TOBROUK : UN SERMENT DE COEUR
Ara
armenews.com
jeudi 7 juin 2012
Bernard-Henri Levy n'est certes pas un intellectuel " normal ". Non du
fait des valeurs qu'il professe, lesquelles s'inscrivent somme toute
dans le registre classique de la defense des droits de l'homme. Mais
parce que considerant peut-etre lui aussi, comme l'un de ses anciens
condisciples, que les " philosophes n'ayant fait qu'interpreter
le monde il s'agit maintenant de le transformer ", il s'applique a
prendre les idees au mot et a les faire entrer dans la realite. Son
dernier film, Le serment de Tobrouk, est l'illustration meme de cette
volonte incongrue et transgressive. Peut-on etre a la fois penseur et
homme d'action ? Ecrivain et cineaste ? Muter allègrement du Cafe de
Flore a la ligne de front comme on passe devant et derrière la camera ?
Amateur des paris impossibles et combattant des causes perdues, BHL
nous avait deja livre un incroyable temoignage sur les coulisses de la
decision politique internationale a travers son livre sur la Libye,
la guerre sans l'aimer. Il nous avait montre comment le destin d'une
population assiegee ne tient parfois qu'a un " coup de fil " ( en
l'occurrence celui qu'il a passe au culot, a peine arrive a Benghazi,
au president francais !), et de quel poids pèse l'information et
le courage politique, dans la chaine des evenements. Une image vaut
mille mots, et son film nous fait toucher du regard cette aventure
inouïe qui a permis a une population tyrannisee d'oser se revolter,
d'echapper a un massacre et de l'emporter sur un dictateur repute
indelogeable. Excusez du peu.
Cette epopee aurait cependant pu avoir une issue nettement moins
heureuse, si l'egoïsme des Etats, la frilosite des diplomaties,
le conservatisme des appareils n'avaient fini par ceder a la grâce
de la configuration politique du moment qu'il faut bien qualifier
d'exceptionnelle. S'il n'y avait eu auparavant les revolutions
tunisienne et egyptienne et l'interet qu'elles ont suscite, si Bush
avait ete a la place d'Obama, si la France n'avait pas ete conduite
par un dirigeant aussi atypique et transgressif que l'a ete Nicolas
Sarkozy, et si tous ces ingredients n'avaient pas ete mis en sauce
et secoue par cet insurge arme d'un stylo qu'est BHL, cette page
d'histoire aurait sans doute ete ecrite autrement.
Mouche du coq, go between, ambassadeur itinerant et communicant de
première classe, ce philosophe, objet politique non identifie, s'est
de plus transforme en realisateur pour montrer comment les choses se
font ou ne se font pas, aujourd'hui. Filme a la première personne du
pluriel, avec son complice Gilles Hertzog et le cineaste Marc Roussel,
ce " making off " d'une guerre en dit long sur les mecanismes des
relations internationales a l'heure du satellite et de l'Internet.
Mais il ne se reduit pas a un temoignage, fut-il de première main. Ce
reportage est aussi une oeuvre cinematographique a part entière,
servie par un beau texte lu par son auteur, qui tout le long du film
relate commente et questionne le cours des evenements.
Presente dans les salles en cette fin de printemps noirci par les
crimes du regime syrien, ce " Serment de Tobrouk " arrive a point
nomme, comme une etoile du berger dans le desert des reactions
onusiennes, comme une oasis d'espoir dans ce monde de brutes.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
Ara
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jeudi 7 juin 2012
Bernard-Henri Levy n'est certes pas un intellectuel " normal ". Non du
fait des valeurs qu'il professe, lesquelles s'inscrivent somme toute
dans le registre classique de la defense des droits de l'homme. Mais
parce que considerant peut-etre lui aussi, comme l'un de ses anciens
condisciples, que les " philosophes n'ayant fait qu'interpreter
le monde il s'agit maintenant de le transformer ", il s'applique a
prendre les idees au mot et a les faire entrer dans la realite. Son
dernier film, Le serment de Tobrouk, est l'illustration meme de cette
volonte incongrue et transgressive. Peut-on etre a la fois penseur et
homme d'action ? Ecrivain et cineaste ? Muter allègrement du Cafe de
Flore a la ligne de front comme on passe devant et derrière la camera ?
Amateur des paris impossibles et combattant des causes perdues, BHL
nous avait deja livre un incroyable temoignage sur les coulisses de la
decision politique internationale a travers son livre sur la Libye,
la guerre sans l'aimer. Il nous avait montre comment le destin d'une
population assiegee ne tient parfois qu'a un " coup de fil " ( en
l'occurrence celui qu'il a passe au culot, a peine arrive a Benghazi,
au president francais !), et de quel poids pèse l'information et
le courage politique, dans la chaine des evenements. Une image vaut
mille mots, et son film nous fait toucher du regard cette aventure
inouïe qui a permis a une population tyrannisee d'oser se revolter,
d'echapper a un massacre et de l'emporter sur un dictateur repute
indelogeable. Excusez du peu.
Cette epopee aurait cependant pu avoir une issue nettement moins
heureuse, si l'egoïsme des Etats, la frilosite des diplomaties,
le conservatisme des appareils n'avaient fini par ceder a la grâce
de la configuration politique du moment qu'il faut bien qualifier
d'exceptionnelle. S'il n'y avait eu auparavant les revolutions
tunisienne et egyptienne et l'interet qu'elles ont suscite, si Bush
avait ete a la place d'Obama, si la France n'avait pas ete conduite
par un dirigeant aussi atypique et transgressif que l'a ete Nicolas
Sarkozy, et si tous ces ingredients n'avaient pas ete mis en sauce
et secoue par cet insurge arme d'un stylo qu'est BHL, cette page
d'histoire aurait sans doute ete ecrite autrement.
Mouche du coq, go between, ambassadeur itinerant et communicant de
première classe, ce philosophe, objet politique non identifie, s'est
de plus transforme en realisateur pour montrer comment les choses se
font ou ne se font pas, aujourd'hui. Filme a la première personne du
pluriel, avec son complice Gilles Hertzog et le cineaste Marc Roussel,
ce " making off " d'une guerre en dit long sur les mecanismes des
relations internationales a l'heure du satellite et de l'Internet.
Mais il ne se reduit pas a un temoignage, fut-il de première main. Ce
reportage est aussi une oeuvre cinematographique a part entière,
servie par un beau texte lu par son auteur, qui tout le long du film
relate commente et questionne le cours des evenements.
Presente dans les salles en cette fin de printemps noirci par les
crimes du regime syrien, ce " Serment de Tobrouk " arrive a point
nomme, comme une etoile du berger dans le desert des reactions
onusiennes, comme une oasis d'espoir dans ce monde de brutes.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress