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Valeurs Actuelles contre la Loi de pénalisation du génocide arménien

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  • Valeurs Actuelles contre la Loi de pénalisation du génocide arménien

    Valeurs Actuelles contre la Loi de pénalisation du génocide arménien
    un lecteur proteste et apporte des preuves sur la nécessité de la Loi
    de pénalisation





    L'hebdomadaire « Valeurs Actuelles » a suivi la ligne éditoriale du «
    Nouvel Observateur » ou de « Paris Match ». Coup sur coup les numéros
    de « Valeurs Actuelles » du 5 janvier et du 12 janvier portaient de
    sévères et injustes attaques contre la loi de de pénalisation du
    négationnisme du génocide arménien. Sous la signature de Denis Tilliac
    l'article que nous présentons ci-dssous titré « Se souvenir sans
    légiférer » et celui de Anne-Marie Le Pourhiet titré « Polémique. Le
    Parlement légifère sur le génocide arménien. Une nouvelle `loi
    scélérate' » donnaient le ton.

    Mais dans son numéro du 19 janvier « Valeurs Actuelle » publie l'avis
    d'un lecteur titré « Pas d'accord ! » avec une photo intitulée « Une
    représentation des massacres perpétrés par les Turcs sur les Arméniens
    à Héraklion, sur l'île de Crète, en 1895 ». Le lecteur, qui répond aux
    initales de J.P.V. écrit depuis Martragny « Je souhaiterais réagir Ã
    votre article, paru dans votre numéro du 5 janvier, relatif au vote de
    la loi punissant les négationnistes des génocides reconnus par la
    France (et donc, entre autres, le génocide arménien). Que n'aurait-on
    pas dit si la France avait cédé Ã l'ultimatum turc ? Quel effet cela
    aurait produit, dans le monde musulman, si la France avait (une
    nouvelle fois) capitulé face à l'islam ? Car la vérité est bien là et
    il ne faut pas l'oublier : les 1,5 million d'Arméniens qui ont été
    massacrés dans des conditions atroces (et programmées) l'ont été parce
    qu'ils étaient chrétiens. Et uniquement pour cela. Je suis moi aussi
    contre les lois mémorielles et je considère qu'il faut laisser
    l'histoire aux historiens, Ã condition que ceux-ci soient objectifs.
    Mais, à partir du moment où l'on a choisi cette direction (lois
    Gayssot, Taubira), il faut être cohérent et avoir le courage d'envoyer
    un message fort à une Turquie arrogante qui ne rêve que de devenir le
    cheval de Troie de l'islam dans l'Union européenne, qu'elle a toujours
    agressée par le passé. Une Turquie « laïque » qui punit de trois ans
    de prison ferme quiconque ose parler chez elle de « génocide »
    arménien, où 60 % des femmes sont voilées, où la haute fonction
    publique est interdite aux non-musulmans, où la religion est indiquée
    sur les cartes d'identité, etc. Quant à l'argument économique mis en
    avant dans l'article, que pèse-t-il face à la menace de notre
    civilisation, déjà minée de l'intérieur ?... ».

    Ci-dessous les deux articles en question parues dans « Valeurs Actuelles ».

    Se souvenir sans légiférer Denis Tillinac le jeudi, 05/01/2012

    La loi française pénalise désormais la négation du génocide dont
    furent victimes les Arméniens, en 1915. En vérité, elle ne punira
    personne? : quel Français se risquerait à contester des faits
    historiques qui remontent au début du siècle dernier, ont eu lieu loin
    de l'Hexagone et s'inscrivaient dans un conflit dont il ne connaît pas
    les tenants? ? Nos députés ont voté cette loi pour ne pas se mettre Ã
    dos les électeurs français d'origine arménienne. Lesquels
    indéniablement se sentent concernés car c'est pour échapper aux
    mas - sacres perpétrés par les Turcs que leurs aïeux sont venus poser
    leurs pénates en France. La communauté arménienne mérite notre
    sympathie, elle s'est intégrée sans esclandres et elle a droit au
    respect de sa mémoire. Pour autant, la pertinence de cette nouvelle
    loi `mémorielle' me paraît aussi contestable que celles dites Gayssot
    ou Taubira. Il incombe aux historiens de statuer sur l'histoire, en
    toute subjectivité, armés de leur savoir et de leur conscience. Les
    autorités publiques commémorent à leur guise tel événement historique
    : elles n'ont pas vocation à l'établir. Cinq Républiques ont décidé
    que le 14 juillet est notre fête nationale, mais chaque historien
    raconte la prise de la Bastille à sa manière - pour Michelet elle fut
    héroïque, pour Furet anecdotique, pour Bainville lamentable. Le risque
    encouru avec ces lois - toutes de circonstance et à visées
    électoralistes - est de fractionner le peuple français en une pléthore
    de minorités passibles d'une victimisation. Plus de un million de
    pieds-noirs et des centaines de milliers de harkis ont payé un lourd
    tribut à l'Histoire. Doit-on les dédommager symboliquement en
    pénalisant... la négation des crimes du FLN? ? On imagine la réaction
    de nos compatriotes de souche algérienne, déjà enclins comme nombre
    d'Africains à exiger la `re - pentance' de l'ancien co - lonisateur. Les
    Français des Antilles, de la Guyane, de la Nouvelle-Calédonie
    s'estiment eux aussi fondés à réclamer une `repentance', eu égard Ã
    leurs ancêtres réduits en esclavage. Les Haïtiens n'ont pas oublié le
    sort fait à Toussaint Lou - verture et, maltraités par Napoléon, font
    périodiquement valoir des droits à une indemnisation. Les protestants
    n'ont pas oublié les dragonnades de Louis XIV et l'absurde révocation
    de l'édit de Nantes. Les Bretons, les Basques, les Flamands, les
    Alsaciens, les Catalans n'ont pas tous oublié avec quelle violence la
    IIIe République prétendit éradiquer leurs langues vernaculaires. Ces
    mémoires douloureuses, mieux vaut ne pas les `nationaliser', sous
    peine de transformer le pays en un champ clos où des `communautés' en
    état de récrimination permanente exaspéreraient la majorité dite
    silencieuse, qui a droit aussi à quelques égards. Puisque nos édiles
    ont cru devoir statuer sur un `génocide', ils seraient bien inspirés
    de s'intéresser à la campagne d'extermination dont furent victimes les
    Vendéens sous la Convention. Préfacé par le président d'Avocats sans
    frontières Gilles-Wiliam Goldnadel, le livre récent de l'historien
    Reynald Secher (Vendée? : du génocide au mémoricide, aux éditions du
    Cerf) produit des preuves accablantes. Les critères qui qualifient un
    génocide en droit international émanent clairement des documents
    officiels qu'il s'est procurés au terme d'une recherche longue de
    plusieurs décennies. Pourquoi pas un vaste débat sur ce livre rien
    moins qu'anodin? ? L'enjeu est capital pour notre mémoire? : le mythe
    de la Révolution, la genèse du totalitarisme du XXe siècle. Il rejoint
    la chaîne des réflexions inspirées à juste titre par le génocide des
    juifs par les nazis, et les persécutions antisémites d'hier et
    d'aujourd'hui, y compris celles du régime de Vichy. Commanditée par
    Robespierre avec l'aval de tous les membres du Comité de salut public,
    la campagne de Carrier et Turreau ne fut pas un accident de parcours
    historique mais la conséquence rationnelle d'un présupposé
    idéologique. Exactement comme les crimes de Lénine, de Hitler et de
    Staline. Ã défaut d'une loi mémorielle, qui serait au moins aussi
    justifiée que celles dont le législateur nous a dotés ces dernières
    années, il serait opportun de s'appesantir sur ce sujet crucial. La
    plupart des historiens et les politiques l'occultent depuis deux
    siècles, et je me souviens que Chaunu s'en indignait. Il avait raison.
    à gauche, on a peur d'une vérité qui mettrait à nu des fantasmes
    récurrents, encore que camouflés? ; Ã droite on a peur... des ombres
    de la gauche. Puisse néanmoins ce livre de Secher inspirer les plus
    courageux? : le venin idéologique ayant toujours tendance à contaminer
    des esprits en France, nous sommes tous des Vendéens en sursis? ! »
    Denis Tillinac/Valeurs Actuelles 5 janvier 2012

    « Polémique. Le Parlement légifère sur le génocide arménien. Une
    nouvelle `loi scélérate'

    L'expression `lois scélérates' est traditionnellement utilisée en
    France pour désigner les textes tendant à restreindre la liberté de la
    presse et à rétablir la censure, en sou - venir des fameuses ordonnances
    de Charles X puis des lois adoptées sous la IIIe République pour
    réprimer le mou - vement anarchiste. Force est de reconnaître que notre
    époque est marquée par un regain de la censure et une prolifération
    préoccupante des délits d'opinion. Ce qui caractérise cependant cette
    nouvelle vague répressive est qu'il ne s'agit plus du tout de protéger
    le pouvoir et les institutions mais, au contraire, de satisfaire les
    revendications communautaires et `l'envie du pénal' de ce que Philippe
    Muray appelait opportunément des « groupes d'oppression » de nature
    ethnique, religieuse, sexuelle ou autre. Ces lobbies divers dictent
    leur loi à un pouvoir politique faible, miné par le clientélisme
    électoral, incapable de résister aux surenchères vindicatives et
    sectaires et inconscient de la `tentation totalitaire' Ã laquelle il
    cède. Le lobby arménien a ainsi obtenu du Sénat, en 2001, le vote
    d'une première loi comportant un article unique et inique? : « La
    France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915. » Ce
    texte, dépourvu de tout caractère normatif, est contraire à l'article
    34 de la Constitution qui impose au législateur de « fixer des règles
    » et ne l'autorise donc pas à procéder à des `reconnaissances'. Le
    Conseil constitutionnel, n'ayant pas été saisi, n'a donc pas pu
    censurer ce dispositif que les juristes appellent un `neutron
    législatif'. Mais, non content de l'avoir obtenu, le lobby en cause
    s'est ensuite attaché à faire voter, sur le modèle de la loi Gayssot
    réprimant la négation de la Shoah, un nouveau texte réprimant aussi la
    négation du génocide, en réponse à la Turquie qui avait voté une loi
    pénalisant son affirmation. Une proposition de loi a donc été adoptée
    en ce sens en 2006 par l'Assemblée nationale. Tandis qu'une mission
    parlementaire, Ã la suite de longues auditions, a proposé en 2008 de
    renoncer à toute nouvelle loi mémorielle, le texte est resté bloqué au
    palais du Luxembourg avec la complicité gouvernementale et malgré les
    manifestations bruyantes du lobby arménien, qui n'a cessé de harceler
    les sénateurs. L'inertie de la seconde Chambre aurait peut-être
    perduré si son basculement à gauche et la perspective de la
    présidentielle n'avaient changé la donne. En effet, dès le lendemain
    des élections sénatoriales, François Hollande a promis de faire
    adopter le texte par le Sénat. En visite officielle en Arménie en
    compagnie de Charles Aznavour, le président Sarkozy n'a pas manqué, Ã
    son tour, de menacer les autorités turques de faire voter le texte si
    elles ne se décidaient pas à reconnaître le génocide. Cette ingérence
    a évidemment exaspéré une grande nation fière qui n'a pas, comme la
    nôtre, l'habitude de s'agenouiller chaque jour pour des repentances de
    toute sorte. La cerise sur le gâteau a donc été apportée par la
    proposition de loi UMP adoptée le 22 décembre dernier par l'Assemblée
    nationale et « visant à réprimer la contestation de l'existence des
    génocides reconnus par la loi ». Point n'est besoin d'insister sur le
    caractère éminemment dangereux du texte qui prétend sanctionner
    pénalement la simple « minimisation », même pas de crimes jugés par
    des tribunaux, mais d'actes discrétionnairement qualifiés comme tels
    par des majorités politiques opportunistes et clientélistes. Les
    débats parlementaires qui ont précédé l'adoption de ce texte, comme
    celle de tant d'autres, sont consternants? : bêtise, inculture
    politique, historique et juridique s'ajoutent à l'ignorance de la
    philosophie démocratique et libérale inscrite dans la Constitution.
    L'héritage de Descartes et Voltaire, qui fit l'intelligence de notre
    nation, est remplacé par ce qu'Alain Finkielkraut appelle le «
    triomphe du cucul sur la pensée ». L'émotion, la compassion et la
    répression dévoyées l'emportent sur la raison dans une république
    ridicule. Au lieu de censurer, pénaliser et exciter les revanches, nos
    représentants devraient méditer le bel édit de Nantes? : « Ordonnons
    que la mémoire de toutes choses passées demeurera éteinte et assoupie,
    comme de chose non advenue. Et ne sera loisible ni permis à nos
    procureurs généraux [...] en faire mention, procès ou poursuite en
    aucunes cours ou juridictions. Défendons à tous nos sujets d'en
    renouveler la mémoire, s'attaquer, ressentir, injurier, ni provoquer
    l'un l'autre par reproche de ce qui s'est passé [...], en disputer,
    contester, quereller ni s'outrager ou s'offenser [...], mais se
    contenir et vivre paisiblement ensemble comme frères, amis et
    concitoyens, sur peine aux contrevenants d'être punis comme
    infracteurs de paix et perturbateurs du repos public ». Une loi
    antimémorielle... un rêve. Reste à savoir, lorsque la loi Arménie II
    sera adoptée par le Sénat, si la Cour de cassation acceptera Ã
    l'occasion de renvoyer ce texte stupide et liberticide au Conseil
    constitutionnel. Sa décision de 2010 refusant de transmettre la loi
    Gayssot ne présage pas un grand courage juridictionnel. Mais, au fond,
    pourquoi attendre des prétoires l'intelligence qui a déserté les
    hémicycles? ? »

    Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public/Valeurs Actuelles
    12 janvier 2012

    Krikor Amirzayan


    L'article du lecteur de Valeurs Actuellesdimanche 22 janvier 2012,
    Krikor Amirzayan ©armenews.com

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