DISCOURS DE FRANCOIS HOLLANDE LE 24 AVRIL 2012 A PARIS
Ara
armenews.com
jeudi 31 mai 2012
A l'heure où les speculations vont bon train quant aux intentions du
President de la Republique sur la loi, nous publions la retranscription
de son discours prononce le 24 avril dernier a Paris, devant la
statue de Komitas, lors de la commemoration du 97e anniversaire
du genocide. C'est la première version ecrite de ce discours, qui
n'existait jusqu'alors qu'en mode audiovisuel.
Mesdames, Messieurs, Chers Amis, Nous sommes reunis une nouvelle fois
comme chaque annee, ici, pour rendre hommage aux Armeniens victimes
d'un genocide.
Le 24 avril 1915, 900 intellectuels, personnalites politiques, membres
des corps intermediaires, sont arretes et executes a Constantinople.
Cette date marque le debut des massacres. Les hommes de l'armee
ottomane sont isoles, desarmes, tues. Les femmes et les enfants
subissent les ordres de deportation. Les marches vers les deserts
de Syrie et de Mesopotamie deciment plus d'un million et demi de
personnes, soit les deux tiers de la population armenienne vivant dans
l'empire ottoman. Cette histoire, c'est la vôtre. Cette histoire, je
la connais, vous la connaissez mieux que d'autres, mieux que personne.
C'est celle de vos parents, de vos grands-parents, de vos arrières
grands-parents, de vos familles. Cette histoire, c'est aussi celle qui
a ete admise, certifiee par la quasi-totalite des historiens. Cette
histoire, c'est celle que l'on souhaite vous contester, vous retirer,
vous nier. Et en la reniant, cette histoire, on veut atteindre jusqu'a
votre identite. Ce n'est pas la première fois que je m'adresse a
vous dans ces circonstances, ni la première fois que je me rends a
une commemoration des victimes du genocide armenien.
Je n'ai jamais change de discours en fonction des circonstances. J'ai
ete le premier secretaire du Parti Socialiste qui aura permis
l'adoption de la Loi du 29 janvier 2001, reconnaissant le genocide du
peuple armenien. J'ai ete moi-meme a l'origine d'une proposition de Loi
visant a la penalisation du negationnisme du genocide armenien. Il a
meme fallu s'y reprendre a deux fois pour la faire voter a l'Assemblee
Nationale. Ce fut fait le 12 octobre 2006.
Cet engagement, c'est le sens de mon attachement contre toutes les
formes d'atteinte a la dignite humaine. Il y a quelques semaines, une
nouvelle proposition de Loi penalisant le negationnisme et notamment
celui du genocide armenien, a ete votee par le Parlement. Cette
proposition n'a pas ete validee, chacun le sait ici, par le Conseil
Constitutionnel. J'en ai pris acte et cette decision s'impose a tous.
Et en meme temps, j'ai considere comme candidat a la presidence de
la Republique, qu'une initiative devait etre reprise au lendemain de
l'election presidentielle. J'en fais devant vous une nouvelle fois
la promesse.
Deux principes m'animeront : Le premier, c'est l'efficacite. Efficacite
necessaire, car si nous echouons, nous conforterons les negationnistes
dans leur action. C'est la raison pour laquelle la plus grande
securite juridique sera necessaire pour reussir. Nous ne pouvons
plus commettre je ne sais quelle imprecision qui nous mettrait une
nouvelle fois devant l'impossibilite de faire valider le texte.
Le second principe, c'est celui de la serenite, car nous devons
reconcilier, nous devons rassembler. Et finalement, dans cette election
presidentielle où nous ne sommes pas d'accord sur tout, vous l'avez
bien compris, et je n'ai pas besoin ici de faire la part entre ce
qui sera dit par un autre candidat et ce que j'affirme sur bien des
sujets. Mais en definitive, nous pouvons nous rassembler. C'est si
rare ! Soyez en fier ! Parce que d'une certaine facon, vous allez
permettre quel que soit le choix des Francais d'avoir, je l'espère,
le meme aboutissement de votre combat.
Cet esprit de rassemblement de reconciliation m'anime car je ne
veux pas diviser les Francais. Je ne veux pas separer les uns et les
autres. Vous etes des Francais que l'ont dit d'origine armenienne, mais
vous etes des Francais, d'abord des Francais, fiers d'etre francais
dans la Republique. Il y en a d'autres qui sont d'origine turque,
ils n'y sont pour rien dans ce qui s'est passe en 1915. et donc, ce
qu'il faut faire c'est aussi de leur dire c'est que etre pleinement
republicain que de reconnaître les responsabilites de l'histoire et
notamment un genocide qui s'etait produit en 1915.
Mon engagement ne date pas d'aujourd'hui. Il vient de loin. Francois
Mitterrand fut le premier chef d'Etat en exercice a reconnaître le
genocide armenien. C'est sous un gouvernement de gauche - Lionel Jospin
- que fut votee la loi du 29 janvier 2001. Et j'ai garde une très
belle citation de Jean Jaurès qui s'elevait deja contre les premiers
massacres d'Armeniens a la fin du 19ème siècle. Et cette phrase, elle
vaut pour tous les peuples et dans toutes les republiques : " On ne
peut pas vivre avec dans sa cave le cadavre d'un peuple assassine ".
Et bien, c'est dans cette tradition, dans cette volonte d'etre fidèle a
mes engagements que quelles que soient les pressions qui s'exerceront -
et il y en aura ! - je tiendrai bon pour que nous puissions atteindre
l'objectif qui est celui du negationnisme qui doit etre penalise,
et notamment celui qui frappe le peuple armenien.
Mesdames, Messieurs, votre histoire ne sera jamais oubliee parce
qu'elle ne pourra jamais plus etre contestee. Chaque annee, si
les Francais m'en donnent mandat, je viendrai comme President de
la Republique le 24 avril. Chaque annee, je viendrai participer a
l'hommage. Chaque annee, je partagerai votre combat pour la verite
et la justice. Et j'aimerais etre le President qui en 2015 pourra
une nouvelle fois s'incliner pour le centenaire de ce qui a ete le
premier genocide du 20ème siècle.
Votre combat est le nôtre. Il honore toute la Republique. Soyez fiers
de ce combat ! Soyez fiers de la Republique ! Soyez fiers d'etre
Francais dans la Republique !
Merci a tous. A bientôt !
Ara
armenews.com
jeudi 31 mai 2012
A l'heure où les speculations vont bon train quant aux intentions du
President de la Republique sur la loi, nous publions la retranscription
de son discours prononce le 24 avril dernier a Paris, devant la
statue de Komitas, lors de la commemoration du 97e anniversaire
du genocide. C'est la première version ecrite de ce discours, qui
n'existait jusqu'alors qu'en mode audiovisuel.
Mesdames, Messieurs, Chers Amis, Nous sommes reunis une nouvelle fois
comme chaque annee, ici, pour rendre hommage aux Armeniens victimes
d'un genocide.
Le 24 avril 1915, 900 intellectuels, personnalites politiques, membres
des corps intermediaires, sont arretes et executes a Constantinople.
Cette date marque le debut des massacres. Les hommes de l'armee
ottomane sont isoles, desarmes, tues. Les femmes et les enfants
subissent les ordres de deportation. Les marches vers les deserts
de Syrie et de Mesopotamie deciment plus d'un million et demi de
personnes, soit les deux tiers de la population armenienne vivant dans
l'empire ottoman. Cette histoire, c'est la vôtre. Cette histoire, je
la connais, vous la connaissez mieux que d'autres, mieux que personne.
C'est celle de vos parents, de vos grands-parents, de vos arrières
grands-parents, de vos familles. Cette histoire, c'est aussi celle qui
a ete admise, certifiee par la quasi-totalite des historiens. Cette
histoire, c'est celle que l'on souhaite vous contester, vous retirer,
vous nier. Et en la reniant, cette histoire, on veut atteindre jusqu'a
votre identite. Ce n'est pas la première fois que je m'adresse a
vous dans ces circonstances, ni la première fois que je me rends a
une commemoration des victimes du genocide armenien.
Je n'ai jamais change de discours en fonction des circonstances. J'ai
ete le premier secretaire du Parti Socialiste qui aura permis
l'adoption de la Loi du 29 janvier 2001, reconnaissant le genocide du
peuple armenien. J'ai ete moi-meme a l'origine d'une proposition de Loi
visant a la penalisation du negationnisme du genocide armenien. Il a
meme fallu s'y reprendre a deux fois pour la faire voter a l'Assemblee
Nationale. Ce fut fait le 12 octobre 2006.
Cet engagement, c'est le sens de mon attachement contre toutes les
formes d'atteinte a la dignite humaine. Il y a quelques semaines, une
nouvelle proposition de Loi penalisant le negationnisme et notamment
celui du genocide armenien, a ete votee par le Parlement. Cette
proposition n'a pas ete validee, chacun le sait ici, par le Conseil
Constitutionnel. J'en ai pris acte et cette decision s'impose a tous.
Et en meme temps, j'ai considere comme candidat a la presidence de
la Republique, qu'une initiative devait etre reprise au lendemain de
l'election presidentielle. J'en fais devant vous une nouvelle fois
la promesse.
Deux principes m'animeront : Le premier, c'est l'efficacite. Efficacite
necessaire, car si nous echouons, nous conforterons les negationnistes
dans leur action. C'est la raison pour laquelle la plus grande
securite juridique sera necessaire pour reussir. Nous ne pouvons
plus commettre je ne sais quelle imprecision qui nous mettrait une
nouvelle fois devant l'impossibilite de faire valider le texte.
Le second principe, c'est celui de la serenite, car nous devons
reconcilier, nous devons rassembler. Et finalement, dans cette election
presidentielle où nous ne sommes pas d'accord sur tout, vous l'avez
bien compris, et je n'ai pas besoin ici de faire la part entre ce
qui sera dit par un autre candidat et ce que j'affirme sur bien des
sujets. Mais en definitive, nous pouvons nous rassembler. C'est si
rare ! Soyez en fier ! Parce que d'une certaine facon, vous allez
permettre quel que soit le choix des Francais d'avoir, je l'espère,
le meme aboutissement de votre combat.
Cet esprit de rassemblement de reconciliation m'anime car je ne
veux pas diviser les Francais. Je ne veux pas separer les uns et les
autres. Vous etes des Francais que l'ont dit d'origine armenienne, mais
vous etes des Francais, d'abord des Francais, fiers d'etre francais
dans la Republique. Il y en a d'autres qui sont d'origine turque,
ils n'y sont pour rien dans ce qui s'est passe en 1915. et donc, ce
qu'il faut faire c'est aussi de leur dire c'est que etre pleinement
republicain que de reconnaître les responsabilites de l'histoire et
notamment un genocide qui s'etait produit en 1915.
Mon engagement ne date pas d'aujourd'hui. Il vient de loin. Francois
Mitterrand fut le premier chef d'Etat en exercice a reconnaître le
genocide armenien. C'est sous un gouvernement de gauche - Lionel Jospin
- que fut votee la loi du 29 janvier 2001. Et j'ai garde une très
belle citation de Jean Jaurès qui s'elevait deja contre les premiers
massacres d'Armeniens a la fin du 19ème siècle. Et cette phrase, elle
vaut pour tous les peuples et dans toutes les republiques : " On ne
peut pas vivre avec dans sa cave le cadavre d'un peuple assassine ".
Et bien, c'est dans cette tradition, dans cette volonte d'etre fidèle a
mes engagements que quelles que soient les pressions qui s'exerceront -
et il y en aura ! - je tiendrai bon pour que nous puissions atteindre
l'objectif qui est celui du negationnisme qui doit etre penalise,
et notamment celui qui frappe le peuple armenien.
Mesdames, Messieurs, votre histoire ne sera jamais oubliee parce
qu'elle ne pourra jamais plus etre contestee. Chaque annee, si
les Francais m'en donnent mandat, je viendrai comme President de
la Republique le 24 avril. Chaque annee, je viendrai participer a
l'hommage. Chaque annee, je partagerai votre combat pour la verite
et la justice. Et j'aimerais etre le President qui en 2015 pourra
une nouvelle fois s'incliner pour le centenaire de ce qui a ete le
premier genocide du 20ème siècle.
Votre combat est le nôtre. Il honore toute la Republique. Soyez fiers
de ce combat ! Soyez fiers de la Republique ! Soyez fiers d'etre
Francais dans la Republique !
Merci a tous. A bientôt !