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Turquie: Erdogan provoque Hollande, une étudiante française écrouée

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    Turquie: Erdogan provoque Hollande, une étudiante française écrouée

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=65324
    Publié le : 06-07-2012


    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
    présente ce Communiqué de Presse d'Amitiés kurdes de Bretagne publié
    le 30 juin 2012.



    Communique de presse

    Légende photo: arrestation musclée de responsables syndicaux


    samedi 30 juin 2012
    par Amitiés kurdes de Bretagne

    L'élection de François Hollande comme président de la République
    française a été diversement appréciée par le gouvernement islamo
    conservateur de RT Erdogan, oscillant entre le soulagement d'être
    débarrassé de son prédécesseur et les craintes suscitées par certaines
    de ses déclarations lors de sa campagne électorale. N'a-t-il pas
    déclaré que la reconnaissance du génocide arménien par l'État turc
    devait constituer un critère supplémentaire de l'adhésion de la
    Turquie à l'Union européenne ? Ses ministres des Affaires étrangères,
    Laurent Fabius et de l'Economie, Pierre Moscovici, n'ont-t-il pas,
    comme lui, voté la loi (retoquée par la suite par le Conseil
    constitutionnel) sur la pénalisation de la négation du génocide
    arménien ? N'a-t-il pas persisté en déclarant encore :

    "J'ai cette conviction qu'il relève de la responsabilité des États de
    reconnaître les génocides, lorsqu'ils sont avérés par la recherche
    historique, comme l'est le génocide arménien, et que le négationnisme
    est une expression de violence qui n'a pas sa place dans notre
    République."

    N'a-t-on pas remarqué que l'un des proches amis du Président,
    l'énarque Jean-Maurice Ripert (promotion Voltaire, comme F Hollande),
    chef de la délégation de l'union européenne en Turquie, dont les
    discrètes prises de position en faveur des Droits de l'Homme ne sont
    pas complètement passées inaperçues, s'est permis récemment de
    critiquer ouvertement les récentes déclarations "inappropriées" du
    Premier ministre turc à propos de la question portant sur les
    interruptions volontaires de grossesse ?

    Toutefois, nécessité fait loi et le contact franco-turc, en marge du
    sommet de l'Otan à Chicago, a été qualifié de "fructueux" : il a
    permis au président Gül et à son tout puissant Premier ministre de
    lever les sanctions prises contre la France et d'inviter à Ankara le
    Président Hollande, la Turquie souhaitant vivement, en effet, qu'un
    rapprochement avec la France puisse accélérer le processus d'adhésion
    à l'Union européenne. Pour autant il n'est pas question d'accueillir
    le nouveau président français sans lui rappeler qu'il y a des
    questions "sensibles" sur lesquelles il est attendu : l'arrestation
    puis l'incarcération d'une jeune française accusée de "terrorisme"
    viennent à point nommé, à moins que cette affaire soit le fruit d'un
    "coup tordu", histoire de mettre la pression sur l'illustre visiteur.

    L'échange universitaire tourne à la tragédie : Sevil est en prison
    depuis le 10 mai

    "Avec Erasmus tu peux étudier dans l'un des 33 pays européens qui
    participent au programme d'échange et te perfectionner dans une langue
    étrangère".

    Comme des milliers d'étudiants, Sevil, 20 ans, étudiante en Info-Com à
    l'université de Lyon 2, a souhaité bénéficier de ces échanges entre
    universités et est partie étudier, dans le cadre de ces programmes
    européens, à l'université turque d'Eskisehir, à 300 km au sud-est
    d'Istanbul. Arrêtée à l'heure du laitier par la police anti-terroriste
    le 10 mai avec plusieurs de ses camarades étudiants, elle est détenue
    depuis pour appartenance présumée au DHKP-C (Front de libération du
    peuple révolutionnaire), un groupe d'extrême gauche illégal. D'après
    les interrogatoires qu'elle a subis portant exclusivement sur sa
    présence à des activités publiques et légales, il lui serait reproché
    sa participation aux manifestations du 1er mai et à un concert de
    Yorum, un groupe très populaire chez les jeunes réunissant
    régulièrement des milliers de fans, mais nul ne sait exactement les
    chefs d'accusation, le dossier étant inaccessible même pour les
    avocats de la défense, même pour l'ambassade de France à Ankara. Car
    Sévil est française, née en France de parents kurdes, de confession
    alévie, installés en France depuis près de 30 ans. Et c'est bien là
    que réside la provocation : pour les autorités françaises, Sévil est
    française, son passeport français l'atteste, alors que pour les
    autorités turques, Sévil est turque et traitée comme telle. Sévil,
    otage, serait-elle l'objet d'un marchandage ?

    La diplomatie française s'active et a obtenu une amélioration des
    conditions de détention. Mais c'est une libération immédiate qu'il
    faut obtenir pour notre concitoyenne dont l'innocence ne fait de doute
    pour personne.

    >Sevil n'est pas un cas isolé en Turquie
    La malheureuse histoire de Sevil met d'autre part en lumière la
    répression exercée par le pouvoir turc contre les étudiants et
    collégiens contestataires dont nombre d'entre eux se trouvent déjà
    exclus de leurs établissements. Pour d'autres, c'est la prison : plus
    de 700 étudiants sont détenus et les interpellations continuent, comme
    le signale le sénateur communiste Michel Billout, dans son courrier
    adressé à Laurent Fabius :

    "Les étudiants kurdes sont quotidiennement victimes de ce mode de
    répression. Au moins 58 étudiants en médecine ont été arrêtés le 6
    juin dans sept villes dont Ankara, Istanbul et Diyarbakir. On ignore
    les accusations portées contre eux en raison du secret apposé sur le
    dossier, comme pour la grande majorité des autres arrestations
    politiques. Le 7 juin 2012, deux autres étudiants, Ferhat Tuzer et
    Berna Yilmaz, ont été condamnés chacun à 8 ans et cinq mois de prison
    par un tribunal d'Istanbul pour avoir demandé « l'enseignement gratuit
    » lors d'un déplacement du premier ministre Erdogan à Istanbul en mars
    2010. Au moins 102 étudiants ont été placés en garde à vue au cours
    des dix premiers jours de ce seul mois juin, contre 127 au cours du
    mois de mai, 116 en avril et 100 en mars. Près de la moitié des
    étudiants arrêtés entre le 1er et le 10 juin ont été envoyés en
    prison. Du 12 au 16 février 2012, j'ai personnellement conduit une
    délégation d'élus communistes dans la région kurde de la Turquie afin
    de rencontrer des élus locaux et nationaux victimes de la répression
    du gouvernement turc. Durant mon séjour, sous couvert de complicité
    avec une organisation terroriste, il y a eu près de 160 arrestations
    le lundi 13 février et plus de 450 le mercredi 15, lors de
    manifestations pacifiques."

    Après les députés, les maires, les journalistes, les avocats, les
    étudiants, ce sont les militants syndicaux qu'on conduit en prison

    Lami Ozgen, président de la Confédération des syndicats des
    fonctionnaires (KESK), Siddik Akin, secrétaire général du syndicat des
    travailleurs du secteur de la santé et des services (SES), Izettin
    Alpergin, secrétaire général du syndicat des travailleurs municipaux
    (Tüm Bel-Sen) figurent parmi les 71 militant(e)s syndicalistes kurdes
    interpellés le 25 juin dernier, lors des opérations policières menées
    simultanément dans seize villes, dont Istanbul, Ankara, Izmir et
    Diyarbakir. Ces syndicats, ainsi que Egitim-Sen (syndicat des
    enseignants) également touché, tous membres de la Confédération KESK,
    sont parmi les syndicats les plus actifs et les plus organisés qui
    refusent la politique antisociale du gouvernement islamo conservateur
    de Recep Tayyip Erdogan. 43 d'entre eux ont été relchés mais 28 ont
    été mis en détention provisoire, ce qui porte à 67 le nombre de
    syndicalistes détenus, sans jugement, certains depuis 2009. Ismail
    Hakki Tombul, secrétaire général de KESK résume la situation :

    "Nous vivons une situation que nous n'avons même pas vu pendant les
    coups d'État. C'est la première fois qu'un président de confédération
    est mis en garde à vue depuis le coup d'État de 1980. Bien que les
    arrestations soient devenues ordinaires en Turquie cette opération est
    d'une ampleur sans précédant. Nous ne plierons jamais le genou devant
    la répression quel qu'en soit le prix à payer. Nous poursuivrons notre
    lutte juste et légitime."

    L'Union syndicale Solidaires a exprimé son soutien et sa solidarité
    avec la Confédération KESK, exigeant la libération immédiate des
    syndicalistes emprisonné(e)s et l'arrêt immédiat de la répression
    antisyndicale. La Confédération Syndicale Internationale (CSI) a
    également condamné avec vigueur l'attaque en règle lancée par les
    autorités turques contre les syndicats:

    "Nous ne pouvons admettre que des syndicalistes soient détenus,
    incarcérés et surtout incriminés sans fondement. Le gouvernement turc
    doit immédiatement s'abstenir de cataloguer les syndicats en tant
    qu'organisations terroristes. Les syndicalistes devraient avoir le
    droit de jouer leur rôle légitime sans crainte d'être arrêtés", a
    déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.

    André Métayer








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    Source/Lien : Amitiés kurdes de Bretagne




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