocauste ? Y aurait-il certaines
conditions dans lesquelles vous "comprendriez", "admettriez", ou d'une
quelconque manière, accepteriez la necessite et par suite la legitimite
de leur negation ? Michael Berenbaum, que j'admire depuis des annees
en tant que brillant expert de l'Holocauste et Juif devoue, a ecrit
dans l'edition anglaise d'Haaretz ("Quand le Silence est Sagesse", le
6 janvier 2012) une ode triste et preoccupante pour la reddition par
nous meme de notre integrite morale. Nous ne pouvons pas faire ca. En
gros, il soutient que c'est un danger pour nous, dans la position où
nous sommes, exposes aux attaques internationales de la Turquie. Je
suis convaincu que nous ne pouvons pas nous laisser aller a une telle
faiblesse qui ferait de nous des 'negationnistes d'holocauste'.
Michael Berenbaum etait venu me voir un soir pendant la Guerre du
golfe, chez un rabbin qui m'hebergeait a Washington DC, tandis que je
me preparais a parler au Symposium Raphael Lemkin sur le genocide a
la Faculte de Droit de Yale. A cette epoque, nous en etions encore
a lutter pour la reconnaissance fondamentale du concept meme de
genocide par tout le monde. Seule l'importance fondamentale d'une telle
conference, dans une ecole de droit de premier ordre, avait pu me faire
quitter Israël, alors sous les bombes de Saddam, pendant une semaine
entière. Michael arriva chez le rabbin plusieurs heures en retard. Il
etait bouleverse. Il me dit avoir bataille ferme, au Conseil du futur
Musee de l'Holocauste des USA - dont il etait alors le directeur de
recherche, en fait le numero deux, et où a fait un travail magistral
pour realiser le musee - pour y inclure le Genocide des Armeniens,
mais qu'il avait dû ceder devant la resistance obstinee de survivants
de l'Holocauste influents sur le Conseil. Il etait desole. Il dit aussi
que d'un point de vue personnel cela representait la fin de tout espoir
qu'il avait d'etre Directeur un jour. J'ai eu de la peine pour lui,
pour ce qui concernait sa carrière, mais je le respectais beaucoup
pour sa lutte et pour le succès partiel qu'il a obtenu dans sa demarche
pour que soit gravee dans le musee la fameuse citation de Hitler ('Qui
se souvient des Armeniens ?') alors qu'il preparait ses generaux a
avancer et a tuer les Juifs aux debuts de l'horrible Holocauste.
Notre Israël bien aime a fait une terrible erreur en refusant de
payer, face a la Turquie, le prix diplomatique de la verite du
Genocide des Armeniens. Un tel refus de satisfaire aux exigences
morales affaiblit notre resistance et notre force de caractère,
qui sont egalement des elements vitaux de la capacite d'une nation
a se defendre elle-meme. Le fait qu'Israël se soit adonne a une sale
realpolitik pendant tant d'annees ne signifie pas que nous ne devrions
pas faire ce geste maintenant, parce que pour beaucoup, ce geste ne
serait que represailles contre la Turquie pour ses vilaines attaques
contre nous plutôt qu'un geste inspire par la seule morale.
Michael ne rend pas compte correctement de la conference universitaire
que nous avons tenue en 1982 et qui comportait 6 interventions sur
le Genocide des Armeniens sur des centaines. J'etais l'initiateur,
le directeur et le president de cette 'Première Conference sur
l'Holocauste et le Genocide'. Je suis parti de zero sans aucune
structure au depart pour l'organiser. En fait, que je sache c'est nous
qui avons employe les premiers l'expression 'Holocauste et genocide'.
Nous avons ete attaque par certains pour avoir combine l'Holocauste
avec d'autres genocides - Gideon Hausner* m'a dit qu'il avait dû
se retenir pour ne pas me faire arreter a la Knesset quand je l'ai
rencontre, mais par la suite, il devint un soutien devoue de la
poursuite de notre travail, et nous a autorise a faire mention de
son soutien. D'autres, dans le monde, nous ont attaque pour nous
etre concentre sur l'Holocauste et ne pas l'avoir place parmi
tous les autres genocides. Notre gouvernement israelien a fait
diverses pressions pour que soit annulee la conference a la suite de
l'insistance du gouvernement turc. Elie Wiesel a accepte mon invitation
pour sa presidence, mais comme Juif loyal, il ne pouvait supporter de
s'opposer aux directives du Ministre des Affaires Etrangères d'annuler
la conference si le sujet armenien n'en etait pas retire - ce dont
Elie Wiesel convint avec nous que nous ne devrions jamais accepter
de faire. C'est ainsi qu'Elie Wiesel demissionna non sans nous faire
la faveur de le rendre public dans une conference de presse a Paris -
jusque la, je n'osais pas rencontrer la presse parce qu'on nous disait
que des vies juives etaient menacees par la Turquie.
Au New York Times qui m'avait appele de Paris, j'ai fait la reponse
peremptoire que la conference continuerait meme si je n'avais que
10 participants. Nous avions a ce moment-la 600 preinscrits. La
conference s'est deroulee avec 300 participants. Elle a ete notee,
comme dans la Yale Review par Terence des Pres, comme un evenement
marquant et une victoire contre la censure gouvernementale. Ceder
a la negation d'un genocide quel qu'il soit deshonore la memoire et
le sens de l'Holocauste pour l'avenir. J'ai dit a la Commission de la
Knesset la semaine passee qu'un espion du groupe Nili, qui s'est trouve
sur les lieux du Genocide des Armeniens, avait averti le Yishuv**
que les prochains seraient les Juifs. En fait, beaucoup ne realisent
pas que les Turcs ont lamine un grand nombre de peuples non-turcs, et
ont tue avec les victimes armeniennes d'autres millions d'Assyriens,
de Yezidis, et de Grecs - et ont en fait commence d'expulser nos
gens de Jaffa-Tel Aviv, une histoire pas assez racontee et dont on
ne se souvient pas assez. Le president de la Knesset Reuven Rivlin
ne faisait certainement pas de la politique politicienne lorsqu'il
a parle avec passion de notre obligation morale de reconnaître le
Genocide des Armeniens. Le distingue professeur Yehuda Bauer a dit
litteralement au ministère des Affaires Etrangères qu'ils feraient
mieux de "la fermer" parce qu'ils etaient en train d'insulter
l'histoire juive. Haaretz a publie Berenbaum dans l'edition de
vendredi et je l'ai vainement cherche dans l'edition en hebreu. Mais
dans l'edition en hebreu est publie un article du philosophe francais
Bernard -Henri Levy dans lequel il parle de la proposition de loi de
l'Assemblee Nationale francaise tendant a condamner les negationnistes
a de lourdes peines "La loi penalisant les negationnistes n'est en
aucune facon une tentative de legiferer sur l'histoire par-dessus la
tete des historiens. Parce que l'histoire du Genocide des Armeniens
a ete incontestablement documentee et enregistree - comme le sont les
histoires des Juifs et des Rwandais et des Cambodgiens. Veillons a ce
que les senateurs [la loi passe a present de l'Assemblee au Senat,,]
ne se sentent pas sous la menace des 'historiens'". Cet article en
hebreu n'a pas non plus ete traduit dans l'edition en anglais de
Haaretz. Heureusement, je lis les deux et je suis plutôt de l'avis
de celle en hebreu.
Israël W. Charny
Le professeur Israël Charny est directeur executif de l'Institut de
l'Holocauste et du Genocide de Jerusalem , et editeur du Magazine en
ligne GPN Genocide Prevention Now [Prevention du Genocide Maintenant].
Il a ete en juin dernier a Erevan, laureat du Prix du President
de l'Armenie pour ses travaux depuis longtemps sur la negation de
plusieurs genocides parmi lesquels le Genocide des Armeniens.
*Gideon Hausner 1915-1990, procureur general au cours du procès
Eichmann
**Yishuv : organisation regroupant les Juifs de Palestine d'avant la
creation de l'etat d'Israël.
Stephane
armenews.com
mercredi 18 janvier 2012
Une reponse a l'appel deplorable de Michael Berenbaum dans Haaretz
de la semaine passee pour que le silence soit garde sur le genocide
des Armeniens.
Aucun Juif decent, aucun Israelien decent, ni aucune personne
decente ne peut nier les faits historiques etablis du genocide d'un
autre peuple. Comme je l'ai dit a la Knesset la semaine dernière,
a l'audience de la Commission de l'Education sur l'eventuelle
reconnaissance du genocide des Armeniens, que direz-vous et que diriez
vous a quelqu'un qui nierait l'Holocauste ? Y aurait-il certaines
conditions dans lesquelles vous "comprendriez", "admettriez", ou d'une
quelconque manière, accepteriez la necessite et par suite la legitimite
de leur negation ? Michael Berenbaum, que j'admire depuis des annees
en tant que brillant expert de l'Holocauste et Juif devoue, a ecrit
dans l'edition anglaise d'Haaretz ("Quand le Silence est Sagesse", le
6 janvier 2012) une ode triste et preoccupante pour la reddition par
nous meme de notre integrite morale. Nous ne pouvons pas faire ca. En
gros, il soutient que c'est un danger pour nous, dans la position où
nous sommes, exposes aux attaques internationales de la Turquie. Je
suis convaincu que nous ne pouvons pas nous laisser aller a une telle
faiblesse qui ferait de nous des 'negationnistes d'holocauste'.
Michael Berenbaum etait venu me voir un soir pendant la Guerre du
golfe, chez un rabbin qui m'hebergeait a Washington DC, tandis que je
me preparais a parler au Symposium Raphael Lemkin sur le genocide a
la Faculte de Droit de Yale. A cette epoque, nous en etions encore
a lutter pour la reconnaissance fondamentale du concept meme de
genocide par tout le monde. Seule l'importance fondamentale d'une telle
conference, dans une ecole de droit de premier ordre, avait pu me faire
quitter Israël, alors sous les bombes de Saddam, pendant une semaine
entière. Michael arriva chez le rabbin plusieurs heures en retard. Il
etait bouleverse. Il me dit avoir bataille ferme, au Conseil du futur
Musee de l'Holocauste des USA - dont il etait alors le directeur de
recherche, en fait le numero deux, et où a fait un travail magistral
pour realiser le musee - pour y inclure le Genocide des Armeniens,
mais qu'il avait dû ceder devant la resistance obstinee de survivants
de l'Holocauste influents sur le Conseil. Il etait desole. Il dit aussi
que d'un point de vue personnel cela representait la fin de tout espoir
qu'il avait d'etre Directeur un jour. J'ai eu de la peine pour lui,
pour ce qui concernait sa carrière, mais je le respectais beaucoup
pour sa lutte et pour le succès partiel qu'il a obtenu dans sa demarche
pour que soit gravee dans le musee la fameuse citation de Hitler ('Qui
se souvient des Armeniens ?') alors qu'il preparait ses generaux a
avancer et a tuer les Juifs aux debuts de l'horrible Holocauste.
Notre Israël bien aime a fait une terrible erreur en refusant de
payer, face a la Turquie, le prix diplomatique de la verite du
Genocide des Armeniens. Un tel refus de satisfaire aux exigences
morales affaiblit notre resistance et notre force de caractère,
qui sont egalement des elements vitaux de la capacite d'une nation
a se defendre elle-meme. Le fait qu'Israël se soit adonne a une sale
realpolitik pendant tant d'annees ne signifie pas que nous ne devrions
pas faire ce geste maintenant, parce que pour beaucoup, ce geste ne
serait que represailles contre la Turquie pour ses vilaines attaques
contre nous plutôt qu'un geste inspire par la seule morale.
Michael ne rend pas compte correctement de la conference universitaire
que nous avons tenue en 1982 et qui comportait 6 interventions sur
le Genocide des Armeniens sur des centaines. J'etais l'initiateur,
le directeur et le president de cette 'Première Conference sur
l'Holocauste et le Genocide'. Je suis parti de zero sans aucune
structure au depart pour l'organiser. En fait, que je sache c'est nous
qui avons employe les premiers l'expression 'Holocauste et genocide'.
Nous avons ete attaque par certains pour avoir combine l'Holocauste
avec d'autres genocides - Gideon Hausner* m'a dit qu'il avait dû
se retenir pour ne pas me faire arreter a la Knesset quand je l'ai
rencontre, mais par la suite, il devint un soutien devoue de la
poursuite de notre travail, et nous a autorise a faire mention de
son soutien. D'autres, dans le monde, nous ont attaque pour nous
etre concentre sur l'Holocauste et ne pas l'avoir place parmi
tous les autres genocides. Notre gouvernement israelien a fait
diverses pressions pour que soit annulee la conference a la suite de
l'insistance du gouvernement turc. Elie Wiesel a accepte mon invitation
pour sa presidence, mais comme Juif loyal, il ne pouvait supporter de
s'opposer aux directives du Ministre des Affaires Etrangères d'annuler
la conference si le sujet armenien n'en etait pas retire - ce dont
Elie Wiesel convint avec nous que nous ne devrions jamais accepter
de faire. C'est ainsi qu'Elie Wiesel demissionna non sans nous faire
la faveur de le rendre public dans une conference de presse a Paris -
jusque la, je n'osais pas rencontrer la presse parce qu'on nous disait
que des vies juives etaient menacees par la Turquie.
Au New York Times qui m'avait appele de Paris, j'ai fait la reponse
peremptoire que la conference continuerait meme si je n'avais que
10 participants. Nous avions a ce moment-la 600 preinscrits. La
conference s'est deroulee avec 300 participants. Elle a ete notee,
comme dans la Yale Review par Terence des Pres, comme un evenement
marquant et une victoire contre la censure gouvernementale. Ceder
a la negation d'un genocide quel qu'il soit deshonore la memoire et
le sens de l'Holocauste pour l'avenir. J'ai dit a la Commission de la
Knesset la semaine passee qu'un espion du groupe Nili, qui s'est trouve
sur les lieux du Genocide des Armeniens, avait averti le Yishuv**
que les prochains seraient les Juifs. En fait, beaucoup ne realisent
pas que les Turcs ont lamine un grand nombre de peuples non-turcs, et
ont tue avec les victimes armeniennes d'autres millions d'Assyriens,
de Yezidis, et de Grecs - et ont en fait commence d'expulser nos
gens de Jaffa-Tel Aviv, une histoire pas assez racontee et dont on
ne se souvient pas assez. Le president de la Knesset Reuven Rivlin
ne faisait certainement pas de la politique politicienne lorsqu'il
a parle avec passion de notre obligation morale de reconnaître le
Genocide des Armeniens. Le distingue professeur Yehuda Bauer a dit
litteralement au ministère des Affaires Etrangères qu'ils feraient
mieux de "la fermer" parce qu'ils etaient en train d'insulter
l'histoire juive. Haaretz a publie Berenbaum dans l'edition de
vendredi et je l'ai vainement cherche dans l'edition en hebreu. Mais
dans l'edition en hebreu est publie un article du philosophe francais
Bernard -Henri Levy dans lequel il parle de la proposition de loi de
l'Assemblee Nationale francaise tendant a condamner les negationnistes
a de lourdes peines "La loi penalisant les negationnistes n'est en
aucune facon une tentative de legiferer sur l'histoire par-dessus la
tete des historiens. Parce que l'histoire du Genocide des Armeniens
a ete incontestablement documentee et enregistree - comme le sont les
histoires des Juifs et des Rwandais et des Cambodgiens. Veillons a ce
que les senateurs [la loi passe a present de l'Assemblee au Senat,,]
ne se sentent pas sous la menace des 'historiens'". Cet article en
hebreu n'a pas non plus ete traduit dans l'edition en anglais de
Haaretz. Heureusement, je lis les deux et je suis plutôt de l'avis
de celle en hebreu.
Israël W. Charny
Le professeur Israël Charny est directeur executif de l'Institut de
l'Holocauste et du Genocide de Jerusalem , et editeur du Magazine en
ligne GPN Genocide Prevention Now [Prevention du Genocide Maintenant].
Il a ete en juin dernier a Erevan, laureat du Prix du President
de l'Armenie pour ses travaux depuis longtemps sur la negation de
plusieurs genocides parmi lesquels le Genocide des Armeniens.
*Gideon Hausner 1915-1990, procureur general au cours du procès
Eichmann
**Yishuv : organisation regroupant les Juifs de Palestine d'avant la
creation de l'etat d'Israël.