TURQUIE : DESAVOUER L'HERITAGE DU GENOCIDE DES JEUNES-TURCS
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=64498
Publie le : 06-06-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - "La Turquie est a la
croisee des chemins et les Turcs sont en face d'un dilemme. D'une part,
ils se sentent de plus en plus contraints de ne concevoir le futur
qu'après avoir expie leur crime. D'autre part, il realisent les effets
d'un lavage de cerveaux organise par l'Etat pendant des decennies,
poussant sous le tapis les pages noires de leur passe genocidaire. Les
ouvertures recentes du ministre turc des Affaires etrangères, Ahmet
Davutoglu, en direction des Armeniens, ont amplifie ce debat interne
turc. Passer d'une situation où ils ont sur les bras un genocide,
a celle où il s'agit de gerer les consequences de ce genocide, donc
de se liberer de la charge d'un passe criminel, devient pour eux une
necessite. Et cela peut se produire en ce moment : des Turcs vertueux,
qui sont deja eux-memes parvenus a la paix interieure en reconnaissant
le genocide des Armeniens, leur donnent des eclaircissements et les
inspirent." Le Collectif VAN vous propose une traduction de Gilbert
Beguian d'un article en anglais mise en ligne sur le site de NAM
(Nouvelles d'Armenie Magazine) le 2 juin 2012.
Les Turcs doivent avoir le droit de desavouer l'heritage du genocide
que les Jeunes-Turcs leur ont laisse
Par Appo Jabarian
Directeur de la Publication / Responsable de l'Edition USA Armenian
Life Magazine
31 mai 2012
La Turquie est a la croisee des chemins et les Turcs sont en face d'un
dilemme. D'une part, ils se sentent de plus en plus contraints de ne
concevoir le futur qu'après avoir expie de leur crime. D'autre part,
il realisent les effets d'un lavage de cerveaux organise par l'etat
pendant des decennies, poussant sous le tapis les pages noires de
leur passe genocidaire. Les ouvertures recentes du ministre turc des
affaires etrangères Ahmet Davutoglu en direction des Armeniens ont
amplifie ce debat interne turc.
Passer d'une situation où ils ont sur les bras un genocide a celle où
il s'agit de gerer les consequences de ce genocide, donc se liberer
de la charge d'un passe criminel, devient pour eux une necessite. Et
cela peut se produire en ce moment : des Turcs vertueux qui sont deja
eux-memes parvenus a la paix interieure en reconnaissant le Genocide
des Armeniens, leur donnent des eclaircissements et les inspirent.
Aucun etre humain ne devrait etre force de s'enfermer lui-meme dans
la negation simplement parce que son propre gouvernement nie depuis
près d'un siècle.
Les Turcs doivent s'encourager mutuellement a prendre leurs distances
avec les criminels Jeunes Turcs et desavouer l'heritage du Genocide.
Les Turcs d'aujourd'hui, specialement ceux de la nouvelle generation,
devraient prendre le droit de condamner le regime criminel et
l'ideologie des Jeunes Turcs a la vitesse de la lumière ; et imiter
en cela Mustafa Kemal Ataturk (père de la Turquie) :
Dans une entrevue d'août 1926 au Los Angeles Examiner, Ataturk avait
declare que ceux qui avaient appartenu au gouvernement Jeune Turc
devraient etre tenus responsables des Genocides des Armeniens, des
Grecs et des Assyriens. " Ceux qui, anciens adherents du Parti Jeune
Turc, auraient dû etre tenus responsables des millions de nos sujets
chretiens brutalement chasses de leurs maisons et massacres en masse,
sont aujourd'hui inquiets sous le regime republicain ", a-t-il dit.
Dès lors, comment le processus que la Turquie devra engager pour
mettre en lumière les faits du Genocide Armenien peut-il s'accorder
avec les demandes urgentes armeniennes de Restitution, de Reparations
et de Retablissement ?
Pendant des siècles avant le Genocide, plusieurs peuples souverains
tels les Syriens, les Libanais, les Grecs, les Bulgares, les Serbes,
les Arabes, les Kurdes, les Syriaques-Assyriens et les Armeniens
ont ete forces de faire a l'Empire Turc Ottoman des concessions
territoriales et de lui payer un tribut humain. Lorsque le processus
de decomposition de l'Empire a commence, plusieurs peuples, sujets
ottomans, sont parvenus a la liberation totale de leurs territoires.
Des terres occupees par les Turcs ont ete retournees a leur
proprietaire en droit. Mais tous n'on pas eu cette chance.
Et en consequence de ce processus incomplet de decomposition de
l'Empire Turc Ottoman, les Kurdes, les Armeniens, les Grecs, les
Assyriens et les Syriaques-Assyriens se voient refusee la liberation
de leurs terres ancestrales. - les Kurdes et les Syriaques-Assyriens
des regions de Mardin et de l'ancienne Mesopotamie ; les Armeniens de
l'Armenie de l'Ouest et de Cilicie ; et les Syriens de " Al-Iskenderun
" (appelee " Hatay " sous l'occupation truque) ; tandis que les
Grecs continuent de souffrir du maintien de l'occupation turque de
la grecque Constantinople, de la grecque Smyrne et du Pont grec.
Tandis que le gouvernement turc a interdit toute possibilite de
discuter librement du Genocide, l'ancien Secretaire de la Commission
des Droits de l'Homme des Nations-Unies, le professeur Alfred de
Zayas, de l' Ecole de Diplomatie de Genève, a declare recemment :
" Du fait du caractère perenne du crime de genocide, en termes de
fait et de droit, la reparation par restitution n'a pas ete forclose
par le passage du temps. Ainsi, les survivants du genocide subi par
les Armeniens, individuellement et collectivement tout a la fois,
sont fondes a revendiquer la restitution. Cela a ete le cas avec les
survivants juifs de l'Holocauste, qui ont obtenu la restitution de
biens confisques par de nombreux Etats où ils se trouvaient. Chaque
fois que cela est possible, le 'restitutio in integrum' (restitution
totale, restauration aux conditions precedentes) devrait etre accorde,
en sorte que soit retablie la situation telle qu'elle existait avant
que la violation n'ait ete commise. "
Pour en revenir aux developpements les plus recents qui ont eu lieu :
si de serieuses negociations devaient se tenir entre la Turquie et
les Armeniens, " la delegation mixte armenienne pourrait demander a
la Turquie, pour attester de sa bonne foi, de :
- 1) Dedommager toutes les victimes du Genocide ; - 2) Reconstruire et
restituer tous les sites religieux au Patriarche Armenien d'Istanbul ;
- 3) Restituer tous les biens prives et ceux de la communaute a leur
proprietaire armenien ; - 4) Donner a la Republique d'Armenie un
accès special au port turc de Trebizonde a des fins commerciales ; -
5) Donner aux Armeniens un droit sans visa d'entrer en Ararat, a Ani,
et aux autres sites historiques armeniens en Turquie ; - 6) Lever le
blocus contre l'Armenie ; - 7) Mettre fin a la politique officielle de
la Turquie de negation du Genocide des Armeniens et annuler l'article
301 du code penal turc ; - 8) S'abstenir de toute politique hostile
dirigee contre l'Armenie et contre l'Artsakh (Karabagh), " ecrivait
Harut Sassounian editeur du California Courrier.
L'article de Sassounian represente un magnifique plan d'action et
une plateforme realisable pour toutes les parties concernees.
Le 29 mai, l'ecrivain et editeur Ragip Zarakolu a reitere ses critiques
envers la politique turque de negation : " Ma generation savait ce
qui c'etait passe et s'est efforcee de le cacher. Mais les nouvelles
generations doivent croire a ce mensonge, dans une atmosphère encore
pire. ... La Turquie est devenue aveugle et sourde.
... Mon pays s'est transforme en un cimetière de muets, " a declare
Zarakolu avant d'ajouter que la Turquie doit parvenir a comprendre que
reconnaître le Genocide et demander pardon est devenu une condition
prealable a l'installation d'une societe democratique dans le pays. "
La Turquie doit accepter la verite historique. C'est la seule facon
pour elle de retrouver la verite en elle-meme. Reconnaissance, pardon
et restitution - cela ne fera jamais revenir tout ce qui a ete perdu,
" a-t-il note.
Un abandon absolu de l'ideologie Jeune turque, accompagne de
restitutions et d'une expiation collective peuvent transformer
la Turquie.
Traduction Gilbert Beguian pour Armenews
From: A. Papazian
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=64498
Publie le : 06-06-2012
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - "La Turquie est a la
croisee des chemins et les Turcs sont en face d'un dilemme. D'une part,
ils se sentent de plus en plus contraints de ne concevoir le futur
qu'après avoir expie leur crime. D'autre part, il realisent les effets
d'un lavage de cerveaux organise par l'Etat pendant des decennies,
poussant sous le tapis les pages noires de leur passe genocidaire. Les
ouvertures recentes du ministre turc des Affaires etrangères, Ahmet
Davutoglu, en direction des Armeniens, ont amplifie ce debat interne
turc. Passer d'une situation où ils ont sur les bras un genocide,
a celle où il s'agit de gerer les consequences de ce genocide, donc
de se liberer de la charge d'un passe criminel, devient pour eux une
necessite. Et cela peut se produire en ce moment : des Turcs vertueux,
qui sont deja eux-memes parvenus a la paix interieure en reconnaissant
le genocide des Armeniens, leur donnent des eclaircissements et les
inspirent." Le Collectif VAN vous propose une traduction de Gilbert
Beguian d'un article en anglais mise en ligne sur le site de NAM
(Nouvelles d'Armenie Magazine) le 2 juin 2012.
Les Turcs doivent avoir le droit de desavouer l'heritage du genocide
que les Jeunes-Turcs leur ont laisse
Par Appo Jabarian
Directeur de la Publication / Responsable de l'Edition USA Armenian
Life Magazine
31 mai 2012
La Turquie est a la croisee des chemins et les Turcs sont en face d'un
dilemme. D'une part, ils se sentent de plus en plus contraints de ne
concevoir le futur qu'après avoir expie de leur crime. D'autre part,
il realisent les effets d'un lavage de cerveaux organise par l'etat
pendant des decennies, poussant sous le tapis les pages noires de
leur passe genocidaire. Les ouvertures recentes du ministre turc des
affaires etrangères Ahmet Davutoglu en direction des Armeniens ont
amplifie ce debat interne turc.
Passer d'une situation où ils ont sur les bras un genocide a celle où
il s'agit de gerer les consequences de ce genocide, donc se liberer
de la charge d'un passe criminel, devient pour eux une necessite. Et
cela peut se produire en ce moment : des Turcs vertueux qui sont deja
eux-memes parvenus a la paix interieure en reconnaissant le Genocide
des Armeniens, leur donnent des eclaircissements et les inspirent.
Aucun etre humain ne devrait etre force de s'enfermer lui-meme dans
la negation simplement parce que son propre gouvernement nie depuis
près d'un siècle.
Les Turcs doivent s'encourager mutuellement a prendre leurs distances
avec les criminels Jeunes Turcs et desavouer l'heritage du Genocide.
Les Turcs d'aujourd'hui, specialement ceux de la nouvelle generation,
devraient prendre le droit de condamner le regime criminel et
l'ideologie des Jeunes Turcs a la vitesse de la lumière ; et imiter
en cela Mustafa Kemal Ataturk (père de la Turquie) :
Dans une entrevue d'août 1926 au Los Angeles Examiner, Ataturk avait
declare que ceux qui avaient appartenu au gouvernement Jeune Turc
devraient etre tenus responsables des Genocides des Armeniens, des
Grecs et des Assyriens. " Ceux qui, anciens adherents du Parti Jeune
Turc, auraient dû etre tenus responsables des millions de nos sujets
chretiens brutalement chasses de leurs maisons et massacres en masse,
sont aujourd'hui inquiets sous le regime republicain ", a-t-il dit.
Dès lors, comment le processus que la Turquie devra engager pour
mettre en lumière les faits du Genocide Armenien peut-il s'accorder
avec les demandes urgentes armeniennes de Restitution, de Reparations
et de Retablissement ?
Pendant des siècles avant le Genocide, plusieurs peuples souverains
tels les Syriens, les Libanais, les Grecs, les Bulgares, les Serbes,
les Arabes, les Kurdes, les Syriaques-Assyriens et les Armeniens
ont ete forces de faire a l'Empire Turc Ottoman des concessions
territoriales et de lui payer un tribut humain. Lorsque le processus
de decomposition de l'Empire a commence, plusieurs peuples, sujets
ottomans, sont parvenus a la liberation totale de leurs territoires.
Des terres occupees par les Turcs ont ete retournees a leur
proprietaire en droit. Mais tous n'on pas eu cette chance.
Et en consequence de ce processus incomplet de decomposition de
l'Empire Turc Ottoman, les Kurdes, les Armeniens, les Grecs, les
Assyriens et les Syriaques-Assyriens se voient refusee la liberation
de leurs terres ancestrales. - les Kurdes et les Syriaques-Assyriens
des regions de Mardin et de l'ancienne Mesopotamie ; les Armeniens de
l'Armenie de l'Ouest et de Cilicie ; et les Syriens de " Al-Iskenderun
" (appelee " Hatay " sous l'occupation truque) ; tandis que les
Grecs continuent de souffrir du maintien de l'occupation turque de
la grecque Constantinople, de la grecque Smyrne et du Pont grec.
Tandis que le gouvernement turc a interdit toute possibilite de
discuter librement du Genocide, l'ancien Secretaire de la Commission
des Droits de l'Homme des Nations-Unies, le professeur Alfred de
Zayas, de l' Ecole de Diplomatie de Genève, a declare recemment :
" Du fait du caractère perenne du crime de genocide, en termes de
fait et de droit, la reparation par restitution n'a pas ete forclose
par le passage du temps. Ainsi, les survivants du genocide subi par
les Armeniens, individuellement et collectivement tout a la fois,
sont fondes a revendiquer la restitution. Cela a ete le cas avec les
survivants juifs de l'Holocauste, qui ont obtenu la restitution de
biens confisques par de nombreux Etats où ils se trouvaient. Chaque
fois que cela est possible, le 'restitutio in integrum' (restitution
totale, restauration aux conditions precedentes) devrait etre accorde,
en sorte que soit retablie la situation telle qu'elle existait avant
que la violation n'ait ete commise. "
Pour en revenir aux developpements les plus recents qui ont eu lieu :
si de serieuses negociations devaient se tenir entre la Turquie et
les Armeniens, " la delegation mixte armenienne pourrait demander a
la Turquie, pour attester de sa bonne foi, de :
- 1) Dedommager toutes les victimes du Genocide ; - 2) Reconstruire et
restituer tous les sites religieux au Patriarche Armenien d'Istanbul ;
- 3) Restituer tous les biens prives et ceux de la communaute a leur
proprietaire armenien ; - 4) Donner a la Republique d'Armenie un
accès special au port turc de Trebizonde a des fins commerciales ; -
5) Donner aux Armeniens un droit sans visa d'entrer en Ararat, a Ani,
et aux autres sites historiques armeniens en Turquie ; - 6) Lever le
blocus contre l'Armenie ; - 7) Mettre fin a la politique officielle de
la Turquie de negation du Genocide des Armeniens et annuler l'article
301 du code penal turc ; - 8) S'abstenir de toute politique hostile
dirigee contre l'Armenie et contre l'Artsakh (Karabagh), " ecrivait
Harut Sassounian editeur du California Courrier.
L'article de Sassounian represente un magnifique plan d'action et
une plateforme realisable pour toutes les parties concernees.
Le 29 mai, l'ecrivain et editeur Ragip Zarakolu a reitere ses critiques
envers la politique turque de negation : " Ma generation savait ce
qui c'etait passe et s'est efforcee de le cacher. Mais les nouvelles
generations doivent croire a ce mensonge, dans une atmosphère encore
pire. ... La Turquie est devenue aveugle et sourde.
... Mon pays s'est transforme en un cimetière de muets, " a declare
Zarakolu avant d'ajouter que la Turquie doit parvenir a comprendre que
reconnaître le Genocide et demander pardon est devenu une condition
prealable a l'installation d'une societe democratique dans le pays. "
La Turquie doit accepter la verite historique. C'est la seule facon
pour elle de retrouver la verite en elle-meme. Reconnaissance, pardon
et restitution - cela ne fera jamais revenir tout ce qui a ete perdu,
" a-t-il note.
Un abandon absolu de l'ideologie Jeune turque, accompagne de
restitutions et d'une expiation collective peuvent transformer
la Turquie.
Traduction Gilbert Beguian pour Armenews
From: A. Papazian