LOI FRANCAISE SUR LE GENOCIDE : DES SANCTIONS ECONOMIQUES TURQUES A NE PAS PRENDRE A LA LEGERE
France 24
http://www.france24.com/fr/20120124-loi-genocide-armenien-relation-economique-france-sanction-erdogan-commerce-turquie
24 janvier 2012
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a menace Paris de
sanctions "etape par etape" après l'adoption par le Senat francais
de la loi sur la negation des genocides. L'un des volets de ses
represailles pourrait etre economique. Par Sebastian SEIBT (texte)
Voici venu le temps des represailles. Le Premier ministre turc, Recep
Tayyip Erdogan, a affirme, mardi 24 janvier, qu'a la suite du vote,
lundi, par le Senat francais de la loi penalisant la negation des
genocides, dont celui des Armeniens en 1915, Ankara allait imposer
"etape par etape" des sanctions contre la France. Des mesures de
retorsion qui devraient etre d'ordre diplomatiques et culturelles,
mais aussi economiques.
Sur ce dernier volet, les consequences de cette loi seront "non
negligeables", a averti, lundi, Rifat Hisarciklioglu, patron de
l'Union des chambres de commerce et des bourses de Turquie, a la radio
francaise Europe 1. Ankara est, en effet, devenu au fil des ans "un
partenaire commercial majeur", selon le site du ministère francais
des Affaires etrangères. Hors Union europeenne (UE), la Turquie est
aujourd'hui le troisième partenaire commercial de la France après
les Etats-Unis et la Chine et devant le Japon. Les echanges entre les
deux pays ont represente 12 milliards d'euros en 2011, selon le Quai
d'Orsay. La France esperait, avant la polemique autour de la loi sur
les genocides, atteindre les 15 milliards d'euros en 2015.
Les acteurs du commerce franco-turc craignent maintenant que
la proposition de loi votee par le Senat ne remette en cause les
efforts entrepris depuis le debut des annees 1990. Car depuis la fin
du XXe siècle, la France a considerablement investi pour augmenter
sa presence economique dans cette zone charnière entre l'Europe et
le Moyen-Orient. En 1985, seules 15 entreprises francaises etaient
implantees en Turquie contre plus de 300 aujourd'hui. Elles emploient
près de 70 000 personnes sur place, rappelle un rapport publie en
2011 par la Chambre de commerce francaise en Turquie. Un grand nombre
d'entreprises cotees au CAC 40 disposent de filiales dans le pays. Le
constructeur automobile Renault est devenu le premier exportateur de
Turquie, tandis qu'Axa y est le premier assureur.
Les armes de la riposte economique
Ce bel edifice risque-t-il de s'effondrer comme un château de cartes ?
Ankara, lie par des traites commerciaux avec la France, ne peut
imposer des sanctions economiques directes telles que des droits de
douane sur les produits importes. Mais la riposte economique turque
peut se faire de manière plus insidieuse.
Les entreprises francaises peuvent ainsi se retrouver desavantagees
lors de l'attribution de marches publics. Une discrimination que les
grands groupes francais ont deja connu par le passe, notamment en
2007 et 2008, après le refus par Nicolas Sarkozy d'une adhesion de la
Turquie a l'UE. Ainsi Gaz de France aurait, selon le site d'information
Rue89, ete ecarte par Ankara de la course a la construction du
gazoduc Nabucco en fevrier 2008 et "Areva fait partie des entreprises
'blacklistees'" pour le developpement du nucleaire civil turc, selon
Didier Billion, specialiste francais de la Turquie a l'Institut des
relations internationales et strategiques (Iris).
L'autre menace qui pèse sur le commerce francais serait que les Turcs
repondent favorablement aux multiples appels au boycott des produits
"made in France" lances sur Internet. Une page Facebook, baptisee
"Boykot Fransa", dresse ainsi une liste de tous les produits francais a
ne plus acheter. Pour les entreprises exportatrices francaises, qu'un
tel mouvement devienne realite serait une très mauvaise nouvelle :
la Turquie est, en effet, le pays où les importations ont le plus
progresse dans le monde en 2011 (+27,7 %) devant la Chine ou l'Inde,
rappelle le journal francais "Le Moniteur du commerce international".
Reste que la seule fois où les Turcs avaient entrepris un tel boycott,
en 1999 contre l'Italie qui refusait alors d'extrader, le leader du
parti kurde PKK, Abdullah Ocalan, il n'avait dure que quelque mois.
France 24
http://www.france24.com/fr/20120124-loi-genocide-armenien-relation-economique-france-sanction-erdogan-commerce-turquie
24 janvier 2012
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a menace Paris de
sanctions "etape par etape" après l'adoption par le Senat francais
de la loi sur la negation des genocides. L'un des volets de ses
represailles pourrait etre economique. Par Sebastian SEIBT (texte)
Voici venu le temps des represailles. Le Premier ministre turc, Recep
Tayyip Erdogan, a affirme, mardi 24 janvier, qu'a la suite du vote,
lundi, par le Senat francais de la loi penalisant la negation des
genocides, dont celui des Armeniens en 1915, Ankara allait imposer
"etape par etape" des sanctions contre la France. Des mesures de
retorsion qui devraient etre d'ordre diplomatiques et culturelles,
mais aussi economiques.
Sur ce dernier volet, les consequences de cette loi seront "non
negligeables", a averti, lundi, Rifat Hisarciklioglu, patron de
l'Union des chambres de commerce et des bourses de Turquie, a la radio
francaise Europe 1. Ankara est, en effet, devenu au fil des ans "un
partenaire commercial majeur", selon le site du ministère francais
des Affaires etrangères. Hors Union europeenne (UE), la Turquie est
aujourd'hui le troisième partenaire commercial de la France après
les Etats-Unis et la Chine et devant le Japon. Les echanges entre les
deux pays ont represente 12 milliards d'euros en 2011, selon le Quai
d'Orsay. La France esperait, avant la polemique autour de la loi sur
les genocides, atteindre les 15 milliards d'euros en 2015.
Les acteurs du commerce franco-turc craignent maintenant que
la proposition de loi votee par le Senat ne remette en cause les
efforts entrepris depuis le debut des annees 1990. Car depuis la fin
du XXe siècle, la France a considerablement investi pour augmenter
sa presence economique dans cette zone charnière entre l'Europe et
le Moyen-Orient. En 1985, seules 15 entreprises francaises etaient
implantees en Turquie contre plus de 300 aujourd'hui. Elles emploient
près de 70 000 personnes sur place, rappelle un rapport publie en
2011 par la Chambre de commerce francaise en Turquie. Un grand nombre
d'entreprises cotees au CAC 40 disposent de filiales dans le pays. Le
constructeur automobile Renault est devenu le premier exportateur de
Turquie, tandis qu'Axa y est le premier assureur.
Les armes de la riposte economique
Ce bel edifice risque-t-il de s'effondrer comme un château de cartes ?
Ankara, lie par des traites commerciaux avec la France, ne peut
imposer des sanctions economiques directes telles que des droits de
douane sur les produits importes. Mais la riposte economique turque
peut se faire de manière plus insidieuse.
Les entreprises francaises peuvent ainsi se retrouver desavantagees
lors de l'attribution de marches publics. Une discrimination que les
grands groupes francais ont deja connu par le passe, notamment en
2007 et 2008, après le refus par Nicolas Sarkozy d'une adhesion de la
Turquie a l'UE. Ainsi Gaz de France aurait, selon le site d'information
Rue89, ete ecarte par Ankara de la course a la construction du
gazoduc Nabucco en fevrier 2008 et "Areva fait partie des entreprises
'blacklistees'" pour le developpement du nucleaire civil turc, selon
Didier Billion, specialiste francais de la Turquie a l'Institut des
relations internationales et strategiques (Iris).
L'autre menace qui pèse sur le commerce francais serait que les Turcs
repondent favorablement aux multiples appels au boycott des produits
"made in France" lances sur Internet. Une page Facebook, baptisee
"Boykot Fransa", dresse ainsi une liste de tous les produits francais a
ne plus acheter. Pour les entreprises exportatrices francaises, qu'un
tel mouvement devienne realite serait une très mauvaise nouvelle :
la Turquie est, en effet, le pays où les importations ont le plus
progresse dans le monde en 2011 (+27,7 %) devant la Chine ou l'Inde,
rappelle le journal francais "Le Moniteur du commerce international".
Reste que la seule fois où les Turcs avaient entrepris un tel boycott,
en 1999 contre l'Italie qui refusait alors d'extrader, le leader du
parti kurde PKK, Abdullah Ocalan, il n'avait dure que quelque mois.