Le Parisien, France
Lundi 28 Mai 2012
Le dernier des Manouchian livre sa version de l'histoire
par farida chadri
Il a une analyse des événements qui risque de faire grincer des dents.
Il s'en moque. « Personne ne connaît autant que moi l'Affiche rouge.
J'ai des documents. Moi-même, je suis un document vivant... pour le
moment », lche Arsène Tchakarian, 95 ans, en se levant de sa chaise
et brandissant en l'air son index, en guise de défi.
Le pas alerte, la parole inépuisable, le dernier survivant du groupe
Manouchian, le réseau de résistants, livre l'une de ses dernières
batailles avec la sortie de son livre « les Commandos de l'Affiche
rouge ». Pour continuer à entretenir « la mémoire de [ses] camarades
et dire dans quelles conditions ils se sont battus », explique-t-il
dans sa maison de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).
Des années durant, il a reconstitué les multiples attaques perpétrées
au cours de l'année 1943 par l'équipe dirigée par le poète arménien
Missak Manouchian, avant qu'elle ne soit démantelée. Appartenant au
FTP-MOI (Francs-tireurs partisans - Main-d'oeuvre immigrée), ce groupe
armé avait pour objectif de déstabiliser les troupes occupantes.
Déraillements de trains, attaques de pylônes, exécutions d'hommes,
nazis comme collaborateurs, récupération de documents au domicile de
communistes arrêtés... Il repositionne chacun des protagonistes dans
ces actions, décrit le mode opératoire, les repérages, les fuites à
bicyclette, l'organisation du groupe Manouchian... Lui-même, alors gé
de 22 ans, participe à l'attaque d'un autocar rempli d'officiers
allemands en juin 1943 ou trois mois plus tard à des repérages qui
conduiront trois de ses compagnons à abattre Julius Ritter, colonel SS
qui supervisait en France le Service de travail obligatoire (STO).
Le groupe Manouchian aurait été infiltré et dénoncé
Mais tout cela, il l'avait déjà exposé en 1986 dans son ouvrage « les
Francs-tireurs de l'Affiche rouge ». Dans son nouveau livre, il aborde
une question épineuse que les historiens auront à coeur de discuter. «
Moi, j'accepte les débats. J'expliquerai et je dirai où aller chercher
les preuves », affirme avec aplomb Arsène Tchakarian. Le résistant
estime que le groupe Manouchian, composé d'une trentaine d'hommes, a
été infiltré par un certain « Roger », alias Boris Holban, chef
militaire des FTP-MOI. « Dans mon premier livre, je pose des
questions, je prends des gants. Là, j'ai les preuves. » Ainsi, ses 23
camarades fusillés en 1944 au Mont-Valérien l'ont été du fait d'un
traître? Arsène Tchakarian persiste et signe.
Lundi 28 Mai 2012
Le dernier des Manouchian livre sa version de l'histoire
par farida chadri
Il a une analyse des événements qui risque de faire grincer des dents.
Il s'en moque. « Personne ne connaît autant que moi l'Affiche rouge.
J'ai des documents. Moi-même, je suis un document vivant... pour le
moment », lche Arsène Tchakarian, 95 ans, en se levant de sa chaise
et brandissant en l'air son index, en guise de défi.
Le pas alerte, la parole inépuisable, le dernier survivant du groupe
Manouchian, le réseau de résistants, livre l'une de ses dernières
batailles avec la sortie de son livre « les Commandos de l'Affiche
rouge ». Pour continuer à entretenir « la mémoire de [ses] camarades
et dire dans quelles conditions ils se sont battus », explique-t-il
dans sa maison de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).
Des années durant, il a reconstitué les multiples attaques perpétrées
au cours de l'année 1943 par l'équipe dirigée par le poète arménien
Missak Manouchian, avant qu'elle ne soit démantelée. Appartenant au
FTP-MOI (Francs-tireurs partisans - Main-d'oeuvre immigrée), ce groupe
armé avait pour objectif de déstabiliser les troupes occupantes.
Déraillements de trains, attaques de pylônes, exécutions d'hommes,
nazis comme collaborateurs, récupération de documents au domicile de
communistes arrêtés... Il repositionne chacun des protagonistes dans
ces actions, décrit le mode opératoire, les repérages, les fuites à
bicyclette, l'organisation du groupe Manouchian... Lui-même, alors gé
de 22 ans, participe à l'attaque d'un autocar rempli d'officiers
allemands en juin 1943 ou trois mois plus tard à des repérages qui
conduiront trois de ses compagnons à abattre Julius Ritter, colonel SS
qui supervisait en France le Service de travail obligatoire (STO).
Le groupe Manouchian aurait été infiltré et dénoncé
Mais tout cela, il l'avait déjà exposé en 1986 dans son ouvrage « les
Francs-tireurs de l'Affiche rouge ». Dans son nouveau livre, il aborde
une question épineuse que les historiens auront à coeur de discuter. «
Moi, j'accepte les débats. J'expliquerai et je dirai où aller chercher
les preuves », affirme avec aplomb Arsène Tchakarian. Le résistant
estime que le groupe Manouchian, composé d'une trentaine d'hommes, a
été infiltré par un certain « Roger », alias Boris Holban, chef
militaire des FTP-MOI. « Dans mon premier livre, je pose des
questions, je prends des gants. Là, j'ai les preuves. » Ainsi, ses 23
camarades fusillés en 1944 au Mont-Valérien l'ont été du fait d'un
traître? Arsène Tchakarian persiste et signe.