Ankara décidera de la politique intérieure de la France
Publié le : 06-07-2012
Copyright photo: MAE, Cyril Bailleul
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Laurent Fabius, ministre
des Affaires étrangères, a reçu M. Ahmet Davutoglu, ministre des
Affaires étrangères de la République de Turquie, le jeudi 5 juillet
2012 au Quai d'Orsay. Un point de presse s'est tenu à l'issue de
l'entretien à 14h15. La vidéo de cette conférence de presse commune
est en ligne sur le site du MAE. Dans son discours, Laurent Fabius
fait allusion, sans jamais la nommer, à la loi de pénalisation de la
négation du génocide arménien. Idem bien sûr pour Davutoglu. Ce n'est
qu'en réponse à un journaliste (Des échos) qui demande clairement si
le gouvernement va s'abstenir de présenter une nouvelle loi pénalisant
la négation du génocide arménien, que Laurent et Ahmet (c'est comme
cela qu'ils se nomment l'un, l'autre) se mettent à en parler, l'un
pour tenter de se dépêtrer d'une question embarrassante, l'autre pour
dicter ses ordres en souriant.
Laurent Fabius annonce dans un langage diplomatique que puisque la loi
présentée précédemment a été jugée inconstitutionnelle, cela ne
servirait à rien de la présenter à nouveau. Il ne dit rien de ce que
François Hollande avait promis : proposer une autre loi susceptible de
franchir la barrière du Conseil constitutionnel, et ce sous la forme
d'un projet de loi gouvernemental (en lieu et place d'une proposition
de loi émanant des députés).
Les discours des deux MAE transpirent la fameuse « commission
d'historiens » mais ils ne disent pas s'il s'agit de la petite ou de
la grosse commission.
Laurent Fabius a rendu hommage à la communauté turque sans parler bien
sûr de celle qui défile à Paris et à Lyon sous les banderoles du
Comité Talaat Pacha (l'équivalent pour les Arméniens de ce que serait
un Comité Adolf Hitler pour les Juifs). Business is business...
Pas un mot non plus du procès des 205 opposants politiques de Turquie
qui se tient en ce moment à Silivri. Silivri, c'est compliqué à
prononcer. A l'inverse de Syrie, ce pays où la Turquie veut porter la
démocratie.
Voici une retranscription non officielle, faite par le Collectif VAN,
de quelques extraits de ce charmant numéro des duettistes « Ahmet &
Laurent ». On y apprend que la France ne peut prendre des décisions de
politique intérieure de manière « unilatérale », c'est-à-dire sans
l'aval de la Turquie. Ankara en décidé ainsi. Et Paris ?
Ministère des affaires étrangères et européennes
Entretien de Laurent Fabius avec Ahmet Davutoglu, ministre des
Affaires étrangères de la République de Turquie (5 juillet 2012)
Extraits. Retranscription non officielle faite par le Collectif VAN.
Vidéo en ligne sur : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/diplomatie-tv/
Jacques Hubert-Rodier (Les Echos) :« Sauf erreur de ma part, le
dossier que vous avez évoqué avait trait à la loi sur la négation du
génocide arménien. J'aurais voulu savoir si le gouvernement français
s'est engagé clairement à ce qu'un tel projet de loi ne revienne pas ;
et vous avez évoqué M. le Ministre Davutoglu, la question de l'opinion
publique : est-ce que vous aussi de votre côté, vous ferez tous vos
efforts pour qu'en cas de nouvelle discussion en France il y ait aussi
un peu de calme du côté de l'opinion publique ? »
Laurent Fabius : « Sur cette question - Ahmet répondra bien sûr - qui
sera la dernière, donc la question arménienne, c'est celle que vous
posez.
Les questions de mémoire sont très délicates pour les responsables
politiques. Nous le savons bien. Et la France en particulier est très
bien placée pour le savoir.
Sur cette question, vous savez que le Conseil Constitutionnel, qui est
l'organe juridictionnel suprême en France, a décidé que le projet de
loi qui avait été présenté par une parlementaire de ce qui était
autrefois la majorité et ce qui est devenue l'opposition, était
contraire à notre Constitution. C'est ce qui a été décidé.
Donc, il n'est pas possible de reprendre le même chemin sinon le
résultat sera évidemment le même.
Ce que nous souhaitons, c'est la réconciliation entre l'Arménie et la
Turquie et nous soutiendrons évidemment tout effort qui est fait en ce
sens.
Et nous souhaitons aussi - nous en discutions avec Ahmet - un
développement du débat historique qu'il s'agisse de la Turquie, qu'il
s'agisse de la France, pour apaiser les tensions. Nous voulons que cet
élément qui a été vécu avec, on le comprend, beaucoup de difficultés à
la fois en Turquie et en France, puisse être dépassé et là encore de
bonne foi, nous voulons aborder dans cet esprit la nouvelle période
qui s'ouvre entre la Turquie et la France. ».
C'est ensuite au tour d'Ahmet Davutoglu de répondre. Le ministre des
Affaires étrangères de la République de Turquie voit 3 options
possibles. Voici la 3e :
« Il n'y a qu'une 3e option à laquelle nous serions fermés, et c'est
d'ailleurs celle pour laquelle nous avions rencontré des difficultés
par le passé et cette 3e option serait une approche unilatérale où les
politiques prendraient des décisions en politique intérieure et qui
exploiteraient la souffrance des peuples ; là c'est une option à
laquelle nous sommes fermés. ».
Nota CVAN : la France ne peut pas prendre des décisions de politique
intérieure de manière « unilatérale », c'est-à-dire sans l'aval de la
Turquie. Ankara en décidé ainsi. Et Paris ?.
Ecouter : La chronique du « grand » Alexandre Adler sur Europe 1
http://www.dailymotion.com/video/xrz3bo_ahmet-davutoglu-attendu-a-paris_news?search_algo=1
Vidéo : 24 avril 2012 - François Hollande promet une nouvelle loi "au
lendemain des élections présidentielles"
http://www.youtube.com/watch?v=BKCXJed0pr8
Lire aussi :
Qui dénoncera le Goulag turc ?
Tour de France-Turquie : prochaine étape au Quai d'Orsay
Syrie - Conférence de Paris (6 juillet 2012)
Retour à la rubrique
Source/Lien : Ministère des affaires étrangères et européennes
Publié le : 06-07-2012
Copyright photo: MAE, Cyril Bailleul
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Laurent Fabius, ministre
des Affaires étrangères, a reçu M. Ahmet Davutoglu, ministre des
Affaires étrangères de la République de Turquie, le jeudi 5 juillet
2012 au Quai d'Orsay. Un point de presse s'est tenu à l'issue de
l'entretien à 14h15. La vidéo de cette conférence de presse commune
est en ligne sur le site du MAE. Dans son discours, Laurent Fabius
fait allusion, sans jamais la nommer, à la loi de pénalisation de la
négation du génocide arménien. Idem bien sûr pour Davutoglu. Ce n'est
qu'en réponse à un journaliste (Des échos) qui demande clairement si
le gouvernement va s'abstenir de présenter une nouvelle loi pénalisant
la négation du génocide arménien, que Laurent et Ahmet (c'est comme
cela qu'ils se nomment l'un, l'autre) se mettent à en parler, l'un
pour tenter de se dépêtrer d'une question embarrassante, l'autre pour
dicter ses ordres en souriant.
Laurent Fabius annonce dans un langage diplomatique que puisque la loi
présentée précédemment a été jugée inconstitutionnelle, cela ne
servirait à rien de la présenter à nouveau. Il ne dit rien de ce que
François Hollande avait promis : proposer une autre loi susceptible de
franchir la barrière du Conseil constitutionnel, et ce sous la forme
d'un projet de loi gouvernemental (en lieu et place d'une proposition
de loi émanant des députés).
Les discours des deux MAE transpirent la fameuse « commission
d'historiens » mais ils ne disent pas s'il s'agit de la petite ou de
la grosse commission.
Laurent Fabius a rendu hommage à la communauté turque sans parler bien
sûr de celle qui défile à Paris et à Lyon sous les banderoles du
Comité Talaat Pacha (l'équivalent pour les Arméniens de ce que serait
un Comité Adolf Hitler pour les Juifs). Business is business...
Pas un mot non plus du procès des 205 opposants politiques de Turquie
qui se tient en ce moment à Silivri. Silivri, c'est compliqué à
prononcer. A l'inverse de Syrie, ce pays où la Turquie veut porter la
démocratie.
Voici une retranscription non officielle, faite par le Collectif VAN,
de quelques extraits de ce charmant numéro des duettistes « Ahmet &
Laurent ». On y apprend que la France ne peut prendre des décisions de
politique intérieure de manière « unilatérale », c'est-à-dire sans
l'aval de la Turquie. Ankara en décidé ainsi. Et Paris ?
Ministère des affaires étrangères et européennes
Entretien de Laurent Fabius avec Ahmet Davutoglu, ministre des
Affaires étrangères de la République de Turquie (5 juillet 2012)
Extraits. Retranscription non officielle faite par le Collectif VAN.
Vidéo en ligne sur : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/diplomatie-tv/
Jacques Hubert-Rodier (Les Echos) :« Sauf erreur de ma part, le
dossier que vous avez évoqué avait trait à la loi sur la négation du
génocide arménien. J'aurais voulu savoir si le gouvernement français
s'est engagé clairement à ce qu'un tel projet de loi ne revienne pas ;
et vous avez évoqué M. le Ministre Davutoglu, la question de l'opinion
publique : est-ce que vous aussi de votre côté, vous ferez tous vos
efforts pour qu'en cas de nouvelle discussion en France il y ait aussi
un peu de calme du côté de l'opinion publique ? »
Laurent Fabius : « Sur cette question - Ahmet répondra bien sûr - qui
sera la dernière, donc la question arménienne, c'est celle que vous
posez.
Les questions de mémoire sont très délicates pour les responsables
politiques. Nous le savons bien. Et la France en particulier est très
bien placée pour le savoir.
Sur cette question, vous savez que le Conseil Constitutionnel, qui est
l'organe juridictionnel suprême en France, a décidé que le projet de
loi qui avait été présenté par une parlementaire de ce qui était
autrefois la majorité et ce qui est devenue l'opposition, était
contraire à notre Constitution. C'est ce qui a été décidé.
Donc, il n'est pas possible de reprendre le même chemin sinon le
résultat sera évidemment le même.
Ce que nous souhaitons, c'est la réconciliation entre l'Arménie et la
Turquie et nous soutiendrons évidemment tout effort qui est fait en ce
sens.
Et nous souhaitons aussi - nous en discutions avec Ahmet - un
développement du débat historique qu'il s'agisse de la Turquie, qu'il
s'agisse de la France, pour apaiser les tensions. Nous voulons que cet
élément qui a été vécu avec, on le comprend, beaucoup de difficultés à
la fois en Turquie et en France, puisse être dépassé et là encore de
bonne foi, nous voulons aborder dans cet esprit la nouvelle période
qui s'ouvre entre la Turquie et la France. ».
C'est ensuite au tour d'Ahmet Davutoglu de répondre. Le ministre des
Affaires étrangères de la République de Turquie voit 3 options
possibles. Voici la 3e :
« Il n'y a qu'une 3e option à laquelle nous serions fermés, et c'est
d'ailleurs celle pour laquelle nous avions rencontré des difficultés
par le passé et cette 3e option serait une approche unilatérale où les
politiques prendraient des décisions en politique intérieure et qui
exploiteraient la souffrance des peuples ; là c'est une option à
laquelle nous sommes fermés. ».
Nota CVAN : la France ne peut pas prendre des décisions de politique
intérieure de manière « unilatérale », c'est-à-dire sans l'aval de la
Turquie. Ankara en décidé ainsi. Et Paris ?.
Ecouter : La chronique du « grand » Alexandre Adler sur Europe 1
http://www.dailymotion.com/video/xrz3bo_ahmet-davutoglu-attendu-a-paris_news?search_algo=1
Vidéo : 24 avril 2012 - François Hollande promet une nouvelle loi "au
lendemain des élections présidentielles"
http://www.youtube.com/watch?v=BKCXJed0pr8
Lire aussi :
Qui dénoncera le Goulag turc ?
Tour de France-Turquie : prochaine étape au Quai d'Orsay
Syrie - Conférence de Paris (6 juillet 2012)
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Source/Lien : Ministère des affaires étrangères et européennes