Valeurs Actuelles contre la Loi de pénalisation du génocide arménien
un lecteur proteste et apporte des preuves sur la nécessité de la Loi
de pénalisation
L'hebdomadaire « Valeurs Actuelles » a suivi la ligne éditoriale du «
Nouvel Observateur » ou de « Paris Match ». Coup sur coup les numéros
de « Valeurs Actuelles » du 5 janvier et du 12 janvier portaient de
sévères et injustes attaques contre la loi de de pénalisation du
négationnisme du génocide arménien. Sous la signature de Denis Tilliac
l'article que nous présentons ci-dssous titré « Se souvenir sans
légiférer » et celui de Anne-Marie Le Pourhiet titré « Polémique. Le
Parlement légifère sur le génocide arménien. Une nouvelle `loi
scélérate' » donnaient le ton.
Mais dans son numéro du 19 janvier « Valeurs Actuelle » publie l'avis
d'un lecteur titré « Pas d'accord ! » avec une photo intitulée « Une
représentation des massacres perpétrés par les Turcs sur les Arméniens
à Héraklion, sur l'île de Crète, en 1895 ». Le lecteur, qui répond aux
initales de J.P.V. écrit depuis Martragny « Je souhaiterais réagir Ã
votre article, paru dans votre numéro du 5 janvier, relatif au vote de
la loi punissant les négationnistes des génocides reconnus par la
France (et donc, entre autres, le génocide arménien). Que n'aurait-on
pas dit si la France avait cédé Ã l'ultimatum turc ? Quel effet cela
aurait produit, dans le monde musulman, si la France avait (une
nouvelle fois) capitulé face à l'islam ? Car la vérité est bien là et
il ne faut pas l'oublier : les 1,5 million d'Arméniens qui ont été
massacrés dans des conditions atroces (et programmées) l'ont été parce
qu'ils étaient chrétiens. Et uniquement pour cela. Je suis moi aussi
contre les lois mémorielles et je considère qu'il faut laisser
l'histoire aux historiens, Ã condition que ceux-ci soient objectifs.
Mais, à partir du moment où l'on a choisi cette direction (lois
Gayssot, Taubira), il faut être cohérent et avoir le courage d'envoyer
un message fort à une Turquie arrogante qui ne rêve que de devenir le
cheval de Troie de l'islam dans l'Union européenne, qu'elle a toujours
agressée par le passé. Une Turquie « laïque » qui punit de trois ans
de prison ferme quiconque ose parler chez elle de « génocide »
arménien, où 60 % des femmes sont voilées, où la haute fonction
publique est interdite aux non-musulmans, où la religion est indiquée
sur les cartes d'identité, etc. Quant à l'argument économique mis en
avant dans l'article, que pèse-t-il face à la menace de notre
civilisation, déjà minée de l'intérieur ?... ».
Ci-dessous les deux articles en question parues dans « Valeurs Actuelles ».
Se souvenir sans légiférer Denis Tillinac le jeudi, 05/01/2012
La loi française pénalise désormais la négation du génocide dont
furent victimes les Arméniens, en 1915. En vérité, elle ne punira
personne? : quel Français se risquerait à contester des faits
historiques qui remontent au début du siècle dernier, ont eu lieu loin
de l'Hexagone et s'inscrivaient dans un conflit dont il ne connaît pas
les tenants? ? Nos députés ont voté cette loi pour ne pas se mettre Ã
dos les électeurs français d'origine arménienne. Lesquels
indéniablement se sentent concernés car c'est pour échapper aux
mas - sacres perpétrés par les Turcs que leurs aïeux sont venus poser
leurs pénates en France. La communauté arménienne mérite notre
sympathie, elle s'est intégrée sans esclandres et elle a droit au
respect de sa mémoire. Pour autant, la pertinence de cette nouvelle
loi `mémorielle' me paraît aussi contestable que celles dites Gayssot
ou Taubira. Il incombe aux historiens de statuer sur l'histoire, en
toute subjectivité, armés de leur savoir et de leur conscience. Les
autorités publiques commémorent à leur guise tel événement historique
: elles n'ont pas vocation à l'établir. Cinq Républiques ont décidé
que le 14 juillet est notre fête nationale, mais chaque historien
raconte la prise de la Bastille à sa manière - pour Michelet elle fut
héroïque, pour Furet anecdotique, pour Bainville lamentable. Le risque
encouru avec ces lois - toutes de circonstance et à visées
électoralistes - est de fractionner le peuple français en une pléthore
de minorités passibles d'une victimisation. Plus de un million de
pieds-noirs et des centaines de milliers de harkis ont payé un lourd
tribut à l'Histoire. Doit-on les dédommager symboliquement en
pénalisant... la négation des crimes du FLN? ? On imagine la réaction
de nos compatriotes de souche algérienne, déjà enclins comme nombre
d'Africains à exiger la `re - pentance' de l'ancien co - lonisateur. Les
Français des Antilles, de la Guyane, de la Nouvelle-Calédonie
s'estiment eux aussi fondés à réclamer une `repentance', eu égard Ã
leurs ancêtres réduits en esclavage. Les Haïtiens n'ont pas oublié le
sort fait à Toussaint Lou - verture et, maltraités par Napoléon, font
périodiquement valoir des droits à une indemnisation. Les protestants
n'ont pas oublié les dragonnades de Louis XIV et l'absurde révocation
de l'édit de Nantes. Les Bretons, les Basques, les Flamands, les
Alsaciens, les Catalans n'ont pas tous oublié avec quelle violence la
IIIe République prétendit éradiquer leurs langues vernaculaires. Ces
mémoires douloureuses, mieux vaut ne pas les `nationaliser', sous
peine de transformer le pays en un champ clos où des `communautés' en
état de récrimination permanente exaspéreraient la majorité dite
silencieuse, qui a droit aussi à quelques égards. Puisque nos édiles
ont cru devoir statuer sur un `génocide', ils seraient bien inspirés
de s'intéresser à la campagne d'extermination dont furent victimes les
Vendéens sous la Convention. Préfacé par le président d'Avocats sans
frontières Gilles-Wiliam Goldnadel, le livre récent de l'historien
Reynald Secher (Vendée? : du génocide au mémoricide, aux éditions du
Cerf) produit des preuves accablantes. Les critères qui qualifient un
génocide en droit international émanent clairement des documents
officiels qu'il s'est procurés au terme d'une recherche longue de
plusieurs décennies. Pourquoi pas un vaste débat sur ce livre rien
moins qu'anodin? ? L'enjeu est capital pour notre mémoire? : le mythe
de la Révolution, la genèse du totalitarisme du XXe siècle. Il rejoint
la chaîne des réflexions inspirées à juste titre par le génocide des
juifs par les nazis, et les persécutions antisémites d'hier et
d'aujourd'hui, y compris celles du régime de Vichy. Commanditée par
Robespierre avec l'aval de tous les membres du Comité de salut public,
la campagne de Carrier et Turreau ne fut pas un accident de parcours
historique mais la conséquence rationnelle d'un présupposé
idéologique. Exactement comme les crimes de Lénine, de Hitler et de
Staline. Ã défaut d'une loi mémorielle, qui serait au moins aussi
justifiée que celles dont le législateur nous a dotés ces dernières
années, il serait opportun de s'appesantir sur ce sujet crucial. La
plupart des historiens et les politiques l'occultent depuis deux
siècles, et je me souviens que Chaunu s'en indignait. Il avait raison.
à gauche, on a peur d'une vérité qui mettrait à nu des fantasmes
récurrents, encore que camouflés? ; Ã droite on a peur... des ombres
de la gauche. Puisse néanmoins ce livre de Secher inspirer les plus
courageux? : le venin idéologique ayant toujours tendance à contaminer
des esprits en France, nous sommes tous des Vendéens en sursis? ! »
Denis Tillinac/Valeurs Actuelles 5 janvier 2012
« Polémique. Le Parlement légifère sur le génocide arménien. Une
nouvelle `loi scélérate'
L'expression `lois scélérates' est traditionnellement utilisée en
France pour désigner les textes tendant à restreindre la liberté de la
presse et à rétablir la censure, en sou - venir des fameuses ordonnances
de Charles X puis des lois adoptées sous la IIIe République pour
réprimer le mou - vement anarchiste. Force est de reconnaître que notre
époque est marquée par un regain de la censure et une prolifération
préoccupante des délits d'opinion. Ce qui caractérise cependant cette
nouvelle vague répressive est qu'il ne s'agit plus du tout de protéger
le pouvoir et les institutions mais, au contraire, de satisfaire les
revendications communautaires et `l'envie du pénal' de ce que Philippe
Muray appelait opportunément des « groupes d'oppression » de nature
ethnique, religieuse, sexuelle ou autre. Ces lobbies divers dictent
leur loi à un pouvoir politique faible, miné par le clientélisme
électoral, incapable de résister aux surenchères vindicatives et
sectaires et inconscient de la `tentation totalitaire' Ã laquelle il
cède. Le lobby arménien a ainsi obtenu du Sénat, en 2001, le vote
d'une première loi comportant un article unique et inique? : « La
France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915. » Ce
texte, dépourvu de tout caractère normatif, est contraire à l'article
34 de la Constitution qui impose au législateur de « fixer des règles
» et ne l'autorise donc pas à procéder à des `reconnaissances'. Le
Conseil constitutionnel, n'ayant pas été saisi, n'a donc pas pu
censurer ce dispositif que les juristes appellent un `neutron
législatif'. Mais, non content de l'avoir obtenu, le lobby en cause
s'est ensuite attaché à faire voter, sur le modèle de la loi Gayssot
réprimant la négation de la Shoah, un nouveau texte réprimant aussi la
négation du génocide, en réponse à la Turquie qui avait voté une loi
pénalisant son affirmation. Une proposition de loi a donc été adoptée
en ce sens en 2006 par l'Assemblée nationale. Tandis qu'une mission
parlementaire, Ã la suite de longues auditions, a proposé en 2008 de
renoncer à toute nouvelle loi mémorielle, le texte est resté bloqué au
palais du Luxembourg avec la complicité gouvernementale et malgré les
manifestations bruyantes du lobby arménien, qui n'a cessé de harceler
les sénateurs. L'inertie de la seconde Chambre aurait peut-être
perduré si son basculement à gauche et la perspective de la
présidentielle n'avaient changé la donne. En effet, dès le lendemain
des élections sénatoriales, François Hollande a promis de faire
adopter le texte par le Sénat. En visite officielle en Arménie en
compagnie de Charles Aznavour, le président Sarkozy n'a pas manqué, Ã
son tour, de menacer les autorités turques de faire voter le texte si
elles ne se décidaient pas à reconnaître le génocide. Cette ingérence
a évidemment exaspéré une grande nation fière qui n'a pas, comme la
nôtre, l'habitude de s'agenouiller chaque jour pour des repentances de
toute sorte. La cerise sur le gâteau a donc été apportée par la
proposition de loi UMP adoptée le 22 décembre dernier par l'Assemblée
nationale et « visant à réprimer la contestation de l'existence des
génocides reconnus par la loi ». Point n'est besoin d'insister sur le
caractère éminemment dangereux du texte qui prétend sanctionner
pénalement la simple « minimisation », même pas de crimes jugés par
des tribunaux, mais d'actes discrétionnairement qualifiés comme tels
par des majorités politiques opportunistes et clientélistes. Les
débats parlementaires qui ont précédé l'adoption de ce texte, comme
celle de tant d'autres, sont consternants? : bêtise, inculture
politique, historique et juridique s'ajoutent à l'ignorance de la
philosophie démocratique et libérale inscrite dans la Constitution.
L'héritage de Descartes et Voltaire, qui fit l'intelligence de notre
nation, est remplacé par ce qu'Alain Finkielkraut appelle le «
triomphe du cucul sur la pensée ». L'émotion, la compassion et la
répression dévoyées l'emportent sur la raison dans une république
ridicule. Au lieu de censurer, pénaliser et exciter les revanches, nos
représentants devraient méditer le bel édit de Nantes? : « Ordonnons
que la mémoire de toutes choses passées demeurera éteinte et assoupie,
comme de chose non advenue. Et ne sera loisible ni permis à nos
procureurs généraux [...] en faire mention, procès ou poursuite en
aucunes cours ou juridictions. Défendons à tous nos sujets d'en
renouveler la mémoire, s'attaquer, ressentir, injurier, ni provoquer
l'un l'autre par reproche de ce qui s'est passé [...], en disputer,
contester, quereller ni s'outrager ou s'offenser [...], mais se
contenir et vivre paisiblement ensemble comme frères, amis et
concitoyens, sur peine aux contrevenants d'être punis comme
infracteurs de paix et perturbateurs du repos public ». Une loi
antimémorielle... un rêve. Reste à savoir, lorsque la loi Arménie II
sera adoptée par le Sénat, si la Cour de cassation acceptera Ã
l'occasion de renvoyer ce texte stupide et liberticide au Conseil
constitutionnel. Sa décision de 2010 refusant de transmettre la loi
Gayssot ne présage pas un grand courage juridictionnel. Mais, au fond,
pourquoi attendre des prétoires l'intelligence qui a déserté les
hémicycles? ? »
Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public/Valeurs Actuelles
12 janvier 2012
Krikor Amirzayan
L'article du lecteur de Valeurs Actuellesdimanche 22 janvier 2012,
Krikor Amirzayan ©armenews.com
un lecteur proteste et apporte des preuves sur la nécessité de la Loi
de pénalisation
L'hebdomadaire « Valeurs Actuelles » a suivi la ligne éditoriale du «
Nouvel Observateur » ou de « Paris Match ». Coup sur coup les numéros
de « Valeurs Actuelles » du 5 janvier et du 12 janvier portaient de
sévères et injustes attaques contre la loi de de pénalisation du
négationnisme du génocide arménien. Sous la signature de Denis Tilliac
l'article que nous présentons ci-dssous titré « Se souvenir sans
légiférer » et celui de Anne-Marie Le Pourhiet titré « Polémique. Le
Parlement légifère sur le génocide arménien. Une nouvelle `loi
scélérate' » donnaient le ton.
Mais dans son numéro du 19 janvier « Valeurs Actuelle » publie l'avis
d'un lecteur titré « Pas d'accord ! » avec une photo intitulée « Une
représentation des massacres perpétrés par les Turcs sur les Arméniens
à Héraklion, sur l'île de Crète, en 1895 ». Le lecteur, qui répond aux
initales de J.P.V. écrit depuis Martragny « Je souhaiterais réagir Ã
votre article, paru dans votre numéro du 5 janvier, relatif au vote de
la loi punissant les négationnistes des génocides reconnus par la
France (et donc, entre autres, le génocide arménien). Que n'aurait-on
pas dit si la France avait cédé Ã l'ultimatum turc ? Quel effet cela
aurait produit, dans le monde musulman, si la France avait (une
nouvelle fois) capitulé face à l'islam ? Car la vérité est bien là et
il ne faut pas l'oublier : les 1,5 million d'Arméniens qui ont été
massacrés dans des conditions atroces (et programmées) l'ont été parce
qu'ils étaient chrétiens. Et uniquement pour cela. Je suis moi aussi
contre les lois mémorielles et je considère qu'il faut laisser
l'histoire aux historiens, Ã condition que ceux-ci soient objectifs.
Mais, à partir du moment où l'on a choisi cette direction (lois
Gayssot, Taubira), il faut être cohérent et avoir le courage d'envoyer
un message fort à une Turquie arrogante qui ne rêve que de devenir le
cheval de Troie de l'islam dans l'Union européenne, qu'elle a toujours
agressée par le passé. Une Turquie « laïque » qui punit de trois ans
de prison ferme quiconque ose parler chez elle de « génocide »
arménien, où 60 % des femmes sont voilées, où la haute fonction
publique est interdite aux non-musulmans, où la religion est indiquée
sur les cartes d'identité, etc. Quant à l'argument économique mis en
avant dans l'article, que pèse-t-il face à la menace de notre
civilisation, déjà minée de l'intérieur ?... ».
Ci-dessous les deux articles en question parues dans « Valeurs Actuelles ».
Se souvenir sans légiférer Denis Tillinac le jeudi, 05/01/2012
La loi française pénalise désormais la négation du génocide dont
furent victimes les Arméniens, en 1915. En vérité, elle ne punira
personne? : quel Français se risquerait à contester des faits
historiques qui remontent au début du siècle dernier, ont eu lieu loin
de l'Hexagone et s'inscrivaient dans un conflit dont il ne connaît pas
les tenants? ? Nos députés ont voté cette loi pour ne pas se mettre Ã
dos les électeurs français d'origine arménienne. Lesquels
indéniablement se sentent concernés car c'est pour échapper aux
mas - sacres perpétrés par les Turcs que leurs aïeux sont venus poser
leurs pénates en France. La communauté arménienne mérite notre
sympathie, elle s'est intégrée sans esclandres et elle a droit au
respect de sa mémoire. Pour autant, la pertinence de cette nouvelle
loi `mémorielle' me paraît aussi contestable que celles dites Gayssot
ou Taubira. Il incombe aux historiens de statuer sur l'histoire, en
toute subjectivité, armés de leur savoir et de leur conscience. Les
autorités publiques commémorent à leur guise tel événement historique
: elles n'ont pas vocation à l'établir. Cinq Républiques ont décidé
que le 14 juillet est notre fête nationale, mais chaque historien
raconte la prise de la Bastille à sa manière - pour Michelet elle fut
héroïque, pour Furet anecdotique, pour Bainville lamentable. Le risque
encouru avec ces lois - toutes de circonstance et à visées
électoralistes - est de fractionner le peuple français en une pléthore
de minorités passibles d'une victimisation. Plus de un million de
pieds-noirs et des centaines de milliers de harkis ont payé un lourd
tribut à l'Histoire. Doit-on les dédommager symboliquement en
pénalisant... la négation des crimes du FLN? ? On imagine la réaction
de nos compatriotes de souche algérienne, déjà enclins comme nombre
d'Africains à exiger la `re - pentance' de l'ancien co - lonisateur. Les
Français des Antilles, de la Guyane, de la Nouvelle-Calédonie
s'estiment eux aussi fondés à réclamer une `repentance', eu égard Ã
leurs ancêtres réduits en esclavage. Les Haïtiens n'ont pas oublié le
sort fait à Toussaint Lou - verture et, maltraités par Napoléon, font
périodiquement valoir des droits à une indemnisation. Les protestants
n'ont pas oublié les dragonnades de Louis XIV et l'absurde révocation
de l'édit de Nantes. Les Bretons, les Basques, les Flamands, les
Alsaciens, les Catalans n'ont pas tous oublié avec quelle violence la
IIIe République prétendit éradiquer leurs langues vernaculaires. Ces
mémoires douloureuses, mieux vaut ne pas les `nationaliser', sous
peine de transformer le pays en un champ clos où des `communautés' en
état de récrimination permanente exaspéreraient la majorité dite
silencieuse, qui a droit aussi à quelques égards. Puisque nos édiles
ont cru devoir statuer sur un `génocide', ils seraient bien inspirés
de s'intéresser à la campagne d'extermination dont furent victimes les
Vendéens sous la Convention. Préfacé par le président d'Avocats sans
frontières Gilles-Wiliam Goldnadel, le livre récent de l'historien
Reynald Secher (Vendée? : du génocide au mémoricide, aux éditions du
Cerf) produit des preuves accablantes. Les critères qui qualifient un
génocide en droit international émanent clairement des documents
officiels qu'il s'est procurés au terme d'une recherche longue de
plusieurs décennies. Pourquoi pas un vaste débat sur ce livre rien
moins qu'anodin? ? L'enjeu est capital pour notre mémoire? : le mythe
de la Révolution, la genèse du totalitarisme du XXe siècle. Il rejoint
la chaîne des réflexions inspirées à juste titre par le génocide des
juifs par les nazis, et les persécutions antisémites d'hier et
d'aujourd'hui, y compris celles du régime de Vichy. Commanditée par
Robespierre avec l'aval de tous les membres du Comité de salut public,
la campagne de Carrier et Turreau ne fut pas un accident de parcours
historique mais la conséquence rationnelle d'un présupposé
idéologique. Exactement comme les crimes de Lénine, de Hitler et de
Staline. Ã défaut d'une loi mémorielle, qui serait au moins aussi
justifiée que celles dont le législateur nous a dotés ces dernières
années, il serait opportun de s'appesantir sur ce sujet crucial. La
plupart des historiens et les politiques l'occultent depuis deux
siècles, et je me souviens que Chaunu s'en indignait. Il avait raison.
à gauche, on a peur d'une vérité qui mettrait à nu des fantasmes
récurrents, encore que camouflés? ; Ã droite on a peur... des ombres
de la gauche. Puisse néanmoins ce livre de Secher inspirer les plus
courageux? : le venin idéologique ayant toujours tendance à contaminer
des esprits en France, nous sommes tous des Vendéens en sursis? ! »
Denis Tillinac/Valeurs Actuelles 5 janvier 2012
« Polémique. Le Parlement légifère sur le génocide arménien. Une
nouvelle `loi scélérate'
L'expression `lois scélérates' est traditionnellement utilisée en
France pour désigner les textes tendant à restreindre la liberté de la
presse et à rétablir la censure, en sou - venir des fameuses ordonnances
de Charles X puis des lois adoptées sous la IIIe République pour
réprimer le mou - vement anarchiste. Force est de reconnaître que notre
époque est marquée par un regain de la censure et une prolifération
préoccupante des délits d'opinion. Ce qui caractérise cependant cette
nouvelle vague répressive est qu'il ne s'agit plus du tout de protéger
le pouvoir et les institutions mais, au contraire, de satisfaire les
revendications communautaires et `l'envie du pénal' de ce que Philippe
Muray appelait opportunément des « groupes d'oppression » de nature
ethnique, religieuse, sexuelle ou autre. Ces lobbies divers dictent
leur loi à un pouvoir politique faible, miné par le clientélisme
électoral, incapable de résister aux surenchères vindicatives et
sectaires et inconscient de la `tentation totalitaire' Ã laquelle il
cède. Le lobby arménien a ainsi obtenu du Sénat, en 2001, le vote
d'une première loi comportant un article unique et inique? : « La
France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915. » Ce
texte, dépourvu de tout caractère normatif, est contraire à l'article
34 de la Constitution qui impose au législateur de « fixer des règles
» et ne l'autorise donc pas à procéder à des `reconnaissances'. Le
Conseil constitutionnel, n'ayant pas été saisi, n'a donc pas pu
censurer ce dispositif que les juristes appellent un `neutron
législatif'. Mais, non content de l'avoir obtenu, le lobby en cause
s'est ensuite attaché à faire voter, sur le modèle de la loi Gayssot
réprimant la négation de la Shoah, un nouveau texte réprimant aussi la
négation du génocide, en réponse à la Turquie qui avait voté une loi
pénalisant son affirmation. Une proposition de loi a donc été adoptée
en ce sens en 2006 par l'Assemblée nationale. Tandis qu'une mission
parlementaire, Ã la suite de longues auditions, a proposé en 2008 de
renoncer à toute nouvelle loi mémorielle, le texte est resté bloqué au
palais du Luxembourg avec la complicité gouvernementale et malgré les
manifestations bruyantes du lobby arménien, qui n'a cessé de harceler
les sénateurs. L'inertie de la seconde Chambre aurait peut-être
perduré si son basculement à gauche et la perspective de la
présidentielle n'avaient changé la donne. En effet, dès le lendemain
des élections sénatoriales, François Hollande a promis de faire
adopter le texte par le Sénat. En visite officielle en Arménie en
compagnie de Charles Aznavour, le président Sarkozy n'a pas manqué, Ã
son tour, de menacer les autorités turques de faire voter le texte si
elles ne se décidaient pas à reconnaître le génocide. Cette ingérence
a évidemment exaspéré une grande nation fière qui n'a pas, comme la
nôtre, l'habitude de s'agenouiller chaque jour pour des repentances de
toute sorte. La cerise sur le gâteau a donc été apportée par la
proposition de loi UMP adoptée le 22 décembre dernier par l'Assemblée
nationale et « visant à réprimer la contestation de l'existence des
génocides reconnus par la loi ». Point n'est besoin d'insister sur le
caractère éminemment dangereux du texte qui prétend sanctionner
pénalement la simple « minimisation », même pas de crimes jugés par
des tribunaux, mais d'actes discrétionnairement qualifiés comme tels
par des majorités politiques opportunistes et clientélistes. Les
débats parlementaires qui ont précédé l'adoption de ce texte, comme
celle de tant d'autres, sont consternants? : bêtise, inculture
politique, historique et juridique s'ajoutent à l'ignorance de la
philosophie démocratique et libérale inscrite dans la Constitution.
L'héritage de Descartes et Voltaire, qui fit l'intelligence de notre
nation, est remplacé par ce qu'Alain Finkielkraut appelle le «
triomphe du cucul sur la pensée ». L'émotion, la compassion et la
répression dévoyées l'emportent sur la raison dans une république
ridicule. Au lieu de censurer, pénaliser et exciter les revanches, nos
représentants devraient méditer le bel édit de Nantes? : « Ordonnons
que la mémoire de toutes choses passées demeurera éteinte et assoupie,
comme de chose non advenue. Et ne sera loisible ni permis à nos
procureurs généraux [...] en faire mention, procès ou poursuite en
aucunes cours ou juridictions. Défendons à tous nos sujets d'en
renouveler la mémoire, s'attaquer, ressentir, injurier, ni provoquer
l'un l'autre par reproche de ce qui s'est passé [...], en disputer,
contester, quereller ni s'outrager ou s'offenser [...], mais se
contenir et vivre paisiblement ensemble comme frères, amis et
concitoyens, sur peine aux contrevenants d'être punis comme
infracteurs de paix et perturbateurs du repos public ». Une loi
antimémorielle... un rêve. Reste à savoir, lorsque la loi Arménie II
sera adoptée par le Sénat, si la Cour de cassation acceptera Ã
l'occasion de renvoyer ce texte stupide et liberticide au Conseil
constitutionnel. Sa décision de 2010 refusant de transmettre la loi
Gayssot ne présage pas un grand courage juridictionnel. Mais, au fond,
pourquoi attendre des prétoires l'intelligence qui a déserté les
hémicycles? ? »
Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public/Valeurs Actuelles
12 janvier 2012
Krikor Amirzayan
L'article du lecteur de Valeurs Actuellesdimanche 22 janvier 2012,
Krikor Amirzayan ©armenews.com