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La loi sur le génocide arménien entre les mains des sénateurs

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  • La loi sur le génocide arménien entre les mains des sénateurs

    La Croix , France
    22 janvier 2012

    La loi sur le génocide arménien entre les mains des sénateurs

    La proposition de loi controversée qui pénalise la négation du crime
    arménien devrait recueillir une majorité de voix, lundi 23 janvier,
    chez les sénateurs.

    Si elle est votée dans les mêmes termes qu'à l'Assemblée nationale, le
    texte sera définitivement adopté.

    Les sénateurs devraient en principe adopter lundi 23 janvier au soir
    la loi qui pénalise la négation du génocide arménien. En principe
    seulement, car ce texte doit encore surmonter un double obstacle
    politique et juridique. La proposition de loi de la députée UMP
    Valérie Boyer avait été adoptée à l'Assemblée nationale le 22 décembre
    au terme d'un débat où les critiques n'étaient pas portées par de
    fortes personnalités.

    Au Sénat, à l'inverse, plusieurs ténors ont fait connaître leur
    désapprobation. À droite, l'ancien premier ministre Jean-Pierre
    Raffarin ou l'ancien président du Sénat Gérard Larcher se sont
    prononcés contre ce texte. À gauche, c'est le président de la
    commission des lois, Jean-Pierre Sueur, qui mène la charge sur
    l'inconstitutionnalité du texte, relayée dans la presse par
    l'ex-sénateur Robert Badinter. Le ministre chargé des relations avec
    le Parlement, Patrick Ollier, qui représentera le gouvernement, s'est
    préparé à un débat « certainement plus difficile » qu'à l'Assemblée.

    Si les disciplines de groupe sont respectées, la loi devrait toutefois
    être adoptée. Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire de Marseille et
    président du groupe UMP, a annoncé qu'une « forte majorité » votera
    ce texte. Sur 132 élus, seuls 45 devraient voter contre ou s'abstenir,
    selon ses calculs. Il s'agit de ne pas gêner le président de la
    République, qui s'est personnellement engagé pour parvenir avant les
    élections à une réforme très attendue par la forte diaspora arménienne
    (environ 600 000 personnes) en France.

    Risque d'inconstitutionnalité
    Au sein de la nouvelle majorité de gauche, le vote en faveur de la loi
    semble aussi l'emporter. Pour le Parti socialiste, qui a toujours été
    en pointe sur cette cause, il paraît difficile de ne pas approuver
    cette nouvelle proposition sans se déjuger. « Une majorité votera »,
    assure le président du groupe François Rebsamen. Si les écologistes
    sont contre, les centristes et communistes sont de leur côté partagés.

    « Tant que la loi n'est pas adoptée, rien n'est acquis », se méfie
    le sénateur Philippe Kaltenbach. Principal avocat du texte au PS,
    l'élu comprendrait d'autant moins son rejet que la Haute Assemblée a
    adopté jeudi 19 janvier une proposition de loi qui institue des
    sanctions pénales en cas d'injure ou de diffamation contre les harkis.
    « Il serait injuste de traiter différemment les Arméniens, on doit la
    même protection à tous les enfants de la République », affirme-t-il.

    Pour y parvenir, la proposition de Valérie Boyer doit encore passer un
    dernier examen juridique. Selon la commission des lois, le texte
    présente un risque réel d'inconstitutionnalité. Son président, le
    socialiste Jean-Pierre Sueur, a fait adopter la semaine dernière en
    commission une motion d'irrecevabilité qui, si elle était votée le 23
    janvier en séance, écarterait définitivement le texte. Déjà en mai
    dernier, la même commission, alors présidée par l'UMP Jean-Jacques
    Hyest, avait voté une motion d'irrecevabilité contre un précédent
    texte.

    « Nous visons ceux qui nient ou minimisent les faits `de manière outrancière' »
    Mais pour Philippe Kaltenbach, la nouvelle proposition de loi ne
    présente plus les mêmes failles. Alors que le texte de mai s'adossait
    uniquement à la loi de 2001 par laquelle la France déclarait
    reconnaître le génocide arménien, le nouveau texte renvoie précisément
    à l'article 211-1 du code pénal, qui définit le crime de génocide.

    Philippe Kaltenbach écarte aussi l'argument de la commission des lois
    selon la lequel la pénalisation du négationnisme serait contraire à la
    liberté d'expression ou de la recherche. « Nous visons ceux qui nient
    ou minimisent les faits `de manière outrancière'. Le fait d'introduire
    cet élément intentionnel fait que ce texte ne représente aucune menace
    pour les universitaires ou historiens. »


    BERNARD GORCE

    http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/La-loi-sur-le-genocide-armenien-entre-les-mains-des-senateurs-_EP_-2012-01-22-760679



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