Rencontre Fabius-Davotuglu : la Turquie place ses pions
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=65330
Publié le : 05-07-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le ministre turc des
Affaires étrangères Ahmet Davutoglu tiendra des pourparlers bilatéraux
avec son homologue français Laurent Fabius ce 5 juillet à Paris : «
Ankara espère que la France cessera de bloquer cinq chapitres de
négociations sur l'accession de la Turquie à l'Union Européenne. » «
Le renouvellement de l'accord de 60 ans sur la coopération dans le
domaine de la culture est également important. La mise à jour de cet
accord permettra à la Turquie d'ouvrir des instituts culturels Yunus
Emre en France, tandis que la France pourra renforcer ses trois
instituts en Turquie. » « Il ne fait aucun doute que la puissante
diaspora arménienne continuera à exercer des pressions sur les
législateurs français, pour faire adopter une loi pénalisant la
négation du génocide arménien, et ce jusqu'en 2015, année du
centenaire du prétendu génocide. » annonce le journaliste. Tout est
dit en quelques phrases. Un article du journal Zaman, proche de l'AKP,
laissait déjà entendre le 27 janvier dernier que les instituts
culturels Yunus Emre serviraient à propager à l'étranger la stratégie
négationniste de l'Etat turc pour 2015¦ Le Collectif VAN vous livre la
traduction d'un article en anglais paru sur le site turc Hurriyet
Daily News le 4 juillet 2012.
Légende photo: Laurent Fabius, ministre français des Affaires
étrangères et son homologue turc Ahmet Davutoglu
Une nouvelle page s'ouvre pour Ankara et Paris
ANKARA - Hürriyet Daily News
Serkan DemirtaÅ? [email protected]
4 juillet 2012
Parmi tout le bruit et la fureur concernant la Syrie, et, en
particulier, suite à l'histoire de l'avion turc abattu par les forces
syriennes, un autre événement très important pour la politique
étrangère turque a eu lieu cette semaine.
Le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu tiendra des
pourparlers bilatéraux avec son homologue français Laurent Fabius le 5
juillet, après des mois de froideur entre les deux alliés, en raison
de l'attitude inexplicablement hostile de l'ancienne administration
française à l'encontre d'Ankara.
Le départ de Nicolas Sarkozy du Palais de l'Elysée, suite à la
victoire du socialiste François Hollande, est déjà un signe qu'un
processus de réconciliation peut maintenant s'engager entre Ankara et
Paris. Hollande a rencontré le président Abdullah Gül à Chicago et le
Premier ministre Tayyip Erdogan au Brésil, en marge des sommets
internationaux.
Mais le vrai coup d'envoi est prévu à Paris cette semaine. Les deux
parties Å`uvrent sérieusement pour que cette première réunion soit un
succès et un début significatif pour accroître la coopération dans de
nombreux domaines. La question la plus importante, cependant, sera la
Syrie. Étant donné que la rencontre bilatérale entre les deux
ministres aura lieu juste un jour avant la troisième réunion des Amis
de la Syrie, Davutoglu et Fabius évalueront les développements
récents, suite aux réunions du Caire et de Genève. On peut s'attendre
à davantage de consultations entre les deux capitales désormais, car
les deux pays hébergent des personnalités importantes de l'opposition
syrienne, qui doivent cependant réussir à établir un front uni contre
le régime de Bachar al-Assad.
Suite à cette réunion bilatérale, la France espère que les sanctions
militaires que la Turquie lui a imposées, après que le Parlement de la
France a adopté le projet de loi pénalisant la négation du génocide
arménien le 22 décembre 2011, seront levées. Bien qu'Erdogan ait
appelé Ã annuler ces huit sanctions, ses instructions n'ont pas encore
été appliquées. Les avions militaires français ne peuvent pas utiliser
l'espace aérien turc et on interdit toujours aux navires d'entrer dans
les eaux territoriales turques. L'Attaché français de la défense est
toujours sur la liste noire du commandant de l'État-major.
La France s'attend à ce que Davutoglu annonce formellement la levée de
ces sanctions pendant les pourparlers à Paris.
En retour, Ankara espère que la France cessera de bloquer les cinq
chapitres des négociations d'accession de la Turquie à l'Union
Européenne. Fabius indiquera probablement à son homologue turc que la
nouvelle administration ne veut pas bloquer les pourparlers d'adhésion
de la Turquie, comme Hollande l'a déclaré pendant la campagne
électorale.
Cependant, la levée de ces blocages prendra un certain temps. Et, en
raison du fait que Chypre grec a pris la présidence tournante de l'UE
pour les six derniers mois de 2012, les deux parties pourront utiliser
cette période pour travailler activement sur ces chapitres et achever
les préparations pour la présidence de l'Irlande en 2013. [Nota CVAN :
s'il y a bien une appellation « Chypre-Nord » pour la partie de l'île
occupée illégalement par l'Armée turque depuis 1974, ce que le
journaliste appelle ici « Chypre grec » ne correspond à aucun des
standards internationaux pour désigner un Etat qui s'appelle
simplement Chypre et qui est membre de l'Union européenne.]
Le renouvellement de l'accord de 60 ans sur la coopération dans le
domaine de la culture est également important. La mise à jour de cet
accord permettra à la Turquie d'ouvrir des instituts culturels Yunus
Emre en France, tandis que la France pourra renforcer ses trois
instituts en Turquie.
Mis à part toutes ces questions positives, il ne fait aucun doute que
la puissante diaspora arménienne continuera à exercer des pressions
sur les législateurs français, pour faire adopter une loi pénalisant
la négation du génocide arménien, et ce jusqu'en 2015, année du
centenaire du prétendu génocide. Le fait que le Conseil
Constitutionnel français a imposé son veto à cette loi en avril rendra
sûrement les futures tentatives plus difficiles, mais cela n'arrêtera
pas les efforts de quelques législateurs français fervents à l'avenir.
Pendant leur rencontre, Davutoglu et Fabius aborderont aussi ce sujet
et ils rechercheront des moyens permettant d'éviter au mieux une crise
potentielle future.
©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN ` 4 juillet
2012 ` 08:00 - www.collectifvan.org
Lire aussi :
Tour de France-Turquie : prochaine étape au Quai d'Orsay
Les liaisons dangereuses de nos universités
Qui dénoncera le Goulag turc ?
Euro 2012 : Erdogan passe le ballon à Hollande
http://zaman.com.tr/haber.do?haberno=1236056&title=t%FCrkiyenin-2015-stratejisine-ihtiyac%FD-var(en
turc)
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Source/Lien : Hurriyet Daily News
From: A. Papazian
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=65330
Publié le : 05-07-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le ministre turc des
Affaires étrangères Ahmet Davutoglu tiendra des pourparlers bilatéraux
avec son homologue français Laurent Fabius ce 5 juillet à Paris : «
Ankara espère que la France cessera de bloquer cinq chapitres de
négociations sur l'accession de la Turquie à l'Union Européenne. » «
Le renouvellement de l'accord de 60 ans sur la coopération dans le
domaine de la culture est également important. La mise à jour de cet
accord permettra à la Turquie d'ouvrir des instituts culturels Yunus
Emre en France, tandis que la France pourra renforcer ses trois
instituts en Turquie. » « Il ne fait aucun doute que la puissante
diaspora arménienne continuera à exercer des pressions sur les
législateurs français, pour faire adopter une loi pénalisant la
négation du génocide arménien, et ce jusqu'en 2015, année du
centenaire du prétendu génocide. » annonce le journaliste. Tout est
dit en quelques phrases. Un article du journal Zaman, proche de l'AKP,
laissait déjà entendre le 27 janvier dernier que les instituts
culturels Yunus Emre serviraient à propager à l'étranger la stratégie
négationniste de l'Etat turc pour 2015¦ Le Collectif VAN vous livre la
traduction d'un article en anglais paru sur le site turc Hurriyet
Daily News le 4 juillet 2012.
Légende photo: Laurent Fabius, ministre français des Affaires
étrangères et son homologue turc Ahmet Davutoglu
Une nouvelle page s'ouvre pour Ankara et Paris
ANKARA - Hürriyet Daily News
Serkan DemirtaÅ? [email protected]
4 juillet 2012
Parmi tout le bruit et la fureur concernant la Syrie, et, en
particulier, suite à l'histoire de l'avion turc abattu par les forces
syriennes, un autre événement très important pour la politique
étrangère turque a eu lieu cette semaine.
Le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu tiendra des
pourparlers bilatéraux avec son homologue français Laurent Fabius le 5
juillet, après des mois de froideur entre les deux alliés, en raison
de l'attitude inexplicablement hostile de l'ancienne administration
française à l'encontre d'Ankara.
Le départ de Nicolas Sarkozy du Palais de l'Elysée, suite à la
victoire du socialiste François Hollande, est déjà un signe qu'un
processus de réconciliation peut maintenant s'engager entre Ankara et
Paris. Hollande a rencontré le président Abdullah Gül à Chicago et le
Premier ministre Tayyip Erdogan au Brésil, en marge des sommets
internationaux.
Mais le vrai coup d'envoi est prévu à Paris cette semaine. Les deux
parties Å`uvrent sérieusement pour que cette première réunion soit un
succès et un début significatif pour accroître la coopération dans de
nombreux domaines. La question la plus importante, cependant, sera la
Syrie. Étant donné que la rencontre bilatérale entre les deux
ministres aura lieu juste un jour avant la troisième réunion des Amis
de la Syrie, Davutoglu et Fabius évalueront les développements
récents, suite aux réunions du Caire et de Genève. On peut s'attendre
à davantage de consultations entre les deux capitales désormais, car
les deux pays hébergent des personnalités importantes de l'opposition
syrienne, qui doivent cependant réussir à établir un front uni contre
le régime de Bachar al-Assad.
Suite à cette réunion bilatérale, la France espère que les sanctions
militaires que la Turquie lui a imposées, après que le Parlement de la
France a adopté le projet de loi pénalisant la négation du génocide
arménien le 22 décembre 2011, seront levées. Bien qu'Erdogan ait
appelé Ã annuler ces huit sanctions, ses instructions n'ont pas encore
été appliquées. Les avions militaires français ne peuvent pas utiliser
l'espace aérien turc et on interdit toujours aux navires d'entrer dans
les eaux territoriales turques. L'Attaché français de la défense est
toujours sur la liste noire du commandant de l'État-major.
La France s'attend à ce que Davutoglu annonce formellement la levée de
ces sanctions pendant les pourparlers à Paris.
En retour, Ankara espère que la France cessera de bloquer les cinq
chapitres des négociations d'accession de la Turquie à l'Union
Européenne. Fabius indiquera probablement à son homologue turc que la
nouvelle administration ne veut pas bloquer les pourparlers d'adhésion
de la Turquie, comme Hollande l'a déclaré pendant la campagne
électorale.
Cependant, la levée de ces blocages prendra un certain temps. Et, en
raison du fait que Chypre grec a pris la présidence tournante de l'UE
pour les six derniers mois de 2012, les deux parties pourront utiliser
cette période pour travailler activement sur ces chapitres et achever
les préparations pour la présidence de l'Irlande en 2013. [Nota CVAN :
s'il y a bien une appellation « Chypre-Nord » pour la partie de l'île
occupée illégalement par l'Armée turque depuis 1974, ce que le
journaliste appelle ici « Chypre grec » ne correspond à aucun des
standards internationaux pour désigner un Etat qui s'appelle
simplement Chypre et qui est membre de l'Union européenne.]
Le renouvellement de l'accord de 60 ans sur la coopération dans le
domaine de la culture est également important. La mise à jour de cet
accord permettra à la Turquie d'ouvrir des instituts culturels Yunus
Emre en France, tandis que la France pourra renforcer ses trois
instituts en Turquie.
Mis à part toutes ces questions positives, il ne fait aucun doute que
la puissante diaspora arménienne continuera à exercer des pressions
sur les législateurs français, pour faire adopter une loi pénalisant
la négation du génocide arménien, et ce jusqu'en 2015, année du
centenaire du prétendu génocide. Le fait que le Conseil
Constitutionnel français a imposé son veto à cette loi en avril rendra
sûrement les futures tentatives plus difficiles, mais cela n'arrêtera
pas les efforts de quelques législateurs français fervents à l'avenir.
Pendant leur rencontre, Davutoglu et Fabius aborderont aussi ce sujet
et ils rechercheront des moyens permettant d'éviter au mieux une crise
potentielle future.
©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN ` 4 juillet
2012 ` 08:00 - www.collectifvan.org
Lire aussi :
Tour de France-Turquie : prochaine étape au Quai d'Orsay
Les liaisons dangereuses de nos universités
Qui dénoncera le Goulag turc ?
Euro 2012 : Erdogan passe le ballon à Hollande
http://zaman.com.tr/haber.do?haberno=1236056&title=t%FCrkiyenin-2015-stratejisine-ihtiyac%FD-var(en
turc)
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From: A. Papazian