UN PEUPLE A LE DROIT D'EXPRIMER UNE VISION DE SON HISTOIRE PAR PATRICK DEVEDJIAN
Stephane
armenews.com
vendredi 20 janvier 2012
OPINION. Un peuple a le droit d'exprimer une vision de son histoire.
Patrick Devedjian, depute et president du conseil general des
Hauts-de-Seine
Il est legitime que la France, patrie des droits de l'homme et des
libertes, vote une loi sur la negation du genocide armenien, puisque
la Turquie organise une importante propagande sur son sol.
Alfred Grosser touche a quelque chose d'important quand il dit que la
memoire exclusive du genocide est mortifère. Je suis d'accord avec ce
diagnostic, mais alors pourquoi la memoire du genocide envahit-elle
notre identite, alors que chacun s'accorde a louer l'integration des
Francais d'origine armenienne ? Pourquoi nos enfants, souvent issus
de mariages de toutes origines, continuent-ils de se reconnaître les
heritiers de cette memoire niee ?
Il faut que le diagnostic s'ouvre sur le remède. Si j'ai dit que
" le genocide nous definit dans notre identite ", c'est que le
negationnisme de ce genocide exacerbe cette souffrance, parce qu'il
poursuit le projet genocidaire : " Il n'y a plus d'Armeniens en
Turquie et il ne s'est rien passe. " Le negationnisme interdit de
faire la verite sur les origines, sur les causes de l'emigration,
et donc empeche de tourner la page.
Il est, par ailleurs, inexact de dire que " personne en France n'a
jamais nie le genocide de 1915 ". Non seulement il n'est pas enseigne
dans les livres d'histoire, non seulement de nombreuses personnalites
l'ont mis en doute et continuent de le minimiser, non seulement deux
quotidiens francais ont publie une page entière de publicite turque a
la veille du debat parlementaire, mais la Turquie diffuse et organise
en France une abondante propagande negationniste, en publiant par
exemple sur Internet des ouvrages comme Le Mensonge armenien.
Il ne s'agit pas d'une ingerence dans les affaires interieures de
la Turquie, mais bien d'affirmer la verite historique de ce qui
s'est passe en Turquie pendant la Première Guerre mondiale, faits
auxquels la France a pris sa part, notamment en tant que protectrice
des minorites chretiennes d'Orient. Le genocide armenien fait aussi
partie de l'histoire de France.
Que dirait-on si l'Allemagne diffusait en France une propagande
affirmant que la Shoah n'avait pas eu lieu et qu'il faut s'en remettre
a une commission d'historiens allemands et israeliens pour etablir la
verite ? L'histoire et la memoire sont trop importantes pour en laisser
le monopole aux seuls historiens, qui sont bien souvent sensibles aux
humeurs du temps : ce n'est qu'avec Francois Furet, près de deux cents
ans après les faits, que nous avons eu une histoire de la Revolution
francaise degagee des ideologies. Depuis bientôt cent ans, il n'y a
pas eu beaucoup d'historiens francais pour s'interesser au genocide
armenien, a l'exception remarquable d'Yves Ternon.
Et puis, pourquoi un peuple n'aurait-il pas le droit d'exprimer une
vision de son histoire : la France ne fait rien d'autre en celebrant
la prise de la Bastille pour affirmer son exigence de liberte. En
interdisant le negationnisme, elle defend les droits de l'homme.
Enfin, la loi en cours de vote ne porte aucune atteinte a la liberte
des historiens car elle ne poursuit que le negationnisme " outrancier
", c'est-a-dire la propagande, et c'est pourquoi je suis persuade
qu'elle aboutira, comme tout semble l'indiquer.
From: A. Papazian
Stephane
armenews.com
vendredi 20 janvier 2012
OPINION. Un peuple a le droit d'exprimer une vision de son histoire.
Patrick Devedjian, depute et president du conseil general des
Hauts-de-Seine
Il est legitime que la France, patrie des droits de l'homme et des
libertes, vote une loi sur la negation du genocide armenien, puisque
la Turquie organise une importante propagande sur son sol.
Alfred Grosser touche a quelque chose d'important quand il dit que la
memoire exclusive du genocide est mortifère. Je suis d'accord avec ce
diagnostic, mais alors pourquoi la memoire du genocide envahit-elle
notre identite, alors que chacun s'accorde a louer l'integration des
Francais d'origine armenienne ? Pourquoi nos enfants, souvent issus
de mariages de toutes origines, continuent-ils de se reconnaître les
heritiers de cette memoire niee ?
Il faut que le diagnostic s'ouvre sur le remède. Si j'ai dit que
" le genocide nous definit dans notre identite ", c'est que le
negationnisme de ce genocide exacerbe cette souffrance, parce qu'il
poursuit le projet genocidaire : " Il n'y a plus d'Armeniens en
Turquie et il ne s'est rien passe. " Le negationnisme interdit de
faire la verite sur les origines, sur les causes de l'emigration,
et donc empeche de tourner la page.
Il est, par ailleurs, inexact de dire que " personne en France n'a
jamais nie le genocide de 1915 ". Non seulement il n'est pas enseigne
dans les livres d'histoire, non seulement de nombreuses personnalites
l'ont mis en doute et continuent de le minimiser, non seulement deux
quotidiens francais ont publie une page entière de publicite turque a
la veille du debat parlementaire, mais la Turquie diffuse et organise
en France une abondante propagande negationniste, en publiant par
exemple sur Internet des ouvrages comme Le Mensonge armenien.
Il ne s'agit pas d'une ingerence dans les affaires interieures de
la Turquie, mais bien d'affirmer la verite historique de ce qui
s'est passe en Turquie pendant la Première Guerre mondiale, faits
auxquels la France a pris sa part, notamment en tant que protectrice
des minorites chretiennes d'Orient. Le genocide armenien fait aussi
partie de l'histoire de France.
Que dirait-on si l'Allemagne diffusait en France une propagande
affirmant que la Shoah n'avait pas eu lieu et qu'il faut s'en remettre
a une commission d'historiens allemands et israeliens pour etablir la
verite ? L'histoire et la memoire sont trop importantes pour en laisser
le monopole aux seuls historiens, qui sont bien souvent sensibles aux
humeurs du temps : ce n'est qu'avec Francois Furet, près de deux cents
ans après les faits, que nous avons eu une histoire de la Revolution
francaise degagee des ideologies. Depuis bientôt cent ans, il n'y a
pas eu beaucoup d'historiens francais pour s'interesser au genocide
armenien, a l'exception remarquable d'Yves Ternon.
Et puis, pourquoi un peuple n'aurait-il pas le droit d'exprimer une
vision de son histoire : la France ne fait rien d'autre en celebrant
la prise de la Bastille pour affirmer son exigence de liberte. En
interdisant le negationnisme, elle defend les droits de l'homme.
Enfin, la loi en cours de vote ne porte aucune atteinte a la liberte
des historiens car elle ne poursuit que le negationnisme " outrancier
", c'est-a-dire la propagande, et c'est pourquoi je suis persuade
qu'elle aboutira, comme tout semble l'indiquer.
From: A. Papazian