IFEX
Échange international de la liberté d'expression: Le réseau mondial
pour la liberté d'expression
19 janvier 2012
Justice n'a pas été rendue dans l'affaire Hrant Dink
Un tribunal de Turquie a condamné cette semaine un homme à la prison à
vie pour avoir incité à l'assassinat de l'éminent journaliste
d'origine arménienne Hrant Dink il y a cinq ans, mais a disculpé les
19 autres suspects soupçonnés d'appartenir à une organisation
terroriste, selon ce que rapportent la Fondation de Communication IPS
(BIANET), le groupe membre de l'IFEX en Turquie, ainsi que d'autres
membres de l'IFEX.
Fondateur et rédacteur en chef du journal bilingue arménien-turc «
Agos », Dink a été abattu devant son bureau d'Istanbul le 19 janvier
2007, dans un attentat qui a mis en lumière la menace à laquelle sont
confrontés les Arméniens en Turquie.
Le 17 janvier, le tribunal a trouvé Yasin Hayal, 31 ans, coupable
d'incitation à tuer Dink en 2007, mais a acquitté 19 autres prévenus
de l'accusation d'avoir agi comme membres d'une organisation armée
illégale, dit BIANET.
Le jugement a été dénoncé par les procureurs et les partisans de Dink,
selon lesquels le journaliste était visé parce qu'il était Arménien et
parce qu'il faisait campagne en faveur de la réconciliation entre
l'Arménie et la Turquie au sujet de leur histoire commune, marquée par
la violence.
« Le verdict d'aujourd'hui - deux jours avant le cinquième
anniversaire de l'assassinat du journaliste - débouche uniquement sur
la culpabilité de complices secondaires et omet de répondre à la
question critique qui est de savoir qui a concocté ce crime », a dit
le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Un autre suspect important, Erhan Tuncel, un informateur de la police,
a été condamné à 10 ans et demi de prison, mais en rapport avec un
autre crime.
L'assassin déclaré, Ogun Samast, un décrocheur scolaire gé de 17 ans,
a été condamné en juillet dernier à près de 23 ans de prison.
L'assassinat de Dink a provoqué une onde de choc à travers la Turquie
et a pris les proportions d'un vaste scandale après qu'on eut appris
que les forces de sécurité connaissaient l'existence d'un complot pour
le tuer mais ont négligé d'intervenir.
Sa condamnation pour avoir insulté le caractère national turc,
quelques mois à peine avant sa mort, l'avait identifié comme traître
et fait de lui la cible des nationalistes purs et durs. Il avait
qualifié de génocide les massacres d'Arméniens sous l'empire ottoman.
Les membres de l'IFEX ont été secoués par la décision du tribunal
d'exclure toute possibilité d'implication de la part du crime
organisé. « En décrivant cet assassinat comme l'`uvre d'un petit
groupe de fanatiques, les autorités judiciaires ont le réflexe de
protéger l'État, dont toutes les enquêtes indépendantes ont néanmoins
démontré le rôle dans ce meurtre », a déclaré RSF.
« Les juges se trompent s'ils pensent pouvoir ainsi désamorcer la
charge politique de cette affaire et faire l'économie d'une mise en
cause de l'Etat profond. L'onde de choc produite par l'assassinat de
Hrant Dink dans la société turque les poursuivra jusqu'à ce qu'ils
acceptent enfin de faire leur travail », ajoute RSF.
Les membres de l'IFEX ont attiré l'attention sur de nombreuses
irrégularités survenues dans l'enquête sur le meurtre de Dink depuis
le début du procès en juillet 2007, notamment l'élimination de preuves
et la désinformation présentée au tribunal par les responsables de la
sécurité et de la police.
« Le procès n'est pas encore terminé », dit Fethiye Cetin, l'un des
avocats de la famille de Dink. « Ce qui vient de prendre fin n'a été
qu'une farce. Pour les amis de Hrant, le procès ne fait que commencer.
»
RSF se joint aux amis de Dink pour demander une manifestation sur le
square Taksim d'Istanbul le 19 janvier, cinquième anniversaire de son
assassinat, afin d'exiger la fin de l'impunité.
http://www.ifex.org/turkey/2012/01/19/dink_trial/fr/
From: Baghdasarian
Échange international de la liberté d'expression: Le réseau mondial
pour la liberté d'expression
19 janvier 2012
Justice n'a pas été rendue dans l'affaire Hrant Dink
Un tribunal de Turquie a condamné cette semaine un homme à la prison à
vie pour avoir incité à l'assassinat de l'éminent journaliste
d'origine arménienne Hrant Dink il y a cinq ans, mais a disculpé les
19 autres suspects soupçonnés d'appartenir à une organisation
terroriste, selon ce que rapportent la Fondation de Communication IPS
(BIANET), le groupe membre de l'IFEX en Turquie, ainsi que d'autres
membres de l'IFEX.
Fondateur et rédacteur en chef du journal bilingue arménien-turc «
Agos », Dink a été abattu devant son bureau d'Istanbul le 19 janvier
2007, dans un attentat qui a mis en lumière la menace à laquelle sont
confrontés les Arméniens en Turquie.
Le 17 janvier, le tribunal a trouvé Yasin Hayal, 31 ans, coupable
d'incitation à tuer Dink en 2007, mais a acquitté 19 autres prévenus
de l'accusation d'avoir agi comme membres d'une organisation armée
illégale, dit BIANET.
Le jugement a été dénoncé par les procureurs et les partisans de Dink,
selon lesquels le journaliste était visé parce qu'il était Arménien et
parce qu'il faisait campagne en faveur de la réconciliation entre
l'Arménie et la Turquie au sujet de leur histoire commune, marquée par
la violence.
« Le verdict d'aujourd'hui - deux jours avant le cinquième
anniversaire de l'assassinat du journaliste - débouche uniquement sur
la culpabilité de complices secondaires et omet de répondre à la
question critique qui est de savoir qui a concocté ce crime », a dit
le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Un autre suspect important, Erhan Tuncel, un informateur de la police,
a été condamné à 10 ans et demi de prison, mais en rapport avec un
autre crime.
L'assassin déclaré, Ogun Samast, un décrocheur scolaire gé de 17 ans,
a été condamné en juillet dernier à près de 23 ans de prison.
L'assassinat de Dink a provoqué une onde de choc à travers la Turquie
et a pris les proportions d'un vaste scandale après qu'on eut appris
que les forces de sécurité connaissaient l'existence d'un complot pour
le tuer mais ont négligé d'intervenir.
Sa condamnation pour avoir insulté le caractère national turc,
quelques mois à peine avant sa mort, l'avait identifié comme traître
et fait de lui la cible des nationalistes purs et durs. Il avait
qualifié de génocide les massacres d'Arméniens sous l'empire ottoman.
Les membres de l'IFEX ont été secoués par la décision du tribunal
d'exclure toute possibilité d'implication de la part du crime
organisé. « En décrivant cet assassinat comme l'`uvre d'un petit
groupe de fanatiques, les autorités judiciaires ont le réflexe de
protéger l'État, dont toutes les enquêtes indépendantes ont néanmoins
démontré le rôle dans ce meurtre », a déclaré RSF.
« Les juges se trompent s'ils pensent pouvoir ainsi désamorcer la
charge politique de cette affaire et faire l'économie d'une mise en
cause de l'Etat profond. L'onde de choc produite par l'assassinat de
Hrant Dink dans la société turque les poursuivra jusqu'à ce qu'ils
acceptent enfin de faire leur travail », ajoute RSF.
Les membres de l'IFEX ont attiré l'attention sur de nombreuses
irrégularités survenues dans l'enquête sur le meurtre de Dink depuis
le début du procès en juillet 2007, notamment l'élimination de preuves
et la désinformation présentée au tribunal par les responsables de la
sécurité et de la police.
« Le procès n'est pas encore terminé », dit Fethiye Cetin, l'un des
avocats de la famille de Dink. « Ce qui vient de prendre fin n'a été
qu'une farce. Pour les amis de Hrant, le procès ne fait que commencer.
»
RSF se joint aux amis de Dink pour demander une manifestation sur le
square Taksim d'Istanbul le 19 janvier, cinquième anniversaire de son
assassinat, afin d'exiger la fin de l'impunité.
http://www.ifex.org/turkey/2012/01/19/dink_trial/fr/
From: Baghdasarian