LES 70 ANS DE LA RAFLE DU VEL'D'HIV'
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=65637
Publie le : 17-07-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - A l'occasion des
commemorations qui marquent le 70e anniversaire de la Rafle du
Vel'd'Hiv, le Collectif VAN diffuse le discours historique prononce par
le President de la Republique Jacques Chirac, lors des commemorations
du 16 juillet 1995 : "Il est, dans la vie d'une nation, des moments
qui blessent la memoire, et l'idee que l'on se fait de son pays. Ces
moments, il est difficile de les evoquer, parce que l'on ne sait pas
toujours trouver les mots justes pour rappeler l'horreur, pour dire
le chagrin de celles et ceux qui ont vecu la tragedie.
Celles et ceux qui sont marques a jamais dans leur âme et dans leur
chair par le souvenir de ces journees de larmes et de honte. Il est
difficile de les evoquer, aussi, parce que ces heures noires souillent
a jamais notre histoire, et sont une injure a notre passe et a nos
traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a ete secondee par
des Francais, par l'Etat francais. Il y a cinquante-trois ans, le 16
juillet 1942, 450 policiers et gendarmes francais, sous l'autorite
de leurs chefs, repondaient aux exigences des nazis. Ce jour-la,
dans la capitale et en region parisienne, près de dix mille hommes,
femmes et enfants juifs furent arretes a leur domicile, au petit matin,
et rassembles dans les commissariats de police."
Credits photo : Aubert/Le Figaro
Wikisource
Discours prononce lors des commemorations de la Rafle du Vel'd'Hiv'
- 16 juillet 1995
Jacques Chirac
1995
Monsieur le Maire,
Monsieur le President,
Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur le Grand Rabbin,
Mesdames, Messieurs,
Il est, dans la vie d'une nation, des moments qui blessent la memoire,
et l'idee que l'on se fait de son pays.
Ces moments, il est difficile de les evoquer, parce que l'on ne sait
pas toujours trouver les mots justes pour rappeler l'horreur, pour
dire le chagrin de celles et ceux qui ont vecu la tragedie. Celles
et ceux qui sont marques a jamais dans leur âme et dans leur chair
par le souvenir de ces journees de larmes et de honte.
Il est difficile de les evoquer, aussi, parce que ces heures noires
souillent a jamais notre histoire, et sont une injure a notre passe
et a nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a ete
secondee par des Francais, par l'Etat francais.
Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 450 policiers et
gendarmes francais, sous l'autorite de leurs chefs, repondaient aux
exigences des nazis.
Ce jour-la, dans la capitale et en region parisienne, près de dix
mille hommes, femmes et enfants juifs furent arretes a leur domicile,
au petit matin, et rassembles dans les commissariats de police.
On verra des scènes atroces : les familles dechirees, les mères
separees de leurs enfants, les vieillards - dont certains, anciens
combattants de la Grande Guerre, avaient verse leur sang pour la France
- jetes sans menagement dans les bus parisiens et les fourgons de la
Prefecture de Police.
On verra, aussi, des policiers fermer les yeux, permettant ainsi
quelques evasions.
Pour toutes ces personnes arretees, commence alors le long et
douloureux voyage vers l'enfer. Combien d'entre-elles ne reverront
jamais leur foyer ? Et combien, a cet instant, se sont senties trahies
? Quelle a ete leur detresse ?
La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre
d'accueil et d'asile, la France, ce jour-la, accomplissait
l'irreparable. Manquant a sa parole, elle livrait ses proteges a
leurs bourreaux.
Conduites au Velodrome d'hiver, les victimes devaient attendre
plusieurs jours, dans les conditions terribles que l'on sait,
d'etre dirigees sur l'un des camps de transit - Pithiviers ou
Beaune-la-Rolande - ouverts par les autorites de Vichy.
L'horreur, pourtant, ne faisait que commencer.
Suivront d'autres rafles, d'autres arrestations. A Paris et en
province. Soixante-quatorze trains partiront vers Auschwitz.
Soixante-seize mille deportes juifs de France n'en reviendront pas.
Nous conservons a leur egard une dette imprescriptible.
La Thora fait a chaque juif devoir de se souvenir. Une phrase revient
toujours qui dit : "N'oublie jamais que tu as ete un etranger et un
esclave en terre de Pharaon".
Cinquante ans après, fidèle a sa loi, mais sans esprit de haine ou de
vengeance, la Communaute juive se souvient, et toute la France avec
elle. Pour que vivent les six millions de martyrs de la Shoah. Pour
que de telles atrocites ne se reproduisent jamais plus. Pour que
le sang de l'holocauste devienne, selon le mot de Samuel Pisar, le
"sang de l'espoir".
Quand souffle l'esprit de haine, avive ici par les integrismes,
alimente la par la peur et l'exclusion. Quand a nos portes, ici meme,
certains groupuscules, certaines publications, certains enseignements,
certains partis politiques se revèlent porteurs, de manière plus ou
moins ouverte, d'une ideologie raciste et antisemite, alors cet esprit
de vigilance qui vous anime, qui nous anime, doit se manifester avec
plus de force que jamais.
En la matière, rien n'est insignifiant, rien n'est banal, rien n'est
dissociable. Les crimes racistes, la defense de thèses revisionnistes,
les provocations en tout genre - les petites phrases, les bons mots -
puisent aux memes sources.
Transmettre la memoire du peuple juif, des souffrances et des camps.
Temoigner encore et encore. Reconnaître les fautes du passe, et les
fautes commises par l'Etat. Ne rien occulter des heures sombres de
notre Histoire, c'est tout simplement defendre une idee de l'Homme, de
sa liberte et de sa dignite. C'est lutter contre les forces obscures,
sans cesse a l'oeuvre.
Cet incessant combat est le mien autant qu'il est le vôtre.
Les plus jeunes d'entre nous, j'en suis heureux, sont sensibles a
tout ce qui se rapporte a la Shoah. Ils veulent savoir. Et avec eux,
desormais, de plus en plus de Francais decides a regarder bien en
face leur passe.
La France, nous le savons tous, n'est nullement un pays antisemite.
En cet instant de recueillement et de souvenir, je veux faire le
choix de l'espoir.
Je veux me souvenir que cet ete 1942, qui revèle le vrai visage
de la "collaboration", dont le caractère raciste, après les lois
anti-juives de 1940, ne fait plus de doute, sera, pour beaucoup de
nos compatriotes, celui du sursaut, le point de depart d'un vaste
mouvement de resistance.
Je veux me souvenir de toutes les familles juives traquees, soustraites
aux recherches impitoyables de l'occupant et de la milice, par l'action
heroïque et fraternelle de nombreuses familles francaises.
J'aime a penser qu'un mois plus tôt, a Bir Hakeim, les Francais
libres de Koenig avaient heroïquement tenu, deux semaines durant,
face aux divisions allemandes et italiennes.
Certes, il y a les erreurs commises, il y a les fautes, il y a une
faute collective. Mais il y a aussi la France, une certaine idee de la
France, droite, genereuse, fidèle a ses traditions, a son genie. Cette
France n'a jamais ete a Vichy. Elle n'est plus, et depuis longtemps,
a Paris. Elle est dans les sables libyens et partout où se battent
des Francais libres. Elle est a Londres, incarnee par le General
de Gaulle. Elle est presente, une et indivisible, dans le coeur de
ces Francais, ces "Justes parmi les nations" qui, au plus noir de
la tourmente, en sauvant au peril de leur vie, comme l'ecrit Serge
Klarsfeld, les trois-quarts de la communaute juive residant en France,
ont donne vie a ce qu'elle a de meilleur. Les valeurs humanistes, les
valeurs de liberte, de justice, de tolerance qui fondent l'identite
francaise et nous obligent pour l'avenir.
Ces valeurs, celles qui fondent nos democraties, sont aujourd'hui
bafouees en Europe meme, sous nos yeux, par les adeptes de la
"purification ethnique". Sachons tirer les lecons de l'Histoire.
N'acceptons pas d'etre les temoins passifs, ou les complices,
de l'inacceptable.
C'est le sens de l'appel que j'ai lance a nos principaux partenaires,
a Londres, a Washington, a Bonn. Si nous le voulons, ensemble nous
pouvons donner un coup d'arret a une entreprise qui detruit nos valeurs
et qui, de proche en proche risque de menacer l'Europe tout entière.
Lire aussi:
70 ans après : Commemoration de la rafle du Vel' d'hiv'
Agenda - Paris, Mairie du IIIe : Rafle du Vel d'Hiv, les Archives de
la police
Exposition du 26 juin au 27 octobre: Hommage aux enfants de la Shoah
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From: Baghdasarian
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commemorations qui marquent le 70e anniversaire de la Rafle du
Vel'd'Hiv, le Collectif VAN diffuse le discours historique prononce par
le President de la Republique Jacques Chirac, lors des commemorations
du 16 juillet 1995 : "Il est, dans la vie d'une nation, des moments
qui blessent la memoire, et l'idee que l'on se fait de son pays. Ces
moments, il est difficile de les evoquer, parce que l'on ne sait pas
toujours trouver les mots justes pour rappeler l'horreur, pour dire
le chagrin de celles et ceux qui ont vecu la tragedie.
Celles et ceux qui sont marques a jamais dans leur âme et dans leur
chair par le souvenir de ces journees de larmes et de honte. Il est
difficile de les evoquer, aussi, parce que ces heures noires souillent
a jamais notre histoire, et sont une injure a notre passe et a nos
traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a ete secondee par
des Francais, par l'Etat francais. Il y a cinquante-trois ans, le 16
juillet 1942, 450 policiers et gendarmes francais, sous l'autorite
de leurs chefs, repondaient aux exigences des nazis. Ce jour-la,
dans la capitale et en region parisienne, près de dix mille hommes,
femmes et enfants juifs furent arretes a leur domicile, au petit matin,
et rassembles dans les commissariats de police."
Credits photo : Aubert/Le Figaro
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Discours prononce lors des commemorations de la Rafle du Vel'd'Hiv'
- 16 juillet 1995
Jacques Chirac
1995
Monsieur le Maire,
Monsieur le President,
Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur le Grand Rabbin,
Mesdames, Messieurs,
Il est, dans la vie d'une nation, des moments qui blessent la memoire,
et l'idee que l'on se fait de son pays.
Ces moments, il est difficile de les evoquer, parce que l'on ne sait
pas toujours trouver les mots justes pour rappeler l'horreur, pour
dire le chagrin de celles et ceux qui ont vecu la tragedie. Celles
et ceux qui sont marques a jamais dans leur âme et dans leur chair
par le souvenir de ces journees de larmes et de honte.
Il est difficile de les evoquer, aussi, parce que ces heures noires
souillent a jamais notre histoire, et sont une injure a notre passe
et a nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a ete
secondee par des Francais, par l'Etat francais.
Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 450 policiers et
gendarmes francais, sous l'autorite de leurs chefs, repondaient aux
exigences des nazis.
Ce jour-la, dans la capitale et en region parisienne, près de dix
mille hommes, femmes et enfants juifs furent arretes a leur domicile,
au petit matin, et rassembles dans les commissariats de police.
On verra des scènes atroces : les familles dechirees, les mères
separees de leurs enfants, les vieillards - dont certains, anciens
combattants de la Grande Guerre, avaient verse leur sang pour la France
- jetes sans menagement dans les bus parisiens et les fourgons de la
Prefecture de Police.
On verra, aussi, des policiers fermer les yeux, permettant ainsi
quelques evasions.
Pour toutes ces personnes arretees, commence alors le long et
douloureux voyage vers l'enfer. Combien d'entre-elles ne reverront
jamais leur foyer ? Et combien, a cet instant, se sont senties trahies
? Quelle a ete leur detresse ?
La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre
d'accueil et d'asile, la France, ce jour-la, accomplissait
l'irreparable. Manquant a sa parole, elle livrait ses proteges a
leurs bourreaux.
Conduites au Velodrome d'hiver, les victimes devaient attendre
plusieurs jours, dans les conditions terribles que l'on sait,
d'etre dirigees sur l'un des camps de transit - Pithiviers ou
Beaune-la-Rolande - ouverts par les autorites de Vichy.
L'horreur, pourtant, ne faisait que commencer.
Suivront d'autres rafles, d'autres arrestations. A Paris et en
province. Soixante-quatorze trains partiront vers Auschwitz.
Soixante-seize mille deportes juifs de France n'en reviendront pas.
Nous conservons a leur egard une dette imprescriptible.
La Thora fait a chaque juif devoir de se souvenir. Une phrase revient
toujours qui dit : "N'oublie jamais que tu as ete un etranger et un
esclave en terre de Pharaon".
Cinquante ans après, fidèle a sa loi, mais sans esprit de haine ou de
vengeance, la Communaute juive se souvient, et toute la France avec
elle. Pour que vivent les six millions de martyrs de la Shoah. Pour
que de telles atrocites ne se reproduisent jamais plus. Pour que
le sang de l'holocauste devienne, selon le mot de Samuel Pisar, le
"sang de l'espoir".
Quand souffle l'esprit de haine, avive ici par les integrismes,
alimente la par la peur et l'exclusion. Quand a nos portes, ici meme,
certains groupuscules, certaines publications, certains enseignements,
certains partis politiques se revèlent porteurs, de manière plus ou
moins ouverte, d'une ideologie raciste et antisemite, alors cet esprit
de vigilance qui vous anime, qui nous anime, doit se manifester avec
plus de force que jamais.
En la matière, rien n'est insignifiant, rien n'est banal, rien n'est
dissociable. Les crimes racistes, la defense de thèses revisionnistes,
les provocations en tout genre - les petites phrases, les bons mots -
puisent aux memes sources.
Transmettre la memoire du peuple juif, des souffrances et des camps.
Temoigner encore et encore. Reconnaître les fautes du passe, et les
fautes commises par l'Etat. Ne rien occulter des heures sombres de
notre Histoire, c'est tout simplement defendre une idee de l'Homme, de
sa liberte et de sa dignite. C'est lutter contre les forces obscures,
sans cesse a l'oeuvre.
Cet incessant combat est le mien autant qu'il est le vôtre.
Les plus jeunes d'entre nous, j'en suis heureux, sont sensibles a
tout ce qui se rapporte a la Shoah. Ils veulent savoir. Et avec eux,
desormais, de plus en plus de Francais decides a regarder bien en
face leur passe.
La France, nous le savons tous, n'est nullement un pays antisemite.
En cet instant de recueillement et de souvenir, je veux faire le
choix de l'espoir.
Je veux me souvenir que cet ete 1942, qui revèle le vrai visage
de la "collaboration", dont le caractère raciste, après les lois
anti-juives de 1940, ne fait plus de doute, sera, pour beaucoup de
nos compatriotes, celui du sursaut, le point de depart d'un vaste
mouvement de resistance.
Je veux me souvenir de toutes les familles juives traquees, soustraites
aux recherches impitoyables de l'occupant et de la milice, par l'action
heroïque et fraternelle de nombreuses familles francaises.
J'aime a penser qu'un mois plus tôt, a Bir Hakeim, les Francais
libres de Koenig avaient heroïquement tenu, deux semaines durant,
face aux divisions allemandes et italiennes.
Certes, il y a les erreurs commises, il y a les fautes, il y a une
faute collective. Mais il y a aussi la France, une certaine idee de la
France, droite, genereuse, fidèle a ses traditions, a son genie. Cette
France n'a jamais ete a Vichy. Elle n'est plus, et depuis longtemps,
a Paris. Elle est dans les sables libyens et partout où se battent
des Francais libres. Elle est a Londres, incarnee par le General
de Gaulle. Elle est presente, une et indivisible, dans le coeur de
ces Francais, ces "Justes parmi les nations" qui, au plus noir de
la tourmente, en sauvant au peril de leur vie, comme l'ecrit Serge
Klarsfeld, les trois-quarts de la communaute juive residant en France,
ont donne vie a ce qu'elle a de meilleur. Les valeurs humanistes, les
valeurs de liberte, de justice, de tolerance qui fondent l'identite
francaise et nous obligent pour l'avenir.
Ces valeurs, celles qui fondent nos democraties, sont aujourd'hui
bafouees en Europe meme, sous nos yeux, par les adeptes de la
"purification ethnique". Sachons tirer les lecons de l'Histoire.
N'acceptons pas d'etre les temoins passifs, ou les complices,
de l'inacceptable.
C'est le sens de l'appel que j'ai lance a nos principaux partenaires,
a Londres, a Washington, a Bonn. Si nous le voulons, ensemble nous
pouvons donner un coup d'arret a une entreprise qui detruit nos valeurs
et qui, de proche en proche risque de menacer l'Europe tout entière.
Lire aussi:
70 ans après : Commemoration de la rafle du Vel' d'hiv'
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Exposition du 26 juin au 27 octobre: Hommage aux enfants de la Shoah
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