REVUE DE PRESSE
« Le dentiste oriental », la première `uvre arménienne dans un thétre turc
Par Anne Andlauer
À l'heure où la question du génocide mine à la fois les relations
entre l'Arménie et la Turquie, et entre la Turquie et la France, des
artistes turcs aident à briser les tabous de l'Histoire. Le Thétre
municipal d'Istanbul présente cette saison et entre le 25 et 29
janvier Le dentiste oriental, pièce musicale de l'écrivain arménien
ottoman Hagop Baronian. Écrite en 1869, c'est la première pièce
arménienne à l'affiche d'un thétre turc.
Istanbul, la ville où Hagop Baronian arrive plein d'espoirs à 20 ans,
en 1863, et où il meurt sans argent ni reconnaissance à 48 ans, lui
rend un hommage posthume de la plus simple façon qui soit : en portant
l'une de ses pièces sur les planches d'un thétre public. Simple et
pourtant, cela n'était jamais arrivé, ni à Istanbul, ni ailleurs en
Turquie.
De son vivant, le satiriste arménien subit la censure du pouvoir, de
plus en plus oppressante à partir de 1880. Il meurt en 1891, avant les
premiers massacres d'Arméniens dans l'Empire ottoman et avant le
génocide de 1915. Ces épisodes sanglants sur une terre que Turcs et
Arméniens avaient partagée pendant des siècles légueront aux
oubliettes les `uvres de Baronian et celles de beaucoup d'autres.
« Il y a encore quelques années, cela aurait fait scandale »
Il a fallu que le hasard s'en mêle pour que Engin Alkan, metteur en
scène au thétre municipal d'Istanbul, découvre dans une revue
l'existence de la pièce Le dentiste oriental. Il a surtout fallu que
les tabous commencent à se fissurer en Turquie, que des artistes et
des intellectuels commencent à remettre en cause l'Histoire
officielle, qui n'a jamais reconnu le génocide de 1915.
Jouer la pièce d'un Arménien, qui plus est sur une scène publique ? «
Même si nous l'avions voulu, nous n'aurions pas pu le faire il y a
encore quelques années... Cela aurait certainement fait scandale »,
reconnaît Engin Alkan dans une interview au quotidien turc Hürriyet
Daily News. Mais les temps changent, malgré ce que laisse paraître la
colère du gouvernement turc après le vote au Parlement français cette
semaine d'une loi pénalisant la négation du génocide arménien.
Succès de la saison au thétre municipal d'Istanbul
Le colloque sur les Arméniens à l'Université Bilgi d'Istanbul en 2005,
la pétition demandant « pardon » aux Arméniens de Turquie en 2008, qui
a reçu près de 31 000 signatures, la première commémoration du 24
avril 1915 (date admise de début du génocide) à Istanbul en 2010 et
d'innombrables articles de journaux, livres et débats télévisés
prouvent que la société civile turque s'empare peu à peu du sujet. La
présence du Dentiste oriental à l'affiche d'un thétre stambouliote
cette saison n'est que le dernier exemple.
Affiche de la pièce arménienne `Le dentiste oriental` (1869), de Hagop
Baronian, actuellement au Thétre municipal d'Istanbul.
L'`uvre elle-même porte sur des sujets autrement moins dramatiques.
Hagop Baronian brosse de savoureux portraits de la communauté
arménienne d'Istanbul dans la deuxième moitié du 19e siècle. Pendant
trois heures, il n'est question que d'histoires d'amour et de
tromperies, ponctuées de références aux débats politiques de l'époque.
Un orchestre survolté, des danses, des dialogues hilarants, des
costumes et des maquillages grotesques... Le dentiste oriental est
l'un des grands succès de cette saison au thétre municipal
d'Istanbul. « Les Arméniens sont aux fondements du thétre turc...
Nous devons revendiquer notre passé si nous voulons avancer »,
justifie la directrice artistique du thétre, Ayþenil Þamlýoðlu. Un
bel hommage, décidément, à l'`uvre de Hagop Baronian.
----------------------------------------------------------------
Le dentiste oriental (1869), de Hagop Baronian. Prochaines
représentations sur la scène H. Muhsin Ertuðrul du Thétre municipal
d'Istanbul du 25 au 29 janvier, puis du 29 février au 4 mars 2012.
http://www.rfi.fr/europe/20120125-le-dentiste-oriental-premiere-oeuvre-armenienne-theatre-turc-Istanbul-Hagop-Baronian-genocide-1915-Engin-Alkan
dimanche 29 janvier 2012,
Stéphane ©armenews.com
« Le dentiste oriental », la première `uvre arménienne dans un thétre turc
Par Anne Andlauer
À l'heure où la question du génocide mine à la fois les relations
entre l'Arménie et la Turquie, et entre la Turquie et la France, des
artistes turcs aident à briser les tabous de l'Histoire. Le Thétre
municipal d'Istanbul présente cette saison et entre le 25 et 29
janvier Le dentiste oriental, pièce musicale de l'écrivain arménien
ottoman Hagop Baronian. Écrite en 1869, c'est la première pièce
arménienne à l'affiche d'un thétre turc.
Istanbul, la ville où Hagop Baronian arrive plein d'espoirs à 20 ans,
en 1863, et où il meurt sans argent ni reconnaissance à 48 ans, lui
rend un hommage posthume de la plus simple façon qui soit : en portant
l'une de ses pièces sur les planches d'un thétre public. Simple et
pourtant, cela n'était jamais arrivé, ni à Istanbul, ni ailleurs en
Turquie.
De son vivant, le satiriste arménien subit la censure du pouvoir, de
plus en plus oppressante à partir de 1880. Il meurt en 1891, avant les
premiers massacres d'Arméniens dans l'Empire ottoman et avant le
génocide de 1915. Ces épisodes sanglants sur une terre que Turcs et
Arméniens avaient partagée pendant des siècles légueront aux
oubliettes les `uvres de Baronian et celles de beaucoup d'autres.
« Il y a encore quelques années, cela aurait fait scandale »
Il a fallu que le hasard s'en mêle pour que Engin Alkan, metteur en
scène au thétre municipal d'Istanbul, découvre dans une revue
l'existence de la pièce Le dentiste oriental. Il a surtout fallu que
les tabous commencent à se fissurer en Turquie, que des artistes et
des intellectuels commencent à remettre en cause l'Histoire
officielle, qui n'a jamais reconnu le génocide de 1915.
Jouer la pièce d'un Arménien, qui plus est sur une scène publique ? «
Même si nous l'avions voulu, nous n'aurions pas pu le faire il y a
encore quelques années... Cela aurait certainement fait scandale »,
reconnaît Engin Alkan dans une interview au quotidien turc Hürriyet
Daily News. Mais les temps changent, malgré ce que laisse paraître la
colère du gouvernement turc après le vote au Parlement français cette
semaine d'une loi pénalisant la négation du génocide arménien.
Succès de la saison au thétre municipal d'Istanbul
Le colloque sur les Arméniens à l'Université Bilgi d'Istanbul en 2005,
la pétition demandant « pardon » aux Arméniens de Turquie en 2008, qui
a reçu près de 31 000 signatures, la première commémoration du 24
avril 1915 (date admise de début du génocide) à Istanbul en 2010 et
d'innombrables articles de journaux, livres et débats télévisés
prouvent que la société civile turque s'empare peu à peu du sujet. La
présence du Dentiste oriental à l'affiche d'un thétre stambouliote
cette saison n'est que le dernier exemple.
Affiche de la pièce arménienne `Le dentiste oriental` (1869), de Hagop
Baronian, actuellement au Thétre municipal d'Istanbul.
L'`uvre elle-même porte sur des sujets autrement moins dramatiques.
Hagop Baronian brosse de savoureux portraits de la communauté
arménienne d'Istanbul dans la deuxième moitié du 19e siècle. Pendant
trois heures, il n'est question que d'histoires d'amour et de
tromperies, ponctuées de références aux débats politiques de l'époque.
Un orchestre survolté, des danses, des dialogues hilarants, des
costumes et des maquillages grotesques... Le dentiste oriental est
l'un des grands succès de cette saison au thétre municipal
d'Istanbul. « Les Arméniens sont aux fondements du thétre turc...
Nous devons revendiquer notre passé si nous voulons avancer »,
justifie la directrice artistique du thétre, Ayþenil Þamlýoðlu. Un
bel hommage, décidément, à l'`uvre de Hagop Baronian.
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Le dentiste oriental (1869), de Hagop Baronian. Prochaines
représentations sur la scène H. Muhsin Ertuðrul du Thétre municipal
d'Istanbul du 25 au 29 janvier, puis du 29 février au 4 mars 2012.
http://www.rfi.fr/europe/20120125-le-dentiste-oriental-premiere-oeuvre-armenienne-theatre-turc-Istanbul-Hagop-Baronian-genocide-1915-Engin-Alkan
dimanche 29 janvier 2012,
Stéphane ©armenews.com