MONT ARARAT
« Cette Montagne est à vous »
Il fallait les gravir les 5165 mètres qui séparent la terre ferme du
sommet du mythique Mont Arménien. Un challenge relevé pour les deux
étudiantes *Vanigue Tarpinian et Carina Grigorian*, 26 ans chacune,
accompagnées de deux autres camarades et de l'oncle de Carina, venu
spécialement d'Arizona pour l'occasion. Un personnage adepte de ce genre
d'exploit, mais qui ne s'attendait pas aux affres qu'il allait rencontrer.
[image: (JPEG)]
Dans la famille de Carina on rêvait d'entreprendre l'ascension du Mont
Ararat depuis bientôt une bonne quarantaine d'années par la magie d'un
tableau familial représentant la montagne sacrée arménienne. Et c'est donc
avec les conseils d'un tiers que l'expédition à petit à petit été mise sur
pied pour un départ vers Istanbul.
*Appréhension*
Ayant atterris à Istanbul, les deux jeunes filles se remémorent malgré
elles les conseils de leurs familles respectives : « Attention ne dites pas
trop que vous êtes arméniennes » leur avaient-elles rappelé. « On avait un
peu une petite peur au ventre », dit Vanig qui mettait les pieds en Turquie
pour la première fois. « Mais très vite on s'est aperçu qu'on
était, entre
guillemets, comme chez nous. Les stambouliotes que nous avons rencontrés
nous disaient tous qu'on étaient turques... », parlant de leur aspect
physique.
*L'expédition*
Après un vol Istanbul-Van, le petit groupe est pris en charge par un guide
kurde qui les transporte en minibus à Dogubayazit, ville peuplée à 99% de
kurdes et dominée par l'imposant Ararat.
[image: (JPEG)]
Prévue pour une expédition de 5 jours, l'ascension n'en aura duré que
trois. « En fait, la montée débute à 2200 mètres après un transport en
voiture depuis Dogubayazit qui culmine déjà à 1625 mètres, » explique
Carina Grigorian. Ensuite il s'agissait d' atteindre le premier palier
à
3200 m et le second à 4200. Mais, malgré les conseils de personnes
averties, l'équipée a pris le risque d'une progression en trois jours au
lieu de cinq, devant se dérouler comme suit : premier jour, 2200m-3200m.
Deuxième jour 3200m-4200m et redescendre à 3200m pour l'acclimatation.
Troisième jour monter à 4200m et y dormir, puis se réveiller à minuit pour
atteindre le sommet et redescendre à 3200m ; y passer la nuit et
redescendre le lendemain. « C'est pas ce qu'on a fait ! », s'exclame
Carina. Puisqu'en réalité l'ascension et la redescente n'aura duré que
trois jours.
*Trois Tee-shirts en guise de drapeau*
À 4200 mètres dès le second jour, les parisiennes, leurs camarades et
l'oncle d'Arizona entameront dès minuit les derniers 965 mètres qui les
séparent encore du sommet du Mont Ararat. Une progression de 6 longues
heures avec la récompense au bout de l'effort : déployer les couleurs
arméniennes et françaises. Mais oh damnation, le drapeau de la mère patrie
a été oublié... Avant d'y penser « on pleure », disent en coeur Vanig et
Carina. « D'émotion et par l'effort physique fourni », ajoutent-elles. Un
effort surmonté après un arrêt prolongé et un instant de découragement,
rapidement dominé par l'intense désir de réussir coûte que coûte l'exploit
et pour celles et ceux qui croyaient en elles, comme notamment les
grand-parents. Et pour se donner le courage nécessaire, nos deux alpinistes
en herbe entonneront tout au long de la montée des chansons à la gloire
d'Ararat et des refrains arméniens.
[image: (JPEG)]
L'oncle de Phoenix confirme la difficulté de la dernière étape qui
se
présente comme un escalier rectiligne tourné vers le ciel sous une chaleur
accablante. « C'est véritablement un sentiment de soulagement lorsqu'on
arrive au sommet », dit-il. « Une victoire sur nous-même. ».
Oui, elles l'ont fait ! Et comme il n'y avait pas de drapeau arménien pour
figer l'instant historique, les quatre amis ce sont mis à la couture en
reconstituant les couleurs arméniennes à l'aide de trois tee-shirts rouge,
bleu et orange...
*Émotion*
Avant d'entreprendre l'ascension du colossal Massis, Carina aura cette
réflexion : « pourquoi nos parents nous ont-ils laissés partir »,
dira-t-elle dans un sourire. Mais face à la légende arménienne, Vanig
ajoutera, « mais c'est à nous, ça nous appartient ! ». C'est comme
l'impression de l'avoir « reconquise ». D'ailleurs notre guide kurde nous
l'a dit : *cette montagne est à vous. Si un jour on vous l'a restitue, nous
ne serons pas fchés* », leur aurait-il confié.
[image: (JPEG)]
*Mal de la Montagne*
Si dans l'ensemble le trek s'est bien passé, Vanig, elle, aura souffert
d'un manque de souffle vers 4500 mètres. Quant à Carina, dès les 3000
mètres, c'est le mal des montagnes qui l'a envahi, avec maux de tête,
nausées et vomissements. Le mal aigu des montagnes n'est pas à prendre à la
légère. A une altitude élevée (4000-5000 mètres), un oedème pulmonaire peut
survenir brutalement (quintes de toux, essoufflement, voire coma). Dès
cette altitude et plus fréquemment encore à une altitude supérieure (5
000-5 500 mètres), un oedème cérébral de haute altitude (OCHA) peut se
produire.
*Jean Eckian*
*dimanche 8 juillet 2012,*
Jean Eckian ©armenews.com
« Cette Montagne est à vous »
Il fallait les gravir les 5165 mètres qui séparent la terre ferme du
sommet du mythique Mont Arménien. Un challenge relevé pour les deux
étudiantes *Vanigue Tarpinian et Carina Grigorian*, 26 ans chacune,
accompagnées de deux autres camarades et de l'oncle de Carina, venu
spécialement d'Arizona pour l'occasion. Un personnage adepte de ce genre
d'exploit, mais qui ne s'attendait pas aux affres qu'il allait rencontrer.
[image: (JPEG)]
Dans la famille de Carina on rêvait d'entreprendre l'ascension du Mont
Ararat depuis bientôt une bonne quarantaine d'années par la magie d'un
tableau familial représentant la montagne sacrée arménienne. Et c'est donc
avec les conseils d'un tiers que l'expédition à petit à petit été mise sur
pied pour un départ vers Istanbul.
*Appréhension*
Ayant atterris à Istanbul, les deux jeunes filles se remémorent malgré
elles les conseils de leurs familles respectives : « Attention ne dites pas
trop que vous êtes arméniennes » leur avaient-elles rappelé. « On avait un
peu une petite peur au ventre », dit Vanig qui mettait les pieds en Turquie
pour la première fois. « Mais très vite on s'est aperçu qu'on
était, entre
guillemets, comme chez nous. Les stambouliotes que nous avons rencontrés
nous disaient tous qu'on étaient turques... », parlant de leur aspect
physique.
*L'expédition*
Après un vol Istanbul-Van, le petit groupe est pris en charge par un guide
kurde qui les transporte en minibus à Dogubayazit, ville peuplée à 99% de
kurdes et dominée par l'imposant Ararat.
[image: (JPEG)]
Prévue pour une expédition de 5 jours, l'ascension n'en aura duré que
trois. « En fait, la montée débute à 2200 mètres après un transport en
voiture depuis Dogubayazit qui culmine déjà à 1625 mètres, » explique
Carina Grigorian. Ensuite il s'agissait d' atteindre le premier palier
à
3200 m et le second à 4200. Mais, malgré les conseils de personnes
averties, l'équipée a pris le risque d'une progression en trois jours au
lieu de cinq, devant se dérouler comme suit : premier jour, 2200m-3200m.
Deuxième jour 3200m-4200m et redescendre à 3200m pour l'acclimatation.
Troisième jour monter à 4200m et y dormir, puis se réveiller à minuit pour
atteindre le sommet et redescendre à 3200m ; y passer la nuit et
redescendre le lendemain. « C'est pas ce qu'on a fait ! », s'exclame
Carina. Puisqu'en réalité l'ascension et la redescente n'aura duré que
trois jours.
*Trois Tee-shirts en guise de drapeau*
À 4200 mètres dès le second jour, les parisiennes, leurs camarades et
l'oncle d'Arizona entameront dès minuit les derniers 965 mètres qui les
séparent encore du sommet du Mont Ararat. Une progression de 6 longues
heures avec la récompense au bout de l'effort : déployer les couleurs
arméniennes et françaises. Mais oh damnation, le drapeau de la mère patrie
a été oublié... Avant d'y penser « on pleure », disent en coeur Vanig et
Carina. « D'émotion et par l'effort physique fourni », ajoutent-elles. Un
effort surmonté après un arrêt prolongé et un instant de découragement,
rapidement dominé par l'intense désir de réussir coûte que coûte l'exploit
et pour celles et ceux qui croyaient en elles, comme notamment les
grand-parents. Et pour se donner le courage nécessaire, nos deux alpinistes
en herbe entonneront tout au long de la montée des chansons à la gloire
d'Ararat et des refrains arméniens.
[image: (JPEG)]
L'oncle de Phoenix confirme la difficulté de la dernière étape qui
se
présente comme un escalier rectiligne tourné vers le ciel sous une chaleur
accablante. « C'est véritablement un sentiment de soulagement lorsqu'on
arrive au sommet », dit-il. « Une victoire sur nous-même. ».
Oui, elles l'ont fait ! Et comme il n'y avait pas de drapeau arménien pour
figer l'instant historique, les quatre amis ce sont mis à la couture en
reconstituant les couleurs arméniennes à l'aide de trois tee-shirts rouge,
bleu et orange...
*Émotion*
Avant d'entreprendre l'ascension du colossal Massis, Carina aura cette
réflexion : « pourquoi nos parents nous ont-ils laissés partir »,
dira-t-elle dans un sourire. Mais face à la légende arménienne, Vanig
ajoutera, « mais c'est à nous, ça nous appartient ! ». C'est comme
l'impression de l'avoir « reconquise ». D'ailleurs notre guide kurde nous
l'a dit : *cette montagne est à vous. Si un jour on vous l'a restitue, nous
ne serons pas fchés* », leur aurait-il confié.
[image: (JPEG)]
*Mal de la Montagne*
Si dans l'ensemble le trek s'est bien passé, Vanig, elle, aura souffert
d'un manque de souffle vers 4500 mètres. Quant à Carina, dès les 3000
mètres, c'est le mal des montagnes qui l'a envahi, avec maux de tête,
nausées et vomissements. Le mal aigu des montagnes n'est pas à prendre à la
légère. A une altitude élevée (4000-5000 mètres), un oedème pulmonaire peut
survenir brutalement (quintes de toux, essoufflement, voire coma). Dès
cette altitude et plus fréquemment encore à une altitude supérieure (5
000-5 500 mètres), un oedème cérébral de haute altitude (OCHA) peut se
produire.
*Jean Eckian*
*dimanche 8 juillet 2012,*
Jean Eckian ©armenews.com