GENOCIDE ARMENIEN : L'INTRANSIGEANCE TURQUE DE MOINS EN MOINS TENABLE
Stephane
armenews.com
vendredi 27 janvier 2012
A trois ans du centenaire du genocide, les analystes estiment que
l'instransigeance turque est de moins en tenable vis-a-vis des pays qui
veulent, a l'instar de la France, legiferer sur le genocide armenien.
Gel de la cooperation politique et militaire, menaces sur les echanges
economiques et culturels : depuis plus d'un mois, la Turquie montre
ses muscles a la France dans l'espoir de la dissuader d'adopter une
loi reprimant la negation des genocides reconnus par la loi francaise,
dont le genocide des Armeniens vivant dans l'empire ottoman en 1915-17.
Mais ses efforts risquent d'echouer : après l'Assemblee nationale
en decembre, le Senat francais a vote la loi lundi et seule une
eventuelle intervention du Conseil constitutionnel pourrait empecher
sa promulgation.
Heritière de l'empire ottoman, la Turquie recuse categoriquement
ce terme de genocide, et cette determination s'exprime depuis des
decennies, avec un soutien inconditionnel de tous les partis, par des
remontrances plus ou moins vigoureuses aux pays souhaitant reconnaître
le genocide ou penaliser sa negation.
Cette position n'a pourtant pas empeche la reconnaissance par plus
d'une vingtaine d'Etats. Et surtout, elle est de moins en moins
tenable pour Ankara, estime l'editorialiste Semih Idiz dans le
quotidien Milliyet.
"La Turquie multiplie les menaces contre la France. Mais dans quelques
semaines le sujet refera son apparition au Congrès americain. Et
il y a d'autres pays dans la file d'attente. Est-ce que la Turquie
va rappeler son ambassadeur a chaque fois ? Nous sommes face a une
situation absurde", ecrit-il.
"Cette strategie negative et reactive a echoue, et personnes n'est
pret a le reconnaître. J'espère qu'a un moment les autorites vont
reflechir et proposer autre chose pour faire face au centenaire du
genocide armenien qui approche", confirme Cengiz Aktar, professeur
de relations internationales a l'universite stambouliote de Bahcesehir.
Pour Hugh Pope, de l'International Crisis Group, la solution passe
par une normalisation des relations avec l'Armenie, bloquee par la
question du genocide aussi bien que par le conflit entre l'Armenie et
l'Azerbaïdjan, allie de la Turquie, pour la possession de l'enclave
du Nagorny-Karabakh.
"De nombreuses personnes en Turquie s'inquiètent de la facon dont
le pays va gerer la situation en 2015 et pensent qu'elle doit se
lancer sur la voie de la reconciliation avec les Armeniens pour
etre du meme côte que les gens qui vont commemorer les communautes
armeniennes disparues d'Anatolie (...) et ne pas etre une cible",
commente l'analyste.
Une avancee historique s'etait produite en 2009 avec la signature par
Ankara et Erevan de protocoles prevoyant la normalisation de leurs
relations, mais ces textes n'ont jamais ete ratifies, la Turquie
reclamant une resolution prealable de la question du Nagorny-Karabakh.
La Turquie ne pourra pas non plus echapper a son devoir de memoire,
et a une forme de contrition, affirme Soli Ozel, chroniqueur du
quotidien HaberTurk et professeur de relations internationales a
l'universite stambouliote Kadir Has.
"Il faut tout d'abord exprimer un chagrin, et ca l'Etat turc ne l'a
jamais fait. C'est vraiment le point de depart" d'un apaisement de
la question armenienne, declare-t-il.
Ankara refute le terme de genocide mais reconnaît que des massacres
ont ete commis et que quelque 500.000 Armeniens ont peri en Anatolie
entre 1915 et 1917, les Armeniens evoquant 1,5 million de morts.
Stephane
armenews.com
vendredi 27 janvier 2012
A trois ans du centenaire du genocide, les analystes estiment que
l'instransigeance turque est de moins en tenable vis-a-vis des pays qui
veulent, a l'instar de la France, legiferer sur le genocide armenien.
Gel de la cooperation politique et militaire, menaces sur les echanges
economiques et culturels : depuis plus d'un mois, la Turquie montre
ses muscles a la France dans l'espoir de la dissuader d'adopter une
loi reprimant la negation des genocides reconnus par la loi francaise,
dont le genocide des Armeniens vivant dans l'empire ottoman en 1915-17.
Mais ses efforts risquent d'echouer : après l'Assemblee nationale
en decembre, le Senat francais a vote la loi lundi et seule une
eventuelle intervention du Conseil constitutionnel pourrait empecher
sa promulgation.
Heritière de l'empire ottoman, la Turquie recuse categoriquement
ce terme de genocide, et cette determination s'exprime depuis des
decennies, avec un soutien inconditionnel de tous les partis, par des
remontrances plus ou moins vigoureuses aux pays souhaitant reconnaître
le genocide ou penaliser sa negation.
Cette position n'a pourtant pas empeche la reconnaissance par plus
d'une vingtaine d'Etats. Et surtout, elle est de moins en moins
tenable pour Ankara, estime l'editorialiste Semih Idiz dans le
quotidien Milliyet.
"La Turquie multiplie les menaces contre la France. Mais dans quelques
semaines le sujet refera son apparition au Congrès americain. Et
il y a d'autres pays dans la file d'attente. Est-ce que la Turquie
va rappeler son ambassadeur a chaque fois ? Nous sommes face a une
situation absurde", ecrit-il.
"Cette strategie negative et reactive a echoue, et personnes n'est
pret a le reconnaître. J'espère qu'a un moment les autorites vont
reflechir et proposer autre chose pour faire face au centenaire du
genocide armenien qui approche", confirme Cengiz Aktar, professeur
de relations internationales a l'universite stambouliote de Bahcesehir.
Pour Hugh Pope, de l'International Crisis Group, la solution passe
par une normalisation des relations avec l'Armenie, bloquee par la
question du genocide aussi bien que par le conflit entre l'Armenie et
l'Azerbaïdjan, allie de la Turquie, pour la possession de l'enclave
du Nagorny-Karabakh.
"De nombreuses personnes en Turquie s'inquiètent de la facon dont
le pays va gerer la situation en 2015 et pensent qu'elle doit se
lancer sur la voie de la reconciliation avec les Armeniens pour
etre du meme côte que les gens qui vont commemorer les communautes
armeniennes disparues d'Anatolie (...) et ne pas etre une cible",
commente l'analyste.
Une avancee historique s'etait produite en 2009 avec la signature par
Ankara et Erevan de protocoles prevoyant la normalisation de leurs
relations, mais ces textes n'ont jamais ete ratifies, la Turquie
reclamant une resolution prealable de la question du Nagorny-Karabakh.
La Turquie ne pourra pas non plus echapper a son devoir de memoire,
et a une forme de contrition, affirme Soli Ozel, chroniqueur du
quotidien HaberTurk et professeur de relations internationales a
l'universite stambouliote Kadir Has.
"Il faut tout d'abord exprimer un chagrin, et ca l'Etat turc ne l'a
jamais fait. C'est vraiment le point de depart" d'un apaisement de
la question armenienne, declare-t-il.
Ankara refute le terme de genocide mais reconnaît que des massacres
ont ete commis et que quelque 500.000 Armeniens ont peri en Anatolie
entre 1915 et 1917, les Armeniens evoquant 1,5 million de morts.