Ouest-France
samedi 21 juillet 2012
Prebotte Edition
Arméniens, ils arrivent de Belgique. « La France? Un pays humanitaire. »
Témoignage.
Début mai, nous avions rencontré Anna, 27 ans, Arménienne, installée
quelques jours auparavant dans un studio de la résidence avec ses
parents, 54 ans tous les deux.
« Nous sommes en France depuis huit mois », témoigne la jeune femme.
Arrivant de Belgique, où ils résidaient depuis deux ans. « Nous avions
une autorisation de séjour pour un an. »
Cette dernière a été délivrée en raison des graves problèmes de santé
du père, qui a subi l'ablation du rein gauche. «Après l'opération,
nous avons reçu un papier comme quoi nous devions quitter le pays dans
la semaine, notre demande d'asile politique n'ayant pas été retenue »,
poursuit Anna.
Le père de famille explique alors par téléphone la situation à son
avocat, en Arménie, « mais il nous a conseillé de ne surtout pas
rentrer au pays, c'est trop dangereux pour nous ».
« Un pays humanitaire »
Anna évoque de « graves problèmes politiques », son père étant
recherché par la police et risquant « huit années de prison ». Des
menaces qui pèseraient également sur Anna et sa mère.
La famille reste encore trois mois en Belgique, sans ressources, puis
décide de venir en France. « C'est un pays humanitaire », justifie
Anna.
À leur arrivée, ils font une demande d'admission au séjour au titre de
l'asile,« cela a duré cinq mois ». Ils finissent par obtenir un titre
de séjour pour trois mois, « nous devrons retourner à la préfecture
pour en obtenir un autre, toujours de trois mois », explique Anna. «
Après, on parlera de notre histoire, et notre dossier recevra une
réponse positive ou négative. » Auquel cas un recours serait déposé.
Que feraient-ils si alors leur demande n'aboutissait pas ? « On ne
sait pas...»,soupire Anna.
« Une valise à la main »
En attendant, un semblant de vie s'organise. Tout l'hiver, Anna et ses
parents sont allés d'un hébergement à l'autre,« on appelait le 115.
C'est épuisant de changer tout le temps, sa valise à la main...»
Parfois, ils ont dormi dans la rue. Avec le modeste studio de la
résidence du Parc, « on est heureux d'avoir un logement, une place
pour dormir ».
La première nuit, ils l'ont passée à même le sol. Puis ils ont
récupéré trois duvets, qui font office de matelas.« On ne dort pas, on
a froid, on est fatigués...»,souffle Anna, qui a mal à la tête.
Pas de meubles, quelques effets personnels,« les autres sont à la
bagagerie du Secours catholique ».
La France, « on l'aime ».Pour preuve, les« 500livres en français »que
possède le père d'Anna.« Les Français ont toujours aidé les Arméniens
»,insiste-t-il. Anna, sage-femme, suit des cours de français au
Secours catholique et au Secours populaire, elle rêve de passer son
permis de conduire.
« On aime aussi beaucoup notre pays, l'Arménie. Il nous manque.
Là-bas, on a une grande maison, un grand jardin », soupirent les
parents d'Anna, lui ingénieur, elle comptable. Y retourneront-ils ? «
Peut-être, un jour...»
B. S.-G.
samedi 21 juillet 2012
Prebotte Edition
Arméniens, ils arrivent de Belgique. « La France? Un pays humanitaire. »
Témoignage.
Début mai, nous avions rencontré Anna, 27 ans, Arménienne, installée
quelques jours auparavant dans un studio de la résidence avec ses
parents, 54 ans tous les deux.
« Nous sommes en France depuis huit mois », témoigne la jeune femme.
Arrivant de Belgique, où ils résidaient depuis deux ans. « Nous avions
une autorisation de séjour pour un an. »
Cette dernière a été délivrée en raison des graves problèmes de santé
du père, qui a subi l'ablation du rein gauche. «Après l'opération,
nous avons reçu un papier comme quoi nous devions quitter le pays dans
la semaine, notre demande d'asile politique n'ayant pas été retenue »,
poursuit Anna.
Le père de famille explique alors par téléphone la situation à son
avocat, en Arménie, « mais il nous a conseillé de ne surtout pas
rentrer au pays, c'est trop dangereux pour nous ».
« Un pays humanitaire »
Anna évoque de « graves problèmes politiques », son père étant
recherché par la police et risquant « huit années de prison ». Des
menaces qui pèseraient également sur Anna et sa mère.
La famille reste encore trois mois en Belgique, sans ressources, puis
décide de venir en France. « C'est un pays humanitaire », justifie
Anna.
À leur arrivée, ils font une demande d'admission au séjour au titre de
l'asile,« cela a duré cinq mois ». Ils finissent par obtenir un titre
de séjour pour trois mois, « nous devrons retourner à la préfecture
pour en obtenir un autre, toujours de trois mois », explique Anna. «
Après, on parlera de notre histoire, et notre dossier recevra une
réponse positive ou négative. » Auquel cas un recours serait déposé.
Que feraient-ils si alors leur demande n'aboutissait pas ? « On ne
sait pas...»,soupire Anna.
« Une valise à la main »
En attendant, un semblant de vie s'organise. Tout l'hiver, Anna et ses
parents sont allés d'un hébergement à l'autre,« on appelait le 115.
C'est épuisant de changer tout le temps, sa valise à la main...»
Parfois, ils ont dormi dans la rue. Avec le modeste studio de la
résidence du Parc, « on est heureux d'avoir un logement, une place
pour dormir ».
La première nuit, ils l'ont passée à même le sol. Puis ils ont
récupéré trois duvets, qui font office de matelas.« On ne dort pas, on
a froid, on est fatigués...»,souffle Anna, qui a mal à la tête.
Pas de meubles, quelques effets personnels,« les autres sont à la
bagagerie du Secours catholique ».
La France, « on l'aime ».Pour preuve, les« 500livres en français »que
possède le père d'Anna.« Les Français ont toujours aidé les Arméniens
»,insiste-t-il. Anna, sage-femme, suit des cours de français au
Secours catholique et au Secours populaire, elle rêve de passer son
permis de conduire.
« On aime aussi beaucoup notre pays, l'Arménie. Il nous manque.
Là-bas, on a une grande maison, un grand jardin », soupirent les
parents d'Anna, lui ingénieur, elle comptable. Y retourneront-ils ? «
Peut-être, un jour...»
B. S.-G.