Penalisation du negationnisme : le triomphe de la justice
Ara
armenews.com
mardi 24 janvier 2012
C'est fait. Lundi 23 janvier le Senat a ratifie la loi votee le 22
decembre a l'Assemblee nationale. Comme pour l'extermination des
six millions de Juifs tombes lors de la Shoah, on ne pourra plus
nier en France le genocide armenien sans risquer une forte amende
et une peine d'un an de prison. Après la Suisse, la France devient
ainsi le deuxième Etat au monde a adopter une telle legislation. Elle
donne l'exemple a l'Europe et montre la voie pour elever le seuil de
tolerance a l'egard du fleau negationniste. Elle inflige de surcroit
un terrible camouflet au negationnisme d'Etat de la Turquie qui n'aura
plus droit de citer sur le territoire de la Republique.
Cette conclusion en forme d'apotheose d'un combat totalement inegale
a quelque chose de miraculeux en regard des forces en presence. Il
s'agit de la victoire inesperee du pot de terre contre le pot de fer,
de David contre Golliath, du roseau contre le chene. La justice
a gagne, en depit des menaces d'autorites turques mauvaises et
vociferantes qui n'ont rien reussi d'autre qu'a montrer leur vrai
visage sur la scène internationale. Elle a gagne, malgre le chantage
commercial exerce sur la France, les mises en garde diplomatiques,
les propos insenses du Premier ministre Erdogan. Elle a gagne, n'en
deplaise a l'invraisemblable cabale mediatique enclenchee contre ce
texte a partir des sophismes repandus par un quarteron d'historiens,
pour reprendre le mot de Bernard-Henri Levy dans Le Point. Elle s'est
imposee, nonobstant l'acharnement de messieurs Adler, Badinter et Nora,
la hargne et l'obstination militante, on ne peu plus suspecte, dont
ils ont use pour combattre cette loi. Elle l'a emporte contre toutes
ces forces de toute nature et cette ruse aussi qui s'est deployee
contre les Armeniens - car c'etait tout de meme un peu eux la cible,
en particulier quand on leur tressait des fleurs pour mieux les
enterrer. Contre cet incroyable mur d'ignorance, d'incomprehension,
de mauvaise foi et d'hostilite, la justice a triomphe !
Il est encore sans doute un peu trop tôt pour envisager toutes les
consequences de ce vote. Mais on peut d'ores et deja dire qu'en dehors
de l'hommage qu'il represente pour les victimes du premier genocide
par ordre chronologique du XXe siècle, qui n'ont que notre memoire
pour seule sepulture, et independamment de ce que cet acte de respect
symbolise pour leurs descendants et les generations suivantes, cette
decision du Parlement est grosse de multiples incidences politiques.
En Turquie tout d'abord où l'Etat ne pourra pas echapper encore
longtemps a une revision de son histoire et a l'inevitable examen
de conscience qu'elle appelle. Si l'AKP d'Erdogan, qui a decu tous
ceux qui voyaient en lui une alternative possible au Kemalisme, ne
se donne pas les moyens de changer très vite son fusil d'epaule,
d'autres forces dans le pays se chargeront de lui demander des
comptes. À trois ans de 2015, Ankara est plus que jamais au pied
du mur. Soit la Turquie persiste a se faire complice du genocide,
au risque de perdre tout credit moral sur la scène mondiale, soit
elle consent enfin a reconnaitre ses crimes et a ouvrir une nouvelle
page de ses relations avec l'entite armenienne.
Pour l'Armenie egalement, cette decision revet une importance
primordiale. Encerclee par le blocus turco-azerbaïdjanais, cette
loi brise au niveau international l'isolement qu'elle subit au plan
regional. Elle met dans la lumière sa situation et convoque l'attention
sur ce pays assiege au fin fond du Sud Caucase, petit par sa surface
et sa demographie, mais grand par son histoire et son courage.
Enfin, cette loi est a l'honneur de la France et elle s'inscrira
comme un moment fort dans l'histoire des combats pour la justice.
Si la defaite est orpheline, la victoire a beaucoup de pères,
et a l'heure de bilans il faut bien sûr remercier tous ceux qui
ont rendu possible cette issue positive. Au premier rang desquels
se trouvent Bernard-Henri Levy, Serge Klarsfeld ou Yves Ternon. Ces
Turcs egalement, comme Ragip Zarakolu scandaleusement jete en prison,
Erol Ozkoray et tant d'autres militants des droits de l'homme.
Comment ne pas temoigner en cet instant aussi de la gratitude au PS
qui, malgre le peu d'enthousiasme de ses elus au moment crucial du
vote, en a tout de meme permis le succès, se montrant ainsi coherent
avec ses engagements passes. Un cortège de prises de position qui
ont jalonne les actes de justice pour le peuple armenien, et dans
la lignee desquels continue de s'inscrire avec panache, constance et
courage Francois Hollande son actuel leader.
Mais egalement, et sans doute surtout, comment ne pas remercier
Nicolas Sarkozy, ce president de la Republique francaise qui a su
non seulement trouver les mots qui touchent lors de son voyage en
Armenie, mais qui les a mis en pratique jusqu'a rendre possible la
prohibition du negationnisme, volet politique du genocide de 1915,
sur le territoire national.
On ne peut l'oublier.
Bravo et merci a tous.
Ara
armenews.com
mardi 24 janvier 2012
C'est fait. Lundi 23 janvier le Senat a ratifie la loi votee le 22
decembre a l'Assemblee nationale. Comme pour l'extermination des
six millions de Juifs tombes lors de la Shoah, on ne pourra plus
nier en France le genocide armenien sans risquer une forte amende
et une peine d'un an de prison. Après la Suisse, la France devient
ainsi le deuxième Etat au monde a adopter une telle legislation. Elle
donne l'exemple a l'Europe et montre la voie pour elever le seuil de
tolerance a l'egard du fleau negationniste. Elle inflige de surcroit
un terrible camouflet au negationnisme d'Etat de la Turquie qui n'aura
plus droit de citer sur le territoire de la Republique.
Cette conclusion en forme d'apotheose d'un combat totalement inegale
a quelque chose de miraculeux en regard des forces en presence. Il
s'agit de la victoire inesperee du pot de terre contre le pot de fer,
de David contre Golliath, du roseau contre le chene. La justice
a gagne, en depit des menaces d'autorites turques mauvaises et
vociferantes qui n'ont rien reussi d'autre qu'a montrer leur vrai
visage sur la scène internationale. Elle a gagne, malgre le chantage
commercial exerce sur la France, les mises en garde diplomatiques,
les propos insenses du Premier ministre Erdogan. Elle a gagne, n'en
deplaise a l'invraisemblable cabale mediatique enclenchee contre ce
texte a partir des sophismes repandus par un quarteron d'historiens,
pour reprendre le mot de Bernard-Henri Levy dans Le Point. Elle s'est
imposee, nonobstant l'acharnement de messieurs Adler, Badinter et Nora,
la hargne et l'obstination militante, on ne peu plus suspecte, dont
ils ont use pour combattre cette loi. Elle l'a emporte contre toutes
ces forces de toute nature et cette ruse aussi qui s'est deployee
contre les Armeniens - car c'etait tout de meme un peu eux la cible,
en particulier quand on leur tressait des fleurs pour mieux les
enterrer. Contre cet incroyable mur d'ignorance, d'incomprehension,
de mauvaise foi et d'hostilite, la justice a triomphe !
Il est encore sans doute un peu trop tôt pour envisager toutes les
consequences de ce vote. Mais on peut d'ores et deja dire qu'en dehors
de l'hommage qu'il represente pour les victimes du premier genocide
par ordre chronologique du XXe siècle, qui n'ont que notre memoire
pour seule sepulture, et independamment de ce que cet acte de respect
symbolise pour leurs descendants et les generations suivantes, cette
decision du Parlement est grosse de multiples incidences politiques.
En Turquie tout d'abord où l'Etat ne pourra pas echapper encore
longtemps a une revision de son histoire et a l'inevitable examen
de conscience qu'elle appelle. Si l'AKP d'Erdogan, qui a decu tous
ceux qui voyaient en lui une alternative possible au Kemalisme, ne
se donne pas les moyens de changer très vite son fusil d'epaule,
d'autres forces dans le pays se chargeront de lui demander des
comptes. À trois ans de 2015, Ankara est plus que jamais au pied
du mur. Soit la Turquie persiste a se faire complice du genocide,
au risque de perdre tout credit moral sur la scène mondiale, soit
elle consent enfin a reconnaitre ses crimes et a ouvrir une nouvelle
page de ses relations avec l'entite armenienne.
Pour l'Armenie egalement, cette decision revet une importance
primordiale. Encerclee par le blocus turco-azerbaïdjanais, cette
loi brise au niveau international l'isolement qu'elle subit au plan
regional. Elle met dans la lumière sa situation et convoque l'attention
sur ce pays assiege au fin fond du Sud Caucase, petit par sa surface
et sa demographie, mais grand par son histoire et son courage.
Enfin, cette loi est a l'honneur de la France et elle s'inscrira
comme un moment fort dans l'histoire des combats pour la justice.
Si la defaite est orpheline, la victoire a beaucoup de pères,
et a l'heure de bilans il faut bien sûr remercier tous ceux qui
ont rendu possible cette issue positive. Au premier rang desquels
se trouvent Bernard-Henri Levy, Serge Klarsfeld ou Yves Ternon. Ces
Turcs egalement, comme Ragip Zarakolu scandaleusement jete en prison,
Erol Ozkoray et tant d'autres militants des droits de l'homme.
Comment ne pas temoigner en cet instant aussi de la gratitude au PS
qui, malgre le peu d'enthousiasme de ses elus au moment crucial du
vote, en a tout de meme permis le succès, se montrant ainsi coherent
avec ses engagements passes. Un cortège de prises de position qui
ont jalonne les actes de justice pour le peuple armenien, et dans
la lignee desquels continue de s'inscrire avec panache, constance et
courage Francois Hollande son actuel leader.
Mais egalement, et sans doute surtout, comment ne pas remercier
Nicolas Sarkozy, ce president de la Republique francaise qui a su
non seulement trouver les mots qui touchent lors de son voyage en
Armenie, mais qui les a mis en pratique jusqu'a rendre possible la
prohibition du negationnisme, volet politique du genocide de 1915,
sur le territoire national.
On ne peut l'oublier.
Bravo et merci a tous.