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    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=65328
    Publié le : 05-07-2012


    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Alors que la Turquie donne
    des leçons de « liberté d'expression » aux Etats qui s'aviseraient de
    vouloir pénaliser ` sur leur sol - la négation du génocide arménien,
    et tandis que la « démocratie » turque est donnée en modèle aux
    révolutions arabes, les opposants politiques turcs et kurdes jugés ces
    jours-ci à Silivri, pris en étau « entre l'ordre kaki et le fascisme
    vert », attendent l'aide urgente de la France. Le Collectif VAN écrit
    au ministre français des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius, Ã
    l'occasion de la venue en France de son homologue turc Ahmet Davutoglu
    le 5 juillet 2012 Ã Paris.

    Copyright photo: MAE

    Issy-les-Moulineaux, le 5 juillet 2012

    M. Laurent Fabius
    Ministre des Affaires étrangères
    37 Quai d'Orsay
    75351 Paris 07
    Monsieur le Ministre,

    Depuis ce lundi 2 juillet, 205 femmes et hommes, éditeurs,
    journalistes, universitaires, étudiants, hommes politiques,
    syndicalistes, avocats, défenseurs des droits de l'homme, sont jugés
    en Turquie dans le cadre d'un procès politique fleuve. Il se déroule
    sous haute surveillance au sein de la prison de Silivri à 67 kms
    d'Istanbul.

    Les procédures judiciaires montées de toutes pièces visent - sous
    l'accusation fallacieuse de « terrorisme » - à museler le droit à la
    liberté d'expression en Turquie. Parmi les prévenus, d'éminents
    intellectuels turcs et kurdes : l'éditeur Ragıp Zarakolu [Fondateur de
    l'Association turque des droits de l'homme ` IHD, pressenti pour le
    Prix Nobel de la Paix 2012], son fils Deniz Zarakolu, l'universitaire
    Büsra Ersanlı, la traductrice Ayse Berktay, et bien d'autres
    personnalités. A titre indicatif, le Procureur public d'Istanbul,
    Adnan Çimen, a requis respectivement 7,5 Ã 15 ans de prison contre M.
    Ragıp Zarakolu et 15 à 22,5 ans d'emprisonnement contre Mme BüÅ?ra
    Ersanlı.

    Le « crime » réel de ces intellectuels turcs et kurdes, présentés dans
    le cadre des procès KCK devant le tribunal du Pénitencier de Silivri,
    est d'avoir donné des conférences sur les droits du peuple kurde ou
    d'avoir brisé le tabou du génocide arménien en éditant des ouvrages
    allant à l'encontre de l'historiographie officielle de l'Etat turc.
    L'éditeur Ragip Zarakolu a déclaré lors de la conférence de presse qui
    s'est tenue à l'issue de la première audience : « Un cancer ronge ce
    pays dans le cadre de ce procès KCK ». Il a ajouté : « La liberté
    d'expression est gravement menacée en Turquie, comme à l'époque du 12
    septembre 1980, date à laquelle le pays a connu le plus grave coup
    d'Etat qui a modelé la Turquie en instaurant un régime autoritaire ».

    Monsieur le Ministre, ces personnalités attendent l'aide urgente de la
    France. Elles ne sont que la partie immergée de l'iceberg : plus de
    7000 opposants politiques attendent le printemps turc en prison. Parmi
    eux, 600 étudiants dont Cihan Kimizigül, étudiant de l'université
    franco-turque Galatasaray, condamné Ã une peine de 11 ans et 3 mois de
    prison le 11 mai dernier pour port d'un foulard kurde¦

    Les accusés de Silivri ne sont pas les seules victimes de la
    répression turque : la sociologue Pınar Selek, bien qu'en exil en
    France, est toujours harcelée. Persécutée par le pouvoir turc depuis
    1998, condamnée trois fois à la prison à vie et trois fois acquittée,
    elle est menacée en cas de retour en Turquie : une peine
    d'emprisonnement à vie aggravée a été demandée lors de la nouvelle
    audience du 7 mars 2012.

    L'arbitraire des lois turques a également conduit à l'incarcération de
    la jeune Française d'origine turque, Sevil Sevimli, arrêtée le 10 mai
    2012 pour « appartenance à un mouvement terroriste armé, le DHKP-C ».
    L'étudiante lyonnaise, partie dans le cadre des échanges Erasmus, est
    « coupable » d'avoir assisté Ã un concert du Grup Yorum, et d'avoir
    participé Ã un pique-nique lors de la manifestation du 1er mai Ã
    Istanbul. Bien que née en France, elle est considérée comme Turque, la
    Turquie n'admettant ni la bi-nationalité, ni l'abandon de la
    nationalité turque.

    Nous vous serions reconnaissants d'intervenir auprès de votre
    homologue turc, M. Ahmet Davutoglu, que vous recevez ce 5 juillet
    2012, afin d'intercéder en faveur de l'acquittement total et de la
    libération des personnes citées ci-dessus.

    Par ailleurs, nous attirons votre attention sur l'éthique des
    partenariats « culturels » signés avec la Turquie. Car à travers
    divers instituts et think tanks créés ou relayés en France, c'est en
    fait une stratégie raciste et négationniste qu'Ankara met en place
    pour 2015 afin de contrer le centenaire du génocide arménien.

    Il est temps d'avoir le courage d'affirmer que le négationnisme imposé
    par la Turquie - non seulement sur son sol mais également dans le
    monde entier - ne peut avoir droit de cité dans notre République, dans
    nos écoles et dans nos universités. Il en va de la démocratie en
    Turquie, mais également de la protection de notre espace citoyen.

    Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Ministre,
    l'expression de ma très haute considération.

    Séta Papazian
    Présidente du Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le Négationnisme]
    BP 20083 - 92133 Issy-les-Moulineaux - France - Boîte vocale : +33
    (0)1 77 62 70 77 - Email: [email protected]
    http://www.collectifvan.org


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