GENOCIDE ARMENIEN : LE SENAT VOTE, LA TURQUIE GRONDE, JUPPE TEND LA MAIN
Le Parisien
http://www.leparisien.fr/politique/genocide-armenien-le-senat-vote-la-turquie-gronde-juppe-tend-la-main-23-01-2012-1825665.php
24 janvier 2012
France
Les senateurs ont vote lundi soir, a la majorite absolue, en faveur
de la proposition de loi sur la negation du genocide armenien. Le
texte, deja vote par les deputes le 22 decembre, a ete vote conforme
(sans modification), ce qui signifie qu'il est definitivement adopte
par le Parlement francais. Vote par 237 senateurs (sur 347), dont 127
senateurs pour et 86 contre, ce texte prevoit un an de prison et 45
000 euros d'amende en cas de negation d'un genocide reconnu par la loi
francaise. Deux genocides, celui des Juifs pendant la Seconde guerre
mondiale et celui des Armeniens entre 1915 et 1917, sont reconnus,
mais jusqu'a ce jour, seule la negation du premier etait puni.
Cette adoption pourrait provoquer une crise diplomatique majeure
entre Paris et Ankara. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan doit
s'exprimer ce mardi, lors du discours qu'il prononce chaque semaine
devant les deputes de son parti. Après un premier vote du texte, par
les deputes francais le 22 decembre, il avait très vivement reagi,
gelant la cooperation politique et militaire avec la France, son allie
de l'Otan, et denoncant un "genocide" commis par les colonisateurs
francais en Algerie.
Juppe tend la main a "nos amis turcs"
Dès ce matin, Alain Juppe a essaye de deminer le terrain. "Je
voudrais appeler nos amis turcs au sang-froid" et tendre "la main"
a ce "grand pays, cette grande puissance economique, politique", a
declare le ministre des Affaires etrangères sur Canal +. "Nous avons
besoin d'avoir de bonnes relations" avec la Turquie. "Passee cette
vague un petit peu excessive il faut bien le dire, je suis persuade
que nous retrouverons des relations constructives" avec Ankara, a
ajoute le chef de la diplomatie francaise qui a precise qu'en tant
que chef de la diplomatie francaise il jugeait cette loi "inopportune".
La Turquie y voit un "manque total de respect"
Quelques minutes après le vote, le ministre turc de la Justice a,
de son côte, evoque un "manque total de respect" de la France et une
"grande injustice" pour la Turquie, pays dans lequel cette loi est
"nulle et non avenue", a-t-il prevenu. Le president de la Commission
des affaires etrangères du Parlement turc a pour sa part indique
sur son compte Twitter que "la France a ouvert une page sombre de
son Histoire". L'ambassade turque a menace la France de represailles
"permanentes" si la loi est promulguee.
La Turquie reconnaît que des massacres ont ete commis et que quelque
500 000 Armeniens ont peri en Anatolie entre 1915 et 1917, mais elle
refute le terme de genocide. Les Armeniens evoquent, eux, 1,5 million
de morts.
Symptôme de la profonde vexation turque, le maire d'Ankara, membre
du parti majoritaire AKP, avait annonce après le vote des deputes
francais que la municipalite debaptiserait des rues portant des noms
francais et fera eriger, près de l'ambassade de France, un monument
a la memoire des victimes algeriennes de la colonisation francaise.
Manifestations devant le Senat
Au moment de l'ouverture des debats au Senat peu après 15
heures, plusieurs centaines de personnes etaient reunies a l'appel
d'associations franco-armeniennes et franco-turques, les CRS tenant les
deux regroupements a l'ecart l'un de l'autre, a proximite du Palais du
Luxembourg. A l'interieur, dans les escaliers des tribunes bondees,
des gardes republicains, fait rarissime, filtraient les entrees aux
côtes des agents du Senat. Les ambassadeurs a Paris de la Turquie,
Tahsin Burcuoglu, et de l'Armenie, Vigen Tchitetchian, avaient pris
place dans les tribunes.
"Lutter contre le poison negationniste"
Representant le gouvernement, Patrick Ollier, ministre des relations
avec le Parlement, a justifie cette proposition de loi de la deputee
UMP Valerie Boyer par la necessite pour "notre societe (...) de
lutter contre le poison negationniste". "Cette proposition de loi
participe d'un mouvement generalise de repression des propos racistes
et xenophobes. Elle n'est pas une loi memorielle", a argue le ministre.
Au sein du gouvernement, le texte a ete critique par Alain Juppe
(Affaires etrangères) et Bruno Le Maire (Agriculture), qui y voient
justement une loi memorielle.
Les senateurs opposes au texte ont defendu en vain trois motions
de procedure et quelques amendements pour faire entendre leur point
de vue. La proposition de loi a profondement divise les senateurs,
beaucoup plus que les deputes, tous partis confondus, meme si une
majorite a finalement ete trouvee en faveur d'un texte defendu par le
president Nicolas Sarkozy et beneficiant du soutien des deux principaux
groupes, UMP et PS. A quelques mois d'echeances electorales majeures,
les deux partis ne comptaient pas se passer des voix de la communaute
armenienne, la plus importante d'Europe occidentale (environ 600.000
membres).
Le Parisien
http://www.leparisien.fr/politique/genocide-armenien-le-senat-vote-la-turquie-gronde-juppe-tend-la-main-23-01-2012-1825665.php
24 janvier 2012
France
Les senateurs ont vote lundi soir, a la majorite absolue, en faveur
de la proposition de loi sur la negation du genocide armenien. Le
texte, deja vote par les deputes le 22 decembre, a ete vote conforme
(sans modification), ce qui signifie qu'il est definitivement adopte
par le Parlement francais. Vote par 237 senateurs (sur 347), dont 127
senateurs pour et 86 contre, ce texte prevoit un an de prison et 45
000 euros d'amende en cas de negation d'un genocide reconnu par la loi
francaise. Deux genocides, celui des Juifs pendant la Seconde guerre
mondiale et celui des Armeniens entre 1915 et 1917, sont reconnus,
mais jusqu'a ce jour, seule la negation du premier etait puni.
Cette adoption pourrait provoquer une crise diplomatique majeure
entre Paris et Ankara. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan doit
s'exprimer ce mardi, lors du discours qu'il prononce chaque semaine
devant les deputes de son parti. Après un premier vote du texte, par
les deputes francais le 22 decembre, il avait très vivement reagi,
gelant la cooperation politique et militaire avec la France, son allie
de l'Otan, et denoncant un "genocide" commis par les colonisateurs
francais en Algerie.
Juppe tend la main a "nos amis turcs"
Dès ce matin, Alain Juppe a essaye de deminer le terrain. "Je
voudrais appeler nos amis turcs au sang-froid" et tendre "la main"
a ce "grand pays, cette grande puissance economique, politique", a
declare le ministre des Affaires etrangères sur Canal +. "Nous avons
besoin d'avoir de bonnes relations" avec la Turquie. "Passee cette
vague un petit peu excessive il faut bien le dire, je suis persuade
que nous retrouverons des relations constructives" avec Ankara, a
ajoute le chef de la diplomatie francaise qui a precise qu'en tant
que chef de la diplomatie francaise il jugeait cette loi "inopportune".
La Turquie y voit un "manque total de respect"
Quelques minutes après le vote, le ministre turc de la Justice a,
de son côte, evoque un "manque total de respect" de la France et une
"grande injustice" pour la Turquie, pays dans lequel cette loi est
"nulle et non avenue", a-t-il prevenu. Le president de la Commission
des affaires etrangères du Parlement turc a pour sa part indique
sur son compte Twitter que "la France a ouvert une page sombre de
son Histoire". L'ambassade turque a menace la France de represailles
"permanentes" si la loi est promulguee.
La Turquie reconnaît que des massacres ont ete commis et que quelque
500 000 Armeniens ont peri en Anatolie entre 1915 et 1917, mais elle
refute le terme de genocide. Les Armeniens evoquent, eux, 1,5 million
de morts.
Symptôme de la profonde vexation turque, le maire d'Ankara, membre
du parti majoritaire AKP, avait annonce après le vote des deputes
francais que la municipalite debaptiserait des rues portant des noms
francais et fera eriger, près de l'ambassade de France, un monument
a la memoire des victimes algeriennes de la colonisation francaise.
Manifestations devant le Senat
Au moment de l'ouverture des debats au Senat peu après 15
heures, plusieurs centaines de personnes etaient reunies a l'appel
d'associations franco-armeniennes et franco-turques, les CRS tenant les
deux regroupements a l'ecart l'un de l'autre, a proximite du Palais du
Luxembourg. A l'interieur, dans les escaliers des tribunes bondees,
des gardes republicains, fait rarissime, filtraient les entrees aux
côtes des agents du Senat. Les ambassadeurs a Paris de la Turquie,
Tahsin Burcuoglu, et de l'Armenie, Vigen Tchitetchian, avaient pris
place dans les tribunes.
"Lutter contre le poison negationniste"
Representant le gouvernement, Patrick Ollier, ministre des relations
avec le Parlement, a justifie cette proposition de loi de la deputee
UMP Valerie Boyer par la necessite pour "notre societe (...) de
lutter contre le poison negationniste". "Cette proposition de loi
participe d'un mouvement generalise de repression des propos racistes
et xenophobes. Elle n'est pas une loi memorielle", a argue le ministre.
Au sein du gouvernement, le texte a ete critique par Alain Juppe
(Affaires etrangères) et Bruno Le Maire (Agriculture), qui y voient
justement une loi memorielle.
Les senateurs opposes au texte ont defendu en vain trois motions
de procedure et quelques amendements pour faire entendre leur point
de vue. La proposition de loi a profondement divise les senateurs,
beaucoup plus que les deputes, tous partis confondus, meme si une
majorite a finalement ete trouvee en faveur d'un texte defendu par le
president Nicolas Sarkozy et beneficiant du soutien des deux principaux
groupes, UMP et PS. A quelques mois d'echeances electorales majeures,
les deux partis ne comptaient pas se passer des voix de la communaute
armenienne, la plus importante d'Europe occidentale (environ 600.000
membres).