LE NAGORNY KARABAKH, UNE BOMBE A RETARDEMENT POUR L'ARMENIE ET L'AZERBAIDJAN
Jean Eckian
armenews.com
mercredi 18 juillet 2012
MARDAKERT, 18 juil 2012 - Le calme sur les hauteurs du Nagorny
Karabakh est trompeur car le conflit gele il y a près de 20 ans dans
cette region du Caucase que se disputent l'Azerbaïdjan et l'Armenie
et dont les habitants elisent jeudi leur nouveau dirigeant, est une
bombe a retardement. Seul le vent se fait entendre dans les champs
de ble le long de la ligne de front, mais les soldats deployes dans
le village de Mardakert savent bien que des tirs peuvent retentir a
tout moment près de cette enclave separatiste situee en Azerbaïdjan,
mais peuplee majoritairement d'Armeniens.
A Mardakert, une trentaine de mètres seulement separent les troupes
armeniennes et azerbaïdjanaises depuis la signature d'un fragile
cessez-le-feu en 1994, après une guerre entre l'Azerbaïdjan et
l'Armenie pour le contrôle du Nagorny Karabakh qui a fait en six ans
30.000 morts et des centaines de milliers de refugies.
Bakou et Erevan multiplient les menaces d'une solution militaire,
faute de pouvoir se mettre d'accord sur le statut de ce territoire
montagneux, en depit d'une mediation internationale, ce qui fait de ce
conflit gele l'un des plus dangereux au monde. Des echanges de tirs y
ont regulièrement lieu, et une vingtaine de soldats y ont peri depuis
fin 2011.
Rattache a l'Azerbaïdjan pendant la periode sovietique, le Nagorny
Karabakh a proclame son independance au debut des annees 1990, mais
celle-ci n'est reconnue ni par la communaute internationale, ni meme
par l'Armenie. La majorite de ses 145.000 habitants sont armeniens,
et la communaute azerbaïdjanaise -qui constituait environ 25% de la
population avant la guerre- n'existe plus.
Deux des principaux candidats en lice pour diriger cette region
separatiste - un ex-ministre de la Securite, Bako Saakian, et un
general a la retraite, Vitali Balassanian- mettent l'accent sur la
securite, sans exclure une option militaire.
"Si Bakou declenche une guerre, la riposte de l'armee du Karabakh
sera foudroyante", assure ainsi M. Sahakian.
- "Cette situation ne peut pas s'eterniser -
L'absence d'efforts internationaux significatifs visant a resoudre
le problème du Nagorny Karabakh et les pressions interieures sur les
autorites dans les deux pays peuvent aboutir a une veritable guerre,
estime Svante Cornell, un expert.
"Cette situation ne peut pas s'eterniser, a un moment donne cela
finira par exploser", declare-t-il a l'AFP.
"C'est une bombe a retardement. Si personne ne fait rien, je ne vois
pas comment cela pourra ne pas degenerer en un nouveau conflit arme",
juge ce specialiste.
De son point d'observation bien camoufle qui surplombe une vaste
plaine, le colonel Djalal Haroutunian, de l'armee du Karabakh,
apercoit les fortifications azerbaïdjanaises et le village "ennemi"
entoure de vergers. "Les Azerbaïdjanais tirent tous les jours. Quand
ca dure longtemps, nous ripostons", raconte-t-il.
Les habitants de ce village azerbaïdjanais vivent, quant a eux, en
permanence dans la peur. Les funerailles n'y ont lieu que la nuit, bien
qu'une enceinte de quatre mètres de haut protège le cimetière local
des tireurs embusques, racontent a cet egard des soldats du Karabakh.
L'Azerbaïdjan, dont le budget de la defense a nettement augmente ces
dernières annees avec les importants revenus provenant des exportations
d'hydrocarbures, a menace a plusieurs reprises de recourir a la force,
afin de ramener le Nagorny Karabakh dans son giron. Pour sa part,
l'Armenie affirme ne pas craindre la perspective de nouveaux combats
avec son voisin. "Le budget de la defense de l'Azerbaïdjan est bien
plus important que l'ensemble du budget de l'Armenie", affirme a
l'AFP a Bakou, Mubariz Gurbanly, un depute du parti azerbaïdjanais
au pouvoir.
Et d'avertir que "si les negociations n'aboutissent pas a des
resultats, la probabilite d'une guerre va augmenter".
Jean Eckian
armenews.com
mercredi 18 juillet 2012
MARDAKERT, 18 juil 2012 - Le calme sur les hauteurs du Nagorny
Karabakh est trompeur car le conflit gele il y a près de 20 ans dans
cette region du Caucase que se disputent l'Azerbaïdjan et l'Armenie
et dont les habitants elisent jeudi leur nouveau dirigeant, est une
bombe a retardement. Seul le vent se fait entendre dans les champs
de ble le long de la ligne de front, mais les soldats deployes dans
le village de Mardakert savent bien que des tirs peuvent retentir a
tout moment près de cette enclave separatiste situee en Azerbaïdjan,
mais peuplee majoritairement d'Armeniens.
A Mardakert, une trentaine de mètres seulement separent les troupes
armeniennes et azerbaïdjanaises depuis la signature d'un fragile
cessez-le-feu en 1994, après une guerre entre l'Azerbaïdjan et
l'Armenie pour le contrôle du Nagorny Karabakh qui a fait en six ans
30.000 morts et des centaines de milliers de refugies.
Bakou et Erevan multiplient les menaces d'une solution militaire,
faute de pouvoir se mettre d'accord sur le statut de ce territoire
montagneux, en depit d'une mediation internationale, ce qui fait de ce
conflit gele l'un des plus dangereux au monde. Des echanges de tirs y
ont regulièrement lieu, et une vingtaine de soldats y ont peri depuis
fin 2011.
Rattache a l'Azerbaïdjan pendant la periode sovietique, le Nagorny
Karabakh a proclame son independance au debut des annees 1990, mais
celle-ci n'est reconnue ni par la communaute internationale, ni meme
par l'Armenie. La majorite de ses 145.000 habitants sont armeniens,
et la communaute azerbaïdjanaise -qui constituait environ 25% de la
population avant la guerre- n'existe plus.
Deux des principaux candidats en lice pour diriger cette region
separatiste - un ex-ministre de la Securite, Bako Saakian, et un
general a la retraite, Vitali Balassanian- mettent l'accent sur la
securite, sans exclure une option militaire.
"Si Bakou declenche une guerre, la riposte de l'armee du Karabakh
sera foudroyante", assure ainsi M. Sahakian.
- "Cette situation ne peut pas s'eterniser -
L'absence d'efforts internationaux significatifs visant a resoudre
le problème du Nagorny Karabakh et les pressions interieures sur les
autorites dans les deux pays peuvent aboutir a une veritable guerre,
estime Svante Cornell, un expert.
"Cette situation ne peut pas s'eterniser, a un moment donne cela
finira par exploser", declare-t-il a l'AFP.
"C'est une bombe a retardement. Si personne ne fait rien, je ne vois
pas comment cela pourra ne pas degenerer en un nouveau conflit arme",
juge ce specialiste.
De son point d'observation bien camoufle qui surplombe une vaste
plaine, le colonel Djalal Haroutunian, de l'armee du Karabakh,
apercoit les fortifications azerbaïdjanaises et le village "ennemi"
entoure de vergers. "Les Azerbaïdjanais tirent tous les jours. Quand
ca dure longtemps, nous ripostons", raconte-t-il.
Les habitants de ce village azerbaïdjanais vivent, quant a eux, en
permanence dans la peur. Les funerailles n'y ont lieu que la nuit, bien
qu'une enceinte de quatre mètres de haut protège le cimetière local
des tireurs embusques, racontent a cet egard des soldats du Karabakh.
L'Azerbaïdjan, dont le budget de la defense a nettement augmente ces
dernières annees avec les importants revenus provenant des exportations
d'hydrocarbures, a menace a plusieurs reprises de recourir a la force,
afin de ramener le Nagorny Karabakh dans son giron. Pour sa part,
l'Armenie affirme ne pas craindre la perspective de nouveaux combats
avec son voisin. "Le budget de la defense de l'Azerbaïdjan est bien
plus important que l'ensemble du budget de l'Armenie", affirme a
l'AFP a Bakou, Mubariz Gurbanly, un depute du parti azerbaïdjanais
au pouvoir.
Et d'avertir que "si les negociations n'aboutissent pas a des
resultats, la probabilite d'une guerre va augmenter".