GENOCIDE ARMENIEN : LE PARLEMENT A DEFINITIVEMENT ADOPTE LA PENALISATION DU GENOCIDE ARMENIEN
Stephane
armenews.com
mardi 24 janvier 2012
Au risque d'un approfondissement de la crise entre Paris et Ankara,
le Parlement a definitivement adopte lundi soir, après un ultime vote
du Senat, la proposition de loi penalisant la negation du genocide
armenien.
Le ministre turc de la Justice Sadullah Ergin a qualifie ce vote de
"manque total de respect" et de "grande injustice" a l'egard de la
Turquie. Sur la chaîne d'information CNN Turk, immediatement après
l'adoption du texte, il a declare que pour son pays cette loi etait
"nulle et non avenue".
Au terme d'un debat de plus de sept heures et alors que plusieurs
centaines de manifestants etaient rassembles pendant tout l'après-midi
autour du palais du Luxembourg, les senateurs ont adopte le texte
par 127 voix contre 86. 237 senateurs (sur 347) ont seulement pris
part au vote.
Avec ce vote conforme (sans modification) du Senat, la proposition
est definitivement adoptee par le Parlement francais.
Deja adoptee par les deputes le 22 decembre, la proposition prevoit
un an de prison et 45.000 euros d'amende en cas de contestation ou
de minimisation de facon outrancière d'un genocide reconnu par la
loi francaise.
Deux genocides, celui des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale et
celui des Armeniens, sont reconnus, mais seule la negation du premier
etait pour l'instant punie.
Plusieurs centaines de personnes ont manifeste aux abords du
palais du Luxembourg a l'appel d'associations franco-armeniennes et
franco-turques, les CRS tenant les deux regroupements a l'ecart l'un
de l'autre.
A l'interieur, dans les escaliers des tribunes bondees, des gardes
republicains, fait rare, filtraient les entrees aux côtes des agents
du Senat.
Les ambassadeurs a Paris de la Turquie, Tahsin Burcuoglu, et de
l'Armenie, Vigen Tchitetchian avaient notamment pris place dans
les tribunes.
Representant le gouvernement, Patrick Ollier, ministre des relations
avec le Parlement, a justifie la proposition de loi de la deputee UMP
Valerie Boyer par la necessite pour "notre societe (...) de lutter
contre le poison negationniste".
"Cette proposition de loi participe d'un mouvement generalise de
repression des propos racistes et xenophobes. Elle n'est pas une
loi memorielle", a argue le ministre, s'exprimant devant seulement
quelques dizaines de senateurs presents, sur 348 sièges.
Le vote final du texte est intervenu en depit des critiques emanant
de membres eminents du gouvernement comme Alain Juppe (Affaires
etrangères) et Bruno Le Maire (Agriculture).
En vain, les senateurs opposes au texte ont presente trois motions
de procedure et quelques amendements pour faire entendre leur point
de vue.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, entoure de ses
collaborateurs, attendait lundi soir la decision des senateurs francais
pour mettre la dernière touche a la riposte de son gouvernement.
Son chef de la diplomatie, Ahmet Davutoglu avait annonce un nouveau
train de represailles contre la France en cas de feu vert. "Penser que
la Turquie imposera des sanctions et qu'ensuite elle les revisera,
revient a ne pas connaître la Turquie", acteur regional et pays
emergent, avait-il prevenu.
La Turquie refute le terme de genocide, meme si elle reconnaît que
des massacres ont ete commis et que quelque 500.000 Armeniens ont
peri en Anatolie entre 1915 et 1917, les Armeniens evoquant quant a
eux 1,5 million de morts.
Après le vote des deputes fin decembre, Ankara avait deja gele sa
cooperation militaire et politique avec Paris.
La proposition de loi a profondement divise les senateurs, beaucoup
plus que les deputes, tous partis confondus, meme si une majorite a
finalement ete trouvee en faveur d'un texte defendu par le president
Nicolas Sarkozy et beneficiant du soutien des deux principaux groupes,
UMP et PS.
Face a ce texte, le Senat etait d'autant plus mal a l'aise qu'il y
a peine quelques mois, alors que l'UMP etait majoritaire, il avait
rejete le 4 mai 2011 une proposition de loi similaire, votee par les
deputes en 2006 et que le groupe PS avait inscrit a l'ordre du jour.
A quelques mois d'echeances electorales majeures, l'UMP et le PS
ne comptaient pas se passer des voix de la communaute armenienne,
la plus importante d'Europe occidentale (environ 600.000 membres).
Par Suzette BLOCH et Anne-Marie LADOUES
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
Stephane
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mardi 24 janvier 2012
Au risque d'un approfondissement de la crise entre Paris et Ankara,
le Parlement a definitivement adopte lundi soir, après un ultime vote
du Senat, la proposition de loi penalisant la negation du genocide
armenien.
Le ministre turc de la Justice Sadullah Ergin a qualifie ce vote de
"manque total de respect" et de "grande injustice" a l'egard de la
Turquie. Sur la chaîne d'information CNN Turk, immediatement après
l'adoption du texte, il a declare que pour son pays cette loi etait
"nulle et non avenue".
Au terme d'un debat de plus de sept heures et alors que plusieurs
centaines de manifestants etaient rassembles pendant tout l'après-midi
autour du palais du Luxembourg, les senateurs ont adopte le texte
par 127 voix contre 86. 237 senateurs (sur 347) ont seulement pris
part au vote.
Avec ce vote conforme (sans modification) du Senat, la proposition
est definitivement adoptee par le Parlement francais.
Deja adoptee par les deputes le 22 decembre, la proposition prevoit
un an de prison et 45.000 euros d'amende en cas de contestation ou
de minimisation de facon outrancière d'un genocide reconnu par la
loi francaise.
Deux genocides, celui des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale et
celui des Armeniens, sont reconnus, mais seule la negation du premier
etait pour l'instant punie.
Plusieurs centaines de personnes ont manifeste aux abords du
palais du Luxembourg a l'appel d'associations franco-armeniennes et
franco-turques, les CRS tenant les deux regroupements a l'ecart l'un
de l'autre.
A l'interieur, dans les escaliers des tribunes bondees, des gardes
republicains, fait rare, filtraient les entrees aux côtes des agents
du Senat.
Les ambassadeurs a Paris de la Turquie, Tahsin Burcuoglu, et de
l'Armenie, Vigen Tchitetchian avaient notamment pris place dans
les tribunes.
Representant le gouvernement, Patrick Ollier, ministre des relations
avec le Parlement, a justifie la proposition de loi de la deputee UMP
Valerie Boyer par la necessite pour "notre societe (...) de lutter
contre le poison negationniste".
"Cette proposition de loi participe d'un mouvement generalise de
repression des propos racistes et xenophobes. Elle n'est pas une
loi memorielle", a argue le ministre, s'exprimant devant seulement
quelques dizaines de senateurs presents, sur 348 sièges.
Le vote final du texte est intervenu en depit des critiques emanant
de membres eminents du gouvernement comme Alain Juppe (Affaires
etrangères) et Bruno Le Maire (Agriculture).
En vain, les senateurs opposes au texte ont presente trois motions
de procedure et quelques amendements pour faire entendre leur point
de vue.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, entoure de ses
collaborateurs, attendait lundi soir la decision des senateurs francais
pour mettre la dernière touche a la riposte de son gouvernement.
Son chef de la diplomatie, Ahmet Davutoglu avait annonce un nouveau
train de represailles contre la France en cas de feu vert. "Penser que
la Turquie imposera des sanctions et qu'ensuite elle les revisera,
revient a ne pas connaître la Turquie", acteur regional et pays
emergent, avait-il prevenu.
La Turquie refute le terme de genocide, meme si elle reconnaît que
des massacres ont ete commis et que quelque 500.000 Armeniens ont
peri en Anatolie entre 1915 et 1917, les Armeniens evoquant quant a
eux 1,5 million de morts.
Après le vote des deputes fin decembre, Ankara avait deja gele sa
cooperation militaire et politique avec Paris.
La proposition de loi a profondement divise les senateurs, beaucoup
plus que les deputes, tous partis confondus, meme si une majorite a
finalement ete trouvee en faveur d'un texte defendu par le president
Nicolas Sarkozy et beneficiant du soutien des deux principaux groupes,
UMP et PS.
Face a ce texte, le Senat etait d'autant plus mal a l'aise qu'il y
a peine quelques mois, alors que l'UMP etait majoritaire, il avait
rejete le 4 mai 2011 une proposition de loi similaire, votee par les
deputes en 2006 et que le groupe PS avait inscrit a l'ordre du jour.
A quelques mois d'echeances electorales majeures, l'UMP et le PS
ne comptaient pas se passer des voix de la communaute armenienne,
la plus importante d'Europe occidentale (environ 600.000 membres).
Par Suzette BLOCH et Anne-Marie LADOUES
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress